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Samedi 17 juillet
Je retourne à la table... il y a Djamel et Robin... et je craque. Il y a des gens qui jubilent d'une souffrance ou d'un simple embarras chez l'autre et l'accentuent encore sous prétexte de les comprendre ou pire, de les pallier... Détestable certes... Frustration ? Tempérament particulier ? Lorsque j'avais été contrainte de passer l'entretien -collectif- préalable au ''stage'' de proviseur (en fait je l'étais déjà malgré moi et m'ennuyais comme un rat mort) on avait tous subi d'étonnantes questions en série rapide : ''aimez-vous l'autorité? humilier les gens ? Le détestez-vous ? Quel effet cela vous fait-t-il de refuser quelque chose ? Rien ? Plaisir ? Honte ? Tristesse ? Appréciez-vous que les gens insistent ? Cela vous fait-il perdre vos moyens ou au contraire vous stimule ?... Seriez vous capable volontairement de militer pour une injustice ? Comment ?'' Je n'ai jamais su quelles étaient les bonne réponses mais on pouvait deviner le pire et ça m'avait laissé un goût amer.
Sans doute cette 
dame a-t-elle subi avec succès ce genre d'épreuve ? La joie d'abaisser 
l'autre ou pire, de feindre qu'il s'abaisse... de le voir se dépêtrer 
dans des difficultés insurmontables en restant sur la berge tout en haut
 au sec, de faire comme s'il requérait un service perso -à examiner- 
quand ce n'est pas le cas, est-ce naturel ? Il y a une personne par jour
 de ce type sur cinquante ou davantage. Nietzsche parlerait de 
frustration sexuelle mais c'est un obsédé. N'empêche, me voilà 
fragilisée en une journée seulement.
Puis le reste est
 OK. La plupart des gens contrairement à la stroumpissime des impôts 
pigent vite, ahuris tout de même de la démesure de mon affaire (4000 
euros, merde).
Un couple de 
bouddhistes sympas avec qui je parle longuement -ils ont eux aussi 
compris immédiatement- m'invitent à une réunion, ça va s'arranger... du 
coup, je leur parle de mon expérience étrange juste après la mort de ma 
mère et ils me disent que j'ai là atteint l'état de Bouddha, ça a l'air 
de les intéresser... je sais déjà par des amis bouddhistes que c'est 
décrit dans leur iconographie comme tel... Du coup, je suis si élue (je 
laisse la coquille, c'est ''émue'' évidemment que je voulais écrire) que
 j'oublie de leur parler de la pétition. Rebelote: je serais bouddhiste 
sans le savoir. Moi, j'en doute mais bon...
Et puis ô 
stupeur, le maire qui m'attend ! et me dit finalement que mon cas sera 
étudié en commission... "de fuite." Commission de fuites ? Ca devient de
 plus en plus loufoque... et d'autre part je n'ai pas de fuite. Il 
faudrait plutôt créer une commission-sans-fuites qui me sera réservée 
j'espère, à tout seigneur... Robin ricane: "dans l'administration, 
lorsqu'on veut enterrer une affaire, on crée une commission" dit-il. 
Une ex collègue de Clémenceau avec ses enfants et son mari. Elle se souvient de moi... moi, à peine. Touchant.
Un couple de 
témoins de Jéhovah aussi, je ne m'en étais pas aperçue: agréables, 
simples, pas de prosélytisme cette fois, on se connait, ils venaient à 
Anduze devant chez moi avec leur livrets tous les jeudis... Elle n'a pas
 de retraite, lui gagne peu, le prix de l'eau leur semble exorbitant... 
par moments je suis si fatiguée que je ne donne même pas la pétition.
J'ai un peu dormi
 (sur ma chaise). Et pris un -petit- chocolat; un goût exquis. Lorsqu'on
 ne mange pas ou quasiment, la saveur des choses s'exacerbe. Tout paraît
 délicieux. Il est particulièrement cruel de faire cette grève tout près
 d'un restaurant, les odeurs me gênent. Voir manger les gens m'agace, 
m'attriste -un peu- surtout s'ils sont gros ! je deviens conne. 
Je suis à 
l'intérieur du troquet pour pouvoir recharger mon portable, la nouvelle 
serveuse grande et belle m'a demandé pourquoi je faisais la grève de la 
faim, c'est la seule qui l'ait fait, je n'ai pas eu la force de le lui 
expliquer mais lui ai donné le tract avec le site, ça économise des 
mots. Et comme on ne me voyait pas dans l'arrière salle, elle s'est 
inquiétée de moi auprès de son collègue: elle a eu peur que j'aie eu un 
malaise aux WC. Des gestes comme ça... touchant, là aussi. 
Je retrouve ici 
ce que disait Viesel sur son expérience des camps de la mort, honte à 
moi, en microcosme, divisé par mille milliards de trillions : les hommes
 sont capables du meilleur et du pire. Un petit geste, c'est tout. Une 
phrase, "où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" Sont-ce les
 mêmes et qui le peut ?
Le machisme 
parfois! La femme veut lire, le mec pas et l'entraîne... ou pire, le mec
 lit et la femme attend sagement derrière lui qu'il ait fini sans même 
regarder. Cela ne se produit presque jamais dans l'autre sens. Rare mais
 je l'ai vu aujourd'hui deux fois. Lorsque les gens sont seuls -je veux 
dire pas en couple- par exemple une mère avec ses enfants, des copains 
entre eux, une bande de jeunes, des femmes ensemble... cela ne se 
produit jamais. Le couple est le lieu de l'oppression.
Dimanche 18 juillet, 3 h du matin !
Des
 jeunes gens des HLM me cherchaient vers 11 h, on leur avait parlé de 
moi, ils sont visiblement écœurés par les factures d'eau : un véritable 
drame chez eux. Ils sont admiratifs que je fasse "ça" pour tous, car eux
 ont immédiatement compris les raisons de ma voiture stationnée devant 
la mairie et de ma grève -partielle encore-. Au bout de la colère, ils 
sont prêts à en découdre, veulent venir à la Mairie etc... Je leur parle
 de moyens plus efficaces que la violence, du sit-in, ils signent tous 
avec fureur, à en trouer le papier et emportent une pétition vierge pour
 la faire signer. "Ma mère, tu parles si elle sera d'accord... la 
Monique, qui fait que pleurer depuis, Magali, c'est elle qui nous a dit 
de venir, et Pierrot, il sort plus etc... Comiquement, ils supputent ce 
qu'ils vont ramener. Je me sens requinquée... et bouleversée. 
(Note après relecture : en fait, pas un ne viendra le lendemain...)
Je rends grâce au
 Dieu du micoucoulier qui m'a offert cette facture de 4000 euros me 
permettant à présent de voir plus loin que ma galerie, le kurdistan 
etc... Chez "moi"! On parle à bâtons rompus de la vie, des parents, du 
lycée, (d'herbe aussi).. et ils me disent avec philosophie que dans leur
 existence faite d'angoisse de fin de mois, de parents désespérées, de 
mépris vis à vis d'eux en tant que pauvres, d'exclusions, "on passerait 
son temps à boxer tout le monde sans l'herbe". A retenir. Il faut leur 
proposer quelque chose d'efficace, de non violent et de porteur. 
J'achèterai demain des tableaux et on écrira au feutre de couleur ce 
qu'on voudra, artistiquement si possible et ce blog, "dazibao virtuel" 
deviendra réel... J'imagine qu'ils écriront le montant de leur 
facture... et/ou leurs revenus mensuels... puis on coupera la toile et 
on se l'accrochera tous au dos. Pas mal. Efficace, porteur... et ça 
évitera les fritages. 
Robin dit qu'il 
faut proposer autre chose pour payer la station d'épuration et la dette 
contractée sans notre avis car la question est là... D'abord, baisser 
les salaires de nos élus, ensuite, il y en a deux ou trois voire quatre 
surnuméraires dont on pourrait très bien se passer et ensuite, trouver. 
Robin se débrouille plutôt bien pour ça... Il faudrait aussi une 
commission populaire qui pèse sur les décisions prises et exiger 
l'accord de tous. Après tout, c'est nous qui payons. 
Les gendarmes 
passent et re passent... Un peu culpabilisée de leur occasionner ce 
surcroît de travail. Je sens bien les choses à présent, sauf que ça va 
beaucoup plus loin que prévu. 
Dimanche 18 juillet, 6 h 30 mat
Un
 aléa grave. R. avait attaché les deux chiens au même câble (il y en a 
deux, assez éloignés l'un de l'autre afin qu'ils ne s'enroulent pas, qui
 leur laissent 25 m de déplacement calculé ombre soleil, avec deux 
confortables niches)... Il n'a pas l'habitude. Béni soit le dieu qui m'a
 fait revenir pensant que j'avais oublié le chargeur de mon portable... 
qui se trouvait en fait dans la voiture. Il faut faire attention : le 
stress fait parfois commettre l'irrattrapable. Du coup, j'ai mangé deux 
sucres. Les animaux sentent d'instinct le danger : ils ont eu 
l'intelligence de ne pas bouger, mais jusqu'à quand auraient-ils pu 
résister avec le soleil le lendemain ? Il ne faut pas baisser la garde 
pour les choses quotidiennes… 
Une rencontre... 
de celles qui mettent le moral. Au moment où je vais enfin me coucher 
(!) -j'ai tout noté de la discussion avec les jeunes au fur et à mesure-
 un gars de mon âge s'avance vers moi... Sur le coup, je le déplore 
presque, j'ai trop sommeil, pitié, mais bon... Je ne le connais pas mais
 il sait ''tout''... ça repose, nul besoin d'expliquer, il était à la 
réunion et depuis s'est renseigné (ce que j'aurais fait à sa place). 
J'apprendrai ensuite qu'il est un pro du renseignement ! 
Sa théorie est 
juste, évidente: dans le village, une structure féodale : une pseudo 
''élite'' profite de la naïveté -réelle- des gens -une bonne majorité- 
pour les exploiter ouvertement ou les maintenir dans la sujétion sans la
 moindre vergogne, toutes tendances politiques confondues, je simplifie.
 Il a quitté le village comme moi fort longtemps et comme moi est 
revenu, même les dates coïncident … avec une joie mêlée d'exaspération. 
Cette structure 
pseudo féodale, on l'a vue avec les ''anciens'' et à présent, dans mon 
cas du moins, on la voit avec les ''nouveaux''... Les premiers étaient 
sans doute beaucoup plus ''hard'' -il semble qu'il y en ait même un qui 
ait à présent quelques ennuis avec la justice- mais bon enfant, natures 
et sympa en apparence. Tout se passait à la bonne franquette et à leur 
manière ils étaient aussi naïfs que ceux qu'ils exploitaient (exemple 
ces factures d'eau de 50 m3 tout ronds, trognon); les ''nouveaux'', plus
 distants, assertoriques, se sont fait haïr en un rien de temps autant 
-voire davantage- que leurs prédécesseurs malgré une gestion, mis à part
 quelques ''détails'' dont je fais partie, peut-être plus autoritaire 
mais sans doute plus saine, sans forcer ! (A voir tout de même.) 
Il me dit que les
 choses étant ce qu'elles sont, ça va se régler assez vite. Vite, ma 
foi, la notion est particulière ici car cela fait 2 ans que ça dure. 
Soit mais je souligne que mon affaire a dévoilé des drames plus 
importants qui la dépassent largement.. Il m'encourage, je serais "une 
battante, ça va le faire, les medias etc..." Je ne regrette pas la demi 
heure de sommeil perdue... Malgré sa profession ("je suis de l'autre 
côté de la barrière" me dit-il lorsque je la lui demande) je me sens 
très proche de lui.
Réveil tardif, 
volontaire. Il faut dormir faute de manger. La planche m'isole assez 
bien de la chaleur, pourtant torride, c'est à noter, le bois, même de 
peu d'épaisseur, est un excellent matériau.
Acheté un table 
et deux chaises; enfin je peux être autonome, mis à part le chargement 
du portable et la douche. Plus pratique aussi pour la pétition. Je 
m'organise...
Vu un jeune 
couple sympa désireux d'acheter eux aussi, ici, car ce n'est pas cher. 
Des intellos. Mon histoire les estomaque. Ca fait "tiers monde" 
observent-ils. Ils signent et me souhaitent bon courage. Une embellie de
 temps en temps. Je leur parle tout de même des fouilles du Dugas, 
honteuse de n'avoir eu que mon affaire à leur conter. Lui va souvent en 
Afrique. Sa profession est originale, détective privé. Un roman que 
cette histoire ! Après le militaire spécialisé dans le renseignement -à 
la retraite- du petit matin, voici son confrère en quelque sorte. 
Vu de frère d'une
 amie d'enfance que j'aimais beaucoup, Betty, que je recherchais depuis 
longtemps... -elle n'habite plus ici depuis longtemps.- Par lui on va se
 revoir... Finalement, pas une si mauvaise journée. 
Mais vertiges, de
 plus en plus pourtant. Je suis presque tombée plusieurs fois. Si ça se 
termine mal, restera ce blog qui peut-être fera changer les choses 
ensuite. Futile ? Peut-être, peut-être pas. Il faut y croire ; on part 
d'une facture (fausse ? En tout cas inexacte) et on arrive à bien 
davantage parce qu'au fond ce n'était pas la question. Juste une 
question de dignité et de justice, une paille !
Ca ne va plus 
très bien. Je m'affaiblis, mais moins que lors de la première grève 
parce que je bois davantage et prends du café ou des boissons sucrées de
 temps en temps... sauf qu'il semble à présent que mon cerveau 
dysfonctionne -légèrement-. Un exemple: j'ai cru qu'on m'avait volé les 
clefs de ma voiture alors que c'était R. qui les avait prises 
-machinalement ou acte manqué-... et j'ai forgé là dessus tout un scénar
 incriminant deux jeunes gitans qui avaient louché sur mon portable de 
manière insistante juste avant... Racisme sous jacent ? Aurais-je réagi 
ainsi s'il s'était agi d'autres ? L'habitude des loubards de Vitry, 
autrement plus hards que ceux d'ici ? Un peu tout. Donc mon entendement 
n'est plus tout à fait fonctionnel : comme n'importe quel crétin, j'ai 
implicitement posé l'équation gitans = voleurs. Le stress y est pour une
 part. Honte à moi.
Attention à ne 
pas dériver vers la pseudo hallucination -ou transformation tendancieuse
 sincère de la réalité de manière funeste- des malades. Au fait, le 
racisme est-il une maladie ? Je suis devenue ''malade'' par l'absence de
 nutriments ; en ce cas de stress grave, le corps pare au plus pressé, 
cœur-poumon et cerveau mécanique... l'entendement ma foi, n'étant pas 
une priorité vitale... ça c'est sûr, il n'y a qu'à voir certains ! Ca 
rappelle ce malade mental de Saint-Anne -maniaco dépressif- qui, 
disait-il comiquement, ''sentait'' venir ses crises maniaques ''parce 
qu'il se mettait à devenir raciste juste avant''... signe que le délire 
clastique -global- était proche. A voir avec des neurologues.
Et puis, un 
paranoïaque a souvent été d'abord un persécuté... qui a mal tourné. Ne 
retenons de cette fournée (je laisse la coquille) que le fait d'avoir 
peut-être retrouvé Betty et rencontré des gens intéressants, même s'ils 
ne vont sans doute pas rester... C'est le problème de la spirale 
aspirante : d'un univers délétère -même si ce n'est le fait que de 
quelques uns- les gens sains partent. Ne restent que ceux qui sont 
idoine ou ont été affectés, et ça empire ; c'est pour cela qu'une lutte 
même minime est importante. Et affectée, je suis en train de l'être.
Lundi matin
Nuit
 bonne, toujours, finalement cette voiture me convient bien. C'est le 
soleil cette fois qui m'a réveillée, je m'étais un peu déplacée car je 
gêne H. pour son restaurant, quoique la place que j'occupe soit 
marquée... Il faudra que je recule à nouveau car cela me fait perdre une
 heure de repos et j'en ai besoin.
Lundi 19 juillet, soir
Ratage
 à demi, à demi seulement, une série de malchances, Sylvie s'est pété un
 pied -le stress, le déménagement et le changement de yourte l'ont sans 
doute épuisée-, des "objecteurs" sont en vacances, et FR3 n'a pas été 
prévenu à temps par la coordinatrice, ils ne savent pas s'ils vont 
pouvoir venir -car ils filment en Lozère- mais ils vont essayer... et 
finalement ne pourront pas arriver. Ce n'est pas grave car l'affaire est
 à présent au long cours et je ne lâcherai pas. Il faut seulement 
trouver des idées porteuses. Michel lui-même qui a tant fait, a été 
coincé à l'agence, seul -les vacances-. 
Mais ce fut une 
excellente soirée tout de même avec des amis de Bernard (une d'elle 
habite à côté de chez nous à malak !), J. , D.. etc... Huit personnes 
seulement mais les gens qui passent sont attirés par nous, les affiches,
 bien faites, et le contact s'établit tout de suite: ils sont tous 
unanimement écœurés. En fait, il y a eu moins de monde que le matin où 
j'étais seule ! mais ça ne fait rien, c'était infiniment plus porteur 
avec des gens avec qui on est en phase qu'avec ceux qui -ce matin- 
requéraient plus ou moins de l'aide -bien que ce soit plus important 
bien sûr.- Eux m'en apportent, ça fait une belle différence! Il y a 
Lydia -Lydia !- belle et radicale qui explique -le nez dans le guidon, 
nous ignorons parfois l'actu plus importante- les gens condamnés dans 
des manifs huit ans de prison! et les violences policières, P. intello 
et artiste qui comme moi refuse le terme... Jeanne qui revient de 
Malakoff...
On s'est bien 
marrés. A refaire évidemment, cette fois autrement, un cran plus haut. A
 remarquer tout de même, ce qui corrobore ce que je sentais : du 
village, deux seulement sont venus malgré les promesses de disons 20 au 
bas mot ! Personne notamment des jeunes des HLM surexcités de la nuit 
précédente, ni leurs parents qui les avaient envoyés. Pourquoi ? Ce ne 
sont pas des militants, c'est sûr, seulement des gens de bonne volonté 
révoltés -ponctuellement- mais qui n'ont pas idée de la manière de mener
 une lutte... raison du reste de leur sur exploitation ! Ici, un rendez 
vous est toujours un peu aléatoire, surtout lorsqu'on est au chômage ou 
harassé par le quotidien, on vient ou on ne vient pas, ou on vient à 22 
heures quand il était prévu 18, ça ne porte pas à conséquence. Ils 
perdent ou n'ont jamais acquis l'habitude des contraintes sociales, du 
temps, de la bagarre même, se livrant à des explosions violentes qui 
font illusion puis s'en retournant dans leur coin sans avoir la force de
 sortir. Et puis leur vie entière est faite d'aléas : il y en a 
peut-être qui ont eu un accident, un drame imprévu, une histoire qui a 
provisoirement obéré tout le reste... Sur ce point, mon analyse diffère 
de celle de B. qui a perdu espoir dans l'efficacité des luttes 
populaires en général ; je crois moi à leur sincérité et même leur 
réveil. Leurs propos ne sont pas seulement comme il le pense des 
foucades de café du commerce.
Cercle vicieux : 
s'ils en sont là, c'est justement parce qu'ils n'ont pas su se défendre 
ni même eu l'idée qu'ils le pouvaient : comment les faire changer en si 
peu de temps ? Leur violence que B. dit tartarinesque, je la crois 
réelle. Comment leur demander de défendre quelqu'un d'autre -ce n'est 
pas tout à fait le cas ici mais c'est tout de même le point de 
démarrage-? Cette situation paradoxale, je ne suis pas fâchée de l'avoir
 démontrée à Robin qui, moins inscrit dans le village, plus 
''parisien'', avait du mal à comprendre : je suis à la fois entourée, 
parfois louée, soutenue... et totalement seule... la ''maman''. Soit. 
N'empêche : s'ils ne s'aident pas eux-mêmes, qui le fera ? Et cependant,
 mystère des foules, on le sait bien, il en faut peu pour que ça clashe.
 Demain peut-être y aura-t-il le déclic -mais un déclic durable- 
imprévu, à partir d'une autre affaire par exemple...
Désengagement ou 
engagement versatile sont le fait de ceux qui ne pensent même pas qu'ils
 peuvent vraiment compter. Lorsque j'étais allée vérifier à Nîmes que le
 chemin de la Roque était bien cadastré comme communal, le seul des 
"enfants" -13 à 18 ans- qui attendait (impatiemment !) mon retour fut le
 petit parisien en vacances... bien que mon départ quatre heures avant 
ait été perçu par tous comme une expédition de renseignement 
déterminante. Il a eu juste une geste d'interrogation de loin, j'ai fait
 un signe de tête... et il avait levé les deux bras, exultant. Etonnant 
que ce soit lui qui se soit montré plus soucieux de notre patrimoine que
 les enfants d'ici qui s'en étaient retournés à leurs occupations sans 
plus y penser.
Autre hypothèse 
cependant, plus funeste: des pressions. Des adjoints dont 
"cette-facture-sera-payée..." sont restés de l'autre côté de la route, 
installés sur la terrasse du café d'en face ou carrément sur le perron 
de la mairie. Les gens les redoutent sans doute, surtout ceux qui sont 
le plus révoltés contre eux, c'est à dire les pauvres. Comment demander 
de l'aide -ou seulement l'étalement des factures- si on a été vu en 
compagnie de dissidents ? Prévu. Ca rappelle tout de même les femmes 
battues qui, après l'avoir agoni pis que pendre, dès qu'elles sont 
rafistolées, retournent avec leur compagnon malgré promesses et idées 
vengeresses égrenées en leit motiv des jours et des jours. 
Je suis à peu 
près sûre que ce soir, lorsque je serai seule, les jeunes sont revenir 
me voir avec les mêmes formules guerrières définitives. Il faudra que je
 leur explique que ce défoulement qui obère l'action est malsain... et 
refuser de les écouter. J'ai malgré moi joué le rôle d'un psy 
apaisant... mauvaise pioche. C'est pourquoi en général les militants 
refusent souvent d'entendre des doléances précises et ce type de 
discours... ce que je ne fais pas.
Des gens qui 
signent aussi... beaucoup certes. Bon, ce n'est pas si mal mais loin 
d'être fini. Bernard propose de faire l'intermédiaire et de me relayer 
sur la table, avec d'autres copains à tour de rôle. 
Prendre garde 
tout de même à ne pas faire le jeu de la mairie, c'est à dire à alourdir
 une affaire simple, (après les "commissions de fuites," et sans doute 
les "sous commissions sans fuites" ou de "fuites qui se sont réparées 
seules" etc...) ils maîtrisent l'art de complexifier, de noyer le 
poisson, et mine de rien, ça nous coûte, car je présume qu'il y aura un 
expert ès fuites et un expert ès non fuites, payés évidemment pour leurs
 prestations... comme le jeune "spécialiste des cas difficiles". Je 
crois que demain je vais aller à la mairie avec mes affiches en tea 
shirt. On verra. 
Mardi matin 20 juillet
Une heure du mat
On
 a enlevé la voiture de la place à cause du marché, parlé -beaucoup- 
avec les copains. Joie, la vie redevenue normale, presque, car je sais 
d'expérience qu'il me faudra quelques jours -trois à quatre- pour 
récupérer complètement moralement -les ''hauts'' et les ''bas'' 
demeureront encore longtemps- et après, le repas à la guinguette... 
Matin: le marché.
 Toujours le soleil, les gens épuisés, l'espace trop étroit pour les 
poussettes, les vieux, les infirmes de fait sont exclus... Ce n'est même
 pas la peine de distribuer les quelques tracts qui me restent encore. 
Je suis arrivée à la Mairie trop tard pour voir P. il est juste parti...
 et peut-être est-ce mieux : il y a des lieux plus propices, ces locaux 
finissent par me mettre le bourdon et me rendre agressive... ou me 
donner le fou rire parfois – ''la commission de fuites'' par exemple, 
qui a eu un bon succès d'estime dans le public éclairé-. Je fais comme 
un blocage. 
Dans le couloir 
de la mairie, il y avait trois ou quatre messieurs membres du personnel 
ou assimilés en file... avec, toujours, cet air mi figue mi raisin de 
gens naturellement sympas mais qui devant l'odeur de soufre et de fagot 
que j'exhale de loin, mettent parfois un demi, un quart ou à peine un 
huitième de bémol, ça dépend, l'administration, c'est très délicat : 
''bonjour... bonjour... bonjour... bonjour...'' On aurait dit des 
condoléances à une famille navrée lors d'un enterrement... et ma foi 
c'était un peu ça. Sauf que c'est juste l'honneur qui est décédé et 
qu'ils n'y sont pour rien.
Cet après-midi, je m'y recolle...
Et je n'ai rien 
fait ! Epuisée; manger me crève, je m'étais habituée à mes trois 
orgeats-trois cafés et encore pas toujours. Digérer me donne sommeil, je
 suis une larve, je n'ai pas encore récupéré. Plus la chaleur... Demain 
peut-être. On est tout de même allés voir Sylvie. Belle soirée dans 
lumière au clair de lune devant sa yourte. Son histoire est emblématique
 et marquera le village et bien au delà. Un courage exceptionnel. 
On s'est bien 
marrés, le pauvre maire de B. devant les camions des décroissants et du 
Dal, -pas des tendres, le Dal- juste avant son procès en expulsion de sa
 yourte ("occupation en "réunion" -?- en vue d'y habiter d'un espace bla
 bla bla... ! en "réunion" ? sauf qu'elle est seule, ce qui a fait 
foirer la combine des promoteurs vocatifs qui voulaient la virer)... le 
pauvre type embarrassé, les c. coincées entre deux pierres, lorgnant la 
caméra comme s'il s'était agi d'un serpent à sonnette prêt à le 
mordre... immortalisé par la vidéo qui nous avait tellement réjoui. 
"Vous me parlez de pressions que j'aurais subies de la part de... euh...
 promoteurs... mais là... bon, des pressions... euh... (regards vers les
 40 copains occupant)... des pressions !! Surtout qu'en plus on 
m'annonce encore trois camions en route qui vont arriver tout en 
l'heure, alors... hein, des pressions..." On s'était pliés de rire. Et 
oui, coco, être maire comporte quelques aléas.
Demain, Bernard 
va me relayer... Puis d'autres. Beaucoup d'objecteurs sont en vacances 
hélas ou sur un autre chantier. On va devoir être en roue libre ou 
quasiment, quoique les choses parfois se débloquent imprévisiblement. 
Sylvie me donne 
la pèche: si elle y est arrivée (dans des circonstances bien plus hard 
que moi) je peux le faire aussi. C'est si minime mon affaire. Elle aussi
 a défriché un chemin communal, qui à présent est bien fréquenté. Une 
murette a été refaite également à sa demande. Il faut croire que la 
mairie de Bessèges est plus réactive... ou que son combat est plus 
vendeur, plus romanesque en tout cas. Son passage à la télé aussi l'a 
portée finalement, même si elle était réticente. Une jolie femme en 
hiver dans une yourte colorée expulsée par des promoteurs, ça le fait 
plus que les glauques affaires d'un village hélas plus connu pour 
celles-ci que pour ses vestiges -peut-être- mithraïques. Et cependant, 
ces petites gouttes mises bout à bout détruisent autant les gens, 
davantage même puisqu'elles passent inaperçues. Peut-être suis-je au 
bout ?
Mercredi 21 juillet
Il
 fait gris, béni soit le Dieu du micoucoulier, ça me va parfaitement. Je
 vais pouvoir m'installer confortablement devant la mairie. Comme tous 
les matins depuis que j'ai recommencé à manger -peut-être trop d'un 
coup- j'ai la nausée. Quelques troubles intestinaux aussi. Ca bruite là 
dedans comme dans ma tête. Des hauts et des bas encore. Epuisée, à un 
point que je n'imaginais pas. Ma goinfrerie est en la cause, il fallait y
 aller soft. Déséquilibre biochimique sans doute. 
A présent, oui, 
il faut que ça cesse. Ma vie, mon intégrité valent si peu ! Comme celle 
de tous les exploités, de ceux qui ne savent pas se défendre -mais je 
sais-je mieux, moi qui suis soi disant philosophe? ... de ceux qui 
arrivent ici avec le sourire (mon bled, qui m'a recueillie autrefois)...
 et à qui on dit "vous devez 4000 euros" on ne sait jamais ça peut 
marcher et CA MARCHE... de ceux à qui on démolit une maison (merci la 
justice certes)... et de ceux qui, le soir, sur les marches de la 
mairie, hurlent après la vie qu'on leur inflige, prêts à tout casser ou 
taguer... et ont tout oublié le lendemain. Ou ont peur d'une qui, poings
 sur les hanches, les regarde sur le perron parce qu'elle a -ou le croit
 -le pouvoir et ça la change agréablement de ce que -peut-être- elle a 
subi. Et en un sens elle l'a puisque le pouvoir est d'abord persuasion 
des masses de lui-même, un vide certes, une illusion, qui devient 
réelle-... de ceux à qui on vole un sac de farine et à qui on laisse 
lécher les poussières et qui disent merci... de ceux qui sont ou furent 
mes amis et/ou camarades et parfois ne bougent pas d'un poil ou dans 
certains cas (pour mon bien certes) me sapent le moral (ils ont peur que
 je ne meure)... de celles qui sont battues et retournent à leur 
bourreau dès qu'on les a rafistolées pour en reprendre une dose etc... 
Qu'au moins ces 
séries d'injustices soient, deviennent visibles comme dirait Bernard... à
 travers moi transparente. Un milieu où celui qui truande (permis de 
construire foireux en série ou autres combines même pas originales -je 
ne connais pas tout- car originaux ils ne le sont pas, et ce n'est pas 
difficile de gagner de l'argent, si seulement ils usaient de leur 
talent, assez minime, pour le village et non pour eux)... un milieu donc
 où les dégourdis ont pignon sur rue, -forcément- ils sont devenus 
riches donc puissants donc redoutés donc à lécher, ils peuvent vous 
nuire... et ceux qui rafistolent ou tentent de limiter la casse -autant 
que faire se peut- sont mis à l'amende, harcelés et crachés...
Aller déjeuner 
avec R. Qu'est-ce qui me prend ? Il me prend la fatigue et l'écœurement 
et sans doute une fragilité cachée soudain révélée par l'absence de 
nourriture quasi totale de 3 jours deux fois de suite -et la chaleur là 
dessus-.
Des jeunes femmes
 encore, alors qu'on est avec R. et qu'on a commandé chez Momo, la même 
histoire qui revient, on leur a coupé l'eau pour 100 euros et 
lorsqu'elles sont allées à la mairie protester, personne à chaque 
fois... Robin a tenté de leur expliquer qu'on allait créer une 
commission avec l'observatoire des pratiques communales pour éclaircir 
les choses, fixer des règles de gestion afin d'éviter qu'il y ait des 
gens coupés pour 100 euros etc... Mais l'une est partie, un copain 
l'attendait et l'autre a tourné la tête. Je crois qu'elles avaient 
décroché au mot "commission" et je ne les en blâme pas. 
Il y a des gens 
si nombreux ici que j'appellerai les "raves", (révoltés à vide) qui 
après les litanies (larmoyantes ou guerrières) dévidant à la chaîne les 
injustices qu'ils ont subies, s'en vont se rencogner devant leur demi 
panaché ou avec un copain qui les appelle pour voir un match. 
A la relecture : 
c'est faux, je suis trop dure, troublée par l'expérience de lundi où sur
 20 attendus, trois seulement sont venus du village -encore pour l'un 
était-ce uniquement pour que je lui fasse une lettre!- Rave, je le suis 
aussi -en un sens- : le stress de ceux qui vivent au minimum, toujours 
sur la corde raide, jonglant avec l'angoisse, soumis comme tous ceux qui
 ne comptent pour rien à toutes sortes de pressions, et il leur en faut 
peu -une facture d'eau qui double, simplement- sont conduits à la 
versatilité, comme on boit pour oublier... Ce qui semble résoudre les 
problèmes sur le coup et en fait les aggrave. Simplement, il en faut 
davantage -d'injustice et de stress- lorsqu'on a des revenus et/ou une 
assise intellectuelle et sociale, 1300 euros dans mon cas sans compter 
les livres, aléatoires, deux " best sellers" , un bide, le reste étant 
moyen... (je parle comme éditrice, et à la mesure d'un toute petite de 
province, et non de ma casquette auteur avec éditeur -parisien- où 
malheureusement se trouve mon seul vrai best seller car question fric, 
ça n'en vaut même pas la peine -je ne touche que 8% des ventes c'est à 
dire rien, et la littérature engagée se vend mal, peu importe). Je sais 
ce qu'il faut faire pour gagner de l'argent -comme auteur- je ne vais 
pas ici le dévoiler -car ce ne sont pas que des amis qui me losent, 
génial, je laisse la coquille- je l'ai fait pour un copain dans la merde
 et ça a marché, mais pas pour moi. Pas de vantardise : si j'étais 
réellement dans la même situation , je le ferais c'est évident. Après 
tout ce n'est pas pire qu'autre chose. 
Redite : il est 
bon que cette quantité de stress et d'injustice géante me soit tombée 
dessus car je peux ainsi mieux comprendre ceux qui vivent tout le temps 
dans cette situation -pour des affaires qui semblent moindres, semblent 
seulement-... mais de fait il m'arrive également de réagir comme eux, 
mal : rancœur déplacée, énervement, versatilité -moindre car 
l'expérience de la militance m'a appris à résister-, mauvaise 
diplomatie, maladresses... Tout ce que j'ai écrit sur les gens de Saint 
Ambroix doit ici être à biffer. C'est une c. Mais il est bon qu'elle 
soit exprimée au fil des jours tout de même car cela montre que nous 
sommes tous soumis à ce type de comportement inapproprié, absurde et 
même cruel, qui va à contre sens de nos intérêts et surtout de la vérité
 et de la justice. TOUS. Prof de philo, prolo, bourge, intello, 
ignorant...
Et d'autre part, 
le stress divise les gens. A fleur de peau, éreintés, ils finissent par 
se tromper de cible, se disputer entre eux alors que l'ennemi est 
ailleurs, tranquille et c'est le même. Diviser pour régner. J'ai au 
moins la satisfaction de ne pas m'être faite avoir sur ce coup.. lorsque
 "cette-facture-sera-payée" mais aussi certains parmi mes amis m'ont 
"lancée" et avec quelle vigueur! contre ma locataire... je devais 
l'attaquer, la faire raquer (selon l'adjointe au social !) ou au minimum
 ne plus saluer J. (selon C., plus réaliste) etc... Je ne me suis pas 
laissée convaincre mais avec C. il a fallu ferrailler ! On ne va pas 
attaquer plus pauvre que soi pour une affaire si foireuse, la famille 
n'est pas comme ça isn'it ? D'une part, j'aurais perdu l'honneur, 
d'autre part, on ne tond pas un pou, et surtout ça n'aurait pas été 
juste. CQFD.
Diviser pour 
régner, de la part de ceux qui sont responsables, cela se conçoit et 
c'est confortable : pendant que les pauvres s'étripent, ils sont 
peinards. En réalité, on l'a vu, elle n'y était pour rien puisque les 
factures -certes minimes- avaient bel et bien été payées ! Problème 
insoluble du reste. Scénar de thriller ou de roman picaresque... que ce 
compteur vraiment farceur qui marque ce qu'il veut... puis meurt de sa 
belle mort, mais après un dernier sursaut d'énergie qui lui fait cracher
 in extremis ses 4000 euros... J. me disait bien que juste avant la 
mort, on a parfois une sorte de rémission incompréhensible -et une 
lucidité soudain quasi parfaite- ainsi tante qui est sortie de sa 
léthargie, m'a souri, demandé l'heure d'une voix quasi normale 
-miracle?- et a dit que c'était l'heure de dormir... retombant aussitôt.
 Le coup du compteur donc. 
Spleen passé, à demi... je sais que ça va revenir...
La table devant 
la mairie, finalement, ce n'est pas si mal... Robin est allé chercher un
 cutter pour couper les tableaux, je vais m'en faire un tee shirt... Il 
s'est laissé pousser la barbe, ça lui donne un air de révolutionnaire 
mexicain. Des gens regardent les affiches un peu estomaqués. Une dame 
-celle au petit chien obèse qui n'arrive pas à marcher- a signé... et me
 dit qu'on était dans une configuration planétaire exceptionnelle et 
qu'il allait se passer de grandes choses en août... Quoi ? Sans doute la
 résolution de nos affaires... Lorsqu'on est mal, les gens ne s'arrêtent
 pas. Normal. Là c'est ''moyen''. 
J'espère que B. 
n'a pas eu d'ennui. J'ai l'impression que ça peut durer tout l'été. Il 
faut, comme dirait M.J., le prendre ''comme une étude de cas en vue 
d'une histoire sinon vous deviendrez folle.''
De la violence 
conjugale aussi, juste à côté de nous ! mais cette fois c'est un homme 
qui a morflé, une belle estafilade au bras, large, nette... j'appelle le
 médecin à sa demande et un répondeur me renvoie à un autre... qui me 
dit qu'il est dans son cabinet et ne peut rien faire pour ''moi'', 
(toujours pour ''moi'' ! décidément je porte les drames du bled toute 
seule) ça sera pour ce soir quand il aura fini ses consult ! 
Authentique. Les commerces ferment, plus de médecins... mais 
heureusement il y a encore les gendarmes. Ils sont arrivés assez vite. 
Savent-ils recoudre un blessé? Le tiers monde en effet.
Bernard arrive 
enfin. Ouf, il n'a pas eu d'accident. Beny passe, pas trop saoul pour 
une fois... et nous explique doctement comme à son habitude ''qu'il y a 
des antibiotiques dans l'eau, qu'il l'a dit et que c'est pour cela qu'on
 l'a enfermé chez les fous.'' Je doute un peu qu'on l'ait bouclé 
seulement pour cela – sa dipsomanie le rend parfois violent- mais Jeanne
 confirme: il y a en effet des antibiotiques dans l'eau. Simple, cher 
Watson : les gens en prennent pour rien, ils les chient, les stations 
d'épuration laissent filer, on les ingère à nouveau, on les excrète 
encore et l'ensemble finit par faire une assez bonne concentration. On 
boit plus ou moins notre merde... et les bactéries et antibio qui vont 
avec. Beny précise qu'on en ajoute aussi car les canalisations sont 
vétustes et sales. Est-ce exact? Il n'est pas si mal renseigné 
finalement, ayant vécu toute sa vie dans le camp de nomades, juste à 
côté de la station d'épuration. A voir ce soir sur le net. 
Dans la même 
veine catastrophiste (quoique...) mais plus drôle, Bernard et Robin 
affirment que les hommes sont en train de se féminiser à cause des 
hormones femelles (la pilule) excrétées et réingérées... à voir 
encore... Le fait est que la quantité de spermatozoïdes dans un éjaculat
 est parait-il beaucoup plus faible à présent qu'elle n'était il y a 10 
ans et diminue régulièrement de plus en plus. La nature fait bien les 
choses : on se reproduit comme des lapins et souvent c'est les plus 
pauvres qui en font un max. Comme cette petite jeune femme de 23 ans qui
 a déjà cinq enfants... que son mari lui aurait fait retirer, qui se 
morfond -également pour sa facture d'eau qui a doublé-… et passe son 
temps devant des bières et se fait plus ou moins embarquer tous les 
soirs. Passons, c'est peut être la détresse qui la fait ainsi agir, je 
deviens cul béni.
Plus aucune 
patience. Deux autres sont revenus comme prévu avec les mêmes histoires 
de facture et de coupure... Robin a encore une fois tenté de leur parler
 de l'observatoire des pratiques locales et globales de... passons 
aussi, il faut tout de même garder espoir et Bernard est excellent pour 
ça. Mais je trouve le discours un peu sophistiqué, je crois qu'ils ne se
 rendent pas compte qu'on n'est pas à Vals ni à Paris mais à Saint 
Ambroix, ville pas particulièrement réputée pour sa vivacité 
intellectuelle. J'en suis.
Mais le must -et 
le clash- ce fut deux hommes de mon âge qui se sont moqués de moi, en 
termes au début sympa tout à fait tolérables, on a le droit e se 
marrer... puis pour l'un, beaucoup moins... ''pour une fois qu'on a une 
mairie de gauche tout de même... vous n'allez pas...'' Là, j'ai craqué, 
j'ai hurlé tout ce que j'avais sur le cœur... en termes disons 
''virils'', rare et il y avait un public en face. Choqués les gus, ils 
partaient en faisant des yeux comme des soucoupes lorsque Bernard et 
Robin les ont rattrapés et leur ont parlé...
Moi, je me suis 
remise à mes panneaux, je n'écoutais plus, raz le bol de devoir me 
justifier surtout lorsque les exigences sont visiblement spécieuses... 
apparemment ça s'arrangeait grâce à Bernard et à Robin.. il s'agissait 
d'artistes (?) qui, ont-ils dit ensuite, attendaient la gauche depuis 60
 ans... comme moi. Ils se sont excusés, moi aussi, à la fin tout 
baignait... l'un a même dit qu'il allait parler de mon affaire à un pote
 à lui, W., le coiffeur-footballeur-adjoint à la culture (ça le fait 
aussi) on est multifonction dans cette équipe lorsqu'on est un mec... 
quant aux femmes, une prof d'histoire comme K. par exemple, on l'a 
collée aux chemins ruraux, crapahutage dans les restanques assurés 
etc... c'est ce qui s'appelle la bonne répartition des tâches et la 
parité... Certes, on peut être coiffeur et excellent écrivain, ici c'est
 le cas ; prof d'histoire et sportive, ici ce n'est pas vraiment le 
cas... mais la littérature -et non certes l'écriture qui peut être un 
don inné en dehors de toute culture classique, exemple Steinbeck-... la 
littérature donc s'apprend, comme le foot ou la coiffure... et l'inverse
 eût été préférable pour tous.
Bref le monsieur 
agressif-sympa-aimable va parler de cette sombre affaire à W.... comme 
s'il ne la connaissait pas... c'était gentil tout de même et je l'ai 
beaucoup remercié... comme on remercie un enfant qui vous offre un 
collier de nouilles lorsque vous avez perdu votre sautoir de famille... 
salut à la prochaine... J'étais émue, réellement, aux larmes -je dois 
manquer de quelque chose encore- (j'aurais sans doute pu dire et faire 
la même chose que lui, quoique peut-être pas, pas devant quelqu'un qui a
 fait 3 jours et 2 fois de suite une grève de la faim)... Jeanne, 
beaucoup moins, elle pense qu'ils ont juste voulu jouer leur partition. 
Robin dit qu'ils étaient simplement obnubilés par les piles de leur 
portable, mission impossible, le petit magasin -qui vendait les 
téléphones- lancé par de jeunes courageux a fermé après un cambriolage, 
incapables de faire face aux traites et aux travaux malgré 
l'assurance...
Heureusement 
qu'il y avait les copains : j'ai bel et bien craqué, pour la première 
fois et en public. Ensuite, on est allées avec Jeanne voir la galerie, 
moi en femme-sandwich avec les affiches. Elle a aimé. Bernard propose de
 s'installer quelques jours ici, quel bonheur... Jeanne doit remonter à 
Malak mais va redescendre aussitôt. On en profitera pour voir Sylvie. 
Petit à petit, il se crée des choses, des liens, des rencontres. Je me 
sens moins seule. Observation : aucun de ceux qui m'entourent -je veux 
dire efficacement- ne sont vraiment d'ici, du moins à l'origine.
J'ai acheté des 
fruits : D n'a pas voulu que je paye. Touchant... et gênant à la fois...
 Il y en a qui manifestent leur solidarité de cette manière. Décidément,
 je suis devenue mendiante et plus ou moins SDF... 
Il faut aller 
prendre des nouvelles du gus que sa femme a blessé. Pas trop grave mais 
il était ''KO'' et complètement blême sous le coup de l'émotion. Une 
histoire d'amour qui a mal tourné. Ca peut arriver partout. Mais ce 
n'est pas partout qu'il n'y a pas d'urgence médicales.
Et on n'y est pas
 allés malgré toute notre compassion superficielle ! R. voulait voir la 
vidéo de l'émission sur Sylvie... qui l'a tellement ému qu'il en a 
renversé son verre d'eau sur l'ordi ! j'ai dû aller fissa le sécher, le 
redémarrer... et reconfigurer la wifi qui en avait profité pour se 
barrer... Fini à 1 h. Moralité : ne pas jeter la pierre à ceux qui 
ratent des RV : c'est dans les situations de stress qu'arrivent les 
accidents, minimes ou graves. Et la leur, toutes proportions gardées, 
est identique à la mienne. J'ai été trop dure -et conne- envers eux. Mea
 culpa.
Exemple, depuis cette grève, on a :  
1 perdu les clefs de la maison x fois, cherché, aller-retour, fouillé...
2 celle de la voiture -en fait c'est R. qui les avait-: dépanneuse etc...  
3 failli bousiller l'ordi...
4 failli laisser s'étrangler les chiens par une mauvaise attache  
5 esbougné -un peu- la voiture de Fred
6 perdu ma clef d'ordi d'où une expédition à minuit à la plage de St Victor où je supposais l'avoir oubliée -en vain-...
7 perdu mon 
numéro de CE -d'où désespoir de la guichetière qui a dû par gentillesse 
le rechercher ; à Paris, on m'aurait envoyée balader, ici, ils ont 
l'habitude des couillons comme moi etc... 
8 égaré -et retrouvé- un chèque important -mais ça c'est courant-
Donc si moi qui 
suis dans une situation relativement favorisée, je débloque -un peu- que
 dire de ces jeunes désespérés d'avant-hier ? Les incriminer est injuste
 : c'est justement un des effets pervers de l'exploitation et/ou du 
harcèlement, factures qui doublent, humiliation d'avoir à quémander un 
délai, de devoir étaler ses misères devant qui-de-droit-pas-sympa... que
 de conduire les pauvres à perdre les pédales et à ne même plus voir la 
manière parfois évidente de se défendre... et à se braquer les uns 
contre les autres; je n'ai pas fait exception, preuve que le système est
 bien fait. C'est grâce à ce blog qui met tout à plat (et que je 
toilette après lecture) que je réalise mes erreurs -et injustices- et je
 les rectifie. Une sorte d'autopsie de ces affaires au jour le jour. Des
 éléments pour une étude sur la manipulation... ou un roman -mais ça je 
ne sais pas faire, c'est pour un autre-.
Une embellie 
rigolote : une femme que je connais, bien que je doute qu'elle se 
souvienne réellement de moi, la plus jolie fille de la plage de St Denis
 autrefois, corps de déesse que tous les mecs reluquaient tandis que 
nous, les "petites" -14 ans- pataudes dans des maillots "une pièce", 
bavions devant ses bikinis au soutien gorge à balconnet qui semblaient 
offrir ses seins superbes à l'admiration de tous.. a acheté deux livres 
-Chants philosophiques- et m'a demandé de les lui dédicacer. Sur 
l'affaire de l'eau, elle ne sait pas trop... je n'insiste pas: elle fait
 partie de la bonne bourgeoisie de gauche un peu emmerdée, et autrefois,
 ne nous voyait même pas. C'est déjà bien qu'elle ait acheté mes livres,
 ce qu'apparemment elle fait régulièrement. Le village, quoi. PO est 
donc une lectrice. Magie de la littérature.
Et une autre 
aussi, un ancienne instit, femme d'exception qui a su autrefois imposer à
 une Lydie récalcitrante de me faire passer en CE1 (dont je suivais déjà
 les cours -c'était une classe unique-) bel acte de bravoure pour celle 
qui, plus jeune que ma mère, avait d'abord été son élève ! "Je ne veux 
pas qu'on en fasse un singe savant"... L'héroïque avait tenu bon : "à 
quoi ça sert de la laisser en CP puisqu'elle suit de toutes manières les
 leçons du CE1 ?" Gagné à l'arrache. Bien ? Sans doute. Mais plus tard, à
 12 ans, se retrouver avec des filles de 14 maquillées et choucroutées 
qui ont honte d'être vues avec vous, se moquent et vous mettent à 
l'écart, passons... Une autre lectrice donc. Jubilatoire de parler à 
tant de gens à la fois en un seul mouvement. 
Je réalise que je
 fais une sorte de signature "sauvage", et ma foi ce n'est pas rien ici.
 DF soi-même (qui se la pète un max... "et j'ai été à Oxford et à la 
MIT... et j'ai fait une émission sur radio truc etc"...) venue à 
Saint-Ambroix superbe après invite de Midi-libre et un joli article avec
 photo classe a passé sa journée à s'emmerder derrière des cartes 
postales "poussez-vous ou baissez juste la tête, excusez-moi, merci, 
désolée..." et n'a vendu aucun bouquin.. Elle est repartie en se jurant 
de ne plus jamais remettre les pieds dans "ce pays de ploucs" ... En 
fait, elle avait à la fois tort et raison : le livre était déplaisant, 
genre je suis une intello brillante et viens vous offrir mon regard sur 
ces contrées poétiques certes mais où on se demande vraiment comment on 
peut vivre... succès à Paris ou à Anduze où les Cévennes se vendent 
toujours bien, mais ici... De plus, les gens ne lisent pas ou très peu. 
Même MK aux innombrables best sellers n'a vendu que cinq livres lors de 
sa signature -annoncée-... et c'était un succès -à la mesure de St 
Ambroix-. Encore un qui ne reviendra pas volontiers... en fait il était 
surtout venu me voir.
Donc une 
signature "sauvage". Bigre. C'est un peu inquiétant aussi : je me 
demande s'ils ne pensent pas que pour la prochaine grève, j'irai 
jusqu'au bout et veulent garder de moi quelques lignes perso avant ma 
disparition. Avis : je compte tout de même m'en sortir sans -trop- de 
casse. Mais merci tout de même de me lire.
Le jeune garde 
surdimensionné est venu -avec le sourire- avertir les gens d'enlever 
leurs voitures de la place, il va devoir verbaliser incessamment sous 
peu, il se prépare un vide-grenier. Bon succès d'estime sur la terrasse 
où des belges ont été charmés: "Qu'est-ce qu'il sont sympa ici !" Mais 
il n'a pas répondu à ma question: est-ce que cela concerne aussi l'autre
 place -où j'ai ma voiture-? Il doit avoir ordre de ne pas me parler. Ce
 regard que je pose heure après heure, jour après jour, sur le village, 
le plus fidèle possible, telle une caméra à grand champs qui tourne dans
 tous les coins sans rien rater dérange certains il faut croire. Ce sont
 les aléas de ma situation, les aléas de l'écriture aussi. Relater, 
filmer inquiète: on est bien entre soi, pote closes (je laisse la 
coquille !) C'est des affaires privées, particulières, on se mêle 
uniquement de ce qui nous regarde et ce qui nous regarde, c'est notre 
pré carré, point. Chacun s'isole, croit être seul dans sa déréliction...
 et c'est ainsi que les injustices perdurent... ce qui me pousse à 
continuer. Je n'ai que "ça"... et ma foi, c'est mieux que rien, c'est 
même essentiel -sauf qu'il y pas mal d'illettrés ici, mais ça cause, ça 
cause...- Je vais tout de même voir, si ça se trouve, il est en train de
 me verbaliser. St Ambroix ! 
Le vide grenier !
 au début, je n'arrive pas à avancer, tout le monde s'arrête, me parle :
 qui a vu sa facture doubler, tripler... qui n'était pas là... qui a eu 
une fuite etc... Il faut distinguer les cas : ceux comme le mien, 
inexplicables, reliés sans doute à des compteurs "farceurs" 
(consommation identique voire moindre et cependant triplement de la 
facture par exemple); ceux qui hélas proviennent d'une consommation 
habituelle normale "simplement" multipliée par deux (!) en raison de 
l'augmentation ; et tant d'autres, souvent panachés, telle cette 
"vieille" dame ("votre âge à peu près" m'a dit gentiment le vendeur de 
la superette) à qui on a changé le compteur, qui escomptait 300 euros 
comme d'hab et se voit avec 1300, alors qu'elle est pourtant seule à 
présent... Ces compteurs sont décidément par trop capricieux et il 
conviendrait de les vérifier systématiquement.
J'ai enlevé mon 
panneau pour pouvoir avancer. Ce soir, j'ai le moral. Mais à supposer 
que l'affaire soit réglée, ce qui est loin d'être le cas, en arriver à 
TROIS JOURS de grève de la faim... DEUX FOIS DE SUITE c'est tout de même
 révélateur d'un dysfonctionnement drastique. La gauche ! Rien ne sera 
plus comme avant. Un peu honte d'avoir porté cette équipe au pouvoir, si
 peu que ce soit. (Et ce n'est pas peu.) 
Vendredi 23 juillet, matin    
Le
 coup de l'homme sandwich a fait un tel tabac avant hier (j'aurais dû 
faire ça plus tôt) et surtout hier au vide grenier (où beaucoup de gens 
vendaient ce qu'ils avaient pour payer leurs factures d'eau !) que ça 
tournait à l'émeute... Il en faut si peu ! c'est là qu'un membre du 
conseil (le seul à qui j'accepte de parler) est venu vers moi avec des 
propos relativement rassurants. 
J'ai toute 
confiance en lui : avec sa femme et quelques autres, ils ont 
infatigablement œuvré autrefois contre la décharge polluante -de P ! 
toujours lui décidément...- et de manière efficace et déterminante ; 
sans eux on l'aurait peut-être encore... (note : la merde est ce qui 
rapporte le plus après la drogue...) et ma mère à 80 ans (!) avait à 
l'époque tenu des "piquets" d'arrêt ; il s'agissait de se mettre au 
milieu de la route et de faire s'en retourner les camions arrivant 
d'Allemagne, rien de grave, ils n'était nullement agressifs et ("ya ya! 
Yavool!") faisaient demi tour sans histoires... Lorsque j'étais venue en
 vacances, j'avais même organisé les "tours" et les "postes", le moins 
couru étant de 3 à 6... Je l'avais donc occupé une seule fois... en 
compagnie de BN qui, malgré son travail éreintant, avait trouvé 
l'énergie de perdre trois précieuses heures de sommeil, maquillage 
impec, sapée lady, c'était trop marrant à 3 heures du mat dans la nuit 
d'hiver devant un vague feu de bois, en bas d'une décharge qui puait le 
cadavre... Encore moi, allais-je dormir à 6 heures mais elle, travailler
 toute la journée d'un seul élan. Il y a des femmes comme ça. "C'est mon
 devoir" avait-elle dit simplement. Les espagnols !
Donc j'ai 
confiance en lui certes MAIS IL A PEUT ETRE ETE MANIPULE sans le savoir.
 Je me méfie à présent systématiquement, il faut le comprendre : 
lorsqu'un employé du service est eaux dit devant un élu "ce compteur 
était payé par Mr E, même qu'il rouspétait parce que ça faisait cher"...
 élu qui le lendemain ne se souvient plus... puis, mémoire revenue, 
affirme sans rire qu'il devait s'agit d'un autre compteur !!! on peut 
légitimement se défier. Par conséquent je continue. J'ai lancé une mode.
 Il y a des femmes qui se sont organisées et refusent de payer. 
Du chemin, plus 
important que l'eau -car c'est pour tous- il semble aussi qu'"on" ait 
parlé mais là, il n'est pas sûr. DONC JE CONTINUE. 
Mais surtout.... 
Bernard (Bruyat) a écrit une lettre à la mairie de St Ambroix... la 
voici, je ne résiste pas à l'ajouter. Je l'ai un peu simplifiée tout de 
même ! 
OBSERVATOIRE INDEPENDANT DES PRATIQUES DE DEVELOPPEMENT RURAL ET COMMUNAL  
à  
Monsieur le maire de St Ambroix
"Le rôle des 
citoyens dans un système démocratique est d'être acteur et non 
serviteur; le pouvoir élu est là pour les servir et non les asservir. 
Notre but : permettre aux citoyens d'inventer l'avenir, les solutions, 
ne plus se désengager ni s'en remettre aveuglément à des élus etc...
Le déficit à la 
fois de participation des habitants et de communication des élus des 
communes est constant, à divers degrés cependant. Les différentes 
structures qui se mettent en place (Communauté de commune, Pays) n'ont 
pas pris en compte ces facteurs primordiaux pour la préservation de nos 
territoires surtout dans les zones les plus reculées.
Nous proposons 
une action qui doit être initiée avec votre aide, par les municipalités 
en lien avec les habitants de leur commune. (Vous trouverez ci-joint 
notre document de présentation concernant notre action -Cercle de 
réflexion et d'accompagnement à la commune- ou CRAC).
Comment espérer 
un authentique engagement des gens si leur imaginaire reste captif ? Le 
projet vise à promouvoir une politique de la participation et de la 
citoyenneté, desserrant l'emprise des rapports de pouvoir pour investir 
l'identité communale en friche, aboutir à un autre rapport à la commune,
 en marge de l'activisme des communautés de communes (des politiques 
publiques) et institutionnelles (politique et technique). La commune est
 l'unité de base de la société, ce qui val mal ''ailleurs'' va d'abord 
mal dans un village : et c'est là qu'il faut agir en premier. Pour peser
 ailleurs.
La mise en œuvre 
du projet le modifiera nécessairement. (Un projet ne coïncide jamais 
avec son propre fonctionnement.) Entre celui-ci et ses réalisations, se 
nichent de l'imprévu, des lignes de fuite, des plages de silence dont il
 faut tirer parti... et dans cet écart, d'autres initiatives peuvent 
advenir... Le CRAC est une structure souple, ouverte et disponible qui 
considère qu'il n'y a pas de ''petites'' affaires (ou qu'une ''petite'' 
affaire peut devenir ou en cacher une grande). Cette "disponibilité" du 
projet fait retour vers les personnes, libres de leur initiative. En 
préservant sa porosité, le ''cercle de réflexion et d'accompagnement à 
la commune'' autorise les trajectoires singulières, libère la 
participation et en cela, se distingue de nombreux projets communaux 
très bavards, rigides voire fumeux qui multiplient les injonctions et 
les recommandations." Bernard Bruyat
Ca va chauffer, Dédé...
Une émission de 
FR3 certes très confidentielle, 6 h du mat d'après ce qu'on m'a dit, (à 
vérifier)... où le maire a parlé (de quoi exactement je n'ai pu savoir, 
de l'eau c'est sûr mais encore...?) et dans laquelle, tout comme en 
réunion (?) aucun nom n'a été prononcé, (à vérifier aussi, l'info n'est 
pas croisée)... ça devait donner : "4000 euros... de "touit touit"... 
qui met le souk parce que "touit touit" n'a jamais habité le 2 rue D... 
etc " Donc me voilà "touit touit"... excellent pseudo pour ce dazibao 
virtuel... 
Reste le chemin, plus important que tout le reste. Ce n'est pas fini hélas. Fatiguée... et heureuse aussi ce soir.
Dormi 13 heures 
aujourd'hui -8 heures la nuit et 5 heures de "sieste", mon record quasi 
battu de juste après la naissance de Maï-Linh. Les neurones se 
reconnectent, ça télécharge doucement. Et il y a autre chose, envoyé par
 Bernard et Sylvie en même temps, je l'ai lu mais sur le coup, j'étais 
trop épuisée pour réagir... mais en me réveillant, les idées claires 
soudain, j'ai dû "régler" ça en dormant comme ça m'arrive souvent. Voici
 l'histoire : un copain qui vit pauvrement: jardin, petit élevage, avec 
sa famille dans une maison-cabane... risque d'être expulsé par le maire 
de sa commune. Déjà harcelé par les chasseurs qui ont tué quelques un de
 ses cochons etc... L'horreur!
Je propose un RV 
soft avec le maire de son bled pour commencer "bas". Bernard est TB pour
 ça... avec sa profession de foi philosophique genre Derrida mâtinée de 
Deuleuze plus une pointe de Stirner et un fond de Proudhon... bref le 
programme de la licence de philo, c'est trop "top" pour les 
maires-tyrans de villages qui doivent aussitôt céder à toute 
revendication honnête de peur d'en recevoir une autre en fait de devoir 
de vacances, puis encore une autre etc... Vive les intellos, surtout que
 Bernard le fait avec une splendide bonne foi et une inaltérable 
gentillesse. Sinon, je veux bien me le faire celui-là... quoique la 
diplomatie ce n'est pas trop mon truc, je verrai mieux Sylvie... On fait
 un assez joli trio, Sylvie, image romanesque BCBG de reportage 
télévisé, yourte colorée et elle-même belle et impecc, au langage fort 
et châtié à la fois ; Bernard l'intello parisien à qui on ne la coupe 
pas... et moi en arrière garde de bull, ça peut le faire. Ca me mettra 
le moral aussi : que tout "ça" ait servi à quelque chose.
Tous ceux qui, 
sans nécessairement l'avoir choisi au départ, vivent comme il est 
raisonnable et heureux de vivre, dans la nature, à l'indienne, ne 
consommant pas -donc ne polluant pas- subissent un véritable harcèlement
 même dans les villages où ce mode de vie était la manière 
traditionnelle d'exister de tous. Forcément, ils ne vont pas chez 
Bricotruc ou à Super Champion acheter une nouvelle fosse septique 
(obligé d'après nos technocrates au bout de ? 10 ans, même si celle 
qu'on possède est au poil voire meilleure, ça fait marcher le commerce) 
et, pour remplir la fosse à merde, de la bouffe en quantité qui 
nécessite un congélateur (vite fonçons chez "But" -terme combien 
révélateur - ils en ont en promo...) attention tu as oublié les 
bactéries pour ensemencer, on va recevoir Jojo et ses six gosses, et 
l'essence pour la tondeuse, l'engrais et les pesticides pour les 
mauvaises herbes... plus le joint de l'arrosage automatique qui se met 
en marche uniquement quand il pleut, y a comme un défaut, et les médocs 
-pour se soigner et occasionnellement s'accabler d'autres maladies qui 
en nécessiteront de nouveaux etc... cela aussi fait marcher le commerce-
 vie de stress "volontaire" que nous avons tous plus ou moins connue, 
fins de mois, emprunts, bagnole, PV, engueulades-... Et ceux qui 
s'échappent de cette existence, qui vivent comme Sylvie (ou quasiment 
-chez moi, même tissus colorés comme isolant, mais c'est sur les niches 
des chiens-chats-) sont chasse ouverte... de la part des malheureux qui 
souffrent aussi du même système absurde où un tiers des gens meurt de 
sur bouffe et l'autre de faim... Bon, go les copains, après mes 13 
heures de sommeil, l'entendement est revenu opérationnel enfin presque. 
Salut et fraternité. Touit touit touit...
Dimanche 25 juillet
Toujours
 rien du Palais. J'ai voulu aller à la messe avec mon panneau mais ils 
étaient affairés tant et plus (il devait y avoir quelque chose de 
spécial, une fête, commémoration) que j'y ai renoncé pour ne pas les 
déconcentrer : je considère un peu le curé comme un collègue et n'avais 
pas envie de troubler sa classe déjà étique. Bien peu de monde en effet,
 la foi se perd, il faut dire qu'il est vraiment rasoir, rien à voir 
avec celui de l'église d'Alésia où j'étais allée pour me reposer -la 
chaleur, toujours- et qui m'avait beaucoup émue lorsqu'il avait demandé à
 chacun de se donner la main puis de s'embrasser en nous souhaitant (je 
crois, pas sûr) "paix sur terre aux hommes de bonne volonté". 
ANALYSE
Conclusion
 provisoire : dans cette affaire, les militants ont souvent été au 
dessous de tout ; les assoc -du moins à Saint Ambroix- : moyen, mais 
bien en tant qu'individus. Aucun/e ne m'a défendue ni n'a défendu les 
autres exploités comme moi car il paraît qu'il y en a 13 dans l'affaire,
 ni ne s'est positionnée en faveur de ceux qui ne pouvaient payer.
Cela confirme 
l'idée que toute structure militante, politique ou informative, même si 
elle se donne pour mission de promouvoir la justice, contrôler la 
démocratie, soutenir les exploités etc... (le syndicalisme par exemple) 
se montre inéluctablement inopérante lors d'une lutte nécessaire 
spontanée, non prévue par sa déontologie, ce qui est le cas de toutes, 
mouvance sociale oblige. Une structure militante veut maîtriser 
l'événement et non s'y soumettre, ce qui la rend à la fois "active" 
-mais à vide- et inutile. Très vite elle dérive en spectacle-esbroufe, 
s'usant en des actes symboliques sans portée : diffusion de tracts le 
mardi (que personne ne lit), réunions le samedi, meeting -et 
préparation!-, grèves d'une journée etc... sans agir vraiment sur les 
urgences au quotidien, ne pouvant s'adapter aux événements -qui ne 
s'encadrent jamais parfaitement à ses prospects, ce qui est le fait de 
tous-. Si bien qu'oubliant son engagement initial, sa priorité devient 
elle-même en tant que structure. C'est ainsi qu'elle se discrédite, se 
folklorise y compris vis à vis de ceux qu'elle est censée "défendre". 
Aucune structure (parti etc)... n'échappe à l'autarcie qui la coupe de 
ceux qui l'ont fondée et de ceux pour qui elle est théoriquement 
constituée. 
Exemple : la 
plupart de ceux qui ont signé la pétition sont des gens sans ligne pré 
tracée, cap à tenir, arrière pensée; ils l'ont fait en un mouvement 
évident, sincère et spontané de solidarité et/ou de confraternité dans 
l'exploitation. De cela, les militants ne sont pas capables. (Ceux parmi
 eux qui ont signés étaient souvent extérieurs.) C'est pour cela qu'ils 
sont coupés de l'ensemble, folklorisés ou rejetés : ils ne sont jamais 
où on les attend, là où ils seraient nécessaires, toujours 
surnuméraires, superflus et redondants... et parfois insincères. D'où 
l'excellence de l'idée de Bernard avec son "observatoire". 
Lundi 26 juillet
Presque
 pas dormi à l'idée de recommencer les piquets, mélange d'excitation et 
de lassitude. Vu Jo, qui semble avoir un moral un peu à la baisse, c'est
 cela le problème lorsqu'on décide de vivre autrement, il faut être 
fort, ce qui n'est pas donné à tous, savoir s'auto contrôler aussi, se 
guider... Sans l'autre et le travail comme bouée, on est en roue libre. 
Pas simple.
Piquets ensuite 
devant la mairie avec Bernard. Des gens très divers, pour une fois. Un 
gus employé à la communauté des communes, visiblement un peu alcoolo, 
assez étrange. Résumé : j'ai tort, personne ne me soutiendra, mais je 
suis quelqu'un de bien, ça se voit tout de suite (?!) il n'a pas à me 
donner de conseils, pas du tout -mais il n'arrêtera pas de m'en donner 
et de fort mauvais- d'ailleurs il sait des choses... étant donné son 
travail (?!) etc... Son analyse est sans appel: il vaut mieux que je 
paye comme ça je serai ''clean'' et ensuite attaquer, mais surtout pas à
 présent parce que je me ferai ramasser, d'accord ça prendra deux ans 
mais c'est comme ça, ou les médias... mais d'ailleurs j'ai un portable 
classe, on voit bien que j'ai les moyens donc je ne suis pas crédible 
etc... Étrange, un dipsomane en demi délire désireux de se valoriser 
devant moi ? (Il a tout de suite demandé si Bernard était mon ami !) Ou 
un téléguidé -il ressortait de la mairie- avec ordre de me fourvoyer ? 
Naïf en le cas car tout de même je sais ce qu'est une forclusion et nous
 sommes ''limite'' dans l'affaire, donc si ça doit partir en justice, 
c'est maintenant ou jamais. On a fini par s'en débarrasser avec le trac 
de Bernard. Radical il a fui comme un lapin.
Un monsieur aussi
 d'un certain âge, bourge, attentif, efficace... ami de Frèche (!)... 
qui en deux secondes me donne un excellent conseil... que je tairai ici.
Et enfin DR, une 
femme qui voudrait vivre en tipi, dans un coin de nature, tranquille, 
comme Sylvie dont elle est l'amie; conversation fructueuse, délassante 
enfin, riche. Intéressée par le tract de Bernard. Elle a fait il y a peu
 signer une pétition pour ralentir la circulation dans le village, 
seule, et a recueilli 400 signatures... avec pour unique résultat 
jusqu'à présent d'avoir imposé des piliers devant le passage pour 
piétons de la mairie -mais cela a peut-être évité des morts. Elle fait 
des randonnées et est allée avec le maire en visite… au chemin de la 
Roque !! apparemment éboulé vers Saint-Victor, triple zut, depuis ma 
sciatique, je n'ai plus poussé jusque là. A moins qu'ils ne se soient 
trompés à la bifurcation, ce qui me semble le plus probable. Musicienne 
aussi, ça met du baume au coeur. Cette foutue grève aura eu le mérite de
 me faire rencontrer des gens intéressants. 
Les "gens", concept de fermeture
Un
 cas extraordinaire, unique : un jeune gars du Martinet, sympa, venu 
discuter -il a tout compris immédiatement- et tout à fait en phase... 
qui a refusé de mettre son nom, d'une manière assez étonnante 
-hypocrite? disons limite- après avoir précisément demandé s'il y avait 
un papier à signer (?!) et déploré la pusillanimité des "gens" qui 
laissent passer de telles histoires sans réagir. Devant la feuille, 
soudain, il a hésité, comme s'il se condamnait à mort -j'ai cru qu'il 
était analphabète- puis, à regret, apposé un vague graffiti illisible 
qui n'avait aucun sens. Et il se montra ouvertement satisfait de sa 
prouesse: un "Che" était né. Je lui ai dit -sec- que ça ne voulait rien 
dire et l'ai barré, refusant de le traiter en gamin qu'il était, puis je
 l'ai questionné. Non pour le harceler mais parce que je voulais savoir 
de quoi il avait peur. "Non, il n'avait pas peur... mais enfin c'était 
un petit village et les gens"... donc vous avez peur, mais de quoi ? Je 
ne veux plus que vous signiez, ce n'est pas la question, je veux juste 
comprendre. Non, enfin il "n'avait pas vraiment peur mais" etc... 
Le cas typique 
d'ami/es qui taclent à l'envi "les gens d'ici" -dont ils constituent 
cependant de purs fleurons- "qui ont peur du qu'en dira-t-on" etc... et 
refusent de sortir le soir parce que les "gens" diront que... "Ils 
diront quoi, les gens ? Que tu cherches un mec? Une nana? Mais c'est 
bien le cas, non ?" L'hypocrisie est un art délicat. Je me suis énervée 
avec ce jeune homme : s'il est ainsi à son âge, que sera-t-il à 
cinquante ans? Ils ont peur de tous... et vilipendent d'autant plus ceux
 qui comme eux ont peur de tous !... c'est à dire "les gens", terme de 
bouclage, de transfert. Les "gens" ! mais les "gens", c'est "EUX", c'est
 tous, sans exception. Imagination bridée, vilipendée, c'est l'art de 
s'occasionner des emmerdes, de s'inventer des histoires, de se et de 
faire du mal... En 40, qu'aurait-il fait pour les juifs ? Les "gens", 
pensez ! A l'époque, les "gens" c'étaient les nazis. C'est à dire tous 
ceux qui ne disaient pas non. La peur d'être différent, de faire ce que 
d'autres ne font pas, de voir son nom inscrit sur une feuille... et le 
vouloir aussi en le cas ! ? associée à la honte devant cette peur (ça 
c'est plutôt bien) quel pauvre drame. Bernard m'a reproché d'avoir 
évoqué la guerre et de l'avoir questionné. Je ne crois pas que ce fut un
 mal : lui dire "merci" ou "bravo" pour son absurde graffiti eût été 
méprisant. Quant à la guerre, dire comme lui "à présent c'est fini 
passons à autre chose" n'a pas de sens outre que c'est une insulte pour 
ceux qui sont morts: nous sommes faits, formatés par le passé, que l'on 
voit resurgir ici à partir de quelques "cas"... vivant et... intact.
Du coup, j'intercale et déplace ce message, en fait bien antérieur.  
Une
 vieille dame apparemment encore d'attaque que l'on voit souvent avec 
une autre plus jeune -une employée ? Une amie? Les deux?-... que Lydie 
soupçonnait en 40 de... disons d'avoir été du mauvais côté, passant 
devant moi, je m'étais avancée exprès, ce que je ne fais presque jamais,
 voulant faire une expérience... dit deux mots en aparté à l'autre... 
qui lève les bras au ciel, exaspérée, méprisante -cas unique- et, tout 
en me tournant le dos, s'écrie assez fort "ça va, ça va, encore ces 
histoires". Je sais à présent que Lydie avait raison : elle avait 
toujours raison, ça fait froid dans le dos. "Encore ces histoires", 
c'est exactement la réflexion de J. lorsque j'ai révélé un scoop 
familial un peu gênant, -si peu!- toujours tu pendant 50 ans, le 
"encore" fonctionnant aussi comme outil de défaussement lorsqu'on ne 
veut pas trop entendre ni par conséquent prendre position... Version 
comique à présent: une autre (idem) s'approchera de moi au contraire en 
clopinant, cordiale (tiens tiens?)... et me demandera, puisque je 
pratique "si bien ces choses à ce qu'on dit, vous savez, ces machines" 
-elle montre l'ordinateur !- enfin tout ça... -elle doit parler 
d'internet- si je ne peux pas lui mettre une annonce, elle vend des 
chats de race superbes, tatoués, pucés etc... d'ailleurs puisque j'aime 
les bêtes... etc Elle me fait carrément l'article. Soufflée, je lui 
réponds que je recueille des animaux ce qui n'est pas la même chose... 
Lydie avait raison là aussi. Brrr. Fin du message...
Reste le problème
 de ce jeune homme : pourquoi m'avoir demandé une pétition qu'il avait 
si peur de signer ? pensait-il que son tag serait une gloire appréciée ?
 Se complaire dans le symbole vide de sens, à son âge, tout de même. Je 
ne l'ai pas joué à l'hypocrisie, ça, ce n'est pas possible. C'eût été 
humiliant à la fois pour lui et pour moi. Il m'a tellement rappelé F. 
qu'à travers mes questions c'est en fait elle que je cherchais à 
comprendre vingt ans après.
Il semble qu'il 
soit employé au nettoyage de bureaux administratifs, sans doute 
travaillant avec la mairie. J'aimerais le revoir pour discuter. Pourquoi
 n'a-t-il pas osé dire qu'il risquait sa place et la risquait-il ? Je 
n'ai jamais demandé à ceux que je sais liés professionnellement à des 
mairies de signer -ou à des commerçants, même ceux chez qui je vais tout
 le temps -. J'oublie souvent la pétition du reste. 
Le scoop à 
présent. Un très vieux monsieur passe, visiblement il ne veut pas 
s'attarder, sa femme me dit qu'ils sont de Molières, alors forcément... 
je lui réponds que moi aussi, enfin de Clé, je dis mon nom... et je 
parviens à comprendre qu'il a travaillé à la mine. Extraordinaire! j'ai 
voulu lui parler de mon père -comment avait-il vécu ce boulot si 
différent du journalisme ? les grèves? - mais il m'a répondu assez sec 
qu'il le connaissait peu (?) parce que lui était dans les bureaux et ne 
rencontrait pas les mineurs (!) Il se souvenait tout de même que mon 
père était correspondant... (?) des "lettres françaises", je savais 
qu'il les lisait mais j'ignorais qu'il y participât... et de Midi-Libre,
 je n'en savais rien non plus. Et il m'a répété, s'en allant en 
clopinant que les ouvriers, il ne les fréquentait pas, même pas mon 
père. Dommage qu'il soit trop vieux pour que j'aie pu lui répondre 
merde. Sa femme -ou employée- qui le soutenait, a eu l'air gêné et a dû 
"suivre" le mouvement comme si elle était une cane. Mon père, cet 
inconnu... Le vieux schnok ne m'aura pas aidée à le connaitre, quoique 
si, un peu : L'Est républicain, La Bourgogne, Le Comtois, et à présent 
les Lettres françaises... (et Midi-libre! le gus a dû se tromper, ça 
devait être La Marseillaise)... La mine -le fond-, et cercle bouclé, une
 auto-école ici. Une vie. Un courage certain. Dommage qu'on se soit si 
peu connus. Pourquoi ? A cause de Gustau ? Cette grève m'aura appris le 
coup des "Lettres françaises". Pas inutile. 
_________________________________
Et enfin, pour élever le débat...
Quelques réflexions rapportées (Illich) de Bernard :
Chaque fois qu'on
 est ''contre'', on laisse supposer que le ''pour'' pourrait avoir 
raison. Etre contre ne sert à rien, il faut être ''dehors''. 
Pas d'accord : 
être "contre", je le vois plutôt comme mélioratif. Bernard comme 
péjoratif dans la mesure où "rien n'est acceptable dans le système de 
gouvernance mondial" dit-il. Je lui réponds : "penser c'est dire non". 
Tant pis si ce "non" suppose son contraire, cela, Hegel l'avait dit 
avant Illich. On n'en sort pas; se dire "dehors" c'est souvent être de 
mauvaise soi ; on mange, on a besoin d'argent, on le gagne -parfois- 
etc... Peut-on inhaler de l'azote et exhaler de l'oxygène ?
Denise a l'air de
 s'en tirer bien, ainsi que Sylvie, c'est vrai. Mais pour deux cas 
d'irrédentistes héroïques, combien de faux "je-suis-en marge-ailleurs" ?
 On a tous connu des "ailleurs" purs pseudos. Une superbe icône 
anarchiste sexy et distante de la fac, après un DEUG de philo... a 
"fini" comptable dans l'entreprise de bâtiment de son père (rien moins 
qu'humaniste) pendant que sa mère élevait l'enfant qu'elle avait eu le 
"courage de faire seule" suscitant à l'époque l'admiration de timides 
éberluées. Il est devenu lui aussi un prospère entrepreneur etc.. Je me 
méfie de ceux qui sont "ailleurs". JE SUIS DEDANS PARCE QU'ON NE PEUT 
PAS ETRE AILLEURS.
En fait, on est 
toujours à la fois "dedans" et "dehors" ; c'est un mouvement de va et 
vient constant. Je suis "dedans" lorsque je vais acheter à manger chez 
netto, "dehors" lorsque je proteste parce qu'ils ont changé les 
étiquettes des produits ; dedans lorsque non compte est saisi, dehors 
lorsque je fais un piquet devant la mairie... La soumission au système 
est quasi inéluctable -mon compte saisi- mais la prise de conscience et 
la réaction ensuite restitue aux êtres brisés leur totalité vitale QUELS
 QUE SOIENT LES MOYENS UTILISES. La preuve : depuis cette grève, je me 
sens mieux, même lorsque je me heurte à la colère -rare- à 
l'incompréhension -rare aussi- etc... Ceux qui m'ont conduite à cet 
extrême, eux, comptent le nombre de points au "sondage" qu'ils perdent 
irrémédiablement chaque jour : dialectique hégélienne. 
Même le "dedans" 
et le "dehors" changent eux aussi de place. Ce blog par exemple est un 
"ailleurs" : je suis "dedans" lorsque je parle aux gens devant la mairie
 et que je réponds parfois aux mêmes questions... et "dehors" lorsque, 
seule devant mon clavier la nuit, je transcris et/ou -rarement, il faut 
que ce soit avec Bernard et le cas est rare- analyse longuement ce qui a
 été dit. Par ce mouvement d'aller-retour constant, je trouve ma place 
et change peut-être -un peu- la réalité. Comme tous, mais tous ne 
l'écrivent pas.
Belle journée, 
discussions intéressantes avec Bernard, des divergences aussi : il y a 
tant de manières pour faire bouger les choses, aucune n'est à jeter a 
priori, c'est l'avenir qui tranchera. Tacler ceux qui usent de certains 
moyens non académiques, par exemple les médias (?) -même si en effet 
lorsqu'on a affaire à eux, on ne maîtrise plus rien, ex l'émission sur 
la 2 où ce que j'avais demandé d'enlever a été au contraire mis en 
évidence, ils sont fortissimes au montage, et ultra rapides puisque 
c'était du demi direct!- est contre productif. 
Mardi 27 juillet
Un
 courriel d'un ami militant émérite grâce à qui j'ai connu Jeanne Boyer,
 une rencontre déterminante -une amie de Lydie en plus!-... m'a inspiré 
cette réponse, à contre emploi en fait car elle ne s'adresse pas à lui. 
Ici, j'ai fait comme les -mauvais- profs qui éreintent les présents à 
cause d'un grand nombre d'absents... Idiot.
Ce que je 
reproche aux militants actuels, c'est parfois la futilité-rigidité de 
leurs engagements... et de laisser passer DEVANT EUX des choses graves 
-même symboliques- sans réagir... Ce que je leur reproche, comme à tous 
les politiques même les meilleurs, c'est, devant quelqu'un qui par 
exemple fait une grève de la faim, de se demander ''qu'est-ce que ça va 
nous apporter... ou nous coûter ? si... si ça marche ? SI ELLE MEURT -ça
 peut être pas mal... ou emmerdant- ? Si ça foire ? Silence et attente, 
on verra bien après -or, dans le cas d'une grève de la faim, un jour, 
une heure, une minute comptent.
Ce que je leur 
reproche, c'est une certaine insincérité dans l'engagement ou plus 
exactement un défaut d'adaptation aux situations qui toutes varient sans
 cesse -ce que j'écris ici n'est peut être plus vrai actuellement-… 
c'est d'être incapables de faire CE QUE FONT SANS Y PENSER LES GENS 
SIMPLES, ''NORMAUX'', j'emploie le mot à dessein. Ce que je leur 
reproche, c'est d'avoir formaté leur être de manière telle que 
l'événement imprévu -jamais tout d'une pièce- ne les atteint plus (ou 
trop tard)... ce que je leur reproche, c'est d'avoir privilégié la 
''ligne'' c'est à dire l'idée sur le réel au point de ne MEME PLUS VOIR 
LE REEL, obnubilés par l'idéologie et la stratégie qui va avec.
Entre celui qui 
ne ''signe'' pas une pétition parce qu'il a peur pour son job ou son 
permis de construire et le militant toujours sur la brèche qui EVITE de 
passer devant la mairie depuis ma grève alors que c'était son lieu de 
propagande privilégié, il n'y a sur le plan pratique AUCUNE DIFFERENCE, 
même si les raisons du premier sont mesquines et celles du second, 
obscures.
Depuis mon 
''histoire'', je reçois toujours des mails groupés d'amis parfois très 
proches, militants très pointus -que je n'ai plus le courage de lire en 
entier- sur telle question, le PLU, une charte citoyenne votée, 
merveille, à l'unanimité (!) une lutte pour le statut des communes 
etc... et, sauf un cas, ABSOLUMENT RIEN, MEME PAS DE QUESTIONS... SUR LA
 GREVE QUI ICI AGITE UN PEU TOUT LE MONDE, MEME LES PLUS DESENGAGES... 
et cependant il y a lurette que je leur ai fait passer à tous le blog en
 réponse justement à des messages groupés. Un silence assourdissant. 
J'ai même eu droit au menu alléchant d'une fête quelconque. 
Sur le plan de la
 lutte pratique, je m'en passe, 250 signatures à ce jour et encore 
j'oublie souvent de donner la pétition -il en va différemment sur le 
plan psychologique- mais l'image qu'ils donnent est celle d'une 
structure frigide absorbant en vain l'énergie des meilleurs d'entre 
nous... incapable de s'engager en dehors de procès bureaucratiques 
symboliques systématisés, qui accapare et castre même les plus 
combattifs. Pendant qu'on débat en commission et/ou signe -ou pas- une 
charte, qu'on pinaille sur tel article, on occulte les petites 
''affaires'' et leurs victimes, pour le plus grand confort de ceux qui 
en bénéficient. Injuste et surtout contre productif: tout comme le 
public -c'est à dire moi actuellement- est davantage révolté par les 
petits tireurs de sac qui nous pourrissent la vie que par les combines 
d'un ministre... ici cette "affaire'' est un paradigme tandis que de 
telle charte ON SE FOUT. (Je sais, c'est idiot.)
Le public est par
 définition ''people''-comme moi en ce moment- ; ces tracts distribués 
en pleine cagne le mardi par des dévoués rouge vif -je parle de leur 
tête-, combien et qui les lisent ? Qui? Les militants. L'avantage de ma 
situation est que je suis devenue "idiote" et que dans ce stress 
intense, je me fous également -provisoirement- de telle charte car CE 
QUI ME TOUCHE DE PRES, MOI ET BIEN D'AUTRES me/nous bouchent l'horizon. 
Les militants au contraire, les yeux fixés sur une ligne de fuite 
reculant sans cesse, trébuchent sur une ornière qui bée à leurs pieds...
 et se scient les pattes. 
Cependant on peut
 parfaitement à la fois s'intéresser à une charte, à la bande de Gaza, à
 Bettancourt, à la forêt amazonienne... et à celle qui fait une grève de
 la faim contre une municipalité qui a repris en plus hard encore les 
attitudes et les affaires de celle d'avant, contre elle et quelques 
autres c'est à dire contre TOUS. Les engagements multifonction vont de 
pair: mais pas lorsqu'on est affaibli par une grève de la faim de 6 
jours non consécutifs qui aiguise les affects, rend agressif, obnubile, 
et change la vision des choses. Je comprends mieux les ''imbéciles'' à 
présent car j'en suis et ''imbéciles'', ils ne le sont pas: seulement 
accablés, harcelés et fautivement persuadés qu'ils sont "petits" et 
incapables de lutter contre les ''grands''… L'intelligence, la sagacité,
 la générosité ne sont peut-être qu'une question d'équilibre glycémique 
et de stress. 
Une signature, un
 mot, un coup de fil -là je rêve- ... Trop tard, c'est trop tard : les 
engagements juste avant la ligne d'arrivée sont suspects et il est hors 
de question que quiconque récupère ce que j'ai fait avec l'aide de 
braves gens sans malice comme moi qui ont vu leurs factures tripler et à
 qui on a dit comme à moi ''cela sera payé d'une manière ou d'une autre,
 il n'y aura aucune dérogation, pour qui vous prenez-vous, il fallait y 
penser etc''-... et qui m'a coûté quelques souffrances physiques non 
achevées. (Rage dentaire).
C'est pour cela 
que sur le blog, j'ai intentionnellement placé des photos d'Azzedine 
Kalak, représentant de l'OLP et ami, mort assassiné à Paris en 78 peu 
après qu'il ait refusé... -perplexe et hésitant, il avait jeté un coup 
d'œil sur mon ventre, j'étais enceinte de six mois-... d'aller au 
restaurant : s'il était tué, tous le seraient avec lui avait-il 
observé... J'avais ri, insisté : et en effet la rafale qui l'a abattu 
boulevard Haussman a fait trois morts...
J'y ai mis aussi 
des photos de Bruno Manser, de Rachel Corrie etc... On peut, non pas 
lutter, mais penser à tout à la fois mes amis, même à des questions 
triviales AUSSI. Les militants, eux, ne le peuvent pas! il faut croire 
qu'ils sont formatés pour une voie unique avec des sens interdits 
visibles d'eux seuls barrant toutes les bifurcations empruntées par 
tous... ou que leurs batteries ne tiennent vraiment pas la charge.
Pas le courage de
 "faire le marché" ! Bernard l'a eu, lui. Il a un don pour ça, 
convaincre et recruter. Bravo. Un être précieux. 
En fait, il a 
craqué juste après : saturé par la pollution dit-il, épuisé par cette 
foule agglutinée, il est parti. Je le comprends, après le marché.
Mercredi 28 juillet
Toiletté
 ce blog. Je suis trop rude. Un artefact de cette série de "malchances" 
est que je crains parfois qu'on ne cherche à utiliser mon affaire et en 
effet elle est trop "belle". Revenir à son bled comme au ventre de sa 
mère et se trouver propulsée au front m'a sans doute troublée, une 
litote. Durablement. Je devrais demander des dommages intérêts. Quoique 
non : ça m'a appris aussi. Je ne regrette pas, et à cette vie de 
"propagande" qui me force à sortir de mon cocon d'intellectuelle et me 
rappelle des souvenirs, je me suis habituée. 
Vu hier un 
nouveau résident -retraité- affolé lui aussi par sa facture; il me 
confirme la manière méprisante dont sont renvoyés à la mairie les gens 
qui viennent se plaindre. Parfois avec humour, comme la jeune femme de 
l'accueil (?)... sans doute celle qui dit qu'elle "ne voit pas s'il y a 
une grève de quelque chose, non vraiment..." Mais à cet humour, il n'est
 pas sensible. Certains déménagent en série, me dit-il dans son 
quartier, assez spécial -défavorisé-. Et ils ne paieront pas. Est-ce le 
but? Chasser les pauvres ? Comme on a fait à Paris intra muros? Cela 
fera-t-il venir les "riches" ? A Paris, oui, ici, j'en doute, le paysage
 est trop abîmé.
Madame N passe 
pendant que je parle avec ce monsieur, le salue, me salue, souriante... 
et file. Un personnage, saint ambroisienne pure, mari résistant, 
serviable, aimable, excellente amie, un genre de sainte laïque de 
village... et qui me met incontestablement à l'écart, légèrement, depuis
 mes bisbilles avec la mairie. La "gauche"? Ou autre chose ? Je 
l'ignore. Après tout, je suis à demi un "bout rapporté" ? La famille 
compte beaucoup pour elle, les anciens, ceux qui sont d'ici depuis des 
lustres... Bon, justement, j'en suis, il n'y a pas de quoi en être fière
 mais c'est ainsi. Alors, pourquoi ? La "gauche" ? on n'attaque pas la 
"gauche", si fragile ici. Aurais-je fait de même à sa place ? 
Possible... mais je serais allée me renseigner à la mairie. Peut-être 
l'a-t-elle fait. Que lui a-t-on dit ? Difficile de lui mentir, à elle. 
Alors? Laissons tomber, à celle qui a montré son courage autrefois, je 
n'en veux pas. 
Et il ne faut pas
 tout rapporter à cette affaire: il est possible que ce que j'écris même
 bien toiletté nickel, la choque -il ne s'agit pas de la facture d'eau-.
 Cela ne se "fait pas" ne se "dit pas". Etre auteur est un atout et une 
tare. Ici on se tait. Beaucoup. Tout le temps. Et se taire sur certains 
drames, certaines injustices, à la longue, rend fou. DONC JE PARLE. 
Comme disait Semprun, "j'avais le choix entre écrire et me suicider, 
j'ai choisi d'écrire". A minima. Ça m'a pris à 50 ans, tout de même une 
assez longue réflexion. Désolée, Madame, c'est ma manière de résister. 
Je serais "celle par qui arrive le scandale"... un minime scandale 
certes mais ici il n'en faut pas beaucoup. Dont acte : je dérange. Tant 
pis,"it's the price to pay. Of life."
Jeudi 29 Juillet...  analyse de mercredi 28 juillet 6 heures
Vu
 E. "notre" unique gauchiste de service sans lequel Saint Ambroix ne 
serait pas ce qu'il est. Par hasard, il sortait du tabac. "Alors comment
 ça va" ? Je lui déverse en vrac ce que je pense de son attitude 
ajoutant que si "ça s'arrange" ce n'est pas à lui que je le devrai. 
"Oui, c'est vrai, on n'a pas bougé"... "on"! comme s'il était à lui seul
 100 personnes empêchées par quelque grand prêtre ordonnateur. Certes il
 pèse son poids mais je n'ai pas vu de lui sortir des dizaines de petits
 "on" qu'il représenterait ou qui le représenteraient, ça, jamais je le 
jure. Deux ou trois intermittents du spectacle seulement les jours 
fastes, et encore l'un d'eux n'est-il pas d'ici. Pour les grecs, même 
pas un "tas".
"On", le pluriel 
des militants ou des profiteurs qui fondent des assoc bidons à deux pour
 obtenir des subventions... ce "on" qui dédouane, leurre, permet de 
frimer et de se cacher derrière des fantômes... La ficelle est énorme: 
"Non, tu n'as pas bougé... ce qui entre parenthèses n'aurait pas changé 
grand chose, c'est juste une question de principe"... C'est -assure-t-il
 avec un splendide aplomb- qu'il n'avait pas trop apprécié mon tract 
(lequel?)... j'aurais tout mélangé. Là, il me prend carrément pour une 
pomme, il est sans doute du village celui qui a su le plus précisément 
l'affaire au jour le jour, celui en qui j'avais le plus confiance... Il 
ne se démonte pas, mon staphylocoque, c'était hors sujet" bref 
l'événement n'était pas dans la ligne, bien rangé comme il faut à sa 
place pour être élu au "jury des ons" et mériter que les "ons" bougent !
 Prétextes dont je ne sais ce qu'ils cachent. Touit touit touit ? ... Et
 bien... peut-être.
Du reste, s'il 
m'a parlé, c'est sans doute parce qu'il pensait l'affaire réglée, ça ne 
risquait rien... Si j'avais encore été devant la mairie, il ne m'aurait 
pas "vue" puisqu'il la contourne depuis. Il s'est fait "avoir" en somme.
Et puis il y a 
aussi l'affaire des employés qui ne paient pas l'eau, mal venue sur le 
blog... En fait, j'ai simplement tout relaté au fur et à mesure -enfin, 
pas "tout" évidemment mais ce détail qui peut-être pouvait en expliquer 
d'autres ne m'était pas apparu à shunter-...
Plus honnête est 
celui qui me dit "désolé je ne peux pas signer parce que j'ai mon beauf 
qui a un permis de construire bla bla..." 
Voilà quelqu'un 
qui, si tous étaient comme lui, m'aurait laissée aller, moi et d'autres 
sans doute à... disons peut-être pas la mort -ou sans le vouloir- mais 
assez loin -car sans Robin et Michel, je n'aurais jamais lâché cette 
grève et au fond je les remercie-... et qui cependant du village un de 
ceux dont j'appréciais le plus la lucidité et l'engagement. Peur d'un 
débordement et c'est vrai, je déborde ? D'être au second plan ? 
Son attitude, 
lorsque, durant la grève, je lui ai demandé une info et qu'il est venu, 
me laissant planter au soleil pendant qu'il s'avançait ostensiblement 
vers des ouvriers municipaux ... lesquels du reste ne lui avaient rien 
demandé, je ne l'aurais pas relevée -les mecs sont souvent infantiles- 
mais je la pointe après coup. L'info aurait, a, pris trois secondes. 
Sans doute tenait-il à ce que je sois vue debout l'attendant pendant 
qu'il devisait chiffons avec des ouvriers, pas pressé: un sollicité, une
 solliciteuse. Se montrer entre deux pôles et au premier plan confère 
une certaine position de force pour l'avenir. Parmi ces municipaux, se 
trouvait un allié à... bref on en revient à la mairie, cercle bouclé. 
Certaines "places" semblent occupées comme autrefois les "charges" par 
des coteries qui ont tout intérêt à ce que les dissidents soient mis au 
pas. Incontournables -E. les ménage- ils sont peut-être assez peu 
solidaires de leurs collègues moins protégés. Il ne faut pas faire de 
généralité. Mais une théorie, si.
Pas mal joué: il 
redoutait d'être vu avec moi et voulait ainsi "montrer" devant les potes
 qu'il se faisait tirer l'oreille. [En fait, comme il m'avait dit les 
connaître tous et qu'il allait les sonder sur mon "affaire", je voulais 
seulement savoir ce qu'il en était de la révolte de certains et de 
l'ambiance assez délétère qui semblait régner envers certains élus, un 
seul peut-être. Cela était-il général, de quoi s'agissait-il ? Il m'a 
seulement répondu en substance qu'il y avait "des types qui s'étaient 
habitués à rien branler et là il n'était pas d'accord." Trop crevée pour
 analyser, ça m'avait pourtant mis mal à l'aise de sa part : des propos 
de patron.] 
C'est devant ce 
clavier que je vois le puzzle s'emboîter: il y aurait donc peut-être des
 luttes internes au sérail, des hiérarchies complexes... chez les 
ouvriers, les petits chefs en font parfois un max... et E, par naïveté 
ou opportunisme (?) courtiserait les happy few plus "porteurs" pour sa 
boutique (là il a tort)... tandis qu'à moi, ce sont les autres qui 
auraient parlé... Je n'ai rien à "vendre", je débarque et me bats en out
 sider, ça inspire plus confiance que les "pro" qui ont dû se 
discréditer depuis des lustres vis à vis des plus exploités comme à 
présent ils se sont discréditent vis à vis de moi. 
Du reste, si ce 
blog a été recommandé au personnel, c'est sans doute pour en briefer 
certains contre moi. La censure en "pochoir" est incontournable: 
quelques passages peuvent être mis en exergue, hors contexte donc 
déformés. Notamment celui où je relate qu'un signataire a mentionné que 
les employés du service des eaux ne la payaient pas, ce que j'ignorais. 
Une phrase sur 130 pages. Cela aussi est le prix à payer. 
Par principe, je 
n'ai shunté que ce qui n'était pas important -trop perso ou sans 
intérêt, non vérifiable ou non croisé- et j'ai flouté large ce qui était
 trop spécifique afin que seule l'idée demeure. Quant à ce qui n'était 
pas encore certain mais probable, je l'ai mis au conditionnel et ensuite
 ôté lorsque ce n'était pas confirmé... ou tourné à l'indicatif dans le 
cas inverse.
Un blog n'est pas
 un livre, il bouge et se contredit parfois... Il demeure inévitable que
 certains personnages "publics" soient en évidence, rançon de la 
"célébrité" qui va de pair avec un engagement militant, un poste, un 
mandat ou un/des livres publiés: on ne peut avoir le beurre etc... 
Lorsque des "people" (et là ils ont tort car c'est pour se faire du blé)
 ressortent des photos de Cécilia -non, c'est l'autre qu'importe- en 
petite tenue voire sans tenue, de Sarko bourré à bloc etc... ça en fait 
partie. Lorsque antenne 2, après m'avoir promis de shunter tout ce que 
j'avais dit sur les prépas de l'ENS (obligation de réserve aïe...) le 
met au contraire en évidence et ensuite... en fait carrément la bande 
annonce d'un film que je n'avais même pas vu -excellent au demeurant- 
donnant l'impression que je le commente, ça en fait aussi partie. 
Travail remarquable, les images qui suivent mes propos, quoique "hard" 
-le tabassage et le viol d'une femme par deux mecs- s'accordent 
parfaitement à ce que je dis... et mon éditeur exultant a vu les ventes 
de "Secret de famille" s'envoler... 
La gratuité de 
l'eau, un prétexte ou le fond du problème ? Ai-je été utilisée ? 
Possible. On tient les gens au pied par de petits passe-droits et 
lorsqu'on veut les leur ôter, il est plus confortable de prétendre y 
être contraint par la légalité ou la publicité que de sa volonté propre.
 Cela peut expliquer le désengagement de certains, cercle bouclé. 
Reste qu'on ne 
peut compter sur ces épiciers du syndicalisme dont le formalisme 
opportuniste privilégie les privilégiés afin de recruter des clients les
 plus intéressants, n'hésitant pas, quoiqu'on leur ait infligé, à 
sacrifier les hors norme, les plus faibles... et aussi les plus 
nombreux. Même stratégiquement, c'est maladroit : obnubilés par la 
boutique à achalander, ils ratent une "affaire", si j'ose, "en or" -car 
c'en est une et B. par exemple l'a fort bien vu- qui eût pu les porter 
aussi bien qu'ils l'auraient portée, avec un minimum d'efforts car je 
l'ai menée sans "eux"... eux, pluriel impropre, je me laisser bourrer le
 crâne car E à Saint Ambroix ne représente que lui-même... 
C'est bien de 
l'avoir passé au filtre : car de cet engagement envers le pouvoir actuel
 que par ailleurs il critique bien plus que moi -plus radical tu meurs- 
je ne me doutais pas. Pas de panique, de toutes manières je n'escomptais
 pas grand chose sauf de vagues info... que d'ailleurs je n'ai pas eues 
-ce qui est aussi une info d'ailleurs-... et puis ça manquerait au 
village de ne plus le voir se griller le mardi devant le vendeur de 
serpillières analphabète qui le hait parce qu'il fait fuir ses clients, 
distribuant des tracts que personne ne lit. Notre fer de lance de la 
lutte ouvrière, quoi.
Inutile de 
shunter ou même de toiletter ceci à la relecture car ça ne pourra lui 
faire que du bien : malgré ses positions irrédentistes, il s'est montré 
là un partenaire fiable et conciliant et il lui en sera sans doute tenu 
compte à l'avenir pour sa carrière. Je devrais même en rajouter une 
couche si j'étais sympa.
Vu Madame V., 
âgée... mais qui lit toujours la Revue philosophique.. ce que je ne fais
 pas ! Elle a stationné longuement devant mon affiche, apparemment elle a
 des problèmes de vue... et elle n'a pas le net évidemment, je vais lui 
faire -pour H. aussi- un tirage papier. Depuis qu'elle lit mes livres, 
elle m'appelle "Hélène" comme tous... Qui l'eût cru ? Décidément, cette 
grève aura changé la donne. 
E. (et ses "ons")
 évitent celle qui fait concurrence à sa boutique et qui n'est pas 
récupérable bien qu'elle soit pour l'heure la plus affectée par ceux 
dont il doit (je laisse la coquille) pis que pendre... Mme D. et sa 
sollicitude amicale... dont acte. Panta rei. (Tout s'écoule).
Vendredi 30 juillet
J'ai
 repris ma place à la Mairie, en un sens ça me manquait ces discussions 
avec les gens. Des touristes qui mettent un peu d'air, tous unanimement 
choqués : on est avec vous etc... Je me sens mieux.. quoique. Une jeune 
femme arabe parisienne, incrédule : 
-- Mais c'est impensable, qu'est-ce qu'ils font les gens ici? Ca va s'arranger, ce n'est pas possible !"  
-- Oui c'est sûr..." lui dis-je, tant elle semble troublée, pour ne pas lui gâcher la soirée.    
Car il m'arrive 
de me sentir gênée par ma propre histoire, ennuyée de déranger des gens 
qui s'apprêtent à aller au restaurant, surtout lorsqu'ils sont sympa. 
J'ai aussi honte pour "nous" ; l'impression est prégnante devant des 
"étrangers" que nous sommes un pays du tiers monde que ceux "d'ailleurs"
 ne peuvent comprendre... et qu'ils ressentent devant mon tract ce que 
j'ai éprouvé à Beyrouth lorsque la guichetière du poste de police 
impavide avait tendu sa carte de séjour à Robin.. et l'avait barrée de 
rouge pour indiquer qu'il était juif. "C'est quoi ce trait, en haut ?" 
Elle avait levé la tête sans qu'un muscle de son visage ne bougeât. Une 
gaffe de française. J'ai compris soudain, Robin m'avait saisi le bras: 
"Mais c'est dég..." Une pression plus forte, je me suis interrompue.
Ici c'est moins grave certes mais après lecture de l'affiche, ça donne:  
-- Mais vous n'y étiez donc pas ?  
-- Non."
Regard vers la mairie.
-- "Ils" le savent ?  
--  Oui.  Tout à fait.
-- Mais alors ?
Voilà : MAIS ALORS ?  Et c'est moi qui suis mal à l'aise...
Ou bien, des 
flamands avec leur accent qui me rappelle Louvain et l'université 
catholique avec tous ces curés en civil, juste une croix :
-- Mais attendez, "ils" vous en veulent ou quoi ?  
-- Je ne sais pas. Peut-être.
-- C'est évident tout de même !... (rires)
Et c'est encore 
moi qui élude, embarrassée... C'est toujours la victime qui se sent 
gênée parce qu'elle est blessée, un peu ridicule... qu'il s'agisse d'un 
cambriolage, d'une agression, d'une erreur de compteur d'eau si 
monumentale et si coriace ou d'un trait rouge sur une carte de séjour. 
* Note : au 
Liban, toutes les confessions sont ou étaient indiquées sur la carte 
d'identité ou de séjour, mais les juifs ont droit au trait rouge 
tristement évocateur du nazisme.
Chez Momo. Les 
mêmes personnes toujours, au fond elles me manquaient pendant ce jour 
d'absence pour "nettoyage de blog": les deux petites lesbiennes sympa 
sirotant leur café, la belle joconde aux traits entre Greco et Vinci, 
inquiétants, jambes démesurées sur la chaise d'en face, le serveur ch'ti
 radical, l'ancien élève de Lydie qui exulte dans son nouveau travail, 
finalement le licenciement lui a réussi mais après combien d'angoisses 
et de galères. Passer de l'usine bruyante qui l'a rendu sourd à un poste
 d'animateur aide-soignant où enfin il peut donner la mesure de lui 
même, le bond est énorme vers le ciel. Tout son être le manifeste. Une 
bonne soirée, rien qu'à le voir. Parfois les histoires finissent bien. 
Il ne m'a pas aperçue du reste, un peu obnubilé par la Joconde renversée
 en arrière qui rit avec le serveur en pause. Surdimensionée pour lui me
 semble-t-il, quoique Sarko... J'aime bien les voir vivre. 
Le très volumineux belge dont le tee shirt n'arrive pas à contenir le ventre, là tous les soirs, me regarde du coin de l'oeil:
-- Y en a qui travaillent tout le temps,  ben dites donc, il en faut des comme ça pour qu'on puisse s'amuser nous...  
Je ris. Ce n'est pas un travail, mais un jeu.  
Samedi 31 juillet
Bonne
 nouvelle matinale, le maire veut voir Djamaï. Sans doute Michel a-t-il 
fait passer l'article dans la Mars. Djamaï ! Français il veut devenir, 
français il va être à présent, vive la marseillaise, l'orgasme enfin se 
prépare, après .... 10 ans de préliminaires ? disons... J'imagine la 
scène.. 
"Comment donc 
mais bien sûr... si longtemps ? mais nous n'en savions rien, ô mais 
quelle histoire... Votre papa a fait El Alameï ? Euh... Il est décoré ? 
Euh... Ecoutez, vraiment, on ne sait pas comment ce retard est possible.
 Les subalternes parfois, une erreur... oui je sais, vingt erreurs.. 
non, plus trente... mais il faut aller de l'avant à présent, ne pas se 
pencher vers le passé. Bon à toute chose malheur est bon, c'est réglé et
 on vous offre même le Larousse avec pour nous faire pardonner... vous 
ne savez pas lire, ah bon... 
Alors on va fêter ça... Vous prenez quoi, pastis ou martini? O pardon, vous ne buvez pas..."   
Pour mes 4000 
euros, on pourrait imaginer un scénar idoine, mais à Paris, pas ici : 
"Comment donc mais tant que ça... ? Vraiment ? depuis 3 ans ? C'est à 
n'y pas croire... " Les maires de villages sont défavorisés sur ces 
coups car ils ne peuvent incriminer un subalterne lorsqu'on les a 
croisés tout le temps... Paris a ses avantages... Merci Michel pour 
Djamaï... et puis ça m'évitera des réveils dès potron minet... 
Reprise le 2 août
 : ma candeur est indécrottable, ce n'est pas en fait pour s'excuser 
qu'il a été reçu... mais tout le contraire, voir plus loin... Passons là
 aussi. Mais je " passe" veaucoup je trouve en ce moment (je laisse la 
coquille)... 
J'y retourne. Il 
est 13 h ici. Aux States, les gens s'apprêtent parfois à aller au ciné 
ou au théâtre -du moins à New york- ; au Kurdistan, certains se 
réveillent devant leur café et d'autres sont déjà à pied d'oeuvre ; à la
 Réunion, c'est l'hiver et le jour n'est pas encore levé et au Vietnam, 
on est au milieu de la nuit. Magie du net, qui sont ces amis qui 
s'intéressent à ce village... ou à moi... ou à l'eau... ? Pour certains,
 je le sais ou m'en doute... Salut et fraternité à tous, je me sens 
moins seule dans ma querencia avec mes animaux. Un clic et l'histoire de
 notre pauvre village file en Californie... 
Bon, je vais 
faire un passage sur les fouilles du Dugas tout de même... pour ceux qui
 lisent à 4000 kilomètres... ou pour le tourisme comme dit le maire. A 
ce propos, il serait bon qu'une rue ou un chemin -tiens tiens- portât le
 nom de celui qui a oeuvré sans relâche pour l'histoire du Dugas, le 
spécialiste justement des fouilles dont la vie d'infirme fut un calvaire
 silencieux achevé récemment, peu après la mort de sa mère dont il 
s'occupait et à qui il ne survécut pas -mission accomplie-. J'ai nommé 
Jean-Paul Rodier. Y a-t-il comme il le supposait un lien entre le 
"culte" du toro de Mitra -curieux culte puisqu'il s'agissait de le tuer-
 et la légende du "vol au biou" -boeuf-? Les coupe-têtes creusés dans la
 pierre en haut du rocher qui domine sembleraient l'infirmer -pas de 
sacrifices humains à l'époque mitraïque ou des résurgences très 
marginales- mais ils sont peut-être bien antérieurs et plusieurs cultes 
ont coexisté longtemps, Bââl, les mazdéens, Mitra etc...
Ou encore cette 
légende proviendrait-elle d'un scoop publicitaire antique destiné à 
faire venir les chalands à un moment où le marché qui faisait vivre la 
ville se désaffectait dramatiquement ? Tiens tiens, déjà, au 10 ème 
siècle ! Est-ce la raison de la mauvaise réputation de Saint Ambroix, un
 bled de filous prêts à tout pour des écus ? 
5 heures PM
Des
 barrières devant la mairie... Impossible de se garer. Pour moi ? 
Peut-être pas... Aucun problème, je me mettrai ailleurs, porter mes 
affaires sera un jeu d'enfant. Avantage de se nourrir normalement. 
Juste avant d'y 
aller, je reçois un mail de Joseph, un ami militant -ce qui se fait de 
mieux, anarcho syndicaliste espagnol-... ma foi assez pointu qui 
m'interpelle. Voici toiletté easy ce qu'il cite issu d'un pasteur 
américain de droite extrême: 
"Tout pouvoir ne 
peut distribuer aux uns que ce qu'il a préalablement pris à d'autres. 
Quand la moitié d'un peuple croit qu'il ne sert à rien de faire des 
efforts car l'autre moitié les fera pour elle, et quand cette dernière 
moitié se dit qu'il ne sert à rien d'en faire car ils bénéficieront à 
d'autres, c'est la fin des haricots." 
Et bien, ça ne me
 semble pas faux, mais il faut juste retourner la formule. Cette 
"moitié" qui ne fait pas d'efforts comptant sur les autres, c'est le 
gens en place ou leurs épigones... et cette autre moitié qui refuse de 
s'éreinter puisque cela bénéficiera aux autres, c'est le peuple exploité
 qui à un moment baisse les bras (RMI etc). Exemple de l'eau et de ceux 
qui ne la payaient pas quand d'autres se trouvaient surtaxés pour 
éponger... sauf que ce ne sont pas des "cas sociaux" qui étaient 
exonérés de "jure", mais justement des gens en poste et en place... et 
ceux qui se trouvaient surtaxés, des pauvres sans appui, hors-caste, 
"racaille" ou classes moyennes... Ces classes qui vilipendent parfois à 
l'étourdie les "cas sociaux" qui ne paierait pas alors que c'est au 
contraire ceux qui ont -petit- pignon sur rue qui bénéficiaient de cette
 faveur officielle. Ainsi retournée, la formule est exacte.
A la mairie, une 
petite foule bien sapée, une commémoration quelconque ? Non, c'était un 
mariage... au fait c'est vrai, c'est fait pour ça aussi. Certains, après
 la traditionnelle photo, lisent l'affiche... m'encouragent. Une 
anglaise qui passe avec deux petits enfants la traduit à toute allure et
 parfaitement me semble-t-il pour son mari, j'essaie de retenir ses 
termes. C'est curieux, il me semble connaître la mariée qui soulève tout
 le temps les volants de sa lourde robe Pompadour, montrant ainsi des 
jambes parfaites qui tirent un sourire même à Hamid malgré sa fatigue...
 Dix, vingt, je ne sais plus combien de points de suture, des ligaments 
arrachés à l'épaule, les traits tirés, il continue tout de même à 
travailler, c'est la saison. Je dois délirer, on dirait la jeune femme 
du service des eaux qui avait suscité l'admiration de Robin autrefois 
lorsque j'avais occupé le bureau -ils s'apprêtaient à me couper l'eau au
 Ranquet-. Un jeune homme de la noce est venu lire et, estomaqué, m'a 
demandé s'il n'y avait pas un médiateur. Non, ici, c'est connu, tout va 
bien et il n'y en a pas besoin. Je n'ai pas donné de pétition.
J'ai écrit le 
texte de l'affiche sur une grande pièce de tissus blanc, j'y ai même 
fait quelqu'ajout... et je la porte comme un péplum. Tout à l'heure, je 
vais l'arranger à la grecque avec deux fibules sur les épaules. Et à 
l'instar d'Isabelle sa chemise, je ne l'enlèverai que lorsque l'affaire 
sera réglée... tout comme, selon son vœu, la reine catholique dit-on ne 
la changea que lorsque les maures furent chassés de Grenade.
Et en allant chez
 Momo pour envoyer mes messages, un vague sentiment de manque au terrain
 vague soudain, curieux... C'était le grand panneau publicitaire en fer 
qui annonçait la création d'appartements sur ce terrain, là depuis 13 
(?) ans... tordu, rouillé et irrégulièrement déchiré vers le bas, qui 
n'y était plus. Scié ou arraché, il demeure toutefois adossé au mur. 
Redite, ici tout est lent, très lent. En 13 ans, on avait fini par s'y 
habituer et il nous manquera.. comme la vieille voisine odieuse.. qui 
représentait pourtant une trace de notre passé. 
Des gens des Vans
 aimables et positifs, apparemment aux prises dans leur village à des 
histoires du même genre mais moins ''hard'' -des parisiens venus à la 
retraite, ce qui aggrave leur cas-… qui me disent que ''la gauche est 
une véritable maffia, tout comme la droite''... et me recommandent de 
m'adresser à Sarko. Je n'ai pas donné la pétition, mais le site et le 
blog.
Un gars que je 
connais chez Momo... je ne l'avais pas reconnu, sapé très prof à la 
retraite, ce qu'il n'est certes pas du tout... que ''la Bisette'' repère
 du trottoir d'en face et vient embrasser et re embrasser... Il se 
montre sympa avec elle, le cas est rare, et lui donne un euro qu'elle 
lui demande. Souvent on la rembarre : elle boit, est mal fringuée, 
parfois confuse... Cette femme de cinquante ans un peu simplette, 
autrefois très belle dit-on, dont beaucoup d'hommes du village -et pas 
forcément des marginaux!- ont profité, qui à présent font semblant de ne
 pas la connaître, est ici un peu la ''Fiancée du pirate'' version Zola.
 Elle ne le prend pas mal; malgré l'exploitation à laquelle elle a été 
livrée et le rejet qui s'en est suivi, elle n'en veut à personne sauf 
peut-être à une voisine qui un soir m'a bousculée devant elle -la 
Bisette compte si peu-. Je me sens très proche d'elle, moins généreuse 
cependant : il m'arrive de haïr, même si ça ne résiste pas à l'analyse. 
Comme un vilain staphylo qu'on exprime et qui sort tout de suite sans 
laisser de traces. Sans doute suis-je plus naïve : ces histoires, je 
n'aurais jamais imaginé qu'elles m'arrivent. Tandis qu'elle ne se fait 
aucune illusion sur les gens. Il n'empêche qu'elle les aime. Une sainte?
 Elle rappelle l'héroïne de "Breaking the waves"!.
Elle vit avec un 
ex para alcoolique lui aussi dans une minuscule pièce en rez de 
chaussée, et lorsque je lui ai donné des vêtements cet hiver -neufs, 
achetés à bas prix à la croix rouge- elle les a revendus aussitôt pour 
acheter de l'alcool, si bien qu'ils n'ont pas dessaoulé de la semaine. 
Depuis je ne lui donne que des usagés, ce qui n'empêche qu'elle les 
refile aussitôt à d'autres, soit gratos, soit contre des clops pour son 
mec car elle ne fume pas. De temps en temps, elle s'en va ''faire les 
mégots'' pour lui. Elle ne sait rien garder pour elle-même mais emprunte
 souvent de menues sommes, un euro, deux euros, toujours à sa demande. 
Il arrive dit-on qu'elle ''vole'' dans les potagers quelques légumes, ce
 que lui reproche un des jardiniers qui ne plaisante pas avec ses 
courgettes. Je crains fort en y repensant qu'elle ne m'en ait amenées 
car à un moment il y avait toujours des cageots devant ma porte, elle 
trouve que je me nourris mal. Elle vole aussi des croquettes pour son 
chat... que d'ailleurs elle a -peut-être- volé lui aussi, il passait 
dans la rue... elle a décidé qu'il était perdu, ce qui me semble fort 
improbable - c'est un superbe-... qu'il risquait de se faire écraser, ça
 d'accord... et elle l'a aussitôt pris chez elle... A., qui nourrit des 
chats errants l'a engueulée: le matou est suffisamment gras sans qu'il 
soit nécessaire de chaparder pour lui la pitance de ses protégés. 
Histoires de village, touchantes et tristes. De gens simples. La vie, 
quoi...
Dimanche 1er août
Une
 réflexion gênante à la relecture qu'il faut bien faire pourtant. La 
notion de justice et de démocratie ne sont peut-être pas claires pour 
certains : une histoire n'est jamais comme à la télé qu'un combat qui 
les dépasse, même s'ils savent en être l'enjeu... c'est juste un rapport
 de forces qu'ils ne pensent pas pouvoir infléchir et qui au fond ne les
 concerne pas vraiment, même s'ils sont intéressés comme public. Le 
fond, plus complexe, disparaît derrière la forme. "X." contre "Y." se 
comprend mieux que Justice contre Pouvoir. Il y a un ''chef'', qui a la 
force dont on peut tout redouter – cependant sympa autrefois dit-on, il 
aurait aidé des copains au collège... etc– ... et un autre qui 
finalement pèse aussi son poids, plus aimable et plus proche, battant et
 criant très fort lorsqu'on l'écorche: moi en le cas. Ils visionnent le 
spectacle de l'extérieur comme un film, une anecdote peu banale -en fait
 elle l'est mais juste démesurée-. Ce n'est pas une question 
d'opportunisme : simplement, ils sont persuadés que tout ce qu'ils 
pourraient faire serait s'arroger.. Hors propos. Sur des sables 
mouvants, moins on fait de mouvements, moins on s'enfonce. Sans calcul 
aucun, ceux-la se détermineront toujours en faveur du plus fort. Cela 
rappelle la conversation entre deux élèves qui vibraient en regardant un
 film palpitant : -Pour qui tu tiens?" chuchote l'un à son voisin. -Pour
 les bons" répond-il. -Et qui sont les bons?" interrogea Lydie. - C'est 
deux qui gagnent." ! Société du spectacle en effet. Il faut faire avec.
La notion de 
justice est remplacée par celle de force à laquelle il faudra se 
soumettre... et selon leur optimisme, ils supputent. J'ai quelque 
chance, le truc est vraiment énorme, 4000 €, presque trois millions 
traduisent les plus âgés, un chemin communal, pensez... et surtout je 
semble tenace etc... Mais c'est toujours a priori sur le mode du "je" et
 du "ils", rarement du "nous" ou alors ça ne vient pas tout seul. La 
notion de justice est abstraite; celle de force, concrète, facile. Un 
coup de poing se comprend mieux que la justice, ou une facture d'eau, 
quoique celle-ci soit si énorme qu'elle finit par ressembler à un 
paradigme de coup de poing sur la figure. C'est une chance en un sens. 
Un cran au dessus et on a alors -logiquement- l'idée de vengeance. Un 
signataire s'est exclamé à propos de ceux qui actuellement m'accablent 
qu'ensuite "ils allaient se trouver dans une position délicate" (!) -si 
je me présente, sûr dit-il que "je passerai". A cela, je n'avais jamais 
pensé, forcément puisque ce n'est pas une question perso. Un film ! 
D'autres du reste me l'ont suggéré : sans doute ma pugnacité leur 
apparait-elle de bon augure, même si certains n'en saisissent pas les 
raisons... ou après tout, pensent-ils, se battre pour soi n'est pas 
différent de se battre pour tous -ça, c'est moins sûr mais bon-. Un 
autre s'est targué... d'être ''clean'' vis à vis du maire car il n'avait
 jamais signé de pétition contre la décharge (!) soulignant ainsi son 
crédit ... dont il pourrait user en ma faveur. Sympa, quoi. On n'en sort
 pas. Au fond c'est juste une question philosophique : qu'est-ce que la 
justice ? C'est par là qu'il fallait commencer... Si on ne l'a pas en 
tête, on ne peut que défendre X parce qu'il est sympa et "Y" non. Je ne 
crache pas dessus mais bon... Tant pis, je fais avec, ce n'est pas une 
humiliation pire que celles que j'ai déjà subies.
Une femme que je 
connais m'a invitée pour un pot, plaisir pour une fois de se détendre 
que je me suis accordée... et finalement, c'est bien plus que des 
bavardages. Douce, des problèmes familiaux, c'est une bourgeoise 
malheureuse dans sa belle maison que les voisines lui envient ; son amie
 qui s'avère venir du même ''pays'' que moi, nous avons des relations 
communes etc... me raconte alors une histoire banale ; un huissier 
engagé par elle, alors qu'elle bénéficiait pourtant de l'aide 
juridictionnelle à 100%, aurait ''prélevé'' sur l'argent qu'il avait 
recouvert -des arriérés de pension alimentaire assez conséquents- 
presque la moitié de la somme pour ses ''honoraires''... alors qu'il 
devait être payé par ailleurs par l'AJ. Malgré ce qui lui avait été dit 
au tribunal, elle a laissé courir: sans voiture, depuis un village perdu
 non desservi, se rendre à Nîmes est une expédition... et, justement en 
raison de la "ponction", elle se trouvait dans une situation pénible ; 
endettée, elle n'avait pas obtenu ce qu'elle escomptait... Cercle 
vicieux, on affaiblit quelqu'un par un vol... qui ensuite n'a plus les 
moyens de se défendre justement contre ce dol... Les pauvres sont un 
gibier de choix. Il en faut certes un grand nombre pour amasser un bon 
pécule mais globalement il y a moins de risques. Des histoires de ce 
genre concernant du personnel de justice, parfois des élus ou des 
notables sont courantes, quasi litaniques, insupportables.
Le dimanche est 
un mauvais jour en général, ici du moins... des gens lents, épuisés par 
la chaleur, comme moi, en famille souvent, surveillant les enfants -les 
voitures filent vite dans ce village-couloir presque tout entier réduit à
 une nationale qui le traverse- c'est peu propice à la lecture et a 
fortiori à l'engagement... Je me demande si ma propre fatigue reliée à 
la chaleur et au mal de dos ne joue pas. Je crois que je vais 
''rentrer'' me reposer, m'allonger... Tout à l'heure, ça ira mieux.
Des jeunes gens 
lisent, intéressés semble-t-il, je m'approche pour leur donner le tract 
avec le site... et ils s'en vont aussitôt ! C'est la première fois que 
cela arrive. Ils sont étrangers et ont dû croire que j'étais un témoin 
de Jéhovah ou que je voulais leur vendre quelque chose... comme au Maroc
 où les commerçants ambulants attirent les touristes par des affiches et
 leur sautent dessus dès qu'ils s'arrêtent. Plus le soir tombe, plus les
 gens sont sympa. Sans doute ont-ils moins chaud. Et ils n'ont pas les 
enfants avec eux à surveiller. Plus libres, plus détendus.
Plus de 
batteries, excellent prétexte pour retourner me reposer chez moi. J'en 
ai assez de tous ces gens mornes qui regardent l'affiche d'un air 
distrait tout en marchant et continuent à avancer lentement en mangeant 
leur glace, sans doute saturés comme moi par la pub, émotions et 
entendement obérés. Des veaux dirait de Gaulle. A moins que ce ne soit 
le début du mois ? La période creuse ? Les gens d'août en effet sont 
plutôt moins sympa que ceux de septembre, c'est connu. Pourquoi ? Corps 
déformés, rouges, tee shirt en vagues, tongs traînantes -ils en pensent 
sans doute autant de moi-... je n'ai pas envie de les aborder.
''La Bisette" est
 venue me faire part de la chaleur, merci, je n'avais pas remarqué, et 
s'en est repartie au foirail. Dans sa minuscule pièce, il fait trop 
chaud dit-elle; aussi sortent-ils tout le temps, ce sont des gens de 
dehors que l'on voit tous les jours, incontournables, comme Beny. Seuls 
les bourges avec la clim restent chez eux, si bien qu'on ne voit 
"traîner" que les pauvres, les marginaux, des gitans, des touristes... 
ou moi. 
Beny est marrant:
 lorsque je parle à des gens, parfois il arrive qu'il se mette au milieu
 et m'interrompe pour me contredire, tel un élève perturbateur. Ca ne 
porte pas à conséquence. "Elle a bu du café et de l'orgeat" précisa-t-il
 hier gravement débarqué à un moment où je parlais de tout autre chose 
que de ma grève -il était accouru, soucieux de rétablir l'ordre et la 
vérité, s'intercalant entre un couple et moi... et il sentait pas mal le
 vin- ... "Et elle a eu bien raison" lui a répondu l'homme en rigolant. 
Attitude que j'ai observé chez lui depuis pas mal de temps, 
significative sans doute (?)... quoiqu'étant donné le personnage, on ne 
puisse redouter grand chose de lui... et a contrario, en fait de recrue,
 il y a mieux. Il a cependant signé la pétition, ce que je ne lui 
demandais pas plus qu'à la Bisette. 
Downloadé ce blog pour ceux qui n'ont pas le net, nombreux...  
Lundi 2 Août
Sylvie
 Barbe m'envoie la vidéo dont m'ont parlé des touristes avant hier au 
sujet de l'expulsion musclée de femmes africaines. Honte. bien sûr... 
mais que c'est crétin surtout !!! J'en viens presqu'à plaindre les 
policiers qui vont ainsi passer à la postérité devant leurs enfants. 
Et je repense à 
ce jeune soldat noir de la F.A. à Beyrouth qui m'avait mise en joue et 
qui au mot "elle est française" avait aussitôt abaissé le canon de son 
arme braqué sur ma tête -à 10 cm-. Ce mouvement, il m'arrive toujours 
d'en rêver -aucun traumatisme cependant, la scène est plutôt marrante à 
chaque fois-.. ça se passe toujours au métronome en trois temps : "sors 
tes papiers" (je me penche sur mon sac).. bruit de l'autre côté de la 
vitre ouverte (klkak klk)... je relève la tête, surprise... et vois la 
kalach braquée sur moi en même temps que j'entends R. hurler en arabe 
"elle est française elle a pas compris"... et au mot "française" le 
canon s'abaisse immédiatement. 2, 3 secondes ? Même pas le temps d'avoir
 peur... La suite est comique, j'enfonce le clou : "Dis donc je suis 
française et toi tu me tues !" L'air gêné du type qui veut rattraper le 
coup, sa main me tapotant l'épaule : "Excuse-moi, mais on peut pas 
savoir, au Hesb aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi"... 
Je ris et lui rends son accolade : "Merci, c'est pas grave, allez, je 
comprends, tu risques ta peau..." Quatre secondes en tout ? Je sais à 
présent qu'on peut mourir sans avoir eu peur et qu'un seul mot 
-"franzaoui"- peut être un levier qui fait baisser le canon d'une arme 
braquée sur votre tempe. Sauf qu'à présent, avec les prouesses viriles 
de nos zozos expulseurs d'africaines avec bébés (l'horreur), il n'est 
plus certain que le mot "français" ferait disjoncteur. Et je n'aimerais 
pas me retrouver à un check point, en joue d'un africain harcelé par les
 voitures suicides, aux nerfs plus ou moins solides.
Triple zut, ne 
nous comportons pas de telle manière que ce "crédit" dont nous 
bénéficions auprès des peuples d'Afrique ne s'épuise. C'est peut-être à 
cela que je dois -comme bien d'autres- la vie. 
Je me réinstalle.
 Chaleur insoutenable, je viens de prendre une douche et je suis aussi 
moite qu'avant. Je crains de sentir mauvais, Cette-facture-sera-payée a 
dû me marquer comme CH autrefois, redite, maire à présent.. et pas de 
Saint Ambroix hélas ! Tant pis. Je n'ai pas mis la table, ça fait trop 
''bureau'' et bloque les gens, comme si je faisais moi-même figure de 
bureaucrate. Du coup, c'est mieux.
Et c'est le must.
 Quand je suis dans un état de stress "positif", cela m'arrive parfois 
ET JE N'AI PAS D'EXPLICATION A CELA, voir un blof (je laisse la 
coquille) ''parallèles sécantes''... Je rencontre une jeune femme 
journaliste à Fr3, qui passe par hasard, elle lit attentivement, me 
questionne... Et je lui dis immédiatement -qu'est-ce qui m'a pris? en 
ces cas je ne ''réfléchis'' pas, ça sort tout naturellement, comme si 
quelqu'un d'autre parlait à travers moi -:
'' Vous avez fait
 philo'' -c'est une affirmation et non une question-... et je lui sors 
les '' Chants philosophiques''. Elle me répond, elle aussi sans y 
penser, ''oui''.. et après hésitation, le prend et je le lui dédicace en
 vitesse devant la mairie. Comment l'ai-je su, ce ne sont pas des études
 banales, nous étions 50 à la fac contre 300 ou davantage en lettres et 
plus en médecine, et encore les trois quart étaient-ils des mecs ? 
Aucune explication. 
Un adjoint, 
toujours le même, sort immédiatement après... et me salue... ou bien 
fait un geste agacé, je n'ai pas bien compris... et file aussitôt. 
L'affaire l'intéresse mais rien de sûr, elle n'est pas une décideuse 
dit-elle... cependant, je n'ai plus à présent la réserve genre 
''philosophe-emmerdée-en-lutte-contre-la-gauche-pour-qui-elle-a-voté''. 
Pas d'héroïsme, 
cette réserve provient, provenait de ma crainte de passer pour 
l'andouille... que je suis, mais ''je me le sers moi-même..." etc.. 
Donc, même récemment, j'eusse souhaité que tout se passât encore sans 
-trop- de vagues. J'ai changé. Lorsqu'on se gare dans les clous et qu'on
 vous le signale, on s'enlève avec diligence et on fait éventuellement 
des excuses si on est poli.. mais lorsqu'on y demeure un mois malgré les
 risques (l'administration ! ''l'administration mon cul'' comme dirait 
Zazie...) ce n'est plus une erreur, c'est une faute. Jusqu'à présent 
cependant, rester devant la mairie ne me déplaît pas. Quand j'en aurais 
marre, je mettrai le turbo et ça finira.
Djamaï m'apprend 
que le maire lui a reproché de s'être fait, je cite, ''enrôler'' par moi
 qui me servirais de son histoire pour médiatiser la mienne (!) Oh que 
c'est beau ! C'est le coup du ''vous avez voulu valoriser votre terrain 
en défrichant le chemin''... sauf que ça ne vient pas d'un estois égaré 
mais d'un ''d'ici'' : sans excuses donc. Mais Djamaï, dont personne ne 
s'est vraiment soucié avant que je ne mette son histoire sur le blog -du
 reste, j'ai enlevé l'article de celui-ci depuis une semaine et l'ai mis
 ailleurs où il y a plus de monde en ligne-… est suffisamment lucide 
pour ne pas s'en laisser conter. Il faut dire que la ficelle est un peu 
grosse. 
Tiens, par 
curiosité, je regarde -comme tout auteur qui se respecte mais je me me 
respecte sans doute pas car ça fait longtemps que je ne l'ai pas 
fait-... mes "signalements"... il faut taper "Hélène Larrivé" dans la 
fenêtre de droite directement sur google et ne pas louper les accents 
sinon ça optimise. C'est fait, merci mes amis!... Ouahh !! non je ne 
dirai rien, après tout, je ne vais pas tout mâcher, à vous de voir, un 
clic, c'est pas dur.
Et pour les blogs
 aussi, vous qui les surveillez comme une station anti sismique, 
vérifiez vous mêmes ce qu'un ouvrier non francophone à l'origine a 
compris seul...
Un clic vous 
faites, ou deux, allez, et go, surtout ''grève de la faim'' . C'est 
justement pour cela [j'ignorais toutefois le bond de mes signalements et
 ça me met le moral, merci, qui était assez moyen] c'est disais-je 
justement pour cela que j'ai accroché sur les blogs les plus achalandés 
des gens qui ont comme lui subi des injustices diverses dont tout le 
monde se fout [enfin non, pas tout le monde, la preuve, disons "tout le 
monde parmi les gensses en poste à Saint Ambroix" ou dans des bleds 
idoines ce qui réduit considérablement le monde] dont Djamaï. Inversion 
là aussi des buts supposés, comme pour le coup du chemin, faut-il croire
 qu'il en est qui transfèrent ? Le net est un outil de poids... et aussi
 un flic de poids, le meilleur... et le pire parfois. Là il m'arrange 
tout de même bien. 
De même lorsqu'on
 me dit que ''c'est réglé'' pour que j'arrête ma grève... et décourager 
les médias à la veille d'une réunion qui allait sans doute être pénible 
-ce à quoi j'ai consenti, la gauche, pensez, malgré tout- … [On est une 
famille en somme et il n'est pas bon devant l' "ennemi" supposé de 
dévoiler que le tonton picole ou que la tata n'a pas l'électricité à 
tous les étages isn'it?]
Décidément 
révélateurs, ces sinistres malentendus : la réserve est prise pour 
impuissance; la longanimité pour faiblesse; l'éthique pour servilité ; 
l'engagement politique pour allégeance... et l'engagement tout court 
pour paparazisme... ça, ça vient de sortir frais pondu. Il faut donc 
''cogner'' -fort- pour être pris au sérieux, sans souci de la casse qui 
peut aussi vous entraîner en tant que groupe. Comme avec les loubards 
qui tirent souvent sur le prof le plus sympa parce que de lui, 
croient-ils, ils n'ont rien à redouter et qui parfois se cassent les 
dents... Dit autrement : on est vite pris pour un con, plus encore qu'on
 ne l'est vraiment. Plus exactement pour une conne.
Un détail pour 
être honnête : Djamaï a commencé son parcours du combattant lors du 
mandat de l'ancienne mairie, 7 ans... puis l'a poursuivi lors du mandat 
P., 2 ans. Les ''responsabilités'' (un quart /trois quart) sont donc 
encore en faveur de la ''gauche'', attention le temps tourne et bientôt 
ce sera là aussi un partout la balle au centre. Réflexion jolie : '' 
mais l'administration vous savez... bla bla. '' Sauf que 
l'administration, c'est ''eux'' !
Une 
réponse-argument, un peu sotte j'en conviens et a posteriori de un an, 
je ne suis pas une rapide, à Gérard (ça ne concerne que lui mais bon, je
 n'ai plus de temps à consacrer perso à des amis) : l'avantage d'être un
 peu connue est justement (à ça je n'avais jamais pensé jusqu'à ce jour)
 qu'on ne peut vous accuser de ''paparazisme'' et de récupération donc 
d'insincérité. Dont acte.
Aujourd'hui, des 
gens "bien", partout... contrairement à hier. Des flamands ! joie 
d'évoquer avec eux Louvain et la ''catho'', leur gentillesse simple, 
directe, la manière dont de Walhens, de Walhens, sauveteur de l'œuvre de
 Husserl, le ''de Gaulle'' belge mais philosophe et non général, à 
l'époque recteur de l'univ... nous a accueillis AL. et moi. Je le cite, 
je n'ai jamais oublié ce colosse qui avait davantage l'air d'un bûcheron
 que d'un évêque et théologien, impressionnant, au sourire éteint, sans 
doute empreint de ce qu'il avait vu et subi en 40 ; alors que je le 
remerciais de nous avoir logés... ni plus ni moins dans un château (!) 
et offert une bourse -plus un petit travail-, il me coupa d'un revers 
agacé : Madame, ne nous remerciez pas de vous avoir accueillis, c'est 
vous qui nous avez fait l'honneur de venir vous réfugier chez nous, et 
c'était le moins que nous puissions faire.'' Il parlait évidemment d'AL 
fuyant le fascisme. Les belges ! Dire cela simplement, presque hautain, 
comme s'il reprenait une petite étudiante en philo pour un contre sens. 
J'avais eu envie de l'embrasser mais je n'ai pas osé, un tel monument. 
Merci Monseigneur, où que vous soyiez à présent. (Ca c'est des cathos...
 autre chose que les pauvres punaises ricanant sottement parce que "une 
telle" a son soutien gorge qui a lâché dans l'émotion de...) Peut-être 
aurait-il fini par me convertir, le filou si je n'étais rentrée en 
France au bout d'un an en vitesse. Pour parler comme lui, il m'a fait 
l'honneur d'essayer. "Madame, dans votre passion pour la justice, c'est 
évidemment Jésus qui vous anime". Evidemment (!)
Donc ces belges 
sont estomaqués par ma facture, mais je n'insiste pas, ils méritent 
mieux. Je ne leur parle que de la thèse de Rodier et des fouilles, en 
fait, ils en viennent mais comme tous, n'ont pas poussé jusqu'au coupe 
tête, mal indiqué sans doute. Permanente sur cette place heureusement 
assez ombragée, je suis multifonction : don Quichotte d'arrondissement 
-comme dit méchamment RC- et hôtesse bilingue -enfin, presque- de 
syndicat d'initiative, ils devraient me salarier du reste.
Beny vient de 
passer, avec toujours les mêmes propos, l'eau du village ne serait pas 
potable, toxique, il y aurait des antibios dedans, il a été mis en 
hôpital psy pour l'avoir dénoncé.. Il en veut à l'ancienne équipe et 
pense qu'on essaie de le tuer parce qu'il serait dépositaire de secrets 
fondamentaux... qu'il refuse de dévoiler cependant alors que ce serait 
le seul moyen d'échapper à ses "tueurs putatifs". Il affirme avoir reçu 
une balle dans le dos. Dans son délire il y a probablement du vrai 
mélangé à du faux mais où ? 
Il faut 
décrypter. Par exemple Gab, lorsqu'elle reprochait, et avec quelle 
violence ! à sa bonne voisine d'avoir voulu la marier à ''une porte'', 
faisait en réalité état de ses tentatives serviables mais insistantes et
 malvenues de lui faire épouser un certain ''Laporte'', paysan, veuf, et
 rabougri, de vingt ans plus âgé ! laid comme l'enfer et de surcroît 
grigou et profiteur... L'innocente sotte pensait sans doute que pour une
 ''vieille'' fille, quelque soit son niveau intellectuel et social -Gab 
n'avait que trente ans, une formation, un travail et une bonne 
éducation- il pouvait représenter un ''parti'' envié ! Trop humiliée, 
Gab avait dans son délire shunté cette histoire, la transformant en 
fable comme manière de catharsis.. Sans doute Beny fait-il de même.
Il réitère que 
''si je veux être crédible'' (bizarrement, le mot est toujours employé 
par les gens qui reviennent de la mairie, un leit motiv, c'est à ça que 
je les reconnais) ''il ne faut pas prendre de café sucré'' ! le 
malheureux n'a pas compris que j'ai arrêté la grève depuis longtemps, je
 ne tiendrai plus debout sinon ; ne sait-il pas lire ? Il le prétend. 
Faux : il écrit, et pas si mal, on le voit à l'église sur le cahier de 
''prières'' dans lequel il a signé une supplique émouvante pour que sa 
femme lui revienne. Je lui demande en plaisantant pourquoi il tourne 
autour de moi, regarde derrière les affiches, mes affaires... et 
survient parfois pour me contredire lorsque je parle à des gens... Et il
 botte en touche avec une habileté que je ne lui devinais pas. Curieux 
personnage.
Excellente 
journée. Des parisiens d'origine bretonne aussi, sympa mais... qui m'ont
 dit -avec un zeste de fatalisme un peu méprisant, j'encaisse, bien 
obligée- qu'ici, ''c'était le midi, quoi''... Le midi de Pagnol, de 
Chamson, de Carrère ou de Chabrol, au passage tous uniment parisiens ? 
De Saint-Ambroix en tout cas. 
Un jeune 
américain musicien que l'on voit parfois le soir tard chez Momo, jouant 
dans une cave à côté de l'église, lit mon texte, en fait il le connait, 
c'est plus ou moins celui de l'affiche... et me parle de son 
association. Il met de l'oxygène dans le village... pourvu qu'il ne soit
 pas découragé et ne s'en retourne. 
Une observation 
générale : selon des critères obscurs ou faussés, certains qui ne font 
aucun effort pour s'intégrer -au contraire-, que l'on ne voit 
strictement jamais [pas plus que leurs "clients"] en dehors de leur 
querencia-enclose... sont courtisés [par ceux-là même qu'ils 
mésestiment] et d'autres, talentueux et omiprésents, ignorés. Les 
premiers font venir des chalands dit-on pour justifier cette inéquité : 
forcément puisqu'on les a aidés, cercle vicieux.. -Mais il n'est pas sûr
 que le village en profite.- Les seconds en font aussi venir, mais ce ne
 sont pas les mêmes et ceux-là peut-être dérangent. Hors caste, pas des 
riches étrangers acheteurs de... ou pas seulement.
En fait, ceux qui
 ne voient une activité -fût-elle artistique ou pseudo- que comme un 
business axé sur le profit [ce qui va de pair souvent -pas toujours- 
avec la médiocrité] s'accordent peut-être mieux à l'esprit du village 
que ceux qui créent, libres, dérangeants [ou considérés comme tels par 
un pouvoir très frileux.] Les premiers rassurent, les seconds font peur:
 irrécupérables. Pas de levier contre ceux qui en général n'ont jamais 
reçu de subventions ou d'aide quelconque. C'est l'avantage. 
Cela explique la 
déréliction intellectuelle de villages qui courtisent les médiocres et 
ignorent ou accablent des créateurs -qui partent-. C'est peut-être 
voulu, on est mieux entre soi. Une démonstration sous forme de question :
 qui a pensé à contacter Gunther Leitzen qui a réalisé un film sur la 
résistance allemande dans les Cévennes, notamment sur le Puits de Célas?
 Il passe en Allemagne; pas ici ! Il a une maison à Saint-André où il 
vient en vacances avec des étudiants et on le voit souvent à la 
librairie ou au salon de thé. Passionné par la France dont cet allemand 
parle parfaitement la langue et par les Cévennes, il transmet ailleurs 
sa passion dont ici nul ne lui sait gré.
Le pizzaïole, 
lui, va fermer, il en a marre ''les gens sont méchants'' etc... Un peu 
simpliste... C'est moi qui tente de le convaincre que c'est juste une 
image faussée, ça le fait bidonner. Il lit, observe que ma ''robe'' est 
parfaitement écrite, on est prof ou on ne l'est pas, et comme je suis 
obligée de lever les deux bras, remarque que dans cette attitude je 
ferais un épouvantail parfait. XX qui attend son tour, avec qui on 
bavarde chiffons ou plus exactement "cric de manivelle" me confirme que 
c'est lui en effet (c'est ce qu'on m'avait dit) qui a voulu ''casser'' 
la conduite d'eau le jour où on venait la lui couper... la conduite ou 
éventuellement le grand shtroumpf élu des coupeurs d'eau de l'époque, 
dommage. Voici donc ce que j'appelais l'argument ''cric de manivelle'' 
ici croisé deux fois. Précision: on ne lui a pas coupé l'eau. MAIS A 
MOI, SI. Tant mieux pour eux mais lorsqu'on est une femme, redite, ça ne
 simplifie pas. Il faut se caser costaud, quoi... Monde de film B ou la 
peau d'une nana ne vaut rien en soi, mais son fric, si.
Lorsque je disais
 que tout ceux qui ne sont pas récupérables ne sont pas favorisés 
-faible mot- peut-être est-ce mon cas ? une galerie d'art contemporain ?
 rien de plus fort, de plus porteur qu'une installation... qui peut être
 comprise même par des illettrés ou des non francophones. Est-ce là le 
fond du problème? Qui sait ? Il doit bien y avoir une raison tout de 
même, au delà de ce qu'on peut subodorer, de ce harcèlement auquel je 
suis soumise depuis que je suis revenue, toutes tendances confondues. 
Irrécupérable ? Non, ça ne peut être ça... triste à dire mais je dirais :
 même pas.
Mardi 3 août
Pas
 de marché donc, ce n'est pas politiquement correct mais je ne peux pas.
 Bernard non plus. Le végétarisme aussi.. On se bat pour les toro -très 
bien et on ne peut qu'éprouver une grande admiration pour Garrigues et 
son assoc qui sont récemment descendus dans l'arène, se sont fait 
tabasser et ont obtenu l'interdiction des corridas en Catalogne- mais 
pas pour les poulets, les petits n'intéressent personne, là comme 
ailleurs. Il est vrai qu'eux, on les mange. 
Un oubli hier, 
significatif... et je me suis promise de ne rien omettre -ce serait 
mentir en pochoir-. Un gus qui avait discuté (chiffons) avec un 
signataire de ma pétition devant moi, et qui, me dit le copain, était le
 maire de son -lilliputien- village, repasse peu après devant moi... 
Croyant à un retour intentionnel, je lui tends le tract. Forte réaction,
 immédiatement agressive : "Je connais cette affaire et vous préviens, 
je ne prendrai pas parti dessus!" Ma réponse ne l'est pas moins, je ne 
suis plus la même, un bon point du reste. "Et je ne vous le demande 
surtout pas, je vous informe seulement : lorsque comme élu on doit 
tourner dans le sens du vent, il faut savoir le prendre, non?" Il a pilé
 aussitôt, souri (!) pris le papier ("merci")... et détalé. 
Autre oubli, 
rajout plutôt, à propos de mon intuition sur la jeune journaliste de 
Fr3. Un écrivain ou artiste est souvent médium sans le savoir : 
lorsqu'il écrit, il est parfois dans un état qui rappelle la transe sans
 aucunement s'en rendre compte. L'exemple le plus saisissant est celui 
du Titanic dont l'histoire fut "écrite" quelques années avant sous forme
 de roman, mais il en est bien d'autres moins connus. J'en ai quelques 
uns personnels que je tairai ici sauf deux qui s'encadrent parfaitement 
dans ce blog. 
Voici : il y a 
quelques temps, voulant parler du village et en faire une sorte de roman
 philosophique, j'avais "tout" flouté grave de manière à brouiller les 
pistes et j'étais assez satisfaite du résultat. Au centre de l'histoire,
 j'avais figuré un personnage inventé (ce que je ne fais jamais car je 
ne sais pas faire) avec quelques détails sur lui très précis et surtout 
des éléments de son cursus un peu outrés, dévidés en chaîne... bref, je 
l'avais chargé un max: le "pervers" typique des romans de gare ou 
quasiment, l'Harmattan voulait des lecteurs. Là, j'étais absolument sûre
 de mon coup: le mélo parfait... 
Le bouquin était 
prêt à l'envoi lorsque par chance j'ai rencontré par hasard à la 
librairie un gus qui n'était pas un ami mais qui connaissait très bien 
le village et dont la discrétion - quasi professionnelle- était, 
supposais-je, à toute épreuve... Sur ce dernier point, j'avais raison, 
et sur l'autre aussi du reste. Mais...
... Il me le 
rendit peu après, gêné. Là, je le cite: "C'est excellent... un peu long 
mais bien fait, rien à dire.. Seulement, excusez-moi, je n'ai pas à vous
 donner de conseils, mais tout de même puisque vous m'en demandez.. pour
 quelqu'un qui veut faire attention à ce qu'on ne reconnaisse pas les 
gens, vous vous posez là!" 
Qu'est-ce à dire ?  
Ce
 n'était pas la première fois que ça m'arrivait mais jamais de manière 
aussi.. magistrale : le personnage-clef que j'avais ouvragé.. existait 
vraiment, comme si je l'avais fidèlement "copié". Et mon lecteur 
incrédule de me dérouler alors une à une les anecdotes -il y en avait 
trois dont une extrêmement improbable- concernant ce "héros", toutes 
attestées et connues, et du reste pas seulement par lui.. [Publier eût 
été gênant pour les victimes..] A un cheveu. Le tapuscrit déjà mis en 
page (!) dort et dormira toujours dans mes tiroirs... et dans 2000 ans, 
ne dérangera plus personne. 
Affaire 
embarrassante vite oubliée comme tout ce qui est gênant... sauf que j'ai
 réitéré récemment en plus grave. Ayant voulu reprendre une -excellente-
 nouvelle policière d'un écrivain néophyte que je jugeais un peu sèche, 
j'y rajoutais un personnage, une jeune femme dont je fis la clef de 
voûte. Elle existe vraiment, je l'avais juste esquissée pour laisser à 
l'auteur la liberté d'en faire ce qu'il voulait. Et dans mon scénar, je 
la fis morte dans des circonstances qui s'adaptaient tout à fait à sa 
nouvelle. Je lui donnai mon esquisse et barka, à lui de jouer. Mais le 
soir, sur le net, un peu gênée qu'elle soit si reconnaissable, je surfai
 sur son nom: stupeur, elle était réellement morte peu avant. C'est 
pourquoi je ne me risque plus au roman.
Leibniz parlerait
 de "perception sans aperception"; Bergson d' "illusion rétrospective"; 
Freud, d'inconscient et Platon, de "réminiscences". On entend ou perçoit
 quelque chose -de gênant moralement, de dramatique voire d'anodin- et 
on l'oublie aussitôt, on oublie même qu'on a oublié (!)... et on le 
retrouve tel que parfois des années après dans la création artistique 
qui fait sauter le verrou "moral" apposé sur la mémoire. Ce que l'on 
croit avoir intuitionné, en réalité, on l'a toujours su tout simplement 
parce qu'on l'a entendu ou vu. Ca colle pour le roman sur Saint-Ambroix,
 à la rigueur, mais pas pour l'affaire du Titanic ou de la jeune femme 
morte peu avant mon "invention romanesque" de sa disparition. Pas 
d'explication donc. L'écriture est une drôle d'affaire. 
Je m'y recolle... Ces discussions deviennent une nourriture intellectuelle.
Jeudi 5 août
En
 quatrième vitesse. Le vide grenier ce soir... Bernard est arrivé. Un 
appel de PC, curieuse initiales mais bon, ce sont bien les siennes pour 
le coup (comme il est un personnage "public" je ne change pas) qui lui 
bosse bien (mais à Montpellier) dans son assoc d'anciens combattants... 
proche justement du PC... Il me demande les coordonnées de Gunther 
Leitzen le cinéaste allemand. Et "comment ça va?" je ne sais si c'est 
une allusion à la grève de la faim... mais j'en profite pour lui dire 
que ce n'est pas anodin et fatigue énormément ensuite, peut-être à cause
 de la chaleur. -Hier je n'avais plus la force de décoller, aujourd'hui 
ça va au poil..- Et je lui fais un mail vengeur... qui en fait ne le 
concerne pas totalement car il n'est pas d' "ici". Mais il sait où me 
trouver tout de même... passons, ce n'est pas grave, mes signalements on
 bondi je m'en fous et je ne suis pas seule à me battre, il y a 
peut-être des cas plus lourds quoique... Et puis il a fait la guerre 
-d'Algérie- et bon... mon histoire peut lui paraître anodine. Joie 
d'aller voir Bernard tout à l'heure, bien qu'hier mon état d'épuisement 
était tel que je le redoutais un peu. C'est passé. L'état de la maison 
me fait honte, bon, c'est ainsi, je n'ai pas eu la force de nettoyer. Si
 j'étais une immigrée, on dirait "évidemment, qu'attendre d'une arabe.."
 mais j'ai la chance d'être PHS, alors ce n'est pas si grave, ça fait 
même genre, voyez comme elle est sympa elle ne se la pète pas etc.... 
Mais c'est la merde tout de même pour les copains. Gênant, ils risquent 
le choléra s'ils sont fragiles, moi je dois avoir des anti corps. GO. 
Douche et je file. Les chiens sont tout joyeux ce matin, ils suivent mon
 mouvement, enfin "elle" a l'air bien, ouf... Il fait moins chaud aussi,
 je ne suis pas très bien adaptée à la région. Gaffe : Jean en est mort 
(de la canicule). Pas adapté lui mon plus.
Jeudi 5 Août 2 heures
Je
 suis installée. J'attends Bernard. L'affiche est abîmée, je dois 
l'arranger, en fait je la mets sur le platane, avec un peu de 
culpabilité.
Les gens sentent l'ambro solaire, ça me rappelle la mer... Marseille aussi.
Une femme de 
Marseille, justement, qui cherche le festival des cordes sensibles, 
honte à moi je ne sais pas où c'est, tout passe autour de moi sans que 
je ne le voie. Un scoop ? Elle me dit qu'à Marseille, ce genre de 
"chose" est courant -mais là on s'y attend- et qu'il y a un 
''observatoire'' (?) qui s'occupe de ces questions -un différend entre 
des particuliers et une administration, le pot de terre contre le pot de
 fer dit-elle, avec plusieurs instances qui vont jusqu'à Bruxelles. Et 
que ça marche. En fait, j'ai tout essayé -dis-je peut-être à tort- sauf 
ça. A voir. Je n'ai pas très bien compris de quoi il s'agit.
Et voici un 
''pseudo'' qui passe, m'évitant soigneusement... je ne résiste pas à le 
décrire tant il est chou : grand, beau, élégant style négligé-étudié, 
long foulard froissé battant son dos sur pantalons blancs nickel bref un
 ''artiste'' qui annonce la couleur à cent mètres, avec qui on avait 
parlé longuement autrefois (une galeriste du crû, fût-elle gauchiste 
engagée art contemporain n'est pas à négliger). Il cherchait à l'époque à
 se caser à la DRIF où disait-il il avait déjà travaillé et visiblement 
tentait de remplir son carnet d'adresse local. Il s'assied chez Hamid, 
le troquet le plus ''chic'' de St Ambroix comme chaque après-midi: c'est
 là qu'il s'expose pour lancer quelques lignes, du reste c'est là que je
 l'avais rencontré. En fait sympa, souriant, lâchant une carrière qu'il 
disait engagée (?) il avait suivi son épouse prof et faisait contre 
mauvaise fortune bon cœur. Notant soigneusement les noms que je lui 
citais et me questionnant mine de rien -j'ai vu par la suite qu'il avait
 exposé chez certains, se prévalant de moi- il tisse sa toile comme il 
le faut. Et séduit. Gauchiste, apolitique, situ, engagé-dégagé, il sait 
prendre le vent délicatement, sans flagornerie ou du moins ce n'est pas 
visible car il a du talent.
Ce qui a mis la 
distance avec moi fut l'expo au Ranquet où visiblement il avait tenté, 
apparemment sans succès (?) de se faire admettre. Sans importance, 
l'essentiel était d'être VU au vernissage, de rencontrer des gens, de se
 montrer-appréciant-connaisseur, tout un art en effet. C'était pourtant 
avant l'affaire du chemin ''effondré'' et j'étais venue en voisine, 
assez mal fringuée -je ne faisais que passer en allant défricher chez 
moi si je me souviens bien-. Et il était clair que pour lui -ce en quoi 
il se trompait- que, devisant avec tel édile, tel acheteur, tel 
important, il ne convenait pas de me voir ou très discrètement, business
 is business, l'artiste travaillait... son réseau. Mauvaise pioche 
puisque l'un d'entre eux était un ami mais bon... une gaffe normale : on
 ne peut tout connaître lorsqu'on débarque dans un village et il arrive 
qu'on se trompe de cul à lécher.
Il est assis et 
feint de lire Midi-Libre devant un café, c'est un plaisir délicat de le 
peindre sur mon clavier alors qu'il se demande seulement qui il va 
pouvoir ferrer aujourd'hui. Pas grand monde, sauf, mais c'est vraiment 
un tout petit gibier, une adjointe qui passe en vitesse court vêtue... 
qui ne le voit même pas, il faut dire qu'il n'a pas fait beaucoup 
d'effort, il sait pouvoir mériter mieux.
Des bretons qui 
passent, lisent, s'indignent et signent aussitôt sans que je ne le leur 
demande -je demande rarement, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui c'est
 comme ça-.. Ce n'est pas la première fois que des bretons réagissent 
aussi vite et bien, hier déjà il y en avait eu plusieurs, ça met du 
baume au cœur...
Une femme de 
Saint Ambroix que je ne connais pas, elle n'est là ''que'' depuis trente
 ans (!) c'est à dire depuis que je suis partie! m'interroge, comprend 
au quart de tour, s'indigne... et refuse de signer... Sa réaction était 
tellement simple, sans hypocrisie ''je préfère pas vous savez'' que moi 
aussi, je n'hésite pas un poil : ''Vous êtes commerçante ?''... ''Oui.''
 OK. Mais elle est branchée ''net'' et va voir ça de près, dans la 
solitude de son appartement, discrétos.
Vive le net qui 
met à égalité des ''petits'' et des ''grands'' comme a dit la femme de 
Marseille tout à l'heure. Enfin, pas tout à fait... Il modifie voire 
inverse les rapports de force certes... mais aussi peut créer une autre 
forme de domination... qui parfois s'oppose et contre balance la 
répression subie par les ''petits''... mais d'autres fois peut jouer à 
contre sens, créer une répression aussi grande. Il favorise aussi 
incontestablement les intellos -pour une fois- ou ceux qui savent écrire
 sans effort et taper sur un clavier, les techniciens et les dégourdis 
qui apprennent vite à se servir d'un logiciel... Pas forcément les 
riches -sur le net tout ou presque est gratuit.-. mais il y a tout de 
même un investissement à la base, un ordi -tout le monde n'a pas la 
chance d'avoir un fils informaticien- et accès internet... Il faut aussi
 accepter de ramer quelque temps car c'est inéluctable et ne pas 
s'énerver, ne pas avoir ''peur'' de la bécane ! C'est comme un cheval. 
Sans Fred, je ne sais pas si j'aurais eu ce courage.
Des belges aussi.
 Toujours la même gentillesse immédiate et simple, et la même 
''modestie'' un peu agaçante. ''Excusez-nous, on n'est pas d'ici 
alors...'' Mais si mais si... Finalement ils réalisent et prennent le 
tract en me remerciant. ''Courage à vous.''
Le soir
Des
 gens si nombreux que je n'ai pu noter tout au fur et à mesure (en fait,
 je n'ai rien noté du tout)... et je suis trop crevée pour le faire à 
présent. En vitesse... 
Des femmes 
indignées, une jeune employée municipale -documentaliste- de la région 
parisienne en vacances chez une cousine qui me parle des combines de sa 
municipalité où on "achète" couramment les voix au point que les 
élections ont été annulées plusieurs fois, sa carte d'électrice 
ressemble au passeport d'un jet set... Et c'est le petit miracle d'une 
sorte de coup de foudre comme ça arrive parfois, son visage fin et bien 
tapé au ciseau me rappelle celui de Lydie... et il s'avèrera que c'est 
un peu plus que ça.
Car un jeune que 
je connais de la galerie et à qui j'ai parlé des "Lettres à Lydie" -il 
n'a rien oublié de la bataille de la Madeleine, en parle avec elle et sa
 cousine-.. mais il n'a pas le net, trop pauvre, pour se l'offrir, du 
coup je crois malin de lui sortir de la voiture le tirage-papier destiné
 à H.... et, devant son volume, 100 pages, il recule comiquement -il 
faudra que j'en fasse un digest-... Il propose alors de mettre des 
affiches à sa fenêtre -lui et ses copains seraient OK dans sa rue- je 
trouve ça chouette mais je finis par refuser car je trouve qu'il se 
mouille trop... Du coup, je parle des "Lettres à Lydie" et -honte à moi 
mais ce n'est pas moi qui ai lancé la discussion- elles vont aussitôt 
acheter le livre en deux exemplaires pour les lire en même temps, me les
 apportent et je le leur dédicace... Emouvant, je suis sur un nuage... 
Un miracle du net
Une
 prouesse technique aussi, qui me marquera, ainsi que les quelques 
personnes qui étaient là. Un gus me demande mon nom, sort son téléphone,
 le dit dans l'écouteur (? j'ai presque peur, c'est quoi ce truc, un 
type des RG ?) et aussitôt observe: "vous êtes écrivain... tiens vous 
avez écrit sur le Puits de Célas..." Incroyable, il a immédiatement 
surfé sur moi tout en écoutant ce que je dis à un petit groupe ! et je 
"me" vois apparaître sur son écran ainsi que certains de mes livres qui 
défilent en lecture, comme ça, dans la rue, loin de tout accès wifi ! 
Vague impression d'être déshabillée mais c'est plutôt bien, on dirait 
qu'il "vérifie" au fur et à mesure et ça me va tout à fait... "Et ça 
coûte cher ce truc?" Oui hélas. Dommage, quelle affaire ! Il signe 
évidemment aussitôt, après avoir eu l'obligeance de passer sa merveille à
 d'autres pour qu'ils puissent regarder eux aussi. 
Il y a aussi le 
voisin anglais de H. avec lequel nous parlons longuement... en anglais 
ou ce que je crois en être... un type passionnant en contrastes, tout à 
fait atypique, géologue connu, autrefois jet setter, descendant de la 
famille des rois d'Irlande et ex gauchiste actif au demeurant... à 
présent installé ici à l'abri du besoin, ayant rompu avec sa vie 
mondaine à la suite d'un drame... dans une petite maison poétique qu'il 
reconstruit et où il se reconstruit ! J'aimerais mieux le connaître. Ce 
soir je me sens bien. 
Des femmes d'un 
village à côté extrêmement combatives et imaginatives avec lesquelles on
 s'est bien marrées. J. aussi, avec qui on a pris un pot... Elle se sent
 bien dans un village et mal dans une grande ville, où on est seul... A 
analyser : pour moi c'est exactement le contraire, la ville où on a un 
contact plus direct, où tout et tous défilent sans avoir autre chose à 
montrer que ce qu'ils veulent bien, à un moment donné, (demain peut-être
 ils ne voudront pas)... et ils le font en général sans défaut, (à quoi 
bon frimer puisque tout le monde s'en fout et aura oublié dans cinq 
minutes), où on peut (je parle du quartier latin) s'inscrire dans une 
conversation d'à côté sans déroger ni s'arroger... ("non je ne suis pas 
d'accord sur ce que tu dis au sujet de"..) me semble plus propice à la 
liberté. Ca va plus vite et la vie est courte : ce qui prend 5 minutes 
("non je ne suis pas d'accord sur ce que tu dis") ici prend un an... il y
 a les préséances, il faut passer par un tel qui connait un tel qui 
peut-être pourra etc... soit, je ne le fais pas, je fonce droit, mais je
 choque sans doute justement pour cela, même si je mets de l'oxygène 
aussi c'est évident. On y arrive certes mais c'est long long long...
... une 
adventiste qui me parle du Saint-esprit... mais se montre étonnamment 
pugnace par rapport à l'injustice que je subis et à l'augmentation des 
factures d'eau -cette chrétienne se propose d'occuper la mairie manu 
militari ni plus ni moins !- une soirée comme il en faudrait plus. Je me
 sens comme à Anduze ou à Paris. 
J'ai aussi 
retrouvé MN, qui m'explique sa défection pour le sit in par le décès 
imprévu d'un ami hospitalisé. Triste, j'aurais dû y penser, elle m'avait
 déjà parlé de lui, de son état de santé... Je deviens égoïste, je 
l'avais pratiquement oublié. Du coup, j'ai aussi oublié de lui 
demander... Y penser demain. 
Une femme que je 
connais au marché me signale qu'une jeune fille a aussi attrapé un 
staphylo après s'être baignée, mais au visage, au dessus de la lèvre et 
vers le côté, plus ennuyeux encore qu'à l'aine car les yeux ne sont pas 
loin, elle est sous antibio puissants. Elle est juste en face et je la 
vois en effet, visage un peu déformé. Raz le bol. 
Je lui achète une
 chemise blanche très ample, superbe et y inscrit le texte de l'affiche 
sur l'arrière. Demain, je ferai l'avant ! Un vendeur que je connaissais 
aussi m'a donné des chaussures -je lui en avais acheté une paire-... Et 
pour finir, chez Momo où j'avais voulu envoyer le message, j'ai vu GF 
qui m'a parlé d'écologie, de culture bio, de l'eau de la Cèze etc... 
Cette irrédentiste héroïque, pas d'électricité, pas d'eau courante, pas 
de supermarché etc... me dit qu'apparemment, il y aurait clivage dans 
l'équipe entre les écolos et d'autres. L'idée d'un marché bio, 
excellente, initiée par une copine à elle, a été refusée sans appel. 
Niet et niet, ça dérangerait le marché normal. Il semble que les femmes 
n'aient pas grand chose à dire et re et re et re... Un flash : une 
adjointe attendant au pied un collègue qui devisait pendant ... allez un
 quart d'heure, debout, sagement comme il convient lorsqu'on est une 
femme donc espèce totalement négligeable. Pourquoi acceptent-elles, 
triple zut ? Ca me donne une idée de tableau-install comme j'aime (et 
mes amis ça se vend aussi!) : "La création du monde" de Courbet avec des
 images de mecs en surimpression, ça c'est pas idiot, je sens que ça va 
le faire... J'ai commencé avec des copains par facilité, dont j'ai les 
photos sur l'ordi, un test. J'espère -non, je sais, ce ne sont pas des 
imbéciles- qu'ils ne m'en voudront pas. Sarko aussi ça peut le faire, 
quoique je ne le vois pas tellement macho : pour se hisser à des femmes 
qui lui sont si supérieures -au moins question taille- il faut un sacré 
culot, ne pas craindre les moqueries, donc ne pas être trop maschio. Ca 
me le rend sympathique, navrée si ce n'est pas correct politiquement. Je
 m'arrête, épuisée... mais d'une bonne fatigue ce soir. Plus mal au dos.
 Serait-ce psychosomatique ? 
Vendredi 6 août
Un
 article désopilant de Sylvie Barbe, et son blog (voir à son nom ou dans
 le blog répertoire).. Je "rectifie" pourtant avec un post assez long 
sur les cévenols, qui lui ont certes fait du mal mais je crois tout de 
même à un sinistre malentendu... Aimer et haïr se ressemblent et on peut
 détester par amour frustré, riez vous avez le droit. Optimiste, quoi. 
Et là, désolée, je ne puis dire pourquoi. Patience, dans un mois vous 
saurez. J'y retourne. L'article sur Djamaï est paru, il exulte, enfin un
 média s'intéresse à lui et ça va tout changer. Enfin, j'espère ! Mais 
je suis candide aussi. C'est La Marseillaise, bien sûr.
Je viens de lire 
l'article, parfait... juste 13 mots de shuntés, pas grave, obligation de
 mise en page sans doute, voyez comme je suis sympa aujourd'hui, c'est à
 n'y pas croire ma belle humeur, et oui. Au fait ces 13 mots, c'était 
quoi ? Allez, le suspense est insoutenable, les voici surlignés : "A la 
mairie, on ne va pas taper du poing sur la table pour si peu, ce "vieux"
 qui veut être français, c'est plutôt folklo." Pas grave allez, c'est 
peut-être mieux pour lui qu'il n'ait pas trop l'air revendicatif, du 
moins publiquement. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, 
quoique si, ça dépend de ce qu'on veut en faire. Moi je suis plutôt 
tueuse. 
Il ne s'en est 
pas rendu compte car il lit mal mais lorsque je le lui ai fait 
remarquer, il m'a dit que c'était sans doute le mot "vieux" qui n'était 
pas "bien". 
Poste
 fermée, crénom de nom, 5 heures ! donc pas de sous, je dois aller en 
demander au libraire, un peu gênée : je ne peux même pas me payer la 
Mars... avec mon article en plus ! O joie, il me fait le compte pour "Le
 puits de Célas" et me voilà riche ou presque. Mais j'ai l'impression de
 mendier, quoique non tout de même, comme il me le fait remarquer. Drôle
 de vie faite aussi d'expédients, ça me va tout de même...
Et surtout j'ai 
vu Madame F., qui a le net, ouf, je lui donne mon blog. Elle ne savait 
pas pour mon affaire. Il faut croire que tout le monde ne savait pas en 
fait, contrairement à ce que je pensais. Très bien, il me faut donc 
"traîner" un peu, comme me le reproche C. Un copain a vu lui aussi sa 
consommation doubler alors qu'il n'a rien fait de spécial, lui aussi a 
un compteur farceur sans doute, il y en a plein en ce moment qui font 
des blagues. Il s'est pointé à la mairie. Résultat, inconnu jusqu'à 
présent. Mais que se passe-t-il donc ? 
Retour à la 
mairie, personne mais alors personne, décevant, les jours se suivent et 
ne se ressemblent pas. Un observation : la foule se sent "portée" par 
elle-même et se montre parfois plus courageuse, plus osant, plus 
imaginative. Les gens seuls aussi. Mais ceux qui sont en tout petits 
groupes, surtout en couple, semblent verrouillés de l'intérieur, 
accablés. Ils réagissent souvent a minima : l'un veut s'arrêter, hésite,
 l'autre ne veut pas ou n'a pas vu... et à chaque fois c'est celui qui a
 tenté de sortir de leur querencia mentale qui perd , ils se tiennent à 
deux et filent même si parfois il regarde derrière. Ca doit être ça la 
famille. 
J'ai enfin tout écrit sur la chemise, devant compris. C'est bien, j'espère que ça résistera au lavage.  
Et une petite 
catastrophe ! Un jeune couple souriant mais pressé me demande où se 
trouve la salle municipale où doit se dérouler un film. En face. Je les 
revois ensuite, apparemment ça n'a pas commencé, et le gars sans doute 
gêné d'être passé fissa sans regarder l'affiche me demande alors, en 
fait c'est une affirmation : "vous êtes donc dans une grande gêne 
financière." Euh... non, enfin un peu... pas au point.. et soudain je 
réalise: "Mais vous ne croyez pas que je demande de l'argent?" Et il me 
répond impavide : "si bien sûr...." Zut zut, je démens fortement... et 
il s'interroge, étonné : mais que demandez-vous alors ?" Zut zut et re 
zut. J'ai mal fait l'affiche, mais pourquoi, comment... ou alors il est 
particulièrement... touit touit... je lui demande d'où il est, breton, 
s'il est étudiant, oui, en BTS structure métallique, la jeune femme 
aussi, CAP animatrice petite enfance... Pas des analphabètes donc. Y en 
a-t-il d'autres qui le pensent ? Il faut revoir ça... je préfère ne pas y
 penser... mais ça expliquerait le contournement de certains. Ils 
croient que je mendie. Déjà une petite gitane amie d'amie... avait cru 
que je ne mangeais pas par manque d'argent et s'était proposé de 
m'apporter des sandwiches, mais comme elle était une peu "touit touit", 
je n'y avais pas prêté attention. C'est peut être pire que je ne 
croyais. Pourtant j'étais bien fringuée to day. Impec, coiffée et tout 
et tout.
Il y a eu 
heureusement un couple de hollandais super, on a parlé en anglais et ils
 ont pigé quart de tour, puis lui a traduit à d'autres hollandais, deux 
femmes, des collègues qui m'ont beaucoup encouragée et félicitée... Ouf.
 Je préfère croire que le jeune "structure métallique" avait justement 
un écrou qui avait du jeu dans sa propre structure. Mais il y a aussi la
 petite gitane qui s'est fourvoyée. Peut-être faut-il accepter cela 
aussi... Qu'on me prenne pour une mendiante. Mais pour de bon.
Je vais m'occuper
 des chiens. Ras le bol, ils m'ont fichue en l'air. Je n'ai pas pu aller
 à B. voir des gens importants, Sylvie avait enlevé l'adresse de son 
blog. Demain. 
Robin me reproche
 ma violence. Il ne se rend pas compte qu'ici, sous des dehors de 
gentillesse un peu superficielle, le milieu est en fait extrêmement dur ;
 il n'y a qu'à entendre parfois les gens parler. Milieu violent, parfois
 grossier, même avec cet accent qui rend tous les propos semblables à 
d'aimables plaisanteries. Lorsque je parle d'une certaine manière qu'il 
dit violente, c'est simplement parce que je suis moi aussi d' "ici", que
 je m'adapte ou retrouve d'instinct une certaine façon d'être idoine -en
 plus soft tout de même que la majorité-. Mais pour un bourgeois 
libanais d'origine rompu à cette "politesse" sans défaut des salons que 
j'appelle parfois hypocrisie, ça ne le fait pas. Il ne se rend pas 
compte qu'ici on ne le comprend littéralement pas. Il se laisse leurrer 
par une allure, une attitude, un sourire bon enfant qui parfois cache 
"le racisme à front de toro" par exemple... et ne bronche pas, même s'il
 entend des choses inacceptables... si bien que les gens qui les 
profèrent croient à une acceptation et enfoncent le coin toujours plus, 
en "rigolant". Et lorsque je surviens et arrête tout sec et net -il dit 
"violemment"- il se rencogne, un peu offusqué; on croirait qu'il a honte
 de moi. C'est pourtant le seul moyen : parler comme certains, se mettre
 à niveau. Sa réserve, le comprend-il, est malvenue pour eux. Différence
 de culture. Et ce sont les mêmes contre lesquels j'ai parlé me 
reproche-t-il, "violemment"... qui ensuite me disent (ou plutôt m'ont 
dit) que "ça" ne se voyait pas trop chez mon fils, "ça" étant son 
arabité ! Et c'est lui qui me dit que je n'ai pas à les engueuler ainsi 
-en fait je parle simplement sur le même ton qu'eux-. Difficile d'être 
entre deux chaises. 
Samedi 7 août
Anniversaires
 funestes : hier, Hiroshima, demain, Nagasaki... et surtout la mort de 
Lydie. 200 à 300 000 morts, les estimations varient... contre une seule,
 ma catasprophe (je laisse la coquille) nucléaire perso... évidemment 
c'est incommensurable mais c'est seulement à elle que je pensais avant 
d'ouvrir la télé. Honteuse, même elle m'aurait disputée du reste d'avoir
 seulement pensé à "ça" c'est à dire à moi. La Russie flambe, salut et 
courage à ceux qui lisent ce blog à Moscou, des inondations ailleurs, la
 terre se venge, bientôt, peut-être un tchernobyl saison 2, comme le 
feuilleton "les Tudor"... les arbres sont saturés de césium radio +, le 
feu va l'envoyer dans l'air, la question sera simplement le sens du 
vent, pourvu qu'il souffle sur le voisin, quoi. Des "scientifiques" 
droits dans leurs bottes, après nous avoir déjà dit que la France avait 
été épargnée, le vent s'étant arrêté aux frontières en zone de transit 
bien poliment comme un VRP sans visa qui attend sa correspondance, 
viennent sans rire nous dire que ce n'est vraiment pas dangereux. Les 
guignols. 
J'y retourne. Je 
dois appeler Sylvie, un petit boulot marrant à faire d'urgence dont je 
ne dirai rien. J'ai potassé "mon" patois car il doit s'effectuer en VO. 
Ca va me remonter le moral. Le patois !
Souvenir de cette
 collègue de Carnot, plus snob tu meurs, prof de lettres classiques -en 
philo on n'a pas "ça" en principe-... blonde et belle, les élèves 
l'avaient surnommée Catherine Deneuve, un peu plus âgée que moi -à 
propos, salut à toi- que j'avais remplacée, c'est à dire qu'on m'avait 
collé un "mi-temps" de grec dont elle ne voulait pas pour compléter mon 
service -bien que je ne fusse pas qualifiée pour- ... c'est à dire très 
exactement trois heures seulement, mais de 8 à 9 le matin (!) ... que je
 haïssais un peu pour cela... passons, j'étais "jeune"... Elle 
m'impressionnait et m'agaçait aussi par son allure "seizième", et se 
liait peu... 
Un brin 
culpabilisée sans doute, elle m'invita un soir chez elle, tout à côté du
 lycée pour parler boulot. C'était bien comme j'avais imaginé, immeuble 
chic, tapis persans et meubles de prix, il faut dire qu'elle avait eu la
 sagesse d'épouser un industriel plus âgé... Bref, on prend le thé dans 
de la porcelaine de saxe... et, à une réflexion de moi peut-être 
ironique-agressive, sur un texte littéraire, genre "tu es une bourge 
parisienne, moi cévenole, on ne peut pas se comprendre"... la voilà 
soudain qui se met à me répondre assez fort... dans un patois savoureux 
digne de Mme C. ?!?! On en a fait un film ensuite. 
Juive, fille de 
médecins, à l'âge de douze ans, elle avait été envoyée dans les cévennes
 chez des paysans... où elle avait tout de suite appris à traire des 
chèvres, faire les foins, nettoyer les écuries etc... le matin à l'aube 
avant d'aller à l'école, comme tous les gamins du village, étant censée 
être une cousine dont la mère était malade. Elle s'était parfaitement 
adaptée et ne faisait aucunement tache parmi les autres. La guerre 
finie, malgré ses "parents" qui redoutaient tout pour une jeune fille de
 16 ans, elle était "remontée" à Paris avec un peu d'argent qu'ils lui 
avaient donné, avait filé droit chez "elle"... et trouvé son appartement
 occupé par une famille qui s'était offusquée de son intrusion : que 
venait-elle faire? que voulait-elle ? Une jeune fille de son âge était 
en train de jouer sur son piano... 
Ses parents ne 
revinrent jamais d'Auschwitz mais grâce à une assoc américaine juive, 
elle put obtenir un pécule, puis une bourse et plus tard une partie -une
 partie seulement- de ses biens, après de multiples bagarres dont ils se
 chargèrent. Toute sa famille ayant péri, elle vécut seule dès cet âge, 
retournant toutefois le plus souvent possible chez ses "parents" 
cévenols. Elle n'eut jamais d'enfant. L'écriture l'avait sauvée 
disait-elle du désespoir. Ainsi donc, ce pur fleuron de la bourgeoisie 
parisienne intello avait une autre face, une ex petite paysanne 
gueularde dure à la tâche. Tout un passé qu'elle ne voulait pas oublier.
 Du reste c'est mon origine, et deux ou trois choses que je lui avais 
dites, notamment que mon mari était juif, qui l'avaient fondée à 
m'inviter, ce qu'elle ne faisait jamais. En fait, on était très proches.
 Salut à toi Rachel. 
Allez, trêves de 
digressions, go. Roussette tout à l'heure a eu une attitude étonnante, 
du jamais-vu : elle a miaulé fort gentiment, s'est avancée vers moi, 
câline, sans me griffer ni me mordre, quémandant désespérément 
l'affection que d'habitude elle refuse. Sait-elle ? Un sixième sens ? Le
 sens du temps ? C'est le chat de Lydie qu'elle amenait partout et 
soignait comme un enfant -en fait, beaucoup mieux- : veto, vaccins, 
brossages, produits anti puces, tiques, et même anti phlébotomes 
-précision, totalement inutile voire nuisible pour un chat-. Jusqu'à ce 
jour, jamais elle n'avait eu cette manière de faire en dehors de toute 
faim.
Et
 puis j'en ai assez, je crois que je vais me résoudre à... ce qui ne me 
plaît pas trop, punto d'honor en somme... depuis que j'ai vu hier ce 
jeune "BTS structure métallique" qui a cru que je mendiais (!!) ça ne va
 plus. Je vais aller me baigner... enfin, me baigner c'est à voir... Une
 galéjade, car on en est bien là aussi, inutile et prétentieux de la 
jouer tragédie grecque finalement et risquer son intégrité physique. Question
 morale : "agis de telle sorte que la maxime de ton action" etc... Je ne
 crois pas que Kant y trouverait à redire, moi, je ne sais pas... ou 
est-ce que je me leurre moi-même ?
Une éducation coco ça marque tout de même de manière indélébile. Allez, à l'inspire, on verra, je "me" trouverai sûrement des arguments déterminants dans un sens ou dans l'autre dans la voiture... pour faire ou ne pas faire, pas forcément de bonne foi du reste (!) se mentir à soi-même comme tous les lilitants (ô je laisse le lapsus, trop beau) est un plaisir torturant. Robin ? Il a tellement peur d'une autre grève de la faim qu'il sera sûrement OK, tout pour lui vaut mieux que ça, il a peur genre "à ton âge tu déconnes, tu n'es plus une gamine etc..." sympa dans le style. Moi ça m'irait, simplement, lorsque je suis trop affaiblie, je ne peux plus me défendre, et ça va très vite avec la chaleur. A la mairie d'abord, tout de même.
Et bien contrairement à ce que je croyais, il est contre: "tout de même ça ne se fait pas... bla bla bla..." décidément, chez lui, le géodal (je laisse la coquille) libanais prime sur l'époux. Ca me déçoit presque, et aussi j'admire. Question d'honneur lui aussi, tiens donc. Mieux vaut que Madame suivi-de-son-nom demeure digne des suivi-de-son-nom.. ça je n'aurais pas cru. Dérivation sur le thème "le mal ne justifie pas le mal"... Je réponds que ça dépend des doses, pas de dogmatisme, un tout petit "mal" contre un "grand" est juste. Reste à mesurer. Ici, facile. Autre chose : perdre la fece ? (je laisse le lapsus, je pensais sûrement au staphylo) !
La face? Ma foi, je l'ai déjà bien perdue, la face, et tout compte fait ce n'est pas un mal. Entre "cette-facture-sera-payée" et "il-n'y-aura-aucune-exception", (mais là c'est un copain), les "amis" venus chez moi à Paris autrefois qui m'évitaient soigneusement, et pour finir le brave BTS qui croit que je mendie... sans compter la pauvre femme qui "exige" que les flics m'embarquent "parce que je suis riche"... je ne vois vraiment pas ce qui me reste de face... d'une position sociale... ET C'EST TRES BIEN AINSI.
Cette histoire doit/va finir. Si je fais le bilan, bien que marquée par mes loubards de Vitry, j'ai ici commencé bas, très bas. On est à St Ambroix, dans mon bled, pas en banlieue parisienne. "Je vous assure que je n'étais pas là... J'ai toutes les preuves..." Puis légèrement plus haut, lorsqu'il fut question de me couper l'eau au Ranquet, mais encore assez "soft". Et un cran au dessus, après la saisie -mais cette fois par le fait de copains, ce qui est plus grave- rebelote "je vous assure que je n'étais pas là"... "prouve le"... "cette facture-sera-" etc... On monte encore, et c'est une grève de la faim en plusieurs temps. Au début discrète, garée à trois emplacements de la mairie exprès, je crevais simplement dans ma voiture... puis j'ai avancé d'une place. De deux, etc... jusqu'à me mettre moi-même carrément devant la mairie avec des affiches. Ensuite, il y eut Bernard, Sylvie... et l'écharpe-dazibao. Là ce fut carrément la cohue au marché... [et on me fit dire que l'affaire était réglée, ce qui ne fut suivi d'aucun effet]... patience encore une semaine, les lenteurs de l'administration c'est connu, et ensuite, encore un cran : le tee shirt plus pratique et plus lisible que je peux porter partout, à la poste, au supermarché, au restaurant, c'est la suite logique...
Moralité : la longanimité ne paie pas. Erreur d'appréciation. Allez go, je me suis moi-même convaincue... Peut-être changerais-je tout à l'heure dans la voiture, ce petit "BTS structure métallique" m'a mis un coup sans le savoir.
Et en effet j'ai changé; pour ce soir. Demain sera un autre jour.  
Dimanche 8 août 11 heures
Anniversaire de la mort de Lydie tout à l'heure à 18 heures. Un accident dû au cheval -mon
 cheval- suivi d'une lamentable erreur médicale. Ma faute, puis celle 
des toubibs. Un cheval est un animal dangereux. Un médecin aussi. Je 
n'ai pas su -ou pu- la défendre. Claude m'a dit ensuite : "tu aurais dû 
appeler le SAMU, même à l'hôpital puisqu'il n'y avait aucun médecin." Je
 n'en ai pas eu l'idée. J'avais téléphoné partout, en vain, même chez 
lui à Lyon et j'avais eu son répondeur [chercheur, il n'est pas tenu, 
lui, à l'urgence.] Il m'a rappelée le soir, trop tard.
Une histoire étrange : elle n'avait pas voulu du piano -le mien- [le piano, ce sont les Larrivé et elle me voulait seulement Brahic], j'avais cédé et l'avais aussitôt revendu, si bien que j'avais 5000 francs sur moi ce jour où j'avais pris la voiture pour me calmer lorsque je suis passée devant l' "hacienda"... où Malingho blessée partait à l'abattoir pour exactement la même somme ! Je l'ai immédiatement donnée à condition qu'on me l'amène, le gus m'a suivie avec la bétaillère et voilà. Elle a guéri -ce n'était qu'un clou dans le sabot, nettoyage à la javel, antibio, aspirine, un demi tube à chaque fois et barka-... et lorsqu'elle a pu de nouveau marcher, elle s'est échappée et... J'avais promis de réparer la barrière la veille mais j'avais été retardée par Fred qui, après un clash, avait disparu [à une "rave"] sans que je ne sache rien de lui... ce qui n'était jamais arrivé; folle d'inquiétude, je harcelais gendarmes, policiers, hôpitaux etc... On se sait parfois pas évaluer les urgences.
J'y vais.
Ce sera ce jour, c'est décidé. Au moins penserais-je à autre chose... de moins sinistre. Une galéjade en effet à la Pagnol.
9 Août  
Devant la mairie
Aïe...
 cette fois les municipaux viennent, sur ordre du maire me disent-ils, 
me demander d'enlever mon affiche. Du coup, je me mets devant avec, non 
plus l'affiche -en effet en piètre état- mais une banderole hâtivement 
bricolée : en fait, c'est un piquet où j'ai enfilé ma ''chemise''. Je le
 tiens donc. Le plus emm. est de devoir taper de ma main gauche, bon, 
j'apprends, Pierre, amputé en 44 après une brève fusillade qui a sans 
doute sauvé le comité de libération -et Lydie avec- le fait bien... 
Ca y est, des 
touristes de Bordeaux, puis d'autres... ça se voit de loin et ça fait 
presque ''classe''... ils s'effarent et prennent mon tract, ils ont le 
net, super... écrire est un performance, pas de majuscules car d'une 
main c'est mission impossible. Une amélioration non négligeable, j'ai 
pris un tréteau afin de me libérer. Ouf, je peux écrire normalement. 
Cette fois c'est 
fait, je suis juste devant la mairie comme j'aurais dû être depuis 
longtemps. J'ai enfilé deux baguettes dans les ''bras'' de la chemise, 
ça ne rend pas mal.
Deux messieurs 
qui demandent d'eux mêmes à signer la pétition, l'un me connaît ou plus 
exactement connaissait Lydie... par la décharge, j'écris comme un cochon
 parce que je vais trop vite, disons qu'ils se sont vus lors des piquets
 qui empêchaient les camions allemands suintant parfois de boues 
infectes de passer et qu'il a eu un rôle déterminant. Il me dit que j'ai
 la réput d'être, je le cite, ''une tête'', ma foi, je proteste... et il
 ajoute immédiatement que j'ai ''même'' enseigné à des instituteurs... ?
 Mais c'est vrai ! j'avais complètement oublié mon bref passage à l'IUFM
 de Créteil... où en effet j'avais ''enseigné'' à de futurs prof comme 
on dit à présent, un passage peu glorieux mis de côté de ma mémoire! 
J'avais récolté une promo formée en raison de je ne sais quelle loi, de 
gens en réinsertion... qui n'avaient pas sauf quelques rares de vocation
 pédagogique et à qui on n'avait pas laissé le choix. Le ''concours'' 
ayant été purement formel -sans doute s'agissait-il de faire baisser les
 statistiques de chômage- on était navré par leur niveau et leur peu de 
motivation pour en acquérir un meilleur. Je m'en suis enfuie dès que 
j'ai pu. Bizarre que ce monsieur se le rappelle et pas moi ! Bon, donc 
je serais une ''tête'', passons. Mais lui en tout cas en est une, il se 
souvient de tout...''des ''bâtards d'eau'' qui envoyaient l'eau dans le 
talweg, des appels au préfet et aux maires, et des chiens de chasse 
morts après avoir bu, du mercure enfoui'' etc... 
Etrange mémoire 
qui floute le glauque et met en exergue le beau. Quand je me remémore ma
 carrière, je pense toujours à Carnot, jamais à l'IUFM et j'évite de 
m'étendre sur les épisodes les plus tragiques de Vitry -un suicide tout 
de même, en fait, deux- ou de mon très bref poste de ''proviseur'' ou 
plus exactement ''faisant fonction de'', ce qui n'est pas tout à fait la
 même chose [une agression sexuelle d'une élève, et une tentative de 
prostitution d'une autre, évitée in extremis, le collègue avait très 
bien réagi. La voyant dans cette tenue sur la route, il l'avait aussitôt
 embarquée, me l'avait amenée, par chance elle était encore mineure à 
trois mois près et malgré l'heure, j'étais encore à mon bureau... et je 
n'ai plus eu qu'à téléphoner à la mère supérieure du foyer de la petite 
dont les parents étaient déchus de leur droits... Et là, tous mes 
préjugés sur ces femmes ont volé en éclat en une seconde. Elle arriva 
illico en deux chevaux... et régla tout en un rien de temps, sans 
émotion particulière, en femme d'action. Elle était rodée : appel au 
commissaire qu'elle connaissait bien, elle le bouscula un peu -il arriva
 peu après- puis à une femme médecin -test du sida- et à une consœur de 
Biarritz, quelques papiers qu'elle signa -et moi avec- et en trois coups
 de cuillère à pot, la gamine était en route avec ses bagages pour un 
endroit où le mac ne la trouverait pas...
Pas une 
bondieuserie, pas un mot de reproche, juste un discours pragmatique 
ahurissant de bon sens :''si tu fais ça, tu seras battue, tu vas finir 
avec le sida et tu n'auras même pas l'argent que tu gagnes, ça ne vaut 
vraiment pas le coup.'' Sœur -ou mère- Marie-Sophie, c'était quelqu'un, 
et avec elle, les macs n'avaient qu'à bien se tenir. Elle me recommanda 
la prudence pourtant, car si elle était hors d'atteinte dans son couvent
 -disait-elle-, moi, seule le soir dans un immense campus désert, 
représentais une cible de substitution intéressante. Je fis donc faire 
des rondes le soir pendant quelques temps autour des bâtiments 
administratifs.] ''Faisant fonction'' signifie que je ne l'avais pas 
choisi mais qu'on m'avait attribué ce poste parce qu'il n'y en avait pas
 en philo dans la zone qui m'était impartie: jeune mère, on ne pouvait à
 l'époque -car ça a changé- me balancer à plus de 100 km de mon 
domicile. Oui, cela, je le shunte toujours, sauf maintenant, tout comme 
la décharge et deux ou trois choses gênantes pour la ''gauche'' 
retrouvées grâce à ce monsieur pugnace qui en sait long sur la pollution
 de la montagne.
Ensuite, une 
femme me dit qu'elle risque de se retrouver dans ma situation : au 
chômage, en fin de droit, elle a été proposée pour un stage avec 
dit-elle le RSA. Elle l'a accompli avec succès, tout baigne, elle peut 
chercher et trouver du travail... sauf qu'elle vient de recevoir il y a 
quelques mois une lettre lui disant que tout compte fait elle n'avait 
pas droit au RSA... et doit par conséquent 4560 euros au fisc !! Par la 
même occase, ses prestations familiales et l'ADL lui sont diminuées 
etc... "Tous les jours -dit-elle- je reçois de diverses administrations des lettres qui semblent vouloir me conduire au suicide.."
 Elle résiste, pour sa fille : jusqu'à quand ? Je lui donne l'adresse du
 blog. COURAGE, envoyez moi le détail de vos mésaventures afin que je le
 rajoute sur le blog. Vous ne devez pas être seule dans ce cas. 
Diner chez Momo. Toujours des patates et des œufs durs... Mais... tard le soir...
Je
 porte mon "péplum"-affiche assez ostensible et je me suis mise en bout 
pour ne pas déranger les jeunes -et les vieux- qui picolent et 
plaisantent. Et soudain, derrière moi, une discussion à voix haute, très
 haute ... dont je me demande c'est innocent ou non. Du coup, je 
m'arrête d'écrire par moments et ne me cache nullement d'écouter -sans 
intervenir, on est à Saint Ambroix, pas au quartier latin hélas- me 
retournant même assez souvent. Je me lève même pour commander un autre 
café afin d'annoncer la couleur, ne voulant pas avoir l'air d'épier. 
AUCUNE réaction à mon péplum -ce qui est rare- une indifférence 
appliquée me semble-t-il. Des hommes -il y a peu de femmes le soir et 
jamais seules- devisent, des membres de l'équipe (?) apparemment, je ne 
les connais pas pourtant, il faut croire que je ne les connais pas tous,
 trente ans d'absence, évidemment, nous nous sommes sans doute croisés 
sans nous rencontrer... désenchantés, tristes, ils se défaussent 
clairement, milieu pesant, peu de contacts entre eux... celui qui parle 
dit avoir eu la même conversation avec ses collègues en public... et ça 
continue, l'autoritarisme, l'ambiance rien moins que cordiale, très 
distanciée, jamais de pot, de relations.. une toute petite coterie se 
sert des autres -ou s'en est servie- pour "passer"... et à présent, au 
placard les leviers.. puis ça devient technique et je ne suis plus, 
l'incapacité de ceux-ci devant la "dette"... les membres du conseil  
jamais consultés, toutes les décisions étant prises en tout petit comité
 obscur -"c'est encore pire qu'avant" observe un qui donne la réplique 
au premier a maxima, je le connais mais..? - et même le budget des 
associations auquel tous (?) auraient été conviés pour le discuter... 
aurait été déjà décidé avant!
La dette aussi, toujours, qui revient en leit motiv, des erreurs que je ne comprends pas... gestion et gouvernement perso, lacunaire et déficient dans lequel "ils" n'ont aucun mot à dire... et ô stupeur... passons... Décidément, comme l'on connait mal les gens combien certains savent-ils donner une image tout autre d'eux-mêmes... à moins que ceux-là ne se trompent, hypothèse à envisager.. Et puis il y a des gens "de droite" qui l'avouent -semble-t-il avec réticences-... Que font-ils là ? C'est exactement ce que je pense aussi. De la figuration ? Non, il ne semble pas, mais je ne sais pas tout, comme tout le monde. Conclusion : la partie de gauche de l'équipe se sent flouée, et l'un se dit à présent dans l'opposition parce que "de gauche", paradoxe... soutenu par l'opposition [qui cherche sans doute à achalander sa boutique, note de moi.] Et bien ça alors ! Et ce n'est pas fini. Un monsieur d'un certain âge assis à leurs côtés, qui s'est tourné vers eux carrément s'exclame qu'il ne va pas se laver d'un mois puis se rendre à la mairie pour protester contre sa facture d'eau. Là, j'éclate de rire et pour la première fois, j'interviens. "Excellente idée que je devrais suivre."
Un événement imprévu et rigolo : j'écris -sans me cacher aucunement, je me suis même retournée pour mieux capter la wifi car je me suis mise à une place éloignée sans prévoir qu'ils allaient s'installer... et si cela ne gêne aucunement les autres, en revanche, voilà un commensal [qui du reste n'était pas partie prenante de la conversation... donc "hors sujet"] qui m'aborde directement... Il observe que les mots sont dangereux, ce que j'approuve hautement. Et qu'écrire... bon... il faut être respectueux. Il ajoute que lui "me respecte, il me faut faire de même" etc... Visiblement, il veut parler du blog. Je lui dis que je lui parlerai s'il veut bien après car la batterie de mon portable est basse. Et me rencogne.
Le respect ! Mot ambigu. On entend tellement en banlieue "tu me respectes, je te respecte"... Comme si ce n'était pas l'évidence [et justement ça ne l'est pas chez certains : c'est clairement ici un mot à fonction de clôture.] "Je vous respecte" : la profession de foi est inutile donc suspecte : dire à quelqu'un "je vous respecte" c'est supposer que je puisse ne pas le faire... que je sois en position de ne pas le faire. C'est comme dire "je vous laisse la vie"... comme s'il fallait en savoir gré à celui qui a consenti à vous épargner. Comme si cela requérait un remerciement ou plus exactement une allégeance, une reconnaissance de quelque épiphénomène. (Un épiphénomène est quelque chose d'aléatoire, qui peut être ou ne pas être).
Souvenirs de la banlieue, d'un cours particulièrement réussi. J'avais exposé qu'autrefois, le respect s'entendait vis à vis des femmes en un sens désuet : les respecter, c'était ne pas les draguer, ne pas coucher avec, ne même pas y songer ... quand il est évident que les mecs quels qu'ils soient pensent d'abord à cela, certes sous forme hypothétique, un flash, une vague idée, parfaitement perceptible cependant. Coucher serait-il manquer de respect ? Honteux? la notion de respect serait-elle antinomique de l'amour et du désir ? Notons qu'en ce cas, le mot s'applique toujours aux femmes, jamais aux hommes. Respecter "quelqu'un" en fait ne veut rien dire... ou pire, cela dit le contraire de ce qu'on prétend. On respecte -peut-être- une idée... c'est à dire qu'on la prend en compte et on l'analyse... une religion -encore que...- mais pas un homme ou une femme parce que son altérité est la mienne vis à vis de lui. Par définition, l'humanité en lui/elle est identique à celle qui est en moi et je ne peux que la reconnaître sous peine de m'annuler moi même.
Mais ce concept se conçoit en temps de guerre où précisément la vie humaine n'a aucun prix, c'est un concept guerrier : par exemple un militaire décide de "respecter -la vie- de son prisonnier" c'est à dire de ne pas le tuer alors que ce serait plus simple de lui coller une balle. Mais en temps de paix -relative- ça n'a aucun sens. Heureusement. Ou alors cela implique que nous soyions en "guerre".
Une observation : l'écriture -et la philosophie- en effet effraient. Normal. Comme une photo prise au flash lorsqu'on est âgé. Voir, se voir noir sur blanc avec des détails que l'on ne connaissait pas est à la fois jouissif (on est important pour celui qui vous a pris comme modèle, et si la tableau est diffusé, on existe pour tous soudain) et angoissant (que suis-je dans le regard de l'autre? va-t-il me tacler ? et comment me défendre?) C'est comme regarder ses "signalements" sur le net. Ca monte. Ca monte. Qu'est-ce qui se dit de moi, sur moi, et qui le dit ? Jouissance ambiguë. Qu'est-ce qui a plu ? déplu ? On devine... mais on a des surprises parfois.
Il est clair que lorsqu'on pratique mal l'écriture, on est plus vulnérable... encore que sur le net n'importe qui peut écrire et répondre... et lorsqu'on voit certains "posts" sur des forums, souvent de jeunes, personne n'a de complexes à avoir... Une faute par mot parfois : difficile de faire pire.
Puis je vais récupérer mon panneau... et lorsque je reviens, je gare la voiture, et, un peu culpabilisée, sors et m'adresse comme promis au monsieur qui parlait de respect pour lui dire, puisqu'implicitement il me demandait ce que j'écrivais, que j'avais surtout réfléchi à la notion de respect, justement, qui me semblait ambiguë. Et là, un jeune -ex militaire- qui venait d'arriver précise à ma place qu'en effet, lorsqu'on parle de "se faire respecter", ça signifie casser la gueule à l'autre. Euréka, c'est justement ce que je cherchais. Je sentais bien qu'il y avait une idée qui me faisait défaut, la voici. Le concept n'est pas égalitaire. C'est un geste qui va du haut vers le bas tout en se donnant pour l'inverse.Un concept de clôture ou guerrier. C'est pour cela qu'il agace. Bien sûr que l'on me respecte, il faudrait beau voir qu'on ne le fît pas ! Ouf, le jeune a bouclé ma réflexion et je me sens aussi bien que lorsqu'on a résolu une équation. Mais le monsieur "au respect" pour qui la réflexion était partie, pendant ce temps, devisait avec un voisin, dommage. C'est incontournable, la philo parle pour ceux qui sont en phase, et capter ceux qui sont en parallèle est difficile, j'ai dû mal m'y prendre. Tant pis. Cela m'évoque la réflexion de Rabaud Saint Etienne après l'édit dit de "tolérance" qui visait les protestants et les juifs : "je ne veux pas être toléré." Etre toléré est blessant, on ne tolère que ce qui est -ou serait en principe- intolérable, par grandeur d'âme.
  Mardi 10 août
Préparation de la fête du 15 août, déjà ! Le pizzaïole de l'esplanade a dû se déplacer devant la mairie, il m'a ''pris'' ma place en somme ! Mais c'est très bien puisqu'il a installé des chaises et des tables sur le parvis... et là je suis bien. Sauf précise-t-il que demain ce sera en plein soleil -il regrette son emplacement habituel sous les platanes, occupé par un forain pour une semaine-. Loué ? A quel prix?
5
 h et demi. Je me gare, une place juste devant le troquet d'Hamid, un 
créneau et je sors de la voiture. Tout de suite deux gars m'abordent 
ensemble:
''Alors,
 Madame Larrivé, ce n'est pas réglé, cette histoire?'' estomaqués que ce
 ne soit pas le cas, on leur avait dit le contraire. Survient le même 
garde, toujours, il doit s'être spécialisé (!) … a-t-il une prime pour 
accomplir pareille tâche, je laisse la coquille, je l'espère pour lui...
 à combien évalue-t-on la considération d'un homme, je ne sais... il me 
dit d'enlever ma voiture... alors que quatre autres se trouvent garées 
aux emplacements normaux balisés devant et derrière moi. Je le lui fais 
remarquer, il rétorque que justement il ''les'' cherche pour leur 
intimer l'ordre de laisser place eux aussi... Il ne les ''cherchera'' 
pas longtemps du reste car nous le verrons peu après partir en moto... 
mais entre temps, malgré les deux gars avec lesquels je discute qui se 
sont ouvertement étonnés que seule ma toute petite voiture -une fiat 
seicento- gêne... alors que les combis garé juste derrière et devant moi
 apparemment n'empêchent en rien le passage des camions... je me suis 
déplacée sur le boulevard où une place à l'ombre venait de se libérer 
tout près... qu'ils m'avaient ''gardée'' le temps que je fasse le tour. A
 l'heure où j'écris, 8 h 10, les autres voitures sont toujours garées à 
la même place évidemment, moi sur le Portalet. Nous parlons très 
longuement, est-ce ce qui empêche le garde revenu de me demander de 
m'enlever également du boulevard ?  
Le gars est super intéressant, calé en histoire et engagé [PC ? Peut-être.] Il a une toute autre analyse de Montecassino, fort différente de ce qui est classiquement ''reconnu'': ce serait une action d'éclat de Leclerc pour se faire briller car il y aurait eu d'autres accès à l'Italie... (?) au fond je n'en sais rien, il a peut-être raison mais en ce cas, combien de soldats kabyles morts pour rien! Il est du village et ça, c'est plutôt bien. Au fond, il y a plein de gens intéressants ici mais on ne les voit pas beaucoup. Il me parle de l'esclavagisme dans les milieux arabes, ça c'est vrai, mais de là à en faire une thèse...
Et
 puis le scoop, un jeune homme s'intéresse à l'affiche, stupéfait... il 
est agriculteur à Barjac et même lui n'a pas une telle facture pour 
toute la saison... Il signe chaleureusement, me souhaite bon courage... 
et s'avère être l'arrière neveu de Maria L.... la meilleure amie de 
Josée, qui a souvent gardé Lydie à Saint Sauveur. Elle l'adorait, cette 
''vieille fille'', comme on disait alors, gentille, hyper active, qui 
gardait les chèvres tout en faisant des napperons au crochet, des œuvres
 d'art, et les rentrait le soir avec deux fagots sur la tête (!) tout en
 continuant parait-il à crocheter, aidée il faut dire de son chien.  
Une observation ; les deux premiers de ces gens sont sans doute venus exprès, ce qui explique leur sympathie spontanée.
Un
 gars d'ici, ouvrier dans l'automobile, exilé dans l'est, à Montbéliard,
 qui y a trouvé femme, et vient passer toutes ses vacances à l'hôtel 
''Arnac'' – nom à l'euphonie douteuse, ils auraient pu en trouver un 
autre, mais, candide géocentrisme, le mot, pour les gens qui prononcent 
les e finaux, n'a rien à voir avec ''arnaque''- pour se ressourcer. A la
 retraite il reviendra... Triste.
D'autres estois, mais intellos, intéressés, ils ont le net et chacun prend le blog... Un signe ? Plusieurs
''pays'' coup sur coup, si je considère l'est aussi comme ''mon'' pays. Un clin d'œil des Larrivé?
Et
 puis Bernard, qui revient d'une réunion sur les roms à Alès, il 
s'agissait d'organiser une manifestation, dont il est très mécontent, 
personne ne l'a écouté. Dommage, lorsqu'on est quatre engagés intellos 
(plus ou moins) qu'il y ait parfois quatre tendances qui s'entre 
choquent, chacune stigmatisant le dogmatisme des trois autres ! Il faut 
dire que les militants sincères par définition plus entiers que les 
politiques - car non reliés ensemble par l'intérêt, le profit...- 
divergent facilement, d'où ces multiples clivages, ces innombrables 
groupuscules. Les autres au contraire sont comme une vaste famille 
soudée dont le ciment est fait des biens et les affaires florissantes, 
dont aucun membre ne doit s'écarter si on veut conserver ou accroître le
 patrimoine de tous, surtout s'il est mal acquis. C'est peut-être la 
clef de la politesse -ou l'hypocrisie- des classes dominantes, par 
rapport au côté ''nature'' voire grossier -apparent- des prolos.
Mais
 il ne mesure pas que souvent, on ne le comprend pas... et que cela fait
 violence à ceux qui se sentent dépassés. Il faut avoir été prof.. et 
par exemple.. dans certains endroits [touit touit] pour réaliser combien
 parfois il peut y avoir de malentendus avec certains... ainsi la 
gentille Fabienne H [6 de moyenne en philo et elle était au max] qui, 
lors d'une scénette improvisée sur le thème du racisme dans laquelle je 
figurais un ''beauf'' de comptoir, stigmatisant les femmes, puis les 
arabes et enfin les ''juifs'' en termes volontairement outrés jusqu'au 
grotesques [''toutes des allumeuses, des putes... tous des flemmards qui
 vivent d'alloc... tous des richards, des filous, des profiteurs...''] 
la douce petite Fabienne qui, légèrement choquée, leva le doigt poliment
 et me dit doucement, un peu triste de devoir me critiquer : ''mais 
Madame, quand même, pas TOUS !'' Un de mes ratages pédagogiques les plus
 retentissants.
Des
 gens un peu gris chez Momo, des copains parfois. Sympas, sauf que 
certains essaient de lire derrière moi, je ne dis rien mais ça ne me 
plaît pas trop. ''Tu es devenue une institution''... ''et assez connue 
maintenant'' ajoute Momo, inconscient que je l'étais tout de même avant 
et que ce n'était pas le but. Un monsieur un peu paf me demande à lire, 
je lui explique en deux mots et lui donne le blog. Il est de St 
Martin... et connait Gérard, bien sûr, notre héros régional devenu 
national à présent.
   
Mardi 10 août -nuit-
Pour que ces histoires assez glauques ne bouchent pas l'horizon... 
un diaporama sur Anna Politkovskaïa...et un blog qui s'en est suivi
http://annapolitvovskaia.blogspot.com
http://annapolitvovskaia.blogspot.com
Mercredi 11 août
J'ai
 mis mon panneau. Signe des temps, de plus en plus des jeunes 
s'approchent, sortent un ''téléphone'', pianotent en regardant l'adresse
 du blog... et surfent immédiatement [''j'envoie à ma copine, elle a eu 
le même cas en Belgique''] c'est génial -il n'y a pas à parler- et un 
peu surréaliste, je
 suis à deux pas et, le dos tourné, ils ont les yeux fixés sur leur 
écran... c'est à dire en quelque sorte sur mes livres ou blogs. La 
communication est ultra rapide, technique, démultipliée à l'infini... et
 aussi désincarnée, elle s'effectue par le biais d'ondes et de machines 
mystérieuses. Au fond, ça me convient tout à fait, c'est reposant,
 on évite ainsi les répétitions, les scories, les ''impolitesses'' 
inévitables lorsqu'on s'impose, même très soft, rien qu'en apposant un 
panneau... et que l'on conduit les gens à lire  -ou à avouer qu'ils ne 
savent pas ''très bien'', c'est comme leur arracher un aveu pénible-. Et
 puis le quant-à-soi y trouve son compte. Pas de contacts directs, pas à
 redouter d'être transpirante, hirsute, peu présentable -et depuis une 
demi heure que je plante au demi soleil, je le suis certainement-. Pas à
 craindre que, comme ce jeune ''BTS'' structure létallique -je laisse la
 conquille... ainsi que celle-ci (!) décidément, l'ordi en dit plus que 
je ne voudrais... ils ne croient que je mendie. J'en ris à présent mais 
il n'empêche, je me suis habillée ''classe'', un peu maquillée et tout 
et tout. Non mais.
Conversation
 amicale avec JC et son copain... qui a surfé sur les blogs avec dit-il 
un grand plaisir. Juste une petite fausse note, il souligne que ''c'est 
bien d'avoir mis des photos de moi où j'étais plus jeune''. Sur le coup,
 je ne percute pas, et puis je m'étonne : toutes les photos sont 
récentes, deux mois au max sauf sur un blog qu'il n'a pas eu le temps de
 regarder. Aurais-je autant vieilli ? La grève? Les soucis des procès ? 
La solitude -relative, une solitude très encombrée parfois de réel et 
surtout de virtuel- ? Le surmenage ? Le fait de ne pas savoir où je 
vais, d'être en un lieu amical qui cependant m'a trahie, le cul entre 
non pas deux mais trois chaises... Il connait tout le monde ici, c'est 
important. Moi aussi mais souvent, je ne mets pas de visage sur des noms
 et vice versa. Une discussion d'amis, simple et féconde, cela faisait 
longtemps que ce n'était pas arrivé...  
Un
 monsieur plus tout jeune signe de lui-même, il a une opinion 
catégorique cependant, presqu'autant que B. mais inverse. ''La grève de 
la faim ne sert à rien, mais alors à rien du tout, internet, c'est 
totalement inutile puisqu'on est face à face -oui mais ça simplifie-, 
c'est une pétition qu'il faut tout d'abord, et l'apporter ensuite à qui 
de droit etc''... Ca tombe bien, je la sors, je l'oublie très souvent.. 
J'en signe environ trois par jour et le résultat ? Ma foi je l'ignore au
 fond. Il émet quelques réserves de pro sur la manière dont elle est 
faite mais baste... Apparemment, il est aussi fan de pétitions que B. du
 revenu minimum d'existence, il faudrait les faire se rencontrer. Du 
reste à Nîmes, un superbe immeuble antique en parfait état -je le 
connais, c'était autrefois le rectorat- risque d'être démoli... et ils 
sont dans les pétitions jusqu'au cou. Il me donne son mail et je promets
 de lui envoyer les blogs, finalement il a bel et bien le net, son 
attitude n'était qu'une pose.  
Pourquoi
 les gens, même les meilleurs, sont-ils aussi assertoriques lorsque 
quelqu'un devant eux est, supposent-ils, dans la m. ? Pourquoi 
certains prennent-ils alors ce ton -parfois– déplaisant ? C'est ce qui 
fait qu'en réponse... je suis non pas agressive mais ''distanciée'', 
presqu'arrogante, ce qui est une autre forme d'agressivité. Lorsque 
cette attitude est sincère -car parfois elle masque un refus de 
s'engager par confort perso, on ne sait jamais- elle provient presque 
toujours de citadins et de français, je ne l'ai jamais observée chez des
 belges, des hollandais, des anglais. Il faut croire que notre réput de 
''je-sais-tout-taisez-vous'' n'est pas usurpée. Pourquoi ce jeu, qui va 
de la remontrance aimable à la leçon magistrale de stratégie ? En fait, 
lorsqu'on l'analyse, c'est naturel : celui
 qui est dans une situation aussi burlesque -ou tragique- est au fond un
 mal dégourdi, un pauvre type qu'on veut bien aider -vite la pétition- 
mais qu'il n'y revienne pas. Pas tout à fait faux -dans mon cas par 
exemple- mais il est contre productif de l'éreinter... En général, il le
 sait.  
C'est pourquoi les victimes se taisent : elles se sentent et sont
 ridicules. Il faut une énorme dose de révolte devant l'injuste, 
associée à l'assurance qu'apporte une ''valorisation'' sociale reconnue -
 fût-elle plus prégnante ailleurs- pour oser se poster seul devant une 
mairie avec un panneau... qui de plus peut sembler perso [lorsqu'on ne 
réfléchit pas trop]. C'est bien là dessus que compte l'adverse. Exemple 
celui qui m'a ''gentiment'' demandé d'enlever mon écharpe parce que 
''j'étais ridicule'', il le disait pour moi évidemment, pour m'aider en 
somme... Il est clair que si j'étais plus fragile que je ne le suis -car
 je le suis à ma manière, bien que ML après Lydie m'aient appelée ''le 
bull à visage humain''- je n'oserais le faire. L'astuce est là : faire 
que la victime se sente tellement humiliée qu'elle ne puisse même plus 
faire état publiquement du dol qui l'a éreintée, qu'elle répugne exposer
 sa déchéance... notion qui s'entend toujours en deux sens opposés, 
comme ''misérable'' dont un est fortement péjoratif ; or la 
''déchéance'' s'apprécie différemment selon la position. Plus on est au 
bas et plus on est susceptible -paradoxe – … sauf qu'il arrive qu'une fois le fond touché, alors en effet, comme on n'a plus rien à perdre, timorés ou pas, on aille au feu.  
Règlements de compte implicites? Peut-être. Pour certains, il n'est pas déplaisant de se payer la tête -soft- d'une ''privilégiée'' ou qu'ils croient telle. Cela se voit à tous les niveaux, depuis ''cette-facture-sera'' jusqu'à ce gus de tout à l'heure qui s'est précipité pour signer... ou même certains copains. Du reste il n'a rien écouté de ce que je lui ai dit de ma grève, m'a fait sa leçon et barka. C'est à la fin qu'il s'est enquis de qui était en cause, Eolia forcément... A priori, il savait ce qu'il me fallait faire, nul besoin de chercher à comprendre, il possédait une pince à prises multiples magique. Agaçant.
Pour
 la première fois, une plaisanterie et proposition très grossière de 
deux gus, des forains sans doute. Un peu soufflée : jamais ça ne m'était
 arrivé. Il s'agissait de prostitution, tout simplement. Les forains ne 
sont pas d'ici et n'ont pas la retenue des villageois; pour eux je suis 
juste une femme dans la merde. Un peu gênée, quoique pas plus que du 
coup de la mendicité, plutôt moins. 
Observation importante : jamais à Paris je n'ai vécu "ça" -particulièrement-. Ah les cévennes! Pas correct ? Je m'en fous.   
Jeudi 12 août
Un courriel passionnant. Depuis les States, D., nostalgique de son quasi bled, a l'intention d'en faire un best seller... comme il sait si bien faire, romancé-bricolé-polardisé-transposé en pays minier sur fond de lutte des classes, sexe et combines; du glauque, du comique et de l'héroïsme, mixte de Zola, de Faulkner et de Balzac, il s'y connait... Et mazette, et en anglais -plus rentable-. Ca m'a mis le moral. Saint Ambroix se "statifie", je laisse la coquille, c'est "starifie" qui je voulais dire.
Hier, chez Momo, une anecdote... et bien plus que ça. Moque-toi, RC, c'est là aussi que ça se passe, pas trop chic, d'accord mais on n'a pas le "Lion's" ici et ça vaut le Ganbrinus...
Une mystérieuse jeune femme, sculpturale, surdimensionnée, toujours en short, un peu pompette comme souvent, juchée sur un tabouret au bar, regarde le match à la télé, s'exclamant bruyamment, et soudain, jette un coup d'oeil sur mon écran. Triple zut, ça tombe juste sur "l'origine du monde" bricolée par moi... -Ouahhh! Ca c'est beau, ô que c'est beau bordel !" Du coup, un mec arrive, je suis un peu emm... et bref, finalement elle aime tellement les images du blog : "non, je veux pas lire, juste regarder"... qu'elle me demande de le faire défiler.
OK, je dois donc envoyer le message prématurément, je le corrigerai après -c'est long- et ensuite je le lui fais passer en vitesse. Elle est touchante, enchantée par certains de mes tableaux -et forcément sincère car elle ne sait pas sur le blog ce qui est de moi et ce qui ne l'est pas- ... et expansive ! "Ca alors mais vous peignez super !"... "Oh merde, celui-là... arrêtez-vous" ... "Et vous en vendez?"... "Combien, c'est cher?"...etc... J'ai donc pour ce soir une attachée de presse remarquable car avec elle nul n'en ignore... et elle est très écoutée. Il faut dire qu'elle expose volontiers son allure époustouflante, sans provoc, simplement. "Regarde -dit-elle aimablement à L. qui lui fait remarquer qu'elle a un corps de déesse-, ça c'est du premier choix ! et j'ai eu quatre enfants en plus, tiens, vois ça, pas une vergeture, pas un bourrelet..." Et de soulever légèrement son tshirt, dévoilant un ventre d'adolescente. "Je suis élastique, quoi.." Donc elle est très écoutée par les messieurs qui regardent d'abord et entendent ensuite, une personnalité. Une cogneuse aussi, je l'avais remarquée un jour qu'elle avait remis en place d'une manière magistrale un petit sournois qui l'avait touchée par derrière, discrétos, en passant pour aller payer ses consommations. Un bond et... j'ai cru qu'elle allait le ratatiner. Elle lui rendait au moins une tête et c'est visiblement une sportive, il n'a dû son salut qu'à une fuite, assez honteuse.
Seulement il y a un hic, elle regarde mon écharpe et me demande pourquoi je la porte puisque "tout est fini à présent". J'arrête net le défilement, je me retourne moi aussi d'un bond. "Tout est fini ? Ah oui?"... "Et puis c'est un truc perso, ça regarde pers.." Je coupe. "Ah oui, c'est un truc perso, le chemin ? La saisie d'un compte alors que..." Et je déroule l'affaire... et de rage, claque sec l'ordi. Elle est déçue, comiquement. "Non, s'il vous plaît, allez, laissez moi voir, c'est trop beau... je savais pas, on disait que... mais au fond..." ... "Et bien, justement, si je porte cette écharpe, c'est pour dire que ce n'est pas fini, je n'ai aucun document ni même d'assurance directe.." Elle se rencogne derrière son Martini et je me sens moche tout d'un coup, elle est trop déçue... Je réouvre la bécane. "Allez, regardez.." Et ça continue et elle continue à s'exclamer... L'écriture ne la branche pas du tout mais la peinture, si, elle saisit parfaitement les images, directement, sans le logos. Finalement, j'aurais dû être peintre et non prof de philo, ça va tellement vite avec une oeuvre !
J'aimerais la peindre. Elle me dit que beaucoup le lui ont dit. Peut-être le ferais-je, je n'ai pas besoin qu'elle pose, je l'ai mentalement au bout de mon pinceau. Un être remarquable, mélange de femme-enfant et de walkyrie, qui a élevé seule ses enfants... et a trouvé le temps de s'amuser sans s'en cacher avec qui lui plaît, et la sagacité -et la force- de blackbouler, et comment ! qui lui déplaît. Il y a des femmes comme ça. Elle vient de Marseille. Elle me met la moral, finalement. Dommage qu'elle ait "cru" que tout était fini, triple zut... Et chance qu'elle ait été esthète, ce que l'on voit du reste à sa manière de s'habiller -ou de se déshabiller-, de se "mettre en scène"... innocence et pugnacité à la fois. Comme beaucoup, elle a cru que la photo d'Anna Politkovskaïa était de moi. Etrange par moment, cette ressemblance. Serions-nous, comme notre nom l'indiquerait, (Brahic) d'origine serbe donc slave ?
Comme
 beaucoup, elle a cru que sur la photo d'Anna Politkovskaïa, il 
s'agissait de moi. Etrange et troublant, cette ressemblance avec une 
morte elle aussi écrivain. Et une question aussi : serions-nous, comme 
notre nom l'indiquerait, (Brahic) d'origine serbe donc slave ?
Vendredi 13 août
Ecrit en grande partie le 14  
Excellente
 journée malgré la date funeste, quoiqu'elle ne soit pas encore finie. 
Ca avait pourtant mal commencé, les municipaux me tournaient autour et 
je redoutais encore le coup de la zone bleue, mais il faut dire que tout
 de suite après, des gens sont venus au fur et à mesure, peut-être 
est-ce ce qui me l'a évité ? Nouveauté remarquable : certains sont venus
 aussi pour moi. 
Un
 peu déprimant aussi, la litanie habituelle, mais aussi stimulant. Un 
agriculteur qui a eu sa terre, son outil de travail, inondée en raison 
d'un bétonnage intempestif plus haut, des constructions et des 
constructions... Comme d'hab. quoi, promoteurs locaux en pleines 
initiatives ! L'eau ne pouvant s'infiltrer, cela a créé une sorte de 
"torrent" dérivé qui s'est jeté droit chez lui. Il n'en peut plus des 
procès, un gagné, un perdu, un autre en préparation, des papiers, des 
avocats, le  harcèlement...  et lui aussi avait envisagé une grève de la
 faim... Sa femme l'en a dissuadé. Le stress d'être à la merci d'une 
pluie plus forte que d'habitude et de perdre en un instant toutes ses 
cultures l'a miné, même si son allure semble être celle d'un grand 
sportif de quarante ans. Lucide, l'esprit clair, positif... On lui a 
fait quelques promesses, évidemment non tenues, et après un quasi siège,
 la mairie a ordonnés quelques "travaux" minimes et symboliques qui 
selon lui ne changeront rien. Il n'est pas d'ici à l'origine, un estois 
lui aussi... et bizarrement, il a cru que c'est aussi mon cas,. Sans 
doute que machinalement, "mon" accent revient par mimétisme (!) cet 
accent qu'on m'a littéralement forcée à prendre à Besançon, 
tenace... et pas très musical! C'est aussi celui de certaines de mes 
tantes (une seule en fait) qui n'ont pas fait d'études -les quatre 
autres l'ont perdu  à Paris ou à Lyon, comme mon père, sauf lorsqu'il était très en colère,
 ce qui réjouissait Fred-. Mon accent est formé de trois, celui du midi,
 celui de l'Est, le plus résistant, et l'accent "Sorbonne" comme disait 
Lydie. "Arrête de faire cours" disait-elle lorsque je n'étais pas 
d'accord avec elle sur un point philosophique. Caméléon, je m'adapte aux
 endroits et aux gens, pour être comprise -à Besançon, "ils" ne me 
comprenaient pas plus que je ne les comprenais au début.-  
"T'paspl'rtr'j
 ?" Comment deviner que cela voulait dire "tu passes par le traj ? "... 
Surtout en ignorant que le "traj" était un porche-tunnel du seizième 
faisant raccourci du lycée à l'arrêt du bus, assez peu engageant pour 
des gamines, qui ne le prenaient qu'au moins à deux. Aj'd'pum', un jus 
de pomme etc...
Une femme qui est en fin de droits et n'a plus rien à manger
 car son compte est bloqué, on lui a  même retiré l'APL sous prétexte 
que son ex mari vivait à côté...  elle était venue de la Grand Combe 
pour les restaus du coeur mais c'était fermé! elle a pourtant plein de 
projets, théâtre, atelier d'écriture, musique...  et un ami qui l'aide 
un peu. Elle aussi est en butte à une administration qui lui écrit 
benoîtement "Madame, nous vous annonçons que vous n'avez plus droit au 
RSA" sans aucune explication... alors même que son projet théâtral est 
accepté et sera sans doute un peu subventionné... Ca ne la décourage 
pas, elle est venue avec un jeune poète musicien et conteur africain qui
 lui aussi a plein d'idées. Et ô joie, je m'aperçois à la fin qu'elle a 
lu les "Lettres à Lydie". On se reverra, je peux lui fournir des pistes 
et vice versa, le chemin par exemple, le crique naturel... pour une 
pièce de théâtre, ou chez moi carrément, plus facile d'accès.
Ambiance chaleureuse -pour moi- et stimulante. JK lance l'idée d'un journal hebdomadaire où chacun pourra s'exprimer... excellente.
 Car tout au fur et à mesure se dénoue et s'exprime. Et ces multiples 
affrontements "individu-administration", si on les met bout à bout et 
les publie, changeant le rapport de force, sont tout à fait résolvables.
 G venu d'Alès me réitère sa joie de me lire... Trop épuisée pour en 
dire plus, je tombe littéralement après avoir nourri les chiens et les 
chats. J'ai refait l'affiche. 
Les
 forains sont très pugnaces  et sympa, ils pigent au quart de tour, ils 
ont l'habitude me disent-ils, ouf ça change... Des rencontres, et pour 
la première fois, on me dit d'appeler au cas où... Des gens non plus passifs mais décisifs.
 Rare. Presque jamais vu. Non qu'ici la population soit si poussive que 
ça, enfin un peu, mais là il y avait une quasi foule et sur le nombre, 
forcément...
GH
 et les jeunes des HLM s'expliquent sur leur défection, c'est simple, en
 fait ... quoique peut-être pas.. Un drame perso, je n'y avais même pas 
pensé, et surtout, honte à moi également, ils ont trouvé du boulot !!! 
Saisonniers agricoles sous le feu  de Satan dans un village pas tout 
proche, 10 heures par jour logés sur place épuisés à tomber le soir, 
pour le SMIG. "Il fallait bien, on n'a plus rien à  manger présent avec ces factures d'eau".
 Evidemment : si moi je suis relativement "permanente" c'est aussi parce
 que je le peux -à la rigueur-. Pas eux. J'apprends aussi que c'est la 
mairie qui gère ces immeubles... 
Que
 les pauvres sont durs les uns envers les autres parfois ! Pire que les 
bourges, toujours un peu culpabilisés, du moins en France - pas dans le 
tiers-monde-. Il semble que ce soit "à chacun selon sa débrouille"... 
celle des "hauts placés" -si l'on peut dire- cause ou conséquence ? 
étant forcément plus rodée  car là aussi il y a des "dégourdis"... ce 
qui ne les empêche pas -au contraire- de taper ou d'essayer sur leur 
confrères en exploitation moins combinards ! Lutte de pouvoir là aussi. 
Avec un aléa, ou avantage, tout dépend du point de vue où on se place, 
c'est qu'au fond du désespoir, il peut arriver que les verrous sautent. 
Lorsqu'on n'a plus rien à perdre... C'est d'ailleurs la raison pour 
laquelle on leur concède quelques miettes. Attention à ne pas m'inscrire
 dans ces sables mouvants tout de même, je n'ai que le pouvoir, certes 
non négligeable, d'être extérieure, pugnace, du logos aussi... et de me 
battre pour la justice. Don Quichotte d'arrondissement, quoi, dirait RC.
Des
 gens de Pont-Saint-Esprit me recommandent de me joindre aux comités de 
cette ville. Je ne suis même pas au courant, ça les choque un peu.. il 
semble qu'il y ait des histoires semblables. A voir. Je suis comme le 
poisson rouge dans son bocal. Rageant.
Cas
 unique aujourd'hui : un couple plus très jeune se tenant par le bras 
passe, gentils, ils lisent, longuement, la femme explique au mari, c'est
 sûr, ils ne savent pas ce qu'est une pétition, je renonce à leur en 
parler, mais je les mets tout de même au courant brièvement de 
l'affaire, ils n'en reviennent pas, 4000 Euros, tout de même, en anciens
 francs ça fait...  ils ne voient pas du tout ce qu'on peut faire mais 
voudraient bien, je leur répond que moi je vois, ça les rassure... Et en
 partant la dame se retourne soudain, prise d'une idée : 
"mais au fait, vous pourriez pas en parler au maire, il doit pouvoir faire quelque chose lui je pense?" 
Ce n'est pas arrivé qu'une fois. Sans doute dois-je mal m'exprimer.
Je
 réponds avec un humour involontaire et sans vraiment mentir, "oui bien 
sûr" et je renonce, je ne veux pas leur gâcher cette journée de fête 
sans doute unique pour eux. Ainsi donc les gens du peuple autrefois 
taclaient les releveurs d'impôts et jamais ceux qui les ordonnaient. 
Mais
 un monsieur juste à côté, la large cinquantaine, beau mec encore, 
entrepreneur à la retraite, qui attend sa femme -elle fait les 
boutiques- au fort accent pied noir "bourge"... observe alors, dans une 
veine très "Eddi" : "ici, comprenez-vous, ce sont des paysans..."
 Et il a prononcé le mot "paysan" avec le ton extraordinaire de Laurence
 ou de Mamita parlant des kurdes, comme lorsqu'on profère un gros mot ! 
Mais cela  mis à part, il est parfaitement en phase et c'est lui qui me 
demande la pétition. Je n'ai pas eu le temps de savoir d'où ils étaient,
 sa femme l'a appelé, elle était prête, il ne fallait pas la faire 
attendre, ils étaient invités. Un bon mari.  Akram, ou n'importe lequel 
de mes beau frères.
De l'imprévu aussi : beaucoup de gens me connaissent, certains m'ont lue ou
 le disent pour me faire plaisir. "Secret de famille", évidemment, et 
les "lettres à Lydie". "Noces kurdes", jamais, du moins ici. Ca 
simplifie. Avantage de l'écriture. En ces cas, ils m'appellent "Hélène".
 J'exulte. Mais il y a les commissions, la corvée, des tonnes de 
croquettes pour mes deux lascars et des boîtes pour les chats qui n'ont 
plus rien etc... Le poids! 4/5 pour les bêtes, 1/5 pour moi. Parfois les
 gens qui me voient charger rient.
Samedi 14 Août
Je viens de toiletter le post d'hier, reécrit correctement...  
...et
 avant de fermer l'ordi, je vérifie par acquis de conscience mes 
messages. O stupeur, il y a un courriel en anglais de (touit touit) qui 
remercie tous ceux "en qui elle a cru" et qui l'ont soutenue, 
inlassablement, en harcelant les gens au pouvoir, avec finesse ou ... 
bref.  Je n'ai pas fait grand chose du reste, un livre seulement mais il
 a été traduit. Est-elle sauvée, libérée ? Elle parle a minima sans 
doute exprès mais il le semble !! -note, la télé n'en dit rien, même pas "aldjzeer". Elle
 doit être en "conditionnelle", ce qui n'est pas gagné du tout... et 
même dangereux, car dans une rue déserte, elle peut... passons.... Ouf, 
enfin un ouf provisoire !  Pardon d'être sibylline, regardez le 
"sommaire  de mes blogs" à mon nom et suivez les tous et vous 
comprendrez. Je veux éviter que ce blog-ci ne soit également dans le 
collimateur de "leur" moteur de recherche, très au point, ou du 
moins éviter de "leur" faciliter la tâche car il est probable -mais non 
certain- qu'il y soit déjà rien que par mon nom. Sauf que ma production 
littéraire étant assez vaste, tout traduire est un très gros boulot et  
"ils" doivent s'y perdre, c'est aussi le but !!! et Saint Ambroix leur 
paraissant aussi loin de leurs préoccupations qu'ici, nous, des leurs...
 il est inutile avec un mot-clef , un nom, de leur pointer juste ce 
qu'ils cherchent. "Ils" étant des mecs peu recommandables qui ont de 
bien vilaines habitudes avec les femmes dans leur pays situé pas trop 
loin de la Turquie... Sauf aussi qu' "ils" se marrent peut-être de mes 
déboires burlesques ici : pendant
 que je plante devant la mairie, je ne peux pas m'occuper d'autre chose,
 écrire sur leurs vilaines habitudes par exemple, un texte aussi 
sanglant qu'eux mêmes... qui, associé à tant d'autres, les dérangent 
sans doute quoiqu'ils en disent. C'est bien ce qui est zutant, on n'a 
pas quatre bras ni quatre cerveaux.
Donc K.. me remercie, c'est le premier courriel direct
 que j'ai d'elle. Joie, non qu'elle me remercie mais qu'elle existe, 
tout simplement, elle m'aurait écrit merde ç'aurait été pareil? ELLE EST VIVANTE. 
Il y a des jours où on se sent moins nul.  
Je
 passe en vitesse au petit supermarché-drugstore chercher un chevalet 
pour mon affiche – elle tombe tout le temps-... que je ne trouve pas 
mais j'en bricole un avec un ''valet de chambre'' abîmé qu'on me solde. 
Ca va au poil, mieux même qu'avec un chevalet. Des femmes me parlent 
spontanément, j'avais oublié que j'avais mon ''péplum'' tant j'en ai 
l'habitude à présent.  
Mais d'autres -non, une
 autre en fait- semble m'ignorer, malchance, on se croise plusieurs fois
 dans les allées et à un moment je me trouve nez à nez avec sa fille, je
 lui dis bonjour, la petite répond en même temps et je file, je suis 
pressée et je sens un malaise... Cela corrobore : presque tous les 
gens de mon quartier sauf C., D. et peut-être G. se sont ''distanciés'' 
de moi, allant ainsi à contre courant de l'ensemble... Cela 
signifie, soit que le quartier est particulier, soit ? Particulier, il 
l'est en effet : la même femme avait autrefois fait passer une pétition 
protestant contre un projet de lotissement issu d'un gros propriétaire 
désireux de se faire un maximum d'argent, ses vignes n'étant plus très 
rentables. Je l'avais évidemment signé.. puis avais un peu regretté en 
raison de la manière dont elle était rédigée, maladroite... ou peut-être
 révélatrice. Elle disait en substance que ''nous''étions un endroit 
privilégié et tenions à le rester''. Autrement dit ''out les prolos''. 
Je le lui avais fait remarquer après coup et elle m'avait répondu agacée
 quelque chose comme ''si je me sentais seule, je n'avais qu'à faire un 
site de rencontre'' -ce n'est pas la lettre mais bien l'esprit-... Sympa
 pourtant, très nature, écolo, et ouverte, c'est une de ceux qui est 
allée le plus souvent au chemin défriché et qui a sans doute participé 
largement à son entretien, mais après -elle ou plutôt ses 
enfants, très sympas- mais, visiblement désireuse de rester ''bien'' 
avec tous, elle a pris soin de mettre une distance paradoxale avec celle
 qui avait lancé l'opération de restauration... qui n'avait pas plu à 
tout le monde -à dire vrai, à tous sauf à une seule personne-. Et
 cependant, très sportive, très ''randonnée'', je l'y ai vue assez 
souvent avec des clients -elle a des chambres d'hôtes- qu'elle avait 
amenés : c'est le seul chemin qui demeure encore ! Cordiale dans la 
campagne, distante en public. Mon péplum y est peut-être pour quelque 
chose. Elle doit se dire que décidément j'ai beaucoup d'ennuis et que ça
 n'est pas de bon augure. Il convient de mettre un bécarre à une 
relation si compliquée... même si elle comporte quelques avantages, ex 
défricher un chemin et se coltiner quelques ennuis -minimes-. Passons...
 Quand tout ira bien, elle me ''verra'' à nouveau. A moins que je ne 
devienne parano tant j'ai subi en ce moment. Pas impossible.
 La fête... Mon immense plaisir d'enfant attendu quasiment toute 
l'année, et à présent presque l'inverse.... Le bruit, les manèges... Il 
me semble pourtant que c'est bien plus calme à présent. Elément un peu 
''narcissisant'', et j'en ai besoin en ce moment, de plus en plus de 
gens me regardent amicalement, non pour l'affiche puisque j'en suis 
assez loin, Hamid ayant mis des tables de restaurant à ma querencia 
habituelle, mais parce qu'ils semblent me reconnaitre. [Je le vois ou le
 devine très clairement, ils portent les yeux sur moi, puis une fraction
 de seconde et leur visage s'éclaire un peu, ils insistent, du coup je 
les salue légèrement, ils hésitent... et partent comme à regret. 
Timidité, la leur et la mienne également.] De la galerie ? de signatures
 ou conférences et cependant j'en ai fait très peu ici ? Ou peut-être de
 ce film où on m'a ''intégrée'' malgré moi ou plus exactement sans me le
 dire car j'aurais été d'accord, qui me ''pend au nez'' à tout instant. 
Comme je n'ai quasiment pas la télé à présent, si ça se trouve, une 
chaîne l'a fait passer sans que je ne le sache, comme ''arte'' autrefois
 une vieille interview un jour sans doute qu'ils étaient en panne, c'est
 C. qui me l'avait dit le lendemain. Naïvement, j'avais démenti: 
''non'', impossible... (puisque je n'étais pas au courant, voyons !) 
mais des gens d'Anduze avaient confirmé. Il faut dire qu'avant toute 
interview, on vous fait signer -sur le plateau, à la hâte, en général 
pendant que le maquilleur-coiffeur vous bichonne sous les feux des 
sunlights, du coup, vous devenez tout rouge et ensuite il faut vous 
poudrer tout le temps- ...des tas de papiers que personne ne lit. On 
''abandonne'' son droit à l'image et ''autorise'' toute ''exploitation''
 artistique de ce qui va être recueilli à des fins non commerciales bla 
bla... (On ne peut pas vous ''utiliser'' pour faire la promo de pâtes ou
 de sous vêtements, mais pour le reste...)  
La pétition se 
remplit à la vitesse V, je n'ai même plus assez de feuilles, les gens 
sont obligés de signer au delà des lignes. Les municipaux sont passés en
 rang serrés et ont viré vers le foirail, je redoutais encore le coup de
 la zone bleue, apparemment c'est fini. Ou alors ça ne vaut pas pour le 
soir. Je craignais aussi les gens mornes derrière leur barbe à papa, 
épuisés de chaleur traînant tristement devant les baraques avec des 
enfants aussi fatigués qu'eux, ce n'est pas le cas. Il faut dire qu'il 
fait moins chaud aujourd'hui, on a même l'impression qu'il va pleuvoir. 
Ce serait bien pour le plaqueminier que Robin m'a offert afin de 
remplacer l'autre mort d'avoir été inondé : les ouvriers -de l'ancienne 
équipe municipale- avaient bouché une buse en bas de chez moi pour 
éviter que l'eau ne se déverse chez un agriculteur en contre bas... [le 
lit du ruisseau qui traverse mon jardin et qui longe ensuite la route 
ayant été déplacé sur un tronçon, insuffisamment creusé et non empierré 
comme il était auparavant] si bien que cette partie de mon terrain était
 devenu un lac, en septembre du moins. Tu t'endors tu es mort, toujours.
 Etrangement, les oliviers centenaires eux, ont résisté, heureusement. 
Le plaqueminier, c'était Lydie, les oliviers, Marguerite. 
Toujours le vieux
 monsieur poli aimable réservé qui vient cette fois avec le sourire me 
''voir'' comme on va voir un monument historique. Hier, il était revenu 
gentiment après réflexion me dire ''vous savez, ce n'est pas grave et 
toute seule vous n'arriverez à rien... et puis on est tous un peu dans 
ce cas, moi aussi, par exemple, je suis endetté..'' Je l'avais rembarré 
sec : '' ce n'est pas la question, c'est une question de justice et on 
est nombreux à être ou à se croire ''seuls'' face à une 
administration... En m'exposant, je montre qu'on n'est pas seuls, 
justement.'' Voilà quelqu'un de sincère certes mais qui lui aussi croit 
que je mendie en somme son approbation... La passivité incarnée, et 
cependant celui-ci semble un bourgeois. Une observation : dans
 ces cas, l'agressivité ''soft'' remet les pendules à l'heure. Discuter,
 tenter de convaincre en ravalant l'énervement que ceux-là suscitent, 
c'est les conforter dans l'idée que l'on s'abaisse, que l'on ''mendie'' 
et du coup le faire réellement
 : une perte de dignité et de temps. Un contre sens admis de facto. En 
revanche, si on leur signifie en d'autres termes : ''c'est comme ça, je 
sais ce que je fais, c'est bon, salut etc...'' ça les rassure et alors, 
ils changent d'attitude : l'agressivité étant le signe qu'on ne leur 
demande rien, même pas de prise de position, qu'on n'a rien à leur 
vendre, ils sont à l'aise soudain. Les marques sont posées. Ces gens 
agissant ainsi envers eux-mêmes, leur demander d'agir autrement envers 
d'autres [voire envers eux-mêmes car c'est pareil] constitue une quasi 
violence à laquelle ils réagissent mal. C'est comme si on m'imposait de 
courir un marathon. Paradoxe de certains.  
CQFD. Apparemment
 il a réfléchi, peut-être est-il seulement lent, et à présent il veut 
signer. Je ne le lui ai jamais demandé. Soit. 
Un couple dont la
 femme est greffière de justice. Ils ont du mal à comprendre. Sans doute
 m'exprimai-je mal. Elle travaille dans une ''maison de justice'', je ne
 sais pas ce que c'est... avec la gauche dit-elle, tiens tiens, ça, 
c'est intéressant.. Elle rit : ''Et ils sont aussi pourris que la 
droite'', chez elle du moins. Elle me recommande -bien sûr- un procès. 
Triple zut, j'ai encore du mal avec ça. Robin le fait au chiqué, grande 
habitude familiale, mais pas moi, papiers, lettres recommandées, 
avocats... fatiguée. Et puis quand je m'y mets, je ne peux plus 
m'arrêter ! Internet, articles, tout y passe. 
[A ce sujet, 
attention à certains ''forums juridiques'' qui ne sont que les 
rabatteurs d'avocats ou de ''juristes'' escrocs, et on ne les détecte 
pas tout de suite. Leur principe étant de donner des infos parfois 
justes mais d'autre fois grossièrement inexactes et toujours ad 
pejorem... afin que le chaland affolé se précipite tout nu tout cru dans
 les griffes de ceux pour lesquels ils chassent, c'est à dire 
probablement eux-mêmes. Une fois, j'ai cru à une erreur et j'ai 
rectifié. Deux fois, décidément, ils n'étaient pas en ''forme'', j'ai à 
nouveau rectifié... mais à la troisième, je me suis faite ''rappeler'' à
 l'ordre... et interdire de forum ! C'est alors que j'ai cherché un peu 
plus avant sur le site : ô stupeur, de la pub, bien évidente pourtant, 
pour tel ou tel cabinet d' ''avocats en ligne'' (!) défilant en bandeau 
dès l'ouverture de la page d'accueil. Un petit coup de google sur ces 
''cabinets'' : tous étaient dénoncés comme escrocs CQFD. J'ai alors moi 
même dénoncé le site rabatteur. Internet: un bon flic, pour le meilleur 
en le cas. 
D'autres en 
revanche, et même parfois les premiers pour attirer le client sur les 
''forums'', donnent ponctuellement d'excellentes infos. Il faut 
seulement trier, vérifier, re vérifier... Au fond, c'est passionnant 
mais cela donne parfois une image terrible de la société. Je me 
souviens notamment de ces jeunes (30 ans) condamnés à verser une 
''pension'' à une belle-mère veuve -la femme de leur père décédé- plus jeune qu'eux...
 pour toute sa vie.. qui avait également l'usufruit de la maison 
familiale ; ils étaient ruinés et définitivement spoliés; pire, une 
grande part de leur salaire y passait malgré procès sur procès. 
Impensable inconséquence d'un homme âgé...] 
Une discussion un
 peu ''perso'' avec un couple venu s'asseoir pendant que j'écrivais dont
 la femme s'imposa : elle voulait parler. Intarissable bien 
qu'intéressante... sauf que son histoire n'avait aucun rapport. 
Impossible de l'arrêter. Sagace cependant, et sans illusion. Ce qu'elle 
vivait était certes un drame dont elle soulignait la dimension 
incommensurable à côté de ''mon'' affaire, grave mais ''pour moi''. J'ai
 rectifié, ''pour tous''... elle en a convenu. Elle est finalement 
partie en me disant en riant que si la télé venait, elle aimerait bien 
être prévenue pour qu'on la voie aussi en arrière plan. Elle veut qu'on 
lui rende justice, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. Une triste
 affaire familiale. 
Mais un homme 
cependant a passé carrément la barrière de la dame. Un monsieur très 
particulier, un homme d'action visiblement; trois minutes de discussion,
 c'est tout, et c'était fondamental, décidément, ça se dénoue. ''Je 
connais votre affaire... et ça commence à bien se savoir à présent... 
pour tout dire, on en parle beaucoup...'' Ouf. Je ne sais pas qui il 
est, tant mieux. Il me fait une proposition intéressante, c'est la 
première fois... et c'est la seule à faire d'emblée en effet. Ca m'a 
requinquée, après la dame et son drame. 
K passe à la fin, tout va bien.
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