Comme
beaucoup, elle a cru que sur la photo d'Anna Politkovskaïa, il
s'agissait de moi. Etrange et troublant, cette ressemblance avec une
morte elle aussi écrivain. Et une question aussi : serions-nous, comme
notre nom l'indiquerait, (Brahic) d'origine serbe donc slave ?
Vendredi 13 août
Ecrit en grande partie le 14
Excellente
journée malgré la date funeste, quoiqu'elle ne soit pas encore finie.
Ca avait pourtant mal commencé, les municipaux me tournaient autour et
je redoutais encore le coup de la zone bleue, mais il faut dire que tout
de suite après, des gens sont venus au fur et à mesure, peut-être
est-ce ce qui me l'a évité ? Nouveauté remarquable : certains sont venus
aussi pour moi.
Un
peu déprimant aussi, la litanie habituelle, mais aussi stimulant. Un
agriculteur qui a eu sa terre, son outil de travail, inondée en raison
d'un bétonnage intempestif plus haut, des constructions et des
constructions... Comme d'hab. quoi, promoteurs locaux en pleines
initiatives ! L'eau ne pouvant s'infiltrer, cela a créé une sorte de
"torrent" dérivé qui s'est jeté droit chez lui. Il n'en peut plus des
procès, un gagné, un perdu, un autre en préparation, des papiers, des
avocats, le harcèlement... et lui aussi avait envisagé une grève de la
faim... Sa femme l'en a dissuadé. Le stress d'être à la merci d'une
pluie plus forte que d'habitude et de perdre en un instant toutes ses
cultures l'a miné, même si son allure semble être celle d'un grand
sportif de quarante ans. Lucide, l'esprit clair, positif... On lui a
fait quelques promesses, évidemment non tenues, et après un quasi siège,
la mairie a ordonnés quelques "travaux" minimes et symboliques qui
selon lui ne changeront rien. Il n'est pas d'ici à l'origine, un estois
lui aussi... et bizarrement, il a cru que c'est aussi mon cas,. Sans
doute que machinalement, "mon" accent revient par mimétisme (!) cet
accent qu'on m'a littéralement forcée à prendre à Besançon, tenace... et
pas très musical! C'est aussi celui de certaines de mes tantes (une
seule en fait) qui n'ont pas fait d'études -les quatre autres l'ont
perdu à Paris ou à Lyon, comme mon père, sauf lorsqu'il était très en
colère, ce qui réjouissait Fred-. Mon accent est formé de trois, celui
du midi, celui de l'Est, le plus résistant, et l'accent "Sorbonne" comme
disait Lydie. "Arrête de faire cours" disait-elle lorsque je n'étais
pas d'accord avec elle sur un point philosophique. Caméléon, je m'adapte
aux endroits et aux gens, pour être comprise -à Besançon, "ils" ne me
comprenaient pas plus que je ne les comprenais au début.-
"T'paspl'rtr'j
?" Comment deviner que cela voulait dire "tu passes par le traj ? "...
Surtout en ignorant que le "traj" était un porche-tunnel du seizième
faisant raccourci du lycée à l'arrêt du bus, assez peu engageant pour
des gamines, qui ne le prenaient qu'au moins à deux. Aj'd'pum', un jus
de pomme etc...
Une
femme qui est en fin de droits et n'a plus rien à manger car son compte
est bloqué, on lui a même retiré l'APL sous prétexte que son ex mari
vivait à côté... elle était venue de la Grand Combe pour les restaus du
coeur mais c'était fermé! elle a pourtant plein de projets, théâtre,
atelier d'écriture, musique... et un ami qui l'aide un peu. Elle aussi
est en butte à une administration qui lui écrit benoîtement "Madame,
nous vous annonçons que vous n'avez plus droit au RSA" sans aucune
explication... alors même que son projet théâtral est accepté et sera
sans doute un peu subventionné... Ca ne la décourage pas, elle est venue
avec un jeune poète musicien et conteur africain qui lui aussi a plein
d'idées. Et ô joie, je m'aperçois à la fin qu'elle a lu les "Lettres à
Lydie". On se reverra, je peux lui fournir des pistes et vice versa, le
chemin par exemple, le crique naturel... pour une pièce de théâtre, ou
chez moi carrément, plus facile d'accès.
Ambiance
chaleureuse -pour moi- et stimulante. JK lance l'idée d'un journal
hebdomadaire où chacun pourra s'exprimer... excellente. Car tout au fur
et à mesure se dénoue et s'exprime. Et ces multiples affrontements
"individu-administration", si on les met bout à bout et les publie,
changeant le rapport de force, sont tout à fait résolvables. G venu
d'Alès me réitère sa joie de me lire... Trop épuisée pour en dire plus,
je tombe littéralement après avoir nourri les chiens et les chats. J'ai
refait l'affiche.
Les
forains sont très pugnaces et sympa, ils pigent au quart de tour, ils
ont l'habitude me disent-ils, ouf ça change... Des rencontres, et pour
la première fois, on me dit d'appeler au cas où... Des gens non plus
passifs mais décisifs. Rare. Presque jamais vu. Non qu'ici la population
soit si poussive que ça, enfin un peu, mais là il y avait une quasi
foule et sur le nombre, forcément...
GH
et les jeunes des HLM s'expliquent sur leur défection, c'est simple, en
fait ... quoique peut-être pas.. Un drame perso, je n'y avais même pas
pensé, et surtout, honte à moi également, ils ont trouvé du boulot !!!
Saisonniers agricoles sous le feu de Satan dans un village pas tout
proche, 10 heures par jour logés sur place épuisés à tomber le soir,
pour le SMIG. "Il fallait bien, on n'a plus rien à manger présent avec
ces factures d'eau". Evidemment : si moi je suis relativement
"permanente" c'est aussi parce que je le peux -à la rigueur-. Pas eux.
J'apprends aussi que c'est la mairie qui gère ces immeubles...
Que
les pauvres sont durs les uns envers les autres parfois ! Pire que les
bourges, toujours un peu culpabilisés, du moins en France - pas dans le
tiers-monde-. Il semble que ce soit "à chacun selon sa débrouille"...
celle des "hauts placés" -si l'on peut dire- cause ou conséquence ?
étant forcément plus rodée car là aussi il y a des "dégourdis"... ce
qui ne les empêche pas -au contraire- de taper ou d'essayer sur leur
confrères en exploitation moins combinards ! Lutte de pouvoir là aussi.
Avec un aléa, ou avantage, tout dépend du point de vue où on se place,
c'est qu'au fond du désespoir, il peut arriver que les verrous sautent.
Lorsqu'on n'a plus rien à perdre... C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle on leur concède quelques miettes. Attention à ne pas m'inscrire
dans ces sables mouvants tout de même, je n'ai que le pouvoir, certes
non négligeable, d'être extérieure, pugnace, du logos aussi... et de me
battre pour la justice. Don Quichotte d'arrondissement, quoi, dirait RC.
Des
gens de Pont-Saint-Esprit me recommandent de me joindre aux comités de
cette ville. Je ne suis même pas au courant, ça les choque un peu.. il
semble qu'il y ait des histoires semblables. A voir. Je suis comme le
poisson rouge dans son bocal. Rageant.
Cas
unique aujourd'hui : un couple plus très jeune se tenant par le bras
passe, gentils, ils lisent, longuement, la femme explique au mari, c'est
sûr, ils ne savent pas ce qu'est une pétition, je renonce à leur en
parler, mais je les mets tout de même au courant brièvement de
l'affaire, ils n'en reviennent pas, 4000 Euros, tout de même, en anciens
francs ça fait... ils ne voient pas du tout ce qu'on peut faire mais
voudraient bien, je leur répond que moi je vois, ça les rassure... Et en
partant la dame se retourne soudain, prise d'une idée :
"mais au fait, vous pourriez pas en parler au maire, il doit pouvoir faire quelque chose lui je pense?"
Ce n'est pas arrivé qu'une fois. Sans doute dois-je mal m'exprimer.
Je
réponds avec un humour involontaire et sans vraiment mentir, "oui bien
sûr" et je renonce, je ne veux pas leur gâcher cette journée de fête
sans doute unique pour eux. Ainsi donc les gens du peuple autrefois
taclaient les releveurs d'impôts et jamais ceux qui les ordonnaient.
Mais
un monsieur juste à côté, la large cinquantaine, beau mec encore,
entrepreneur à la retraite, qui attend sa femme -elle fait les
boutiques- au fort accent pied noir "bourge"... observe alors, dans une
veine très "Eddi" : "ici, comprenez-vous, ce sont des paysans..." Et il a
prononcé le mot "paysan" avec le ton extraordinaire de Laurence ou de
Mamita parlant des kurdes, comme lorsqu'on profère un gros mot ! Mais
cela mis à part, il est parfaitement en phase et c'est lui qui me
demande la pétition. Je n'ai pas eu le temps de savoir d'où ils étaient,
sa femme l'a appelé, elle était prête, il ne fallait pas la faire
attendre, ils étaient invités. Un bon mari. Akram, ou n'importe lequel
de mes beau frères.
De
l'imprévu aussi : beaucoup de gens me connaissent, certains m'ont lue
ou le disent pour me faire plaisir. "Secret de famille", évidemment, et
les "lettres à Lydie". "Noces kurdes", jamais, du moins ici. Ca
simplifie. Avantage de l'écriture. En ces cas, ils m'appellent "Hélène".
J'exulte. Mais il y a les commissions, la corvée, des tonnes de
croquettes pour mes deux lascars et des boîtes pour les chats qui n'ont
plus rien etc... Le poids! 4/5 pour les bêtes, 1/5 pour moi. Parfois les
gens qui me voient charger rient.
Samedi 14 Août
Je viens de toiletter le post d'hier, reécrit correctement...
...et
avant de fermer l'ordi, je vérifie par acquis de conscience mes
messages. O stupeur, il y a un courriel en anglais de (touit touit) qui
remercie tous ceux "en qui elle a cru" et qui l'ont soutenue,
inlassablement, en harcelant les gens au pouvoir, avec finesse ou ...
bref. Je n'ai pas fait grand chose du reste, un livre seulement mais il
a été traduit. Est-elle sauvée, libérée ? Elle parle a minima sans
doute exprès mais il le semble !! -note, la télé n'en dit rien, même pas
"aldjzeer". Elle doit être en "conditionnelle", ce qui n'est pas gagné
du tout... et même dangereux, car dans une rue déserte, elle peut...
passons.... Ouf, enfin un ouf provisoire ! Pardon d'être sibylline,
regardez le "sommaire de mes blogs" à mon nom et suivez les tous et
vous comprendrez. Je veux éviter que ce blog-ci ne soit également dans
le collimateur de "leur" moteur de recherche, très au point, ou du moins
éviter de "leur" faciliter la tâche car il est probable -mais non
certain- qu'il y soit déjà rien que par mon nom. Sauf que ma production
littéraire étant assez vaste, tout traduire est un très gros boulot et
"ils" doivent s'y perdre, c'est aussi le but !!! et Saint Ambroix leur
paraissant aussi loin de leurs préoccupations qu'ici, nous, des leurs...
il est inutile avec un mot-clef , un nom, de leur pointer juste ce
qu'ils cherchent. "Ils" étant des mecs peu recommandables qui ont de
bien vilaines habitudes avec les femmes dans leur pays situé pas trop
loin de la Turquie... Sauf aussi qu' "ils" se marrent peut-être de mes
déboires burlesques ici : pendant que je plante devant la mairie, je ne
peux pas m'occuper d'autre chose, écrire sur leurs vilaines habitudes
par exemple, un texte aussi sanglant qu'eux mêmes... qui, associé à tant
d'autres, les dérangent sans doute quoiqu'ils en disent. C'est bien ce
qui est zutant, on n'a pas quatre bras ni quatre cerveaux.
Donc
K.. me remercie, c'est le premier courriel direct que j'ai d'elle.
Joie, non qu'elle me remercie mais qu'elle existe, tout simplement, elle
m'aurait écrit merde ç'aurait été pareil? ELLE EST VIVANTE.
Il y a des jours où on se sent moins nul.
Je
passe en vitesse au petit supermarché-drugstore chercher un chevalet
pour mon affiche – elle tombe tout le temps-... que je ne trouve pas
mais j'en bricole un avec un ''valet de chambre'' abîmé qu'on me solde.
Ca va au poil, mieux même qu'avec un chevalet. Des femmes me parlent
spontanément, j'avais oublié que j'avais mon ''péplum'' tant j'en ai
l'habitude à présent.
Mais
d'autres -non, une autre en fait- semble m'ignorer, malchance, on se
croise plusieurs fois dans les allées et à un moment je me trouve nez à
nez avec sa fille, je lui dis bonjour, la petite répond en même temps et
je file, je suis pressée et je sens un malaise... Cela corrobore :
presque tous les gens de mon quartier sauf C., D. et peut-être G. se
sont ''distanciés'' de moi, allant ainsi à contre courant de
l'ensemble... Cela signifie, soit que le quartier est particulier, soit ?
Particulier, il l'est en effet : la même femme avait autrefois fait
passer une pétition protestant contre un projet de lotissement issu d'un
gros propriétaire désireux de se faire un maximum d'argent, ses vignes
n'étant plus très rentables. Je l'avais évidemment signé.. puis avais un
peu regretté en raison de la manière dont elle était rédigée,
maladroite... ou peut-être révélatrice. Elle disait en substance que
''nous''étions un endroit privilégié et tenions à le rester''. Autrement
dit ''out les prolos''. Je le lui avais fait remarquer après coup et
elle m'avait répondu agacée quelque chose comme ''si je me sentais
seule, je n'avais qu'à faire un site de rencontre'' -ce n'est pas la
lettre mais bien l'esprit-... Sympa pourtant, très nature, écolo, et
ouverte, c'est une de ceux qui est allée le plus souvent au chemin
défriché et qui a sans doute participé largement à son entretien, mais
après -elle ou plutôt ses enfants, très sympas- mais, visiblement
désireuse de rester ''bien'' avec tous, elle a pris soin de mettre une
distance paradoxale avec celle qui avait lancé l'opération de
restauration... qui n'avait pas plu à tout le monde -à dire vrai, à tous
sauf à une seule personne-. Et cependant, très sportive, très
''randonnée'', je l'y ai vue assez souvent avec des clients -elle a des
chambres d'hôtes- qu'elle avait amenés : c'est le seul chemin qui
demeure encore ! Cordiale dans la campagne, distante en public. Mon
péplum y est peut-être pour quelque chose. Elle doit se dire que
décidément j'ai beaucoup d'ennuis et que ça n'est pas de bon augure. Il
convient de mettre un bécarre à une relation si compliquée... même si
elle comporte quelques avantages, ex défricher un chemin et se coltiner
quelques ennuis -minimes-. Passons... Quand tout ira bien, elle me
''verra'' à nouveau. A moins que je ne devienne parano tant j'ai subi en
ce moment. Pas impossible.
La
fête... Mon immense plaisir d'enfant attendu quasiment toute l'année,
et à présent presque l'inverse.... Le bruit, les manèges... Il me semble
pourtant que c'est bien plus calme à présent. Elément un peu
''narcissisant'', et j'en ai besoin en ce moment, de plus en plus de
gens me regardent amicalement, non pour l'affiche puisque j'en suis
assez loin, Hamid ayant mis des tables de restaurant à ma querencia
habituelle, mais parce qu'ils semblent me reconnaitre. [Je le vois ou le
devine très clairement, ils portent les yeux sur moi, puis une fraction
de seconde et leur visage s'éclaire un peu, ils insistent, du coup je
les salue légèrement, ils hésitent... et partent comme à regret.
Timidité, la leur et la mienne également.] De la galerie ? de signatures
ou conférences et cependant j'en ai fait très peu ici ? Ou peut-être de
ce film où on m'a ''intégrée'' malgré moi ou plus exactement sans me le
dire car j'aurais été d'accord, qui me ''pend au nez'' à tout instant.
Comme je n'ai quasiment pas la télé à présent, si ça se trouve, une
chaîne l'a fait passer sans que je ne le sache, comme ''arte'' autrefois
une vieille interview un jour sans doute qu'ils étaient en panne, c'est
C. qui me l'avait dit le lendemain. Naïvement, j'avais démenti:
''non'', impossible... (puisque je n'étais pas au courant, voyons !)
mais des gens d'Anduze avaient confirmé. Il faut dire qu'avant toute
interview, on vous fait signer -sur le plateau, à la hâte, en général
pendant que le maquilleur-coiffeur vous bichonne sous les feux des
sunlights, du coup, vous devenez tout rouge et ensuite il faut vous
poudrer tout le temps- ...des tas de papiers que personne ne lit. On
''abandonne'' son droit à l'image et ''autorise'' toute
''exploitation'' artistique de ce qui va être recueilli à des fins non
commerciales bla bla... (On ne peut pas vous ''utiliser'' pour faire la
promo de pâtes ou de sous vêtements, mais pour le reste...)
La
pétition se remplit à la vitesse V, je n'ai même plus assez de
feuilles, les gens sont obligés de signer au delà des lignes. Les
municipaux sont passés en rang serrés et ont viré vers le foirail, je
redoutais encore le coup de la zone bleue, apparemment c'est fini. Ou
alors ça ne vaut pas pour le soir. Je craignais aussi les gens mornes
derrière leur barbe à papa, épuisés de chaleur traînant tristement
devant les baraques avec des enfants aussi fatigués qu'eux, ce n'est pas
le cas. Il faut dire qu'il fait moins chaud aujourd'hui, on a même
l'impression qu'il va pleuvoir. Ce serait bien pour le plaqueminier que
Robin m'a offert afin de remplacer l'autre mort d'avoir été inondé : les
ouvriers -de l'ancienne équipe municipale- avaient bouché une buse en
bas de chez moi pour éviter que l'eau ne se déverse chez un agriculteur
en contre bas... [le lit du ruisseau qui traverse mon jardin et qui
longe ensuite la route ayant été déplacé sur un tronçon, insuffisamment
creusé et non empierré comme il était auparavant] si bien que cette
partie de mon terrain était devenu un lac, en septembre du moins. Tu
t'endors tu es mort, toujours. Etrangement, les oliviers centenaires
eux, ont résisté, heureusement. Le plaqueminier, c'était Lydie, les
oliviers, Marguerite.
Toujours
le vieux monsieur poli aimable réservé qui vient cette fois avec le
sourire me ''voir'' comme on va voir un monument historique. Hier, il
était revenu gentiment après réflexion me dire ''vous savez, ce n'est
pas grave et toute seule vous n'arriverez à rien... et puis on est tous
un peu dans ce cas, moi aussi, par exemple, je suis endetté..'' Je
l'avais rembarré sec : '' ce n'est pas la question, c'est une question
de justice et on est nombreux à être ou à se croire ''seuls'' face à une
administration... En m'exposant, je montre qu'on n'est pas seuls,
justement.'' Voilà quelqu'un de sincère certes mais qui lui aussi croit
que je mendie en somme son approbation... La passivité incarnée, et
cependant celui-ci semble un bourgeois. Une observation : dans ces cas,
l'agressivité ''soft'' remet les pendules à l'heure. Discuter, tenter de
convaincre en ravalant l'énervement que ceux-là suscitent, c'est les
conforter dans l'idée que l'on s'abaisse, que l'on ''mendie'' et du coup
le faire réellement : une perte de dignité et de temps. Un contre sens
admis de facto. En revanche, si on leur signifie en d'autres termes :
''c'est comme ça, je sais ce que je fais, c'est bon, salut etc...'' ça
les rassure et alors, ils changent d'attitude : l'agressivité étant le
signe qu'on ne leur demande rien, même pas de prise de position, qu'on
n'a rien à leur vendre, ils sont à l'aise soudain. Les marques sont
posées. Ces gens agissant ainsi envers eux-mêmes, leur demander d'agir
autrement envers d'autres [voire envers eux-mêmes car c'est pareil]
constitue une quasi violence à laquelle ils réagissent mal. C'est comme
si on m'imposait de courir un marathon. Paradoxe de certains.
CQFD.
Apparemment il a réfléchi, peut-être est-il seulement lent, et à
présent il veut signer. Je ne le lui ai jamais demandé. Soit.
Un
couple dont la femme est greffière de justice. Ils ont du mal à
comprendre. Sans doute m'exprimai-je mal. Elle travaille dans une
''maison de justice'', je ne sais pas ce que c'est... avec la gauche
dit-elle, tiens tiens, ça, c'est intéressant.. Elle rit : ''Et ils sont
aussi pourris que la droite'', chez elle du moins. Elle me recommande
-bien sûr- un procès. Triple zut, j'ai encore du mal avec ça. Robin le
fait au chiqué, grande habitude familiale, mais pas moi, papiers,
lettres recommandées, avocats... fatiguée. Et puis quand je m'y mets, je
ne peux plus m'arrêter ! Internet, articles, tout y passe.
[A
ce sujet, attention à certains ''forums juridiques'' qui ne sont que
les rabatteurs d'avocats ou de ''juristes'' escrocs, et on ne les
détecte pas tout de suite. Leur principe étant de donner des infos
parfois justes mais d'autre fois grossièrement inexactes et toujours ad
pejorem... afin que le chaland affolé se précipite tout nu tout cru dans
les griffes de ceux pour lesquels ils chassent, c'est à dire
probablement eux-mêmes. Une fois, j'ai cru à une erreur et j'ai
rectifié. Deux fois, décidément, ils n'étaient pas en ''forme'', j'ai à
nouveau rectifié... mais à la troisième, je me suis faite ''rappeler'' à
l'ordre... et interdire de forum ! C'est alors que j'ai cherché un peu
plus avant sur le site : ô stupeur, de la pub, bien évidente pourtant,
pour tel ou tel cabinet d' ''avocats en ligne'' (!) défilant en bandeau
dès l'ouverture de la page d'accueil. Un petit coup de google sur ces
''cabinets'' : tous étaient dénoncés comme escrocs CQFD. J'ai alors moi
même dénoncé le site rabatteur. Internet: un bon flic, pour le meilleur
en le cas.
D'autres
en revanche, et même parfois les premiers pour attirer le client sur
les ''forums'', donnent ponctuellement d'excellentes infos. Il faut
seulement trier, vérifier, re vérifier... Au fond, c'est passionnant
mais cela donne parfois une image terrible de la société. Je me souviens
notamment de ces jeunes (30 ans) condamnés à verser une ''pension'' à
une belle-mère veuve -la femme de leur père décédé- plus jeune qu'eux...
pour toute sa vie.. qui avait également l'usufruit de la maison
familiale ; ils étaient ruinés et définitivement spoliés; pire, une
grande part de leur salaire y passait malgré procès sur procès.
Impensable inconséquence d'un homme âgé...]
Une
discussion un peu ''perso'' avec un couple venu s'asseoir pendant que
j'écrivais dont la femme s'imposa : elle voulait parler. Intarissable
bien qu'intéressante... sauf que son histoire n'avait aucun rapport.
Impossible de l'arrêter. Sagace cependant, et sans illusion. Ce qu'elle
vivait était certes un drame dont elle soulignait la dimension
incommensurable à côté de ''mon'' affaire, grave mais ''pour moi''. J'ai
rectifié, ''pour tous''... elle en a convenu. Elle est finalement
partie en me disant en riant que si la télé venait, elle aimerait bien
être prévenue pour qu'on la voie aussi en arrière plan. Elle veut qu'on
lui rende justice, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. Une triste
affaire familiale.
Mais
un homme cependant a passé carrément la barrière de la dame. Un
monsieur très particulier, un homme d'action visiblement; trois minutes
de discussion, c'est tout, et c'était fondamental, décidément, ça se
dénoue. ''Je connais votre affaire... et ça commence à bien se savoir à
présent... pour tout dire, on en parle beaucoup...'' Ouf. Je ne sais
pas qui il est, tant mieux. Il me fait une proposition intéressante,
c'est la première fois... et c'est la seule à faire d'emblée en effet.
Ca m'a requinquée, après la dame et son drame.
K passe à la fin, tout va bien.
15 août
Le
jour J. de Saint Ambroix... le seul où on sait pouvoir aller manger,
acheter des clops, prendre un café même à 15 heures ou 1 heure, où on se
sent un peu comme à Pigalle, les sex shops en moins. D'ici j'entends la
bruit, la musique foraine, moins forte qu'autrefois pourtant, comme on
dit "ça baisse", même le 15 août folklo avec ses chars, ses manèges, ses
gus bourrés... n'est plus ce qu'il était.
Curieux
spleen ce matin. Le syndrome de la "solitude du coureur de fond" en
somme, ce syndrome qui est réellement "reconnu" à présent depuis "Secret
de famille" (!) j'aurais dû demander des royalties pour l'avoir
découvert, ou plus exactement "identifié" car on ne découvre jamais
rien, il paraît que ça se fait... Et ça m'arrangerait bien en ce moment!
Fichu "syndrome" qui parfois fait que, devant la ligne d'arrivée,
conscient soudain de l'inanité d'un combat, on peine à la franchir : la
bagarre qui va cesser et qui a absorbé toute l'énergie durant des mois a
fini par devenir une seconde nature, une compagne agréable
-l'érotisation d'un combat est nécessaire pour pouvoir le mener à bout-
... et lorsqu'il va enfin cesser, le vide béant angoisse un peu..
Chance, il ne cesse jamais tout à fait mais se transforme simplement, se
déplace. Allez, go !
Différences de cultures
La
fête... les gens attendent les chars. Certains prudents se sont
garés... près de chez moi, à 1 km ! Un gus en voiture avance
péniblement, il y a au moins vingt centimètres de chaque côté mais il
n'ose pas passer...
Je
me gare dans le village, une jeune garde municipale me demande
gentiment ''si je compte rester'' je lui dis non, juste décharger, elle
consent. Je trouve une place vers la gare, pas trop loin... Je
m'installe sur le perron avec mon affiche, relativement discrètement.
Des femmes arrivent excitées avec des gamins qui boudent, ils
préfèreraient les manèges, cris, disputes... J'ai mis mon chevalet un
peu en évidence et je leur propose de le pousser car il gêne la vue,
mais c'est elles qui ''s'excusent'' de me déranger et qui grondent le
gamin assis derrière moi sur les marches qui balance les jambes... ''Tu
déranges la dame, si tu continues je vais aller te coucher''.
Différence
de culture, les gens ici sont extraordinairement gentils, presque trop,
car enfin j'''occupe la voie publique''... C'est bien ce qui fait
illusion. A Paris, je me serais faite disputer. Mais ils auraient lu
l'affiche et l'auraient commentée... voire plus.
Je
me détache des obsessions quotidiennes; les désagréments ne semblent ne
plus me toucher comme avant. Je ne retrouvais plus mon téléphone ni mon
porte monnaie -il y a ma carte bleue dedans- cela ne m'a nullement
inquiétée, j'ai dû le laisser au Ranquet, c'est tout. On s'habitue au
stress qui remet les choses à leur place. Ainsi après les inondations
mes locataires galeristes ultra maniaques ne se sont plus souciés des
consciencieux pipi de mon caniche aux quatre coins de leur beau cagibi
tous les matins, source d'innombrables ''observations'': ils n'avaient
plus de cagibi, mais un tas gluant infect de boues et gravats... sur
lequel, plus que jamais fidèle au ''poste'', le petit chien affairé
levait la patte à tour de ''bras'' pour ''couvrir'' le plus vite
possible des odeurs étrangères.
Passe
l'inévitable, THE mimitant (je laisse le lapsus, c'est ''militant''
bien sûr) qui lit et m'annonce qu'il fait partie d'un comité anti
chômage que je dois contacter d'extrême urgence si je ne l'ai déjà fait,
''il'' a occupé la bourse du travail... en 2003, il me raconte...
brièvement parce qu'il veut voir les chars tout de même... OK je vais
les appeler en effet... mais il précise qu'ils n' ''ouvrent'' pas avant
septembre!! Je me marre. Il me recommande alors chaudement le député
Bidile-qui-fait-tout-pour-tous... que j'avais déjà contacté et qui
n'avait jamais même daigné prendre l'appel... Pas grave, mais JB, pour
le foyer de jeunes travailleurs menacé de fermeture l'avait
littéralement harcelé - elle le connaît fort bien, il a été son
étudiant- : en vain, il n'a jamais levé le doigt pour sauver les 70
immigrés. Ca s'était terminé assez ''hard'' ("fils de pute")... et les
types ont effectivement été jetés dehors. C'est ce que je tente de dire
au ''mimitant'' - encore faut-il l'empêcher de me couper sans arrêt-...
qui me répond doctement que ''sur ce point, il ne peut me fournir aucune
information'', comme si j'en requérais. ''Mais je ne vous en demande
pas, je vous en donne..'' ... "D'accord mais ça dépend, Bidile peut être
excellent pour les coupures d'eau et d'électricité...'' !! ''Comme tous
les militants et de surcroît à un haut niveau, il cherche des
clients... les immigrés peu vendeurs sont passés aux pertes, comme
moi.'' Je croyais l'avoir ulcéré, mais non, je connais JB alors
forcément... il signe la pétition en expert.
Pourquoi
ont-ils tous ce ton scandé, gentil mais docte, répétitif, coupant tout
le temps la parole aux gens, cette allure négligée, rouge et cette
impudente innocence ? Celui-ci me cite pour finir une phrase -qui ne
veut strictement rien dire- du ''Che'', son héros, un ''très grand
philosophe''... la répète avec délices -car j'ai dû avouer que ''je ne
la comprenais pas''- et il menace de me l'expliquer (''la philosophie,
c'est un peu dur -affirme-t-il, modeste- mais j'ai beaucoup lu le
Che''-).. J'ai été sauvée in extremis par le gong. Les chars arrivaient.
Bruit infernal.
Les
gens passent, peu m'abordent, il sont occupés par la fête. Je m'en
fous, je voulais juste être là. Je préfèrerais être à la maison.
Et
puis finalement une bonne surprise, le panneau que je croyais volé
-c'est une assez belle planche- a tout simplement été déplacé plus loin,
visiblement par des gens qui voulaient qu'il soit plus en évidence !
C'est D. qui me l'annonce à sa manière un peu brute... Drôle de gars,
intéressant +++, presqu'un ami, mais sous des dehors bravaches, un
pleutre totalement égocentrique. Il reste qu'il est d'un apport
intellectuel fondamental, un personnage comme je n'avais jamais vu avant
et qui ne se conçoit pas ailleurs qu'ici. Il a sans doute dû faire de
la prison : les gars en sortent brisés, solitaires, effrayé par leur
ombre et en même temps imprévisiblement agressifs, le plus souvent.
''Ils
devaient être bourrés, évidemment...'' dit-il de ceux qui ont déplacé
le panneau, sans observer qu'ils l'ont justement apposé là où il était
bien plus visible. Pour tout ce qui ne le concerne pas, il ne daigne
jamais exercer son intelligence pourtant redoutable, si bien qu'il se
fourvoie pour tous... sauf pour sa propre introspection, au contraire
particulièrement fouillée, digne d'un psy pointu ou d'un philosophe. Les
autres au fond ne l'intéressent pas, ce qui ne l'empêche pas d'être
relativement sympa. Génial, je récupère le panneau. J'ai donc ici des
''amis'' inconnus, discrets et efficaces car ce n'est pas la première
fois que cela arrive. Ca me donne du courage.
La
technique: de plus en plus, des gens sortent leur appareil photo pour
prendre l'affiche et le blog avec. Plus de stylo, juste le numérique.
Certains surfent directement.Plus de paroles non plus.
Un
peu triste aussi : la jeune et belle serveuse qui s'était souciée de
moi ("où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" avait-elle
demandé un jour où je m'étais installée dans la petite salle où personne
ne va) a quelques ennuis. Etre saisonnier n'est pas le pied. C'est la
plus sympa, la plus ouverte et la plus intéressante de tous. C'est
peut-être pour ça.
Et
une rencontre pour finir, le plus importante peut-être: le maire d'un
village pas très éloigné. Extraordinairement féconde à tout points de
vue. Sans doute décisive. Le moral soudain... Et la fatigue aussi.
Lundi 16 août
J'arrive tard, les blogs à corriger... vérif des visites, messages etc...
Une
rencontre avec deux femmes d'Arles qui signent la pétition. Que c'est
facile avec ceux qui ont ''le net''... et combien les autres se
sentent-ils exclus ! Deux ''castes'' se forment: ceux qui peuvent être
informés au jour le jour, et ceux avec lesquels il faut passer par le
direct, les discussions devant l'affiche, les explications -parfois
longuettes- etc... Et encore ! Jojo qui pourtant a le ''net'' -mais il
le manipule mal- et qui me soutient depuis le début... vient juste de
''découvrir'' l'affaire (!) en venant à la maison et en observant que le
mur était REFAIT. Malgré nos discussions, il n'avait pas saisi : il
faut à certains le REEL, la vision directe de la chose pour que
l'intellection se mette en marche... et cependant c'est son village et
c'est à un jet de pierre de chez lui. On est tous un peu ainsi, mais là
tout de même. Cela explique qu'il ne s'intéresse pas à la Tchétchnie: ce
n'est pas parce que ''c'est loin'' mais c'est parce qu'il ne la
''voit'' pas. La rue Désiré lui semble aussi éloignée de la place de la
mairie que Grozny de Moscou... et pas beaucoup plus ''distante'' que la
Russie. La distance est dans la représentation réelle de la chose à
partir de ce qui en est dit. Pour certains, la parole ne ''signifie''
pas [elle est insignifiante] ou plutôt ne ''représente'' pas [c'est une
image vide]. Dire ''ma maison se démolissait'' n'est rien ; la voir
démolie est tout.
C'est
peut-être la raison pour laquelle ''on'' répète beaucoup [une chose
dite une seule fois ne compte pas]... ou que les gens parlent parfois un
ton trop haut [un événement exposé à plat n'est pas réel et ne saurait
être dramatique]... ou gesticulent : le geste est parfois déclencheur de
la représentation donc de l'idée. Il faut donc y aller à coup de
marteau. Cause ou conséquence ? ce sont les gens les plus démunis à qui
il ''en'' faut le plus. Et justement Jojo est dans une situation très
difficile. En fait, il m'a ''soutenue'' par simple et directe amitié, de
confiance : ceux pour qui la parole ne dit rien remplacent la réflexion
par la foi. Ils ne ''pensent'' pas, ils s'alignent. Ca peut tomber
bien... ou mal. Une simple question de hasard ? Non, pas pour lui : il
juge par les actes, signe d'une certaine sagesse. Je n'ai jamais
forfait, je n'ai pas de casseroles = je suis ''bien'' : dans un combat,
il sera ''avec'' moi et fera ''siens'' mes ''ennemis''. Malaise tout de
même. Certains peuvent aussi ''juger'' par la famille, ce qui est
profondément injuste. Ma famille est ''bien'' donc je suis ''bien''.
Qu'il
est confortable de voir quelqu'un surfer directement et venir déjà
informé signer. Du coup, on privilégie forcément ceux-là et on blesse
injustement les ''autres''. Les deux jeunes femmes me disent que j'ai du
courage : sympa -mais inexact-. L'une d'entre elles a vécu [mais au
travail] une situation qui hélas me parle et me touche : ayant aidé une
collègue à attaquer le patron aux prudhommes [elle a gagné]... elle a
ensuite été harcelée par celui-ci avec l'aide de la femme pour qui elle
avait ferraillé, liguée avec le boss qui tentait de la faire virer pour
''faute''. Ca me rappelle quelque chose.
Un
couple toulonnais... ils lisent, lui surtout, fort attentivement, j'ai
cru qu'il était prof, mais non... La conversation est si longue que je
leur propose la pétition, mais ils veulent surfer avant. Puis, lui me
dit avoir une sciatique, je lui donne le truc de la planche [voir le
net] et leur parle des blogs et du succès de certains, en précisant
qu'il faut ''enlever'' les visites -en masse- du Kurdistan...
Et
là, un événement stupéfiant : la conversation dérive sur ma visite et
la manière émouvante dont j'ai été reçue, mon épuisement après l'avion
de devoir répondre aux questions de tous accourus pour me voir, et en
anglais etc... et la réflexion comique de Saar qui demande à sa femme
[elle observe que je suis claquée, qu'on me laisse aller dormir]... de
''me faire un café bien fort'' [mes yeux se ferment par moment] il avait
tant à me dire encore sur ses combats etc (!) ... ET EXACTEMENT AU MEME
MOMENT, LE TELEPHONE SONNE : C'EST LUI qui, à 1000 km, a l'air de
vouloir s'introduire dans la conversation !!! Ca arrive parfois, surtout
avec Saar, à des moments particuliers. Un signe sans doute. De quoi ?
Toujours
les mêmes histoires aux troquets : des saisonniers exploités,
renouvelés tout le temps, heures sup non payées etc... mauvaise
ambiance, on le sent. Déçue de la part de certains, quoique j'ai eu
quelques info significatives à ce sujet de la part de gens... cependant
assez peu fiables... Croiser l'info, bon, là elle est en train de se
croiser.
Le
monsieur au "respect" [voir le blog précédent] passe, sourit, et me
dit: "respect", justement ! Je râle un peu : "qu'est ce que ça veut dire
? Dire je vous respecte c'est dire une évidence* etc..." Mais
visiblement il a lu mon post-réponse (?) et il rectifie : "ça veut juste
dire que vous vous débrouillez bien avec l'ordi." Donc "félicitations"
OK. Décidément, je ne "parle" pas pour rien, ça c'est bien! Je ris.
*
Il m'avait reproché un post, depuis enlevé, en me disant "je vous
respecte, moi..." et j'avais observé que préciser une chose aussi
évidente était hautement suspect : c'était supposer qu'il pourrait ne
pas le faire ou en tout cas se placer dans une position telle qu'il
m'accordait OU NON le "respect"... C'était comme dire "je vous laisse la
vie" etc...
Pas
grand monde au fond si je compare avec mes souvenirs d'enfant -je ne
vais jamais à la fête depuis la mort de Marguerite qui ne l'aurait ratée
pour rien au monde...- à moins qu'à présent, j'évalue différemment le
nombre de gens ?
Saint Thomas
Un
cas : un Saint Thomas, la cinquantaine sonnée, arrogant -ingénieur des
mines me dira-t-il lorsque je le lui demande-... qui ''ne croit pas''
mon histoire... ''c'est trop énorme, voyons''... Le fait est. Je lui
montre la facture, par chance, je l'ai. Il le ''croit'' puisqu'il le
''voit'' mais ''voyons c'est une erreur''... Ca oui ! ''Et que dit le
maire?" Je ne réponds pas, tanquée. "Parce que tout de même, le maire...
C'est une personne morale, pas un quidam comme vous etc"... Il suffit
de... en somme... Car vraiment, "il ne comprend pas et ne peut croire...
etc..; une erreur, vite réparée.. voyons noyons..." (je laisse la
coquille)... Je me suis énervée. C'était sans doute son but : abruti à
ce point, ça ne se peut pas. Il part en riant bizarrement. Un "asperger"
borderline obsessionnel de l'ordre et de la hiérarchie ? Ca peut se
trouver parfois, chez les matheux, les juristes ou les policiers. Ou un
homo refoulé viré misogyne intégriste ? Plus rare, et rien à voir avec
les matheux, mais... Ou les deux ? Mystère... Rare, unique tout de même.
Malaise. Il est parti croyant -ou feignant de croire- que je mentais...
en précisant "400 euros, mmm..." J'ai rectifié "non, 4000"
[discalculique? ça se trouve même chez des matheux] et il m'a répondu
dans une veine très kantienne que "la somme ne changeait rien" en quoi
il n'a pas tout à fait tort.
Et
puis à nouveau, une autre face de la vie : un copain retrouvé que je
n'avais pas vu depuis 30 ans. Il ne vit pas ici et ne vient que très
peu. Comme moi avant. Il n'a pas changé, sympa, agréable, positif, et
snob. Le temps s'est arrêté.
Pas
une très bonne journée en somme malgré les deux arlésiennes. Ca arrive.
Je pars vers 1 heure après le feu d'artifice -qui coûte combien?-... et
arrivée chez moi, trouve ma serrure bloquée. Quelqu'un a-t-il essayé de
la forcer en vain ? culotté, avec les chiens derrière. Je tente de la
débloquer : impossible. Je passe par l'autre porte... mais le couloir
est fermé et la clef est engagée. Impossible de la faire tomber.
Démontage, un jeu d'enfant... mais repousser cette foutue clef, niet...
sauf que le bout apparaît au fond, très visible... et après une dizaine
d'essai avec une petite pince coupante pointue... miracle, un clac et la
porte s'ouvre. Tout va bien. J'y ai mis 2 heures, et avec les phares
pour la partie extérieure du boulot. J'avais appelé J et K mais ils
étaient à la fête sans doute. Pas mécontente finalement d'y être arrivée
seule.
C
me dit ce matin que "j'aurais dû l'appeler", je le rembarre, les
discours "taraf" [mot iranien qui signifie "formels" ou "qui proposent
quelque chose que l'on sait impossible"] raz le bol, il encaisse, le
pauvre.
Mardi 17 août
C'est
mardi. Dans la boîte, une lettre retransmise... j'en parlerai ensuite.
C'est une copine -que j'avais un peu aidée autrefois- qui, briefée, me
tacle. Soit. Encore une illusion perdue. J'appelle son ex mari, il ne se
montre pas étonné, il m'avait déjà dit qu'elle était ''comme ça'', je
ne l'avais cru qu'à demi, la rancune d'un homme plaqué sans doute... Il a
donc raison ad pejorem. Soit. Cela n'a aucune importance pratique mais
psychologique. Elle a donc ''cru'' les avanies distillées par celui qui
l'a briefée et le dit naïvement, ce qui est une bonne chose car on voit
ainsi comment ça s'est passé ! Et ça la dédouane un peu : sotte et non
perverse. Vais-je devenir comme F. qui tient à bonne distance ''ces
gens-là'' tout en maintenant avec eux des ''relations'' légères, bien
dosées a minima... petit sourire rapide lorsqu'elle ne peut faire
autrement, par exemple lorsqu'elles se rencontrent au supermarché et
vite on passe... car F. malgré tout, mange aussi... et l'inconvénient de
devoir faire ses courses est d'avoir parfois à côtoyer la ''gentuzza''
[encore qu'en général elles ne vont pas aux mêmes endroits.]
Volontairement,
je ne veux pas aller devant la mairie ce matin. Il y aura sans doute P
et je veux me débrouiller seule, comme pour la serrure. Orgueil mal
placé ? peut-être. Mais où le placer au fait ? Ainsi n'aurais-je pas à
remercier un politique. Je commence à m'endurcir. Est-ce un bien ?
Peut-être.
J'ai
vu Mme B. qui m'a saluée comme d'hab. Au point où ça en est avec les
''mimitants'', je m'attendais presque à ce qu'elle m'ignore. Peut-être
ne s'agit-il que du déchirement de quelqu'un qui a espéré une mairie de
''gauche'' depuis 64 ans. Il est difficile de consentir à perdre ses
illusions, surtout à 78 ans. Et cependant, mon histoire ne dit rien de
précis sur la ''gauche'', seulement que ceux qui se disent tels ne le
sont pas, et ceux qui se disent de ''droite'', non plus parfois. Mais on
préfère toujours avoir des amis que des ennemis, évidemment, surtout
s'ils sont maires. Je deviens de plus en plus dure c'est à dire lucide
tout simplement, mais sans -trop- d'amertume.
Une
rencontre aussi, intéressante ++ : un Monsieur qui me dit que mon
attitude lui semble démesurée. Une grève de la faim pour ça ? Il ne
comprend pas. Sans doute n'est-ce pas compréhensible ; il me cite Bobby
Sands et là, j'embraye : Bobby a fait la grève de la faim parce qu'on
les obligeait à vivre dans leurs cellules comme des bêtes et notamment
qu'on les empêchait de se laver. On peut aussi dire -peut-être- que
c'était démesuré, après tout, on peut vivre sale... Je crois que là
aussi c'était -en bien plus grave bien sûr- une question de dignité. De
justice aussi, comme pour moi. Pour quoi est-il légitime de faire une
grève de la faim? Difficile à apprécier de l'extérieur. En gros, c'est
lorsque l'on juge avoir été gravement bafoué dans son être quelle que
soit la manière dont on l'a été et qu'on n'a aucun autre moyen de se
défendre, du moins dans l'immédiat. En effet, j'ai jugé que mon affaire
le méritait, à tort peut-être. Il me dit que lui effectivement a la
chance de ne pas avoir de problèmes, il vit dans une maison isolée, n'a
pas de voisins, une retraite etc... et avec la mairie -les Mages- tout
baigne. OK. Sans doute les didascalies pourraient-elles être inversées,
je pourrais être lui si moi aussi je n'avais subi ce que j'ai subi, et
lui, moi. Le hasard, un ''bob'' (je laisse la coquille) hasard.
Ici,
tout ne baigne pas, on est dans la zone. Il repasse et me dit qu'il n'a
pas le temps aujourd'hui, la conversation l'a intéressé lui aussi et il
reviendra demain. Je lui donne les blogs. Une observation : ce qu'il me
dit et que j'admets tout à fait, m'a déjà été dit mais d'une autre
manière et je ne l'ai pas admis. Réflexion de qui cherche réellement à
comprendre d'un côté et de l'autre, malveillance et tentative de
culpabilisation et de déstabilisation, ça fait toute la différence. Mais
peut-être est-ce simplement relié au fait qu'il est intello -donc a les
mots et le ton- tandis que la personne qui m'avait accablée ne l'était
pas... N'est-il pas injuste que j'aie accepté d'un ''pair'' ce que j'ai
violemment rejeté d'une autre? Ce qui est important dans le discours,
c'est ce qu'il ne dit pas : d'un côté j'ai "entendu" une certaine estime
troublée et interrogative ne demandant qu'à être éclairée, de l'autre,
la rage et presque la haine. Je ne sais pas : peut-être me suis-je
trompée. Je m'en veux peut-être a posteriori vis à vis de
"cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout." Quoique...
D,
légèrement handicapé, me dit qu'il est fou amoureux; bien ! C'est une
femme qu'il a rencontrée dans un magasin, celle qu'il cherchait depuis
toujours. Quelques secondes à peine. "Ca m'a fait comme un choc
électrique -dit-il- comme si dans ma tête tout éclatait, comme si je me
régénérais".. Il est si heureux, son visage s'éclaire. "Alors, tu la
vois à présent?" ..."Non, je ne l'ai vue qu'une fois mais ça a changé
toute ma vie"... "Mais tu ne l'as jamais revue ?" ... "Non, jamais
depuis"... "Et ça fait longtemps?"... "Oh, six ans"... Je songe qu'elle
ne doit même pas savoir ce qu'elle a déclenché, qu'elle ne l'a sans
doute même pas "vu", lui... Quelques secondes...
Momo
ferme, je termine. Journée moyenne en somme... Les manèges sont partis
d'un coup : comment trouvent-ils l'énergie de tout déménager constamment
? Plus personne soudain. Quand j'étais gosse, devant la tristesse et le
vide qui suivaient leur départ, je rêvais de les suivre -je voulais
être trapéziste et m'entraînais pour cela-. Au fond, à Paris, j'ai
trouvé un ''15 août'' permanent, ça doit être ça...
Mercredi 18 août
Rencontres encore... beaucoup, mais moins qu'hier.. des gens d'"ici" que j'avais aussi perdu de vue, pas mal...
Et
surtout deux : un monsieur des Mages [village avoisinant]qui pige au
quart de tour, agréable, enfin ! Il pense -et a peut-être raison- qu'un
adjoint a fait la "boulette" intentionnellement, le maire serait dépassé
par une tache trop lourde pour lui et en effet ne "verrait" pas tout
passer. Possible, mais ça ne change pas ma position. Je lui donne les
blogs.
Et
un jeune avocat -en vacances- qui -forcément- milite pour un procès...
auquel je répugne encore, et se propose de me défendre gratuitement tant
il est écoeuré. Ca met du baume au cœur, dommage qu'il ne soit pas
d'"ici"... et qu'aucun d'"ici" ne se soit intéressé à l'affaire, en "or"
selon lui.
J'ai
arrangé l'affiche, maintenant, je suis rodée, j'ai le "chevalet"
bricolé, assez classe, et je peux aussi porter les panneaux devant -et
derrière- moi, ils sont légers, ce sont des toiles... que je compte
bien réutiliser lorsque l'affaire sera finie : femme-sandwich je suis
devenue. Les gens lisent mieux que sur le péplum. Et on ne peut pas les
enlever... ce qui a été tenté deux fois pour celles apposées devant la
mairie, par l'adjoint estois et par le maire. -Ils l'ont seulement posée
sur la tranche par terre derrière l'escalier-.
Simple
mon cher Watson : je les mets sur moi et n'ai plus qu'à m'asseoir à
l'endroit où l'une était posée... et là, il faudrait alors m' "enlever"
moi-même avec le panneau, ce qui est difficile à réaliser.. mais pas
impossible. Gaminerie... si on veut. Mais pas seulement.
Les
copains ont débouché les écoulements, ouf, on peut presque se laver rue
Désiré, mais avec un filet d'eau seulement. En fait, il a fallu percer
pour faire d'autres évacuations, celles d'origine étant définitivement
HS par la faute des maçons de P.. A présent, il va falloir repeindre les
murs et les plafonds d'en bas, qui ont bu toute l'eau déversée du
lavabo-évier du premier... avec la soude que C. avait mis dans les
tuyaux...
Pour que ces histoires n'obèrent pas l'horizon, un blog sur le génocide des "roms"... qui a eu un succès immédiat:
http://tziganes2.blogspot.com ...
et
une réponse d'une amie qui souhaite rattacher l'affaire à la région. En
fait, ce nouveau blog y est directement relié... très exactement à mon
"affaire", plus "local" ça ne se peut pas. Voici ma réponse à Isabelle
Jouve.
"Si
j'ai fait et envoyé partout ce blog, c'est parce que nous avons ici
justement des roms qui viennent d'arriver... vêtus à la roumaine pour
les "anciens", très "couleur locale", forcément un peu décalés... et
qui vivent dans des conditions à la fois précaires comme tous leurs
frères... et aussi quasi "luxueuses" ! Je m'explique : on leur a
attribué [semble-t-il que le maire y ait été "obligé" ?] une ancienne
filature récemment rénovée -sans doute grâce aux subventions qui
obligent les proprios à louer au tarif HLM quelques années- mieux que
confortable, terrasses sur la rivière, balcons-loggias voûtés etc... le
tout parfaitement restauré... ce qui a généré un racisme évident, y
compris de la part de gens tout à fait nickels d'habitude... ça, c'est
ce que je ne dis pas dans mon blog (http://aujourlejour2.blogspot.com).
Autrement dit, des gens qui ne sont jamais "ainsi" [ô le détour
littéraire!] tiennent parfois sur eux des propos... racistes. Un passage
de ce blog [ceux qui suivent verrons bien lequel] est à lire à cette
lumière. Et là ma "réserve" me dessert, tant pis [foutue solidarité
"politique" que je romps ici... à demi.] Ce blog, peut-être vais-je le
modifier. Biz. Hélène."
C'est fait. Avec les précautions d'usage : il s'agit d'amis.
Jeudi 19 août
Jour
J. moins 1 pour Gérard qui arrive le 20. Bonne journée, le blog sur les
tziganes marche bien... d'où réveil aux aurores, je veux dire vers 10
heures. Des félicitations, du coup, j'ai rajouté ce que j'avais shunté :
la réaction, rien moins qu'amène -et je suis sympa- de certains ''gens
de gauche'' contre les roumains... Parmi eux, une femme d'un certain
âge, belle et imposante, visage légèrement tatoué, vêtue
traditionnellement -turban bleu et ample saroual- une belle allure,
particulièrement ''visible''. J'ai parlé avec elle, je la trouve
agréable mais son port de tête, ses manières un peu hautaines peuvent la
faire passer pour arrogante. C'est visiblement la chef, la matriarche,
celle qui s'exprime le mieux en français et qui gère : elle protestait
parce que la mairie était fermée un mardi après-midi, jour de marché et
ma foi elle n'avait pas tort.
Discuté
avec le copain qui apprécie mes blogs... sur l'homosexualité. Il vit
mal que des femmes... se préfèrent en somme à lui, un grand classique.
Qu'un homme soit plaqué -par son épouse- pour un autre homme, soit, mais
pour une femme, ça ne le fait pas. Je ris. Souvenirs de Patrice... qui
au fond ne s'était jamais remis du coup de foudre de Claire pour
Piera... pour qui elle l'avait quitté en trois jours, malgré la vie
bourgeoise, les enfants, le travail... toute la petite existence
douillette qu'ils avaient construite à deux et qui lui semblait
éternelle. Je lui dis qu'on est tous -à mon sens- plus ou moins bi
sexuels, et lui précise que j'ai été amoureuse... allez, six fois
sérieusement dont deux fois de femmes -sans qu'il ne se soit rien passé-
comment me classer, comme tous ? Il s'épate. C'est la première fois que
quelqu'un s'exprime ainsi, c'est si simple pourtant. [Et si j'analyse,
mon amour d'adolescente pour Anne était le plus violent de tous... amour
dont ni elle ni moi n'avions conscience qu'il était bien un amour... et
non une amitié. Nous ne nous sommes jamais même touchées.] Les mecs ne
comprennent pas cela : en va-t-il de même pour eux ? Le refoulent-ils
plus profondément ?
C'est
enfin débouché en bas, re ouf. La galerie prend tournure, il ne me
reste plus qu'à avoir l'eau... Des gens sympas, voire plus,
formidables... des marcheurs: le mois de septembre attire les sportifs
et les randonneurs. Je leur indique le chemin de la Roque, avec un petit
doute : y a-t-il encore ce foutu panneau qui l' ''interdit'' ? Quand on
pense que P. ou l'adjoint disaient que les riverains "attiraient les
touristes", et qu'à présent on hésite à envoyer des marcheurs dans ce
lieu magique de crainte qu'ils ne se trouvent nez à nez avec l'écriteau
foireux. Un jeune de l'Est qui s'étonne -poliment- de l'état des rives
du Graveirol, l'affluent de la Cèze, il est alsacien, en somme... Il a
trouvé des pliants au bord... Je lui réponds qu'on est dans le midi et
qu'il m'arrive ou plutôt m'arrivait de laisser mon maillot de bain à
sécher sur des branches à la Roque, certes chez C., mais au bord de la
rivière, une manière symbolique aussi de signifier que ce chemin était
fréquenté. Je lui parle des ''Lettres à Lydie'' et du livre ''Un homme
de trop''... ''Une femme de trop'' étant le titre du livre-blog (même
texte que ceci mais sans les images). http://unefemmedetrop.blogspot.com
C'est la fin de l'été... un été finalement dur, très, mais intéressant que je ne regrette pas.
Un
phénomène intéressant et surprenant que je n'avais jamais observé -du
moins avec tant de régularité-, les gens, souvent ceux qui ont des
enfants petits avec poussettes, s'arrêtent tous et lisent, parfois même
assez longuement -l'affiche est nickel-... discutent entre eux.. et
lorsque je m'approche pour leur donner l'adresse des blogs -sauf deux
cas-.. filent même s'ils ont eu l'air furtivement de chercher où se
trouvait l'auteur du dazibao. Ils doivent avoir faim sans doute? Ce
coup-ci, je les ai plantés. ''OK bon appétit''. Etonnant. Je suis
habillée ''normal'' pourtant, enfin je crois, ni trop ''classe'' ni trop
''crade''. Et j'ai pris ma douche avant de venir.
Cela
doit provenir d'un phénomène de ''masse'' : dans un groupe compact,
l'ensemble réagit toujours ''a minima''... ou quelquefois en suivant un
leader. Le groupe, comme le couple, veut demeurer en lui-même, cohérent,
auto suffisant... et l'imprévu ou tout ce qui peut générer un clivage
-les uns lisent, les autres attendent avec impatience- est banni. ''On
circule''. "On a décidé d'aller au restau, on y va, point"...
''Dépêchons, les enfants sont fatigués''. Tout activité est soumise à
approbation et donc forcément encodée, "rigidifiée'', a minima. C'est
pour cela que je n'aime pas ces vacances ''entre couples'', en groupe...
Combien avais-je été mal à l'aise lorsqu'on devait amener des amis
parisiens visiter qui la bambouseraie, qui le musée du Désert...
Chez
Momo où j'envoie... Un gus ivre -ou mieux- s'en prend à moi, trois
secondes -simples propos grossiers, rarissime ici- je passe vite fait
vers l'intérieur où je peux brancher l'ordi... mais apparemment il
s'"attaque" ensuite à un autre encore, puis encore un etc et la jeune
barmaid s'en sort magistralement : elle lui demande de partir, avec
suffisamment de fermeté mais sans agressivité, juste ce qu'il faut, il
renâcle un peu et finalement s'exécute.
C'est
alors qu'un ''Monsieur Bons-offices" de comptoir joue sa partition.
Prétérition doucereuse -il assure en préambule ne pas dire... ce qu'il
dit juste à la suite-... "il ne va pas prendre position car ça ne le
regarde pas mais... il s'étonne tout de même de voir Tutu dans cet état,
il doit avoir une raison et une bonne car il le connaît bien et jamais
jusqu'alors etc''... sous entendu la barmaid exagère... Elle rétorque
qu'elle n'est pas psy et qu'il s'est montré agressif et grossier donc
n'a rien à faire dans le bar... et là, ravi, il en remet une couche :
''en effet ça ne le regarde pas mais ça l'embête tout de même pour Tutu
qui est certes "chaud" mais faudrait savoir pourquoi..." Elle le coupe,
agacée "bon alors si ça ne vous regarde pas, c'est bon !" Et sans
désemparer, il reprend, mielleux: ''d'accord, il ne va pas se mêler de
ça, mais il faut de la patience dans ce métier, il sait ce que c'est car
il a tenu un bar... " Elle rétorque, de plus en plus exaspérée... et
là, satisfait -il a ce qu'il voulait-, il observe, cherchant autour de
lui quelques supporters... que ''si elle s'énerve comme ça, c'est
qu'elle n'est pas faite pour ce boulot où il faut beaucoup de... bla
bla... et savoir supporter les gens etc''..
Il
aurait pu se trouver quelque énervé qui le soutînt mais non: pas de
chaland pour l'approuver et mettre à mal la jeune femme déjà poussée à
bout... Avec sa manière d'attiger en faisant mine de vouloir calmer le
jeu, il est plus pervers que le pauvre Tutu [que
"cette-facture-sera-payée" bise volontiers]. Il me rappelle CH, une
ancienne élève devenue Maire de V. (!) On sent qu'il jubile de pouvoir
se présenter en conciliateur et arbitre d'un conflit qu'il veut aggraver
pour se poser : plus le conflit sera lourd, plus il aura du large... Il
propose alors d'appeler Momo qui n'est pas là, lui saura résoudre...
l'absence de problème, car ce n'est absolument pas nécessaire : Tutu est
parti et n'a pas l'intention de revenir faire du scandale; dommage,
tout baigne.. Du coup, il part dépité, peut-être pour refaire une tirade
sur la terrasse. J'ai hésité à intervenir et y ai renoncé, car c'eût
été une sorte de ''must'' -je ne lève pratiquement jamais le nez de mon
ordi.- La jeune fille s'en est assez bien tiré. Je le lui dis seule à
seule... et m'en vais. Demain, la galerie sera prête. CH. agissait
exactement de la même manière pour perturber les cours. Une "femme
politique" -c'était sa vocation- qui a relativement "bien" réussi. Il
faut dire qu'elle était tombée dans la marmite toute petite..
Vendredi 20 août
Le copain a tiré le blog sur les tziganes sur papier, pour son ami qui n'a pas le net, un irrédentiste en somme. Il va lire ce soir. Celui-ci me dit qu'il a essayé de parler avec des des ou plutôt un vieux coco pur et dur qui me taclerait parce qu'enfin, c'est une mairie de gauche. Soit, je vois très bien. Il y a des gens qui ne parviennent pas avec assez de souplesse à changer leur fusil d'épaule, ils ont tellement investi dans le parti qu'ils semblent avoir perdu toute faculté de raisonner par eux-mêmes devant un événement imprévu, et ils le sont tous.. Du coup, ils ne bougent pas, plus soumis, il n'y a pas.
Quelques
''supporters'' dont l'un, extrêmement virulent, -je ne lui ai pas
demandé de signer la pétition et après coup c'est très bien- ... me dit à
la fin que ces des coups à voter Le Pen... je proteste, son racisme,
antisémitisme etc.. Il me répond ''que les juifs, il n'y a pas de raison
(?) car ils ne NOUS emmerdent pas'' je lui demande au nom de quoi ils
''le'' devraient, et précise que le "nous" est impropre si je suis
juive -en ces cas, je mens effrontément- et alors il s'insurge pour me
faire plaisir contre les arabes, qui eux, NOUS emmerdent vraiment, ce
n'est pas moi qui vais le démentir. Si, et il me trouve contrariante. A
part ''ça'' il avait tout pigé, parfaitement solidaire etc... Un artiste
en plus, mais anti-net à fond -c'est pour quoi nous avions longuement
parlé- car dit-il, ''cela flique'' les gens. Soit, mais parfois pour le
meilleur. Je lui avais cité le cas de Kobra, sauvée par le net, et tant
d'autres. Lui veut ''juste'' la paix, et en effet le net qui vous
transporte dans des pays pas trop lointains où il se passe de vilaines
choses, dérange. Mais ce n'est pas son problème. Bon, et ça finit par Le
Pen... dommage.
Appel
de Gérard, il est arrivé. Des messages de solidarité, enfin... sans
doute les gens reviennent-ils de vacances, ce qui explique la différence
entre le succès du blog "grevedelafaim2" et le peu de messages perso. A
moins de supposer que la plupart de mes amis ne me lisent pas -inutile
puisqu'on se téléphone- et que les autres n'osent pas s'introduire dans
les blogs. Ou que blogspot dysfonctionne.
Un
entre autre de Nelly Uzan qui va faire un film mais ne me dit pas
lequel, dont elle sera l'actrice principale, décidément la philo mène à
beaucoup plus ou moins qu'elle même... Normal. Exemple : le "jeu"
d'Helena Bonham dans le rôle d'Anne Boleyn, est extraordinaire de
finesse, d'ellision, d'intelligence : ni trop ni trop peu, après tout,
on ne sait pas grand chose du personnage. Une intrigante, oui, une
intello, c'est certain, une "garce", pas sûr, elle fut peut-être un pion
d'Henry VIII, une fanatique protestante, qui sait... sans doute fut-
elle tout à la fois, échelonné dans le temps de sa courte vie... Helena
Bonham rend parfaitement cette ambiguïté. Or j'ai appris récemment
qu'elle avait fait philo avant de devenir actrice, comme Nelly. Qui
va-t-elle incarner ? Il me tarde de voir.
Et
la page de la Marseillaise sur les roms d'Isabelle Jouve, je file la
lire avec impatience... et "occuper" comme d'hab le parvis de la mairie.
[C'est excellent, du coup je fais un rajout sur le blog
http://tziganes2.blogspot.com]
Rigolo
et touchant : le copain de la galerie m'a demandé carrément TOUS mes
livres, je suis impressionnée; va-t-il lire l'ensemble ? Une expérience,
on va bien voir. Ce serait beau qu'un autodidacte y parvînt, une belle
gifle à l'éduc qui l'a exclu. Il y a des collègues -rares mais...- qui
sont nuls, si ça se trouve, il est mal tombé plusieurs fois de suite et
s'est cru inapte lorsqu'il était seulement malchanceux.
Et
une note triste pour finir, un jeune artiste -connu, parfaitement dans
la norme, rien à lui reprocher, propre sur lui, poli, cultivé et qui vit
fort bien de son art, le cas est rare- qui, devant les difficultés
qu'il rencontre ici, va peut-être repartir. Généreux, il voulait
"donner" comme il dit. Il a été reçu. La question se pose: pourquoi des
gens de "talent" -pour faire simple- qui ont quelque chose à apporter à
un village qui se meurt sont-ils rejetés quand ils pourraient rendre le
pays vivable -y compris sur le plan économique- tandis que sont
subventionnés des affairistes qui ne cherchent que le profit à notre
détriment ? Le business est-il plus rassurant? Il est plus facile de
diriger des gens ensommeillés.
D'autres signataires... le toro piscine ? peut-être.
Samedi 21 août
Un
oubli d'hier : un jeune retraité du Nord à l'accent prononcé, JD.,
quasiment à résidence ici -c'est un sportif passionné de fossiles-, il a
une location à l'année dans un gîte... vient me voir le soir,
apparemment il me connaît et connaît l'affaire. Son proprio l'a-t-il
briefé ? Peut-être. Discret : je ne l'avais jamais vu auparavant. Il
faut dire que sa famille vient de partir et qu'il est seul à présent
jusqu'en septembre, la meilleure période : vélo, randonnée, spéléo,
nature, fossiles, animaux. Ce coup-ci, ''seul'', il me fait la liste de
ce qui dysfonctionne -de son point de vue, intéressant car sur certains
points, je ne réalisais pas-.
Il
n'y a pas de club de randonnée déplore-t-il -en effet et c'est
choquant- et même pas d'indications à l'office de tourisme sur les sites
à voir... Les bords de la Cèze sont inaccessibles ou dégradés etc.. [Je
lui parle du chemin de la Roque.] C'est sans doute la raison
essentielle de sa venue. Il ajoute que les indications données -par la
mairie ? Sans doute qui d'autre?- ne sont pas fiables...
...
et comme pour lui donner raison, pendant que nous parlerons, trois
groupes de personnes viendront chercher désespérément ''le
vide-grenier'', dix en tout... vide-grenier qui a été annoncé -trois,
c'est significatif- mais qui n'a pas lieu... Certains font contre
mauvaise fortune bon cœur et s'en vont résignés au toro piscine pour
faire plaisir aux gosses, mais deux femmes de Bagnols avec des enfants
en bas-âge, venues exprès, sont fort mécontentes. Pour écraser le coup,
je leur parle du Dugas. Question communication, ''on'' se pose là : tous
les panneaux municipaux sont HS, les spots électroniques, blancs, et
l'affichage normal pourtant aisé à remplir, vide. Une page blanche : à
Saint Ambroix, RAS. C'est au point qu'un touriste nous parle d'
''Amboise'', il faut rectifier: ''non nous ne sommes pas à Amboise et il
n'y a pas de châteaux à visiter.'' Un village qui ne dit même pas son
nom... et qui fait passer des communiqués inexacts. Les deux femmes
déçues veulent tout de même aller au restaurant : niet là aussi, Hamid
est fermé pour la restauration le soir et rien en dit que les bistrots
de la rue de la République seront ouverts, il n'y a que Momo -mais il ne
fait que des salades-... ou le camion pizza, qui a installé
sommairement une ''terrasse'' hélas juste au bord de la route. Elles
repartent et je gage qu'on ne les reverra pas de sitôt. A moins que le
Dugas...
JD.
en veut également à l'équipe actuelle à cause de la déviation... dont
il n'est plus question, alors qu'on en parlait depuis si longtemps... et
qu' ''ils'' l'appelaient de tous leurs vœux du temps où ils étaient
dans l' ''opposition''. ''Ils'' ne font pas mieux et même sur ce coup,
plutôt moins bien. Je rétorque qu' ''ils'' ont un lourd passif -et me
voilà encore en train de ''justifier'' ceux qui me font subir ces
avanies, raison de tous ces blogs au départ-. Le village dit-il se meurt
du bruit, des camions qui circulent, de la pollution... dont nous ne
nous rendons même plus compte. Je pense à Bernard qui avait quasiment
refusé de manger aux terrasses, ne comprenant même pas qu'on le puisse
-habitude faisant nature, je le fais tous les jours cependant.-
JD.
déplore également la délinquance, ça, c'est plus banal : il a été
cambriolé, a dû revenir en catastrophe de chez lui pour le constat, 1000
kilomètres, et lorsqu'il est rentré, une lettre l'attendait, laconique:
''sans suite'', ça il l'a mal digéré, 2000 kilomètres... pour rien.
Mais
surtout il signale ce à quoi on pense peu et qui cependant explique
aussi la déshérence du village, ou DES villages en général. Ecolo,
résolument anti voiture comme beaucoup de parisiens qui parfois n'en
possèdent même pas -le métro et les jambes pour les déplacements en
ville... et le TGV ou l'avion pour les vacances suffisent- il vient donc
en train... Or leurs horaires coïncident exactement... avec ceux des
cars. Si bien qu'après 6 heures de voyage, il doit parfois attendre 3
heures à Alès la correspondance. Bilan : 6 heures Lille-Alès... et
presque 4 pour Alès-Saint-Ambroix. Chance, son gîte n'est qu'à un
kilomètre de la gare. Mission accomplie, j'ai tout noté, j'espère ne
rien avoir oublié.
Chaleur
torride, il faut retourner au Ranquet rentrer les chiens qui sont
dehors, certes à l'ombre, avec deux belles niches parfaitement isolées
-si Sylvie voyait ça, c'est quasiment des yourtes- et ils ont un plein
seau pour boire... mais tout de même. Leur laisse coulissant sur un
câble tendu entre deux arbres de 25 mètres pour l'un et 13 pour l'autre,
sur leurs 80 m² d'espace, ils ont tendance à creuser partout... de
véritables trous d'obus afin de se rafraîchir, cherchant désespérément
l'eau, dirait-on. La jolie plateforme devant la maison est devenue un
champs de mines. Ils seront mieux dedans, dans la cave-écurie qui
me/nous sert de querencia en attendant que la rue Désiré soit vivable
-je n'ai pas d'eau, quoiqu'il y ait un progrès, un filet coule,
irrégulier-. C'est presque fini, hélas presque... Fichu pour la
bibliothèque -le voisin s'y est opposé- quoique j'aie l'intention de
faire comme dans beaucoup de grandes villes : un système d'échange de
livres ''sauvage''. On laisse un bouquin sur un banc, quelqu'un en
laisse un autre etc... Etant donné l'abondance, c'est tout Saint Ambroix
qui sera inondé si je m'y mets... Ou bien en vendre ? Pour me faire un
peu d'argent afin d'aménager la galerie ? Je n'aime pas cette idée
-vendre des livres- mais on n'échappe pas à l'argent, ô Bernard, ô
Gérard qui voulez être ''dehors''... ou bien si ''on'' y échappe, c'est
parce que quelqu'un d'autre à votre place n'y échappe pas et tant qu'à
faire, je préfère que ce soit moi.
Finalement
je reste, une dame d'un certain âge -68 ans d'après ce que je
comprends- vient d'avoir un malaise juste à côté de moi, blême, presque
''partie'' à un moment... ses enfants me disent qu'ils viennent
d'Aubenas... avec une voiture non climatisée... [il est à présent 16
heures]... parce que son mari a des problèmes d'allergie ! Elle a déjà
fait deux infarctus. Il leur faudrait deux voitures, une climatisée pour
elle, l'autre étuve pour lui. Ils habitent juste devant l'hôpital mais
ici...il n'y a rien avant Alès et encore... Cela les bloque pour faire
des ballades, même avec leurs enfants. Téléphone assez longuet du fils
aux pompiers... et on leur envoie ceux d'ici qui, après un examen dans
le camion, décident de la conduire à l'hôpital. On est en août et ils
doivent être en service restreint, je crains le pire... Souvenirs d'un
autre mois d'août où Lydie est morte lorsqu'elle aurait pu être sauvée.
Du coup, pas le courage de revenir au Ranquet. Après tout, les chiens
sont à l'ombre et ont de l'eau. Tout à l'heure peut-être.
Enervement
des gens, la chaleur, les gosses crient, les mères aussi, les chiens
tirent la langue... des ''vacances'' pénibles qui cependant leur
laisseront peut-être un bon souvenir après coup, comme la guerre. Mon
affiche est à l'ombre, elle est beaucoup lue... mais je n'ai pas
toujours le courage de me lever pour leur donner mon papier. J'attends
qu'ils viennent. Lydie... il me faut penser à autre chose. Je RESTE. Une
dame passe, me sourit, je la connais mais d'où ? Peut-être une copine
d'enfance. Impossible de me souvenir. Parfois c'est le lendemain que ça
revient.
La
fin août est le mois des chiens, il faut croire, la plupart des gens, y
compris les touristes en ont au moins un en laisse... Parmi eux, depuis
que je suis arrivée, deux ''rott'' impressionnants sans muselière : au
bout de la laisse du premier, un maître idoine, un mètre quatre-vingt,
cent kilos, cheveux raz, ça s'harmonise... mais pour le second, il
s'agit d'une minuscule jeune fille modèle Maï-Linh et là...
Pourrait-elle le retenir s'il se fâchait, car c'est tout de même un... ?
''Un labrador'' coupe-t-elle avec un aplomb de faussaire... Je ris.
Euh... un ''labrador'' qui a une curieuse bobine tout de même, on s'y
tromperait, quoi. Un classique : le labrador n'est pas ''classé'', le
rott si, et certains vétos ne sont pas trop regardants. ''C'est sans
doute un croisé''... nuance-t-elle ''et parfois ça donne des chiens
comme ça''. Soit, je n'ai pas envie de désobliger le ''labrador''...
[qui pendant tout ce temps me renifle consciencieusement les jambes puis
le derrière -et là, rott ou pas, je proteste vigoureusement-] je
n'insiste pas... et le ''couple'' repart, très fier l'un de l'autre, la
petite juchée sur des échasses et le monstre dandinant côte à côte -75
kilos m'a-t-elle précisé avec un orgueil de mère.- Touchant... Une
gitane, m'a-t-il semblé à son accent, qui peut-être vit au ''Daudet'' et
doit se prémunir, avec Minou -car l'hippopotame répond au doux nom de
Minou-, rien risque.
Chaleur...
je vais aller à la piscine peut-être puisque la Cèze est polluée... pas
envie d'un autre staphyllo. Du reste il a plu avant hier, raison de
plus... Non, finalement, les gens arrivent à présent en nombre, ce
serait dommage.
Tutut
est devant moi, nullement agressif aujourd'hui, il a même dû oublier
son ''clash'' d'hier... il est avec d'autres ''gamins'', une petite
bande torse nu en tongs et short multicolore qui revient de la piscine.
Il a l'air d'avoir dix-sept ans -et n'en est peut-être pas très loin- il
picole parfois voire un peu plus si affinités, fait à ces occasions du
ramdam -léger- le soir dans des troquets... et a déjà trois enfants.. A
le voir, on croirait un gosse. Qu'il est.
Comme
en Afrique -et peut-être partout-, ici, chez les ''pauvres'', ce sont
les femmes qui assument tout. Les hommes, peu présents, sont
infantilisés. Un groupe de jeunes, des gitans peut-être, passe, les mecs
baraqués suivant les femmes, dont l'une en tête, très frêle, conduit
une énorme poussette archaïque où s'agite un beau bébé noir rieur. Elle
lui fait escalader le trottoir péniblement... et c'est alors que quelque
chose dans l'engin craque, plus moyen d'avancer... elle se baisse,
regarde : une pièce de fer solidement rivée harponne à présent le
bitume. Elle tente aussitôt de la tordre ou de l'arracher... mais le sol
étant en pente, il faut coincer la roue... et le frein ne marche pas...
Elle essaie alors de la bloquer avec son pied pendant qu'elle tire sur
la ferraille... mais dans cette positon, n'a plus de portée... Elle est
penchée, ahane -l'autre femme a toutefois réussi à bloquer la roue avec
sa propre poussette-, en vain... En sueur, elle cherche alors à enlever
l'écrou avec, en fait de tournevis, une clef de voiture... et ses
ongles... et au bout de quelques efforts épuisants, y parvient enfin...
Et la voilà qui brandit en riant le tube tordu... Pendant tout ce temps,
aucun des deux hommes qui attendaient derrière n'a même eu l'idée de
l'aider, pas plus qu'elle, de le leur demander.
Un
ennui dont je me doutais cependant ; le collègue de G. passe et
s'étonne : ''mais ce n'est pas fini? Je croyais. On me l'avait dit.''
Zut, qui ce ''on'' ? Il a un geste vers le troquet... puis se ravise.
''Je ne sais pas en fait, j'en parle avec plein de gens, c'est juste un
bruit...'' Raison de plus pour ne pas quitter la place. Mais il faut que
j'aille voir le copain d'hier. Triste. Je n'aimerais pas qu'il parte.
Comment ici nos édiles peuvent ainsi recevoir un ''cadeau'' en répondant
par une rebuffade ? C'est comme pour nous en somme, le chemin défriché
ensuite "interdit". J'ai honte. La méconnaissance des choses et des gens
peut faire accomplir d'énormes impairs... C'est aussi de cela que périt
le village. Redite : à moins que ce ne soit voulu. Les gens trop
''bien'', "on" n'en veut pas. Ils dérangent, surtout si on ne peut pas
les manipuler comme on voudrait. Mais il ne faut pas m'emballer : je
dois savoir avant. Je ne suis pas sûre à 100%. A 90 seulement. En
revanche, pour certains qui veulent profiter de nous, là, je suis sûre.
Je
"rentre", épuisée, il est 8-9 heures, il fait encore très jour. Un
événement imprévu : un gus en voiture qui zigzague sur le Portalet m'a
carrément foncé dessus. Une trouille comme jamais, j'ai cru le choc
frontal inévitable, et au tout dernier moment, il a braqué, passant sans
doute à un cm de mon pare choc avant. Une image d'horreur, sa voiture
-noire- déjà enfoncée m'a-t-il semblé, fonçant et se déviant
volontairement vers moi. C'était comme un film. Devant chez Momo, une
petite foule de jeunes estomaqués, ils ont dû voir.... je m'arrête et
tourne rue Désiré... essayant de me calmer... J'appelle les gendarmes:
ce fou, il faut l'arrêter avant la cata... Du coup, je vais par défi
prendre une pizza et ensuite tente d'aller chez Momo aux nouvelles -et
prévenir les gens-. Etonnant, il a fermé, à cette heure, c'est
exceptionnel. Tant pis, je vais chez le parisien, où j'envoie mes
messages. La patronne à laquelle j'ai donné "cris et chuchotements" ne
l'a pas lu, encore une erreur de ma part : il ne faut jamais donner un
livre même si on vous le demande, sauf exception de gens
particulièrement impécunieux. Trente pages, et elle n'a pas ouvert ! Pas
grave, décidément, il y a des gens qui lisent mal.
Puis
je file reprendre mes affiches avant de rentrer. Je suis calmée. Reste
la question : pourquoi ce gus m'a-t-il foncé dessus ? Volontairement ?
A-t-il un compte à régler avec moi ? A-t-il voulu me faire peur ? Ou
plus simplement, n'avait-il pas fumé autre chose que des Malboros ? Il
arrive cependant que, sans y voir malice, des gens m'utilisent : qui me
demande un tuyau pour un mari violent -en général, ça se borne à ce que
je leur donne le téléphone de MCG... ou un compagnon simplement
infantile incapable de s'occuper des enfants lors des week ends ? Voire
inquiétant, comme celui qui les a laissés dans la rue devant le
domicile de la maman tout une après-midi, étant parti avec des copains
pour une virée imprévue -les gamins n'étant pas persona grata- ? Qui a
recours à moi pour une affaire de patron véreux... une entreprise
saccageuse, un chemin accaparé etc... Me suis-je ainsi fait de ennemis
ulcérés ? Malaise, léger...
Et
là, devant la mairie, je rencontre un couple de jeunes qui lisent ;
sympas. Lui toutefois, aigri par son renvoi in extremis d'un stage où il
avait donné toute satisfaction -juste avant le CDI obligé, un
classique... ce qui du coup lui a fait perdre ses droits- le "cas
Dominique" en somme, si j'ai bien compris... n'a quasiment rien perçu
pendant six mois... pendant lesquels il a dû vivre de l'aide de son
amie.. jusqu'au procès qui va durer des années dit-il... qu'il gagnera
peut-être, ou dont il tirera quelques miettes, mais il en a assez : des
papiers, des papiers...
De plus, le temps lui manque, il travaille au noir -durement- et le revendique : que faire d'autre, à part mendier ? il est bon ouvrier, tout baigne, et de toutes manières, n'a pas le choix. La société l'a b., comme il dit, à présent, c'est lui dit-il qui la b.. Il n'a pas saisi que c'est justement en l'obligeant à la "flouer" que la société l'a b. comme il dit.
Il escompte bien continuer. Il me regarde comme une privilégiée et sa position est claire, désabusée, à chacun ses emmerdes, les siennes sont pires etc... je lui réponds sec que je ne lui demande rien et que son combat contre une injustice quasi "légale" n'est pas contradictoire avec le mien contre une injustice illégale... C'est parce que les victimes sont isolées, désolidarisées, qu'on peut les dégommer unes à unes. Je lui parle de Domi, qui était dans le même cas que lui... de mon article, de la fin "heureuse" de son histoire etc... Je me propose d'en faire un sur son affaire -je ne comprends pas tout, qu'il m'explique-.
De plus, le temps lui manque, il travaille au noir -durement- et le revendique : que faire d'autre, à part mendier ? il est bon ouvrier, tout baigne, et de toutes manières, n'a pas le choix. La société l'a b., comme il dit, à présent, c'est lui dit-il qui la b.. Il n'a pas saisi que c'est justement en l'obligeant à la "flouer" que la société l'a b. comme il dit.
Il escompte bien continuer. Il me regarde comme une privilégiée et sa position est claire, désabusée, à chacun ses emmerdes, les siennes sont pires etc... je lui réponds sec que je ne lui demande rien et que son combat contre une injustice quasi "légale" n'est pas contradictoire avec le mien contre une injustice illégale... C'est parce que les victimes sont isolées, désolidarisées, qu'on peut les dégommer unes à unes. Je lui parle de Domi, qui était dans le même cas que lui... de mon article, de la fin "heureuse" de son histoire etc... Je me propose d'en faire un sur son affaire -je ne comprends pas tout, qu'il m'explique-.
Mais
ni Domi ni ses confrères en exploitation ne l'intéressent, pas plus
qu'un article. Il répète qu'on l'a "b". et qu'à présent il fait de même
et ne pense qu'à ses affaires, le reste il s'en fout etc... illustration
parfaite de l'attitude de ceux qui, croyant se révolter, se comportent
comme le système le leur inflige : isolés, non solidaires, rigides,
quasi obsessionnels et surtout malgré les apparences, mal à l'aise, à la
fois honteux et ulcérés qu'on ait refusé de les intégrer, qu'on les ait
"b"., ils se soumettent et se trompent de cible. Ainsi conclut-il en
déplorant les charges des patrons qui causent des licenciements en
chaîne.
Note : il est possible aussi qu'ayant un peu " dérivé" il ne tienne pas à voir son histoire mise en lumière : ce sont les plus désespérés dont on ne parle pas, ils ne le souhaitent pas; considérant -à tort- que pour mériter que l'on s'intéresse à eux et à l'injustice qu'ils ont subie, il faut être nickels, ils redoutent qu'on les accable encore plus... par exemple que l'on invoque leur dérive comme cause de leur exclusion quand c'est au contraire l'exclusion qui les a conduit à ces " consolations toxiques"" . Pascal et Domi, ayant, eux, résisté, ne craignaient rien d'une médiatisation, au contraire.
Note : il est possible aussi qu'ayant un peu " dérivé" il ne tienne pas à voir son histoire mise en lumière : ce sont les plus désespérés dont on ne parle pas, ils ne le souhaitent pas; considérant -à tort- que pour mériter que l'on s'intéresse à eux et à l'injustice qu'ils ont subie, il faut être nickels, ils redoutent qu'on les accable encore plus... par exemple que l'on invoque leur dérive comme cause de leur exclusion quand c'est au contraire l'exclusion qui les a conduit à ces " consolations toxiques"" . Pascal et Domi, ayant, eux, résisté, ne craignaient rien d'une médiatisation, au contraire.
Il faudrait l'aider. Mais il répète avec une insistance suspecte qu'il est très bien comme ça etc... Pardi ! et surtout il ne lui faut pas s'engager, sinon les prestations, couic, il y aura toujours un papier qui manquera, c'est sûr.
On lui a "volé" son âme ou plus exactement la misère à laquelle on l'a conduit l'a contrait à la brader.
Sa
compagne semble différente. Mais visiblement, ils n'ont qu'une envie,
se retrouver seuls et peut-être boire un petit coup en privé.
Ceux qui vivent des situations de pseudo exclusion -ou qu'ils croient
telles- ne sont bien qu'entre eux : une caste bien plus fermée que le
Lyon's. Car ils ont honte devant ceux qu'ils jugent plus chanceux et
dont ils redoutent la mésestime. Même entre eux, ils se voient peu, ne
se connaissent pas, ne cherchent pas à s'ouvrir aux autres.
Aucun des deux par exemple n'avait entendu parler de D. ou de P., dans une situation assez semblable pourtant, qui vivent à un jet de pierre. Les ouvriers sont -relativement- solidaires dans leur usine, les profs, dans leurs lycées... etc... pas les chômeurs isolés contraints à la débrouille, à la semi illégalité, indifférents aux drames de leurs collègues, et qui parfois même au contraire se tirent dans les roues. Se croyant marginaux, ils sont en fait indispensables, épurant aussi les besoins de la société -surtout des femmes- qui ne trouvent jamais une entreprise pour réparer UN robinet, UN pan de fenêtre, UNE vitre... Dix, oui. Pas un seul. Toujours la même formule agaçante : "Vous n'avez pas de mari?" Et allez ! Une fois j'ai répondu, exaspérée : "si, mais purement décoratif."
Dimanche 22 août
Relâche ! Le choses de la vie quotidienne, laissées en suspens, sans intérêt ici... et même en général. Il le faut.
Lundi 23 août
Un
événement imprévu, étonnant. Unique, du moins à ce que j'ai vu -mais je
n'ai peut-être pas tout vu-. Un ''copain'' -pour faire simple car le
terme n'est pas tout à fait adéquat- passe devant mon affiche. Dédé. De
santé précaire malgré les apparences, lourdement chargé, il s'arrête
pour souffler... Et je me lève pour m'enquérir de sa rate qui le
préoccupe toujours. -Il est un peu hypocondriaque-. On bavarde comme
d'hab… Et je sens un léger malaise. Que se passe-t-il ? Ses analyses ne
sont-elles pas bonnes ? – car il passe son temps dans des laboratoires
et les cabinets médicaux et c'est son principal sujet de conversation-.
Si si... Ca va... Rien au sujet de son foie et de sa rate, mais... il
finit par m'avouer qu'il a peur. De quoi ? Mais de quoi ? Il se justifie
laborieusement : ''Je -il parle de moi- n'ai pas que des amis (?)... ils
sont en poste et très vindicatifs, je risque pas mal d'ennuis, bref, il
ne tient pas à en faire les frais lui aussi... (?) évidemment lorsqu' ils
n'y seront plus, ça changera tout mais pour l'instant etc...'' On se
quitte donc vite fait ; chose exceptionnelle, il n'a même pas pensé à me
parler de lui, c'est la première fois. Stupéfiant. Dire que je ne me
souciais que de sa foutue rate. Finalement,
le totalitarisme, c'est cela : un visage non pas hideux, la gueule de
cinéma à l'hubris inquiétante... mais tout simplement un pauvre homme
auto terrorisé sans aucun objet qui cependant se montre plutôt dynamique et généreux d'habitude, volontiers contestant et bien plus ''hard'' que moi, lucide, sans illusions.
Il est le seul cas à ma connaissance, du moins direct. Fragile ? non,
malheureux, si, mais ça n'a rien à voir. Il est français, célibataire,
travaille, tout baigne pour lui à part sa rate, il n'y a donc aucune
raison, du moins que je ne sache, à cette pusillanimité. C'est une
intimidation qui ne dit même pas son nom et qui n'a pas de cause, qui se
suffit du silence et de la discrétion. A vide: le must, en somme.
Encore est-il honnête et n'a-t-il pas inventé la couleur d'une fresque
pour faire un clash...
Malaise.
Il est vrai qu'il n'est pas tout à fait d' ''ici'' dit-il pour se
justifier [originaire d'un bled à trois kilomètres, il est juste ''là''
depuis quinze ans].. alors forcément, il lui faut s'intégrer, montrer
patte blanche...'' Ca devrait me faire rire, ce n'est pas le cas... Sans
doute le décalage entre son allure, ses précédents propos... et son
attitude. Il a l'air si pitoyable, je le sens limite de l'agressivité si
je le pousse. A moins que je ne sache pas tout sur lui... je réfléchis
et soudain, c'est le déclic ! en effet, le malheureux a un problème,
rien d'illégal bien au contraire, il est nickel sur le coup; mais dans
son désir passionné de […] il a sans doute besoin de tous et notamment
des administratifs qui peuvent ou non l'aider : un ''papier'', cela change tout.
Que les ''victimes'' -ce qu'il est incontestablement,
mais pas du système en le cas- sont fragiles! Pour obtenir gain de
cause, paradoxalement, ''on'' leur en demande des tonnes. Ils sont
''coupables''... d'être victimes : ils emmerdent par leur seule
présence, et parfois revendiquent, c'est logique. La société leur
''doit'' -en le cas, non pas de l'argent mais autre chose- ... et elle
n'a pas forcément envie de s'acquitter. Ou avec réticences. Les lenteurs
administratives en quelque sorte. Une relation ''douteuse'' et c'est
est fait du document qui lui permettra peut-être de […] A tout coup, du
moins doit-il le craindre, ''on l'aura perdu'' et ''on aura du mal à le
faire ré établir'' etc... Triste. Ce sont les plus démunis au sens large
du terme -ici, le cas est un peu particulier mais ça revient au même-
qui se doivent d'être les plus ''cleans'' donc parfois les plus lâches.
Lui n'y est pour rien : pas de marginalité ici, de ''black'', de
factures en instances, d'appartement foireux... non, juste une terrible
malchance qui lui est tombée dessus et le poursuit, contre laquelle il
se bat jusqu'à présent en vain.
Des
belges, écœurés de l'affaire, je ne pense même pas à leur donner la
pétition, encore estomaquée par la réaction du ''copain''. Mine de rien,
en ''fantasmant'' à mon sujet sur des ennemis nombreux et dangereux
qu'il agite comme un fanion [inexact, ça j'en suis sûre] il finit par
créer le malaise. [Je lui ai répondu assez sec que le rapport des forces
n'était peut-être pas tout à fait ce qu'il croyait... il lui en faut
une couche de plus, il n'a pas le net, s'en moque bien et en ces cas la
''délicatesse'', l' ''understatement'' ne paient pas]... S'exprimer sur
le mode ''je sais beaucoup de choses mais ne peux pas tout te dire...''
est malsain : ou il dit, ou il ne dit pas parce qu'il n'a rien à dire,
mais l'allusif est délétère. Il y a gros à parier qu'il veut simplement
se justifier ; plus mon adverse sera forte, plus son attitude semblera
naturelle. C'est ainsi que l'on crée ou suscite ce que l'on prétend éviter. En toute bonne foi, parfois.
Par
exemple, ceux qui ne cessent d' ''avertir'' ad pejorem les dissidents
-dans des pays où le risque est bien plus important qu'ici- font ainsi
le jeu de la répression : le pouvoir n'a même plus à bouger le doigt
pour être obéi, ''ça'' marche tout seul par des messieurs bons-offices
interposés.
Malgré
moi, je me demande à présent : QUI ?... Personne, évidemment... mais je
regarde les gens autrement. Ca va passer dans cinq minutes...
Et
évidemment, après, le ressac bienvenu : des gens des Pyrénées qui ont
des problèmes du même ordre... et me disent que je leur donne une idée !
planter devant la mairie de leur bled et faire appel aux médias. Leur
mairie, délaissant les services classiques d'EDF, a fait installer par
des privés à sa solde des poteaux et des lignes... qui dysfonctionnent
tout le temps, faisant claquer ordi sur ordi et quelques appareils
électriques... Pannes successives assez longuettes, ils en ont assez de
la bougie et on les rembarre comme je le fus... Depuis un an, ils en
sont au même point. Ils me donnent du courage... et d'eux mêmes signent
la pétition. Ca va mieux à présent. J'ai mis Dédé aux oubliettes.
Et
puis un gus pittoresque, un parisien installé depuis peu à FR.… [un
endroit privilégié, exceptionnel, disons, proche d'ici] vient carrément
s'asseoir à ma table... depuis que ''ça'' dure -apparemment il a tout
suivi bien que je ne le connaisse pas- il a une idée... pas mauvaise du
reste, et même excellente. A voir en effet. On va se revoir dans
quelques jours.
Quelqu'un
a piqué mon affiche pendant que je parlais à des gens, triple zut, elle
doit être à la mairie, ce n'est pas possible autrement, personne n'est
passé sauf le maire me semble-t-il... Je vais y aller. Si ça continue,
je ''crève'' l'abcès une bonne fois pour toutes.
Robin
était à Londres et va revenir, c'est à la fois ''bien'' et ''mal''. Ne
parvenant pas à se mettre au diapason, il me gêne parfois par son
quant-à-soi... et même me décourage : se mettre en évidence, lui qui l'a
toujours été familialement, il ne le supporte plus, du moins de cette
manière-là. Le stress évidemment ou du moins ce stress-là, ce n'est pas
son truc. Du coup, il veut faire comme si tout était ''bien'', la
routine, des vacances (!) et dénie que ça ne le soit pas. Ce n'est pas
qu'il m'en veuille mais enfin... un peu. Je ne suis plus ''normale''
-mais l'ai-je jamais été?- accaparée, quasi obsédée, avec des hauts et
des bas... et ce n'est pas un des moindres aléas qui m'a, qui nous
a été infligé depuis que je suis revenue : une maison démolie, un
chemin ''interdit'', une facture indue prélevée sur mon compte, celui-ci
bloqué par moments, une procès burlesque, et pour finir cette
''occupation'' à la fois passionnante et éreintante, il ne reste plus rien de moi, de ma vie normale.
Rien. Je l'ai choisi me reproche-t-il avec un zeste de mauvaise foi
-car ce n'est pas le cas- qu'ai je eu à revenir dans un bled dont
j'étais partie depuis si longtemps ? La vie est plus simple ailleurs
etc... soit.
Il
est vrai : ce village m'a absorbée corps et biens depuis deux ans comme
un gouffre dont on ne sait pas sortir, plus on s'agite et plus on
s'enfonce même si on a gain de cause. Au fond, ceci est dérisoire:
combien de livres aurais-je pu écrire? de tableaux? Combien de
gens intéressants, rencontrer? Ce n'est pas la forme aujourd'hui, malgré
ou à cause de la venue des copains... je me sens intellectuellement
vide, trop absorbée par cette affaire... avalée par ce village... par
ces gens dont certains comptent sur moi -et d'autres, en tout petit
nombre, me vouent sans doute aux gémonies-. Est-ce le gus d'avant hier
et la manière dont il a foncé sur moi qui m'a troublée? Je ne crois pas :
je résiste en principe bien aux stress violents. C'est normal qu'il y
ait des ''hauts'' et des ''bas''. Sans doute n'osai-je pas passer à la
vitesse supérieure. Me mettre ainsi en avant pour ce qui au départ
semble perso, par moments, me pèse aussi... J'ai plutôt l'habitude...
d'autre chose, quoi, de conférences, de jury de thèses, un autre monde,
la ''vraie'' vie (mais au fait, où est-elle, la ''vraie'' vie?
N'est-elle pas ici ? Aussi) …
Une affaire marrante -et pas si marrante au fond-
C'est
la rencontre avec Jacques, de MC -un village environnant très
touristique-... mon âge à peu près, qui me la fait connaître. Il lit, me
cherche des yeux, je me lève et lui donne l'adresse des blogs... mais
il veut savoir. Je lui explique donc en deux mots... Il s'intéresse
beaucoup à l'histoire car il a en ce moment un problème assez proche
avec la mairie de son bled... Comique, enfin en un sens : son voisin a
installé depuis quinze ans ou davantage, à la limite de ses terres,
c'est à dire tout près de chez lui, une décharge sauvage de ferrailles
et autres objets d'art... qui ô stupeur, a ''reçu'' plusieurs fois, il y
a longtemps... des chargements de déchets d'hôpitaux venus d'Allemagne !
vite enfouis dans des fosses hâtivement creusées sans protection. [Je
ris : s'agirait-il de ceux que nous avions ''arrêtés'' autrefois, avec
des ''piquets'' de grève, du temps de la ''décharge'' de St Brès ? En
tout cas, les dates coïncident.]
Ca
s'aggrave encore, ça grossit démesurément... il proteste évidemment :
la mairie ne veut rien entendre car le patron... -un classique- est un
bon copain du maire avec lequel il a autrefois fait quelques
''affaires'' (!)... sur lesquelles je ne m'étendrais pas, rien de
très-très grave, mais enfin, plus illégal, ça ne se peut pas, on
se marre... ça fait très Clochemerle version maffia... car tout cela est
connu et accepté par les ''mcéois'' comme quasi normal voire valorisant
: forcément ça rapporte bien et le gus est généreux. Lui aussi fait
''venir du monde'' en quelque sorte. Ses deux ''professions'', la
décharge... et l'autre -que je tais ici- étant très lucratives, il est
vite devenu un membre éminent de l'establishment. Du coup, le maire,
malgré les stocks de déchets qui s'amoncèlent, ne moufte pas... et tente
même de diviser les mécontents... allant jusqu'à les briefer chez eux
contre Jacques : ''Monsieur Fudet, il est pas d'ici, c'est un intello,
il comprend pas les choses et il est un peu...'' Lorsqu'on lui a
rapporté sans malice ces propos ambigus, Jacques s'est enquis : ''un peu
quoi ? Un peu juif ?'' … Non, non, pas de racisme à MC., ''un peu écolo seulement.'' Ah bon! Est-ce une tare? Pour les ''mcéois'', on le croirait.
Seulement
voilà, à présent, le ''déchargeur'' sûr de l'impunité, exagère,
Jacques, pugnace, perd patience.. et au fond, le maire aimerait bien se
débarrasser de ce ''dépôt'' pas très attractif pour le tourisme... Mais,
n'osant affronter son compère, il se défausse sur le lampiste ''un peu écolo''...
[''c'est pas moi, c'est lui''.] Montjoie, Saint Denis, sonnez
trompettes ! l'autre a aussitôt rassemblé sa meute et du coup, Jacques a
reçu des menaces de mort -de la part de gitans dont à MC., certains
jouent volontiers les seconds couteaux.- Au fond, malgré son sourire et
la manière légère dont il en parle, il ne manque pas de cran et
l'affaire finalement n'est pas aussi drôle qu'elle paraissait. Mourir
pour préserver un site d'un
margoulin-pollueur-comparse-d'un-petit-maire-ex-hors-la-loi ? Je ne sais
pas. ''Clochemerle'', ''Caltaniseta'' et ''Les Visiteurs'' à la fois.
J
vient aux nouvelles, elle craint que son mari ne m'ait froissée lorsque
je lui ai envoyé mon blog sur les gitans et qu'il m'a répondu que la
France était le seul pays qui ne filtrait pas les entrées des gens sur
son territoire. Je ne suis pas froissée, goddamned, j'ai entend pire à
Vitry... je me suis bornée à lui répondre que, pour
les peuples racisés et surtout les africains, nous sommes le pays des
Droits de l'homme et qu'il fallait nous en montrer dignes, noblesse
oblige en quelque sorte. L'expulsion des roms, sur ce coup, dont même le
New York Times a parlé, c'est la honte, quoi.
Mardi 24 août
Un
peu de temps ''perdu'' pour aller acheter la cuve de récupération
d'eau. Ca m'en économisera pas mal, pas forcément pour boire, à moins de
faire l'acquisition d'un système de filtration comme Sylvie... dont il
semble qu'il ne soit pas tout à fait fiable... bien que l'eau soit
délicieuse -rien à voir avec celle que l'on boit dont le goût de javel
auquel on a fini par s'habituer petit à petit est infect.- Un hic: il
est hideux. Vert caca... il faudra le peindre. Ca prend tournure.
Je
vois le maçon, toujours égal à lui-même... qui n'a toujours pas
effectué les réparations de l'escalier !... il me dit qu'il viendra
samedi prochain, le 5 septembre. [Jacques m'a bien aidée sur ce coup.]
Mais je dois l'appeler avant ! Il fait le complexe du Prince à sa cour :
on doit le ''mériter'' en somme, le prier. Je lui fais remarquer que
lorsque je vais faire cours, je ne demande pas à mes élèves de m'appeler
avant... Et il rétorque alors, toujours à sa manière -du coq à l'âne
pour déstabiliser l'adverse- par une question: ''n'y a-t-il pas chez moi
des types qui squattent?'' -il a vu du linge sécher etc...- Je lui
réponds aussi sec que ça doit être mes amants, qui sont nombreux... et
j'ajoute que je ne m'occupe pas de ses ''femmes'', qu'il ne se soucie
pas de ''mes'' mecs. Ca porte. Relations bizarres, sympathie et
exaspération des deux côtés mais moi je ne le cache pas. Un jeu assez
étrange de deux adversaires de force égale qui en un sens s'estiment
malgré tout... bien que le rapport de forces soit presque toujours à la
clef. Redoutable manipulateur sous ses dehors bonasses, il adore
naviguer dans les récifs qu'il évite relativement -car il en fut un
qu'il n'évita pas- et surtout faire se télescoper des navires -parfois-
de plus fort tonnage...
Son
talon d'Achille : il tend à sous estimer l'adverse, surtout s'il s'agit
d'une femme. Je fais l'inverse -comme toutes les nanas- ce qui me rend
-parfois- plus avisée. Pas toujours. Un personnage intéressant pour un
auteur. Un acteur qui a bien fignolé son personnage : le ''king'', ainsi
aime-t-il être appelé, payant volontiers la tournée dans les bars,
tutoyant tout le monde, donnant des conseils, rendant service et
recrutant parfois. Amateur de bonne chère, de vins fins et de femmes
etc... Il pose, toujours : lorsque quelqu'un l'interpelle, il
n'''entend'' pas, obligeant l'autre à s'approcher ou à crier... Parfois,
il ne sort même pas de sa voiture -j'ai dû un jour l'exiger.- Et
lorsque tout va bien -ce qui ne lui convient pas- il s'arrange pour
rétablir la situation, envoyant par exemple le quidam chercher
quelqu'outil dont il affecte avoir besoin dans la conversation ''et vite
car j'ai à faire'' etc... A la base : il est toujours en retard, c'est
un principe. Ou il a ''oublié''. Et lorsqu'il consent à un RV, c'est
toujours sur le mode allusif des altesses: ''je serai au ''Rex''
dimanche.'' A quelle heure? ''Dans la journée, j'y passe toujours...''
(!!) Lorsqu'il est avec quelqu'un, il aime beaucoup en saluer un -ou
plusieurs- autre... ou mieux, faire en sorte qu'un ''client'' suscité
par geste vienne vers lui... et alors il bavarde longuement avec le
second -de tout autre chose- en laissant le premier en plan. Le
téléphone également lui permet de se positionner en Napoléon... et il
arrive fréquemment que pendant une conversation qui soudain
l'embarrasse, il s'en saisisse pour appeler quelqu'un ou consulter sa
messagerie: ''mais je vous écoute''... Cela vaut sans doute pour les
deux clients, le second n'ignorant rien des vastes sollicitations de
celui qui lui a fait l'honneur de l'appeler tout de même. Mais lorsqu'il
sent que ça risque de faire un clash -il décrypte assez bien les signes
et ajuste assez vite son comportement au chaland en face de lui- alors,
il a un truc imparable : c'est l'hôpital qu'il va appeler, il est
malade, ses analyses etc.. -exact-. Le voir agir était une délectation.
D fait, il a réussi -sans forcer- à recruter une de ses ''victimes'' -indirectes certes- contre qui la défendait,
le must. En a-t-il tiré bénéfice ? Ce n'est même pas sûr, peut-être
tout de même... mais il se peut aussi qu'il ait agi pour ''la beauté''
du geste car, contrairement à ce qu'on dit, il ne tient pas tellement à
l'argent. Au fond il est un romancier en ''actes'', un ''auteur qui
n'écrit pas'' mais qui agit, observe, crée des romans et les cisèle avec
soin. Sans doute jubilait-il de voir -et de participer par dessous- le
combat de la chèvre contre Dom Juan... et fut-il charmé qu'il fût plus
intéressant qu'il n'aurait pensé... ce qui nécessita sa participation
active ? L'infléchit-il discrètement à sa manière pour qu'il fût plus
équilibré ? Ce n'est pas improbable. -Mais je le surestime peut-être.-
Si c'est le cas, le fit-il par souci de justice, par jeu, ou par intérêt
perso, car son entrée en lice le posa assez haut ? Là, je cale, cela
peut être les trois. Je verrais plutôt le jeu. Car malgré son travail
éreintant, au fond, il s'ennuie et adore se plonger dans les histoires
des gens.
Il
n'empêche qu'il est venu lui-même s'assurer de la solidité d'un
échafaudage sur lequel je travaillais -à 5 mètres du sol et dans un
escalier- qui avait été posé par deux de ses hommes... [''descendez que
je voie ça !''] et que, l'ayant trouvé mal assujetti, il l'avait refait
proprement... [''là, ça va, rien risque..'']... et qu'il fut un des
rares -voire même le seul- à se soucier des chatons abandonnés que
j'avais recueillis et leur apporter des boîtes de pâtée. J'ai tenté,
sans grand succès, de témoigner en sa faveur -une question de justice-
soulignant le courage et le savoir-faire du bonhomme qui a su
''redresser'' un mur en pierres penchant horriblement vers le vide et en
sauver imprévisiblement tout un pan ! Pour ce faire, il a néanmoins
risqué non seulement sa propre vie mais aussi celles de ses ''hommes'',
jeunes, eux. Il a pourtant une cote d'enfer parmi eux, car il est
tolérant devant les bourdes -parfois faramineuses- des apprentis... et
se montre toujours prêt à les aider sur tous les plans : le ''père'',
c'est du moins ainsi qu'il se veut. Etrange personnage, séducteur,
intéressant... qu'il faut cadrer tout de même.
PL.
est passé et me réitère sa solidarité : il se dit détenteur de ''la
mémoire du village'', une ''jeune'' mémoire tout de même, cinquante ans
mais bon... Selon lui, les manouches tiennent le village -je n'en suis
pas sûre- qui est extrêmement gitanisé et ils obtiennent ''tout'' en
échange de leurs voix. Il semblerait qu'ils se soient implantés ici
parce qu'un maire autrefois, qui craignait d'être en ballotage aux
prochaines élections -lequel ?- serait allé les ''recruter'' aux Saintes
et leur aurait promis un terrain et quelques avantages appréciables.
C'est ainsi dit-il qu'ils sont arrivés en masse et se sont pour la
plupart sédentarisés. Pas trop d'accord : ils sont traités avec un
immense mépris pourtant. Gratuité de l'eau, de l'électricité ? Peut-être
-pas sûr à présent- mais vivre au Daudet près de la station d'épuration
qui pue n'est pas le must. Il me répond qu'ils sont culturellement
habitués -et tolèrent- la mésestime, désireux de b qui les a b.
-toujours la même formule- et que finalement ils vivent ici sans trop
bosser.. et fort bien, occupant des ''charges'' à la mairie quasiment de
famille en famille. Peut-être mais le salaire de ces professions sont
très faibles. Oui répond-il, ''mais justement, il y a d'autres avantages
occultes.'' J'ai du mal à m'y retrouver. Sans doute doit-il y avoir les
deux et ne faut-il pas généraliser. Je demeure fermement sur ma
position : c'est un peuple racisé et les quelques miettes qu'on leur
concède ne remplacent pas leur dignité tout le temps éprouvée... il n'y a
qu'à entendre avec quel mépris certains parlent d'eux [''les
caraques'']... et voir par exemple avec quelle force R. récuse sa
ginanité cependant connue de tous et évidente, un déni ambigu du reste.
Hier, lorsque j'y ai fait allusion, il m'a rembarrée comme jamais : ''Je
suis français... j'ai une maison... je suis propriétaire, les gitans
d'ailleurs on l'est presque tous'' etc... J'ai dû me justifier
lamentablement : ''Mais je ne disais pas ça en mal etc..''
Plus grand monde. En un sens, ça repose aussi. Moins de ''beaufs'', quoi...
Mercredi 25 août
Le
blog ''tziganes'' marche du feu de Dieu, bon signe, les gens se sentent
un peu culpabilisés sans doute.. visites massives... de Hongrie, les
hongrois ne doivent pas être très fiers... dans ces cas, on applique
volontiers une autre ''appartenance'' à celui qui fait trop mauvais
genre, ç'est comme les parents qui se renvoient la balle, de l'enfant
prix d'excellence, chacun dit ''mon'' fils, et du délinquant, ''ton''
sale gamin, systématique. Je gage que la Hongrie n'a pas fort envie de
revendiquer cette ''paternité'' d'origine... La curaille remonte dans
mon estime à la vitesse V: un certain prêtre avoue avoir prié... pour
qu'il meure, trop mignon le bébé.. et même le pape a poussé son coup de
gueule. L'art de se faire des amis, quoi...
Un
couple, elle beaucoup plus jeune que lui, accablé de chaleur... et
d'autre chose. Ils mettent du temps... mais finissent par cracher le
morceau : EUX AUSSI ! ''On'' leur a parlé de mon cas etc... Viennent-il
exprès ? Ils ne me le diront pas, il est clair qu'ils se méfient...
comme si nous étions des ''challengers''. Une facture d'eau ? Mmmm Oui.
Inexplicable ? Mmmm Oui. Payable ? Mmmm Oui. Avec délai ? Mmmm C'est à
voir... Sauf que là il y a une variante ; on leur a nettement fait
comprendre qu'ils n'étaient pas d' ''ici'', juste depuis dix ans, ça ne
compte pas. Ecœurés et fatalistes, ils ne semblent pas disposés à se
battre vraiment à moins qu'on ne les porte : ils ne sont pas d'ici ! Je
crois toutefois que ça leur a presque fait plaisir que, à moi qui suis
incontestablement d'ici, ''ça'' soit arrivé et encore plus hard qu'à
eux. ''Mais qu'est-ce que c'est que ces élus qui nous pompent de la
sorte sans qu'aucune discussion ne soit possible ?'' Je dois bien avouer
que j'en suis responsable: j'ai voté pour eux... certes sans
enthousiasme délirant mais enfin, ils semblaient tout de même bien
sympa, un ou deux mis à part. Des ''copains'' en somme. Différents de
ceux d'avant... J'avais toutefois observé -andouille oui, mais jusqu'à
un certain point- qu'ils ne m'avaient jamais vraiment soutenue du temps
qu'ils étaient en poste, certes dans l'opposition mais tout de même,
pour cette facture de piscine olympique. Soit, ce n'était pas l'affaire
du siècle et sans doute avaient-ils d'autre chats à fouetter. Bizarre
pourtant, ce sentiment de malaise qui m'a envahie juste au moment de
monter les marches, irrépressiblement. A quoi bon ? Valent-ils vraiment
mieux ? Oui. Mais la décharge qui a tout pollué vers St Brès ? On n'est
pas responsable de son père... et j'ai la chance que Lydie n'ait jamais
démoli la maison d'un voisin ni saccagé un site, soit. Mais l'argent
dans une famille soude les êtres, surtout lorsqu'on n'est pas
fonctionnaire et qu'on a quelque inquiétude -légitime- pour l'avenir. Un
moment d'hésitation, et puis go, ç'aurait été zutant de revoir les
mêmes à la fin. J'ai voté contre... plus que pour, comme
beaucoup. Parfois, un instinct, une prémonition... c'est comme si
j'avais intuitionné la suite à venir en une seconde. Plus rien ensuite,
ils avaient à faire et il ne fallait pas déranger les artistes, juste
les aider discrétos... le chemin défriché, les ''vieux'' -dont certains
chasseurs- qui tous les jours ou très régulièrement venaient
''apprécier'' les progrès, la murette que nous ne voyions même plus
soudain réapparue ! Et ma joie, lorsque j'ai retrouvé les piquets mis
par B, de m'apercevoir que la partie communale -la ''raquette''- était
bien plus vaste que je n'avais cru. Ca m'a boostée, et du coup, ce qui
n'était pas prévu, j'ai remonté le chemin perpendiculaire... hélas lui
aussi ''bouché'' mais beaucoup plus haut... ce qui n'empêche nullement
l'eau de couler tout de même. Car lorsqu'on ''bouche'' un chemin, c'est
deux, trois, dix que l'on condamne. Ca prenait tournure. Et les
réflexions des gens un peu naïves, quoique : '' on voit que la mairie a
changé''. En un sens oui puisque je ne l'aurais sans doute pas fait
avant, du moins avec un tel acharnement. Et puis le mur décroché,
l'exaspération des atermoiements, la peur surtout pour les gens, certes
''ils'' ont d'autres chats à fouetter mais tout de même... Et voilà. Le
chemin ''interdit'' juste au moment où il devenait presque praticable...
Et enfin, le soulagement, la maison reconstruite, l'usure que me causa
le chantier où il fallut m'imposer durement... [''c'est pas vous qui
payez'', tiens donc !... ''en un sens, si... et surtout c'est moi qui
prendrai le mur sur la figure si ça foire''...] finalement, ce n'était
pas si mal au fond, ça m'a appris à me battre, pour moi -car
syndicalement je savais-... Et l'épisode burlesque au milieu..
Bizarrement, ça n'avait strictement aucune importance, c'était même
plutôt marrant... et il était clair que l'affaire était sans intérêt ni
même enjeu véritable mais... sans doute la fatigue ; c'est celle-ci qui
m'a en fait le plus affectée, même si elle m'a permis de retrouver des
gens perdus de vue depuis des lustres... Une excellente chose au fond.
J'ai perdu 8 kilos, ne pouvant plus m'alimenter. Puis dès la fin de
l'audience, le nœud se desserra : je me suis précipitée au bistrot d'en
face juste après...et j'ai dévoré... La vie ici, quoi... Au début, je ne
savais pas encore que mon compte avait été saisi. Je l'ai découvert en
allant à Anduze et en trouvant l'électricité coupée. Qu'est-ce à dire ?
Le prélèvement n'était pas passé, j'aurais dû vérifier mon compte, ce
que je ne fais pas. Absurde. J'ai eu un peu de mal à y croire, mais
c'était exact, Robin se renseigna et confirma. Que faire ? Rien. Sur le
coup. Et puis... voilà. Une série en somme... mais la vie est belle, les
''Chants'' marchent assez bien... et mon autre livre aussi -Noces
kurdes apparemment arrive sur le net en premier, une joie inattendue, le
livre démarrerait-il avec retard ? Il faut dire que c'est un texte,
comment on dit, à diffusion lente... - Tout n'est pas si noir... mais
reste la question : comment tout ceci s'est-il enchaîné ; le hasard ? ça
c'est certain... la nécessité ? admettons.. mais ensuite ? Plus ça va,
plus j'ai envie... non pas envie, mais le désir irrépressible de
l'écrire -je veux dire d'en faire une œuvre en quelque sorte-. Je sais
que je ne le ferai pas. Une catharsis pourtant, qui m'aiderait bien.
''Scènes de chasse en Bavière'', oui, mais on est dans le Midi
''civilisé'' pas dans la bavière reculée et bigote, dans un village
petit bourgeois, je ne suis ni gitane ni homosexuelle ni pauvre à
l'extrême comme le héros... et les gens m'aiment bien. Presque dans la
norme en quelque sorte. C'est donc pire... pour ceux qui seraient exclus
socialement par exemple, comme dans le roman... La différence est que
ce n'est pas tout le village qui me pourchasse comme un cerf et
qu'au contraire les gens sont tous plutôt sympa avec moi -sauf notre
coco unique mais baste-. C'est énorme... bien que le soutien des
''gens'' soit essentiellement un soutien ''inversé'' puisqu'au bout du
compte, c'est moi qui les soutient le plus souvent... Bon c'est ainsi :
normal, je ne vais pas m'en plaindre ! Si ça se renverse le plus
souvent, c'est parce qu'ils sont encore plus démunis que moi... Noblesse
oblige en somme... Aujourd'hui, si je ne pouvais pas coucher cela sur
le papier -le clavier plutôt- ça irait mal. Magie de l'écrit: c'est
écrit donc ça ne blesse -presque- plus. C'est encore mieux lorsque c'est
lu, évidemment, car ça peut aider d'autres et du coup on se sent
justifié. Transfert d'une souffrance... qui éclate en se transportant.
J'ai de la chance au fond, je résiste plutôt bien.
Jeudi 26 août
Un
monsieur m'aborde : mais vous êtes Madame Larrivé?.. Oui,
incontestablement. Je suis sous l'affiche et lui aussi... et cela fait
deux mois tout de même ! Il ne l'a apparemment pas lue. Il a été un
élève de Lydie, me dit son nom... et là ça revient tout de suite: le
désespoir absolu de ma mère, des heures de discussions à son sujet, que
faire, pourquoi ne veut-il pas bosser, il faudrait peut-être... etc...
Un gitan. Mais il m'a dit qu'il savait lire et écrire tout de même et
-peut-être, car je n'ai pas tout compris- qu'il avait passé son certif,
ce qui est énorme. Je m'en souvenais. Il n'a jamais voulu aller plus
loin.
Il se souvient d'un autre instit, depuis tragiquement décédé -suicide- qui le frappait -ainsi que bien d'autres, cela m'a été dit assez souvent-... terrorisant les élèves, Lydie disait à mi mot qu'il "exagérait un peu" sans préciser mais elle reconnaissait qu'il obtenait parfois des résultats là où elle échouait. M.U. me dit qu'un jour, il l'a suspendu par les bretelles et l'a laissé au dessus de la cuve des WC -archaïques- de l'école... et qu'un autre, il lui a mis de force les bras dedans. De la torture, ni plus ni moins... Un autre m'avait signalé que le même bourreau lui avait tordu le bras, et un autre encore qu'il tapait sur les doigts des gosses avec un règle carrée à les faire hurler. Personne ne l'a dénoncé : ils redoutaient qu'ensuite ce soit ne pire encore. Mais MU. l'ayant rencontré après qu'il ait quitté l'école, lui a mis un coup de poing à assommer un bœuf, et c'est un costaud. Bravo. Il est heureux qu'il soit mort, je n'aurais pas pu m'empêcher d'aller le voir... et bref... Sa femme s'est aussi suicidée, avant lui, elle en bavait trop. Elle non plus n'a rien dénoncé.
Il se souvient d'un autre instit, depuis tragiquement décédé -suicide- qui le frappait -ainsi que bien d'autres, cela m'a été dit assez souvent-... terrorisant les élèves, Lydie disait à mi mot qu'il "exagérait un peu" sans préciser mais elle reconnaissait qu'il obtenait parfois des résultats là où elle échouait. M.U. me dit qu'un jour, il l'a suspendu par les bretelles et l'a laissé au dessus de la cuve des WC -archaïques- de l'école... et qu'un autre, il lui a mis de force les bras dedans. De la torture, ni plus ni moins... Un autre m'avait signalé que le même bourreau lui avait tordu le bras, et un autre encore qu'il tapait sur les doigts des gosses avec un règle carrée à les faire hurler. Personne ne l'a dénoncé : ils redoutaient qu'ensuite ce soit ne pire encore. Mais MU. l'ayant rencontré après qu'il ait quitté l'école, lui a mis un coup de poing à assommer un bœuf, et c'est un costaud. Bravo. Il est heureux qu'il soit mort, je n'aurais pas pu m'empêcher d'aller le voir... et bref... Sa femme s'est aussi suicidée, avant lui, elle en bavait trop. Elle non plus n'a rien dénoncé.
Une
dame très âgée, bien qu'elle n'en ait pas l'air extérieurement,
élégante, légèrement maquillée, parfaitement coiffée, une expression
impeccable de femme instruite -on la sent juste un peu décalée par
moments-... passe devant l'affiche et comme tous les jours, la
''lit''... la ''découvre'' et s'indigne. Alzheimer. Tout à l'heure elle
va repasser et peut-être re découvrira-elle l'affiche avec toujours la
même indignation intacte. C'est curieux, elle me rassure, avec elle j'ai
l'impression que le temps s'est arrêté. Un jour pourtant, elle s'est
souvenue, étranges caprices d'un cerveau dysfonctionnant et elle m'a
dit, légèrement réprobatrice : dites donc, vous, vous faites beaucoup
voir..'' Oui, en effet. C'est
le must : ne pas se faire voir. Raser les murs. Ne pas se faire
remarquer, étant entendu que ça ne peut être qu'en mal... et même si
c'est en ''bien'' ça deviendra forcément mal à un second degré, par
définition... ou suscitera des jalousies. La ''province'' dirait Racine
-ce n'est pas une gloire celui-là, ce qu'il a écrit sur nous-. La peur
du regard de l'autre- on l'a tous mais on surmonte plus ou moins-...
trouille de ce qui va être dit sur nous, de ce qu'il se peut qu'il soit
dit, de ce qu'on a sans doute dit, et surtout de ce qu'on n'a pas dit...
Pas bouger Médor. Plus ''ils'' sont durs et méprisants vis à vis des
''gens-qui-parlent'', des ''ils'', et plus ''ils'' redoutent ces ''ils''
qui en fait sont ''eux'', c'est logique. Jeu de transfert constant qui
verrouille tout et rend malheureux donc vulnérable. Au fond, tout cela
part d'un immense complexe d'infériorité, absurde. ''On'' ne vaut
tellement rien qu'il faut faire comme si on était mort, ainsi, personne
ne dira rien. Pas de visites, il faudrait pour cela avoir une
maison nickel et ce n'est jamais le cas... et si ça l'est, c'est pire,
c'est cela peut-être qui risque d'être reproché, on dira que vous vous
''en croyez''... On ferme donc sa porte comme ça c'est réglé.
Tranquille, quoi... J'étais comme ça, un peu, F. m'avait briefée, ''ici
ce n'est pas Marseille, il faut.. il ne faut pas...'' Pas question dans
mon cas -à demi étrangère- de bouger, de me montrer différente. Et puis
ça a changé lorsque j'ai pris de la distance avec elle, une distance
définitive. Car il y a la gentillesse des gens, évidente, paradoxalement
: tous ces gens qui se font peur mutuellement, en fait, sont
bienveillants et longanimes jusqu'à l'héroïsme, et jamais ne parlent,
jamais ! Jean a eu une vie... pas tout à fait conforme, que voilà une
litote ! sans que jamais Lydie n'en sût rien... Elle fut la compagne de
Gustau... sans que jamais je n'en sache rien ! Yvette a caché juifs et
proscrit en 44 sans que jamais personne ne dise rien, y compris ceux qui
n'étaient pas de son bord politique. Et on dit que ''les gens parlent''
!
Une
femme, anglaise, lit et soudain son visage s'éclaire : c'est vous ?
elle m'a lue. Joie. C'est Mme V. qui lui a passé mes livres. J'exulte.
Un
couple de touristes avec qui ça passe super bien. Je n'ai pas pensé à
leur faire signer la pétition. Ils se rendaient au festival du
documentaire à côté d'Aubenas, il y a quelque chose sur la Russie.
Triple zut, j'aimerais bien...
Un
groupe de jeunes d'ici... l'un d'eux a déjà lu mes blogs, vient-il
exprès, peut-être : sa grand mère a un problème identique au mien : elle
n'habite pas sa maison -handicapée et assez âgée, elle vit chez ses
enfants- mais a pourtant des factures d'eau faramineuses. C'est quasi
fantomatique, inexplicable : elle revient et le compteur, tout fermé,
tourne, tourne et tourne ! Pas de fuites ni de squat. Elle est tout de
même allée protester à la mairie où on lui a dit de payer tout de même
[sinon ennuis infinis]... et qu'après, on la rembourserait au cas où.
Quant à venir vérifier, ils n'ont pas le temps, avec tous ces gens qui
se plaignent... Ca devient grand guignolesque. Il va me mailler et
j'ajouterai l'affaire sur le blog.
Un
gars que je connais, avec lequel nous avions déjà longuement parlé, un
sportif -à vélo par cette chaleur!- interrompt la dame-Alzheimer qui se
fait réexpliquer pour la nième fois l'affaire ''stupéfiante ma chère,
c'est à n'y pas croire'', assez mécontent, une litote.. parce qu'en zone
protégée, un entrepreneur riverain a déversé plusieurs chargements de
gravats pollués... alors même qu'un voisin avait déjà prévenu que ses
camions déchargeaient -faiblement- la semaine précédente. Ca devait être
un coup d'essai, il ne s'est rien passé, maintenant, go ! c'est la
totale. Apparemment, ça s'est fait assez rapidement, pendant qu'il était
en vacances -il est le riverain le plus proche-. Le maire est venu et a
demandé au gus d'enlever... Certes, mais il eût été mieux qu'il
l'appelât avant. Un coup de fil. Ils attendent toujours la cata avant de
bouger... et on a l'impression que, le cul sur un chaudron, impavides, ils espèrent que le feu va finir par s'arrêter sans qu'ils ne fassent un geste.
Ainsi pour moi, tout aurait pu se régler si facilement, le mur
reconstruit -je n'en aurais pas exigé plus- et barka... tout le monde
peut faire une boulette... de même cette facture, une erreur encore,
soit puisqu'il y a tant à faire avec ce qu'ont laissé les ''ex''... Et
une fois les choses poussées à l'extrême, l'erreur devient faute,
évidemment : tout s'aggrave pour TOUS. Ils se, non, ils NOUS
discréditent. Un gus m'a dit -il n'était pas d'ici pourtant, suis-je si
connue ou sont-ce eux qui le sont ? - ''vous avez voté ma chère amie,
assumez !'' Je lui ai répondu que certains artefacts n'étaient pas
prévus ni même envisageables, il en rit encore. Soit.
Vu
Lys, d'un village à côté... De plus en plus souvent, les gens me
connaissent ou connaissent l'histoire, ce ne sont pas toujours les
mêmes, Lys avait lu mes blogs ou certains de mes livres -c'est pareil
[puisque j'ai mis sur le net tous ceux que j'ai eu le droit d'y mettre,
je ne crois pas que ça change quelque chose aux ventes et si c'est le
cas tant pis].. mais elle ignorait l'affaire, ou plus exactement elle la
connaissait ! mais ne savait pas qu'il s'agissait de moi. Plutôt
branchée protection animale et chat siamois, je ne l'avais pas inclue
dans le listing des gens auxquels j'avais envoyé le blog. En fait, elle
est différente de ce que j'avais cru... la rumeur l'avait intriguée et
même s'il ne se fût pas agi de moi, elle eût pris position : les gens
qui actent pour les animaux ont l'habitude de la … comment dire ? La
violence ? L'injustice faite aux plus faibles ? Et ils y réagissent. Le
reproche si souvent fait à ceux qui s'occupent de cette détresse là [ils
feraient mieux de s'intéresser aux hommes] est fautif : en général, ils
sont multifonction... et ceux qui les taclent ne bougent ni pour les
hommes ni pour les bêtes. Un
vrai humaniste ne trouve jamais une cause trop petite pour lui et ne va
en aucun cas vilipender qui se bagarre mais pas sur les mêmes axes de
réflexion et d'action que lui, pas sur les mêmes luttes, et les mêmes
sujets. J'avais été surprise -quoique pas vraiment- de voir une
héroïne de la résistance, une icône nationale, ex déportée à
Ravensbrück, s'occuper de son petit caniche capricieux en vraie mère
poule, une militante de cette eau-là, qui avait résisté à la torture,
tenu le choc dans le camp etc... puis mené une carrière politique assez
réussie ! En fait c'est normal. Elle est seulement une femme normale.
Son engagement pendant la guerre était normal... je veux dire
''évident''. La suite, plus cool, aussi.
Donc
la rumeur à vingt kilomètres disait: ''Y a une femme à Saint-Ambroix
qui a eu 4000 euros de facture d'eau et son salaire saisi pour une
petite maison qu'elle n'avait jamais habitée parce qu'elle avait été
sinistrée par un gus à côté... et qui plante devant la mairie tous les
jours...'' En fait, le départ de ce blog est là en partie résumé, en
partie seulement car on ne parle pas du chemin... sauf qu'il s'y est
ajouté d'autres choses. On a causé chiffons, chiens et chats, elle a
fait adopter l'un de ses protégés par une star de la politique...
marrant, je ne le voyais pas ''minou minou'' celui-là ! Elle me dit que
j'ai du cran, je ne crois pas mais bon... J'ai oublié de lui donner la
pétition. C. est passé au même moment et il s'inquiète pour la voiture
-la batterie est déficiente-. Ca va, je démarre au quart de tour depuis
qu'il l'a rechargée et comme j'habite en hauteur, je peux rester
longtemps avec une batterie à plat sans que ça ne me gêne vraiment.
JP
est passé aussi. On a parlé de Tchernobyl, de l'union soviétique, de
l'atroce sacrifice des ces types qui ont recouvert le réacteur
incandescent et à qui nous devons la vie. La chute de l'URSS : un drame
pour les vieux cocos. Lui s'est remis, il faut dire qu'il n'est pas
vieux, justement... Il observe que le gus qui a benné dans le site
protégé est coutumier de ce genre de prouesses. Pas un fan d'écologie,
quoi genre ''je travaille, poussez-vous, j'ai à faire'' je vois tout à
fait... Beaucoup de gens ont pris l'adresse net, mais dans l'ensemble,
c'étaient des touristes... de plus en plus différents... plus calmes,
plus instruits, plus réflexifs. Une femme me donne le nom d'un
journaliste de RMC qui anime une émission sur les cas burlesques comme
le mien. Je l'ai oublié mais je le retrouverai sur le net. Une autre me
parle de Julien Courbet... ''Sans aucun doute'' ne me plaît pas trop,
même si ça a l'avantage d'exister et rend surement service aux gens dans
la détresse la plus complète... mais toutes ces affaires parfois
terribles, quelque fois sordides, ces gens dans des situations
invraisemblables... ces larmes, ces cris, ce pathos... Inévitable sans
doute, et il faut de l'audimat, il est vrai que cela marche, la plupart
obtiennent justice en une émission. Mêmes des banquiers craquent
tout de suite : la peur de la mauvaise réput, des médias qui la
répercutent à l'infini, de perdre peut-être son fond de commerce....
Mais non, décidément, ça ne me tente pas et de toutes manières... il
faudrait que j'aie des triplés tétraplégiques ou handicapés mentaux, ou
les deux, voire un mari qui me cogne, ça ne le fait pas.
Vendredi 27 août
Petits...
ennuis … comment dire ? matinaux. Dire ou ne pas dire, tha's the
question. J'ai décidé de dire, go, voici donc : il semblerait que mon
''copinage'' ne soit pas tout à fait ''adéquat'' pour les gens en poste à
la mairie -ce que l'on peut comprendre- mais, et là on le comprend
beaucoup moins, qu'il ait créé des situation certes plus burlesques
qu'autre chose... à ceux qui m'ont parlé, et pour lesquels j'ai par
exemple fait un article... de problèmes qui notons le ici, n'ont strictement aucun rapport avec la mairie ! Faut pas causer.
Me
parler, parler à un auteur, une ''journaliste''... serait donc acte
grave. Désobligeant. Ainsi, Djamaï, qui -voir l'article de ''La
marseillaise''cité en fin de blog- cherche depuis 10 ans à devenir
français [il est ici depuis 40 ans, ses enfants sont français, il a
toujours travaillé ainsi que sa femme, accidentée du travail... et son
père est un ancien combattant décoré de 40, un de ceux qui ont fait ''El
Alamei'']... bref, malgré toutes ces références dont peu de français
pourraient se targuer, il se heurte à l'administration ''à front de
toro'', il lui manque toujours un ''papier'' et lorsqu'il l'a, celui-ci
n'est plus valable... ou ils l'ont perdu... Djamaï donc s'est vu
refouler sec de la mairie sur la base qu'ayant eu recours à moi, ''on ne
bougera pas le petit doigt pour lui'' nac!... ce qui du reste était
déjà le cas avant, raison de ce fameux ''recours'' à moi -et à bien
d'autres- de sa part. J'ai en effet fait un article sur son affaire,
apparemment diversement apprécié... bien qu'il ne remette nullement
en cause les élus du village... qui n'ont pas vraiment le pouvoir de
faire ou ne pas faire en le cas.
Car
ce matin il reçoit comme d'habitude une lettre lui disant que ''son
dossier est à refaire entièrement'', sans explication... adressée par la
Mairie, bien qu'elle ne soit sans doute que le transmetteur. C'est là
qu'il se pointe, exaspéré... et qu'il lui est clairement signifié que,
puisque... eh bien qu'il se débrouille. ''On'' ne l'aidera en rien. Na !
Le
principe, même si cela ne change rien au problème, est… comment dire?
Gamin. Profiter de la détresse d'un homme qui, pour reprendre la formule
de ''de Walhens, nous fait l'honneur'' de vouloir, et avec quelle
passion, devenir français... décidément, non, ça ne le fait pas.
L'article, le voilà.
Des amis de la France depuis 3 générations:
Zola et Kafka réunis
Djemai est né en 48 en Kabylie de parents "français musulmans" donc en France de parents français...
Son père, combattant multi médaillé de 40, car pour aller se faire
trouer la peau, la France ne mégote pas, vient en France en 45 et
travaille 30 ans au fond de la mine tandis que sa mère reste au pays :
Djamai ne le voyait que 15 jours par an. Le jeune homme arrive à son
tour en France en 71 à 22 ans, déjà marié. Il travaillera d'abord aux
usines Renault puis ici à la SMAC et enfin au nettoyage à Pechiney notre
usine bien connue internationalement.
Sa femme le rejoint en 74 et sa mère en 76, peu après le décès de son mari. Ses enfants y naissent : ils feront tous de bonnes études. Vie de séparation, de labeur où l'épouse arrive quand le mari meurt, où le fils suit le chemin du père -mais dans son cas la séparation sera moins longue puisque sa femme le rejoindra 3 ans après-. Une maison, les enfants qui étudient tous -ils auront de bonnes situations- tout baigne : lui à Péchiney, elle, aide-soignante à l'hôpital de St Ambroix.
Sa femme le rejoint en 74 et sa mère en 76, peu après le décès de son mari. Ses enfants y naissent : ils feront tous de bonnes études. Vie de séparation, de labeur où l'épouse arrive quand le mari meurt, où le fils suit le chemin du père -mais dans son cas la séparation sera moins longue puisque sa femme le rejoindra 3 ans après-. Une maison, les enfants qui étudient tous -ils auront de bonnes situations- tout baigne : lui à Péchiney, elle, aide-soignante à l'hôpital de St Ambroix.
Et un jour, c'est le drame : voulant rattraper une patiente de 120 kg, elle se claque les cervicales et devient à 50 ans tétraplégique malgré ou à cause de l'opération. Elle vit à présent en fauteuil et ne peut rien faire seule. Il s'occupe d'elle et de tout, toujours jovial cependant et plein d'humour...
Depuis
2001, il veut une carte d'identité française. Et là, après Zola, c'est
Kafka. Il a rassemblé "tous les papiers" comme il dit, qu'il garde
soigneusement dans une chemise, bien qu'il ne lise pas facilement le
français, il a subi enquêtes etc.. et depuis 2001 le récépissé indique dossier complet. Alors ? Alors rien. Tel document est périmé (forcément, à force de traîner dans les tiroirs), ils ont égaré des photos, ou le dossier entier
(il l'a refait SEPT OU HUIT FOIS)... le nom de son père ne s'écrit pas
avec i, ou l'inverse, l'acte de mariage doit être rédigé à droite, pas à
gauche ou l'inverse... En 2009 nouveauté, on veut des photocop de son
passeport... et de celui de sa femme, bonne pioche car elle ne peut se
déplacer ! Impossible de dissocier les deux affaires lui dit-on.
Ils
habitent St Ambroix depuis 25 ans, paient des impôts... leur parents
ont combattu pour la France mais rien n'y fait : ils sont citoyens de
seconde zone. A la mairie, on n'a pas pris la chose très au sérieux: ce vieux de 62 ans qui depuis 10 ans se bat pour être français, c'est folklo. On ne va pas taper du poing sur la table pour si peu.
Il a écrit aux présidents un à un, qui chaque fois lui répondent qu'ils
adressent la lettre à la sous préf... qui lui demande alors un nouveau
"papier" inédit, ils sont créatifs.''
Note:
le passage en bleu a été enlevé : nickel chrome, le papier, insn'it ?
Question grave : ne pourrait-on pas mettre des "artefacts" -et ils sont
nombreux- entre parenthèse afin d'œuvrer ensemble pour la justice et
pour le bien des gens plutôt que de la jouer cour de récréation "t'as
causé à Hélène, t'es plus mon copain, c'est pas beau de parler, je te
prêterai pus de billes et j'en ai un plein sac, nac nac nère !"
Samedi 28 aoûtRobin arrive.. Bien.. et pas si bien. Inch'allah.
Vu
un monsieur... disons professionnel de la justice, par hasard, devant
la mairie, il a du mal à croire puis finalement est bien obligé...
organisé en diable, il me dit ce qu'il faut faire... et ne pas faire. Un
peu obsessionnel, comme tous ceux qui font profession de droit. Pas
inintéressant, il a fondé une assoc... avec un percepteur à la retraite,
exigeant des explications de la part de leur mairie -Pouzin- en raison
précisément de l'augmentation énorme du prix de l'eau. Il semblerait que
le percepteur ait refusé de payer l'assainissement et l'ait bloqué chez
un huissier. Sans doute est-ce légal... à voir en tout cas.
Des
gens sympas, qui signent d'eux mêmes... des amis d'une femme que je
connais -le monde comme on dit est petit-, une anglaise installée pas
loin, une lectrice. Puis est passé en coup de vent le copain qui a eu
"une idée" -ce n'était donc pas bidon- revenu de Paris où il a
accompagné sa copine ; RV demain. Parfois deux personnes futées et
énergiques valent mieux que vingt autres. Mais j'avais à faire et ça m'a
pris du temps.
Petit
contre temps en effet : j'avais promis à un copain de mettre à jour son
antivirus périmé, croyant à trois minutes de travail. Ce qui n'était
pas prévu, c'est qu'il ne l'avait jamais fait ! Une demi heure de
"scan" quatre fois de suite... deux virus trouvés -il a de la chance-
et j'y suis encore, il va falloir les mettre en quarantaine et jusqu'à
présent je n'ai pas réussi. Un gars cool, quoi ! il surfe -assez peu
heureusement- depuis six mois ? sans antivirus.. c'est à dire depuis que
sa copine est partie. Je me suis prise au jeu. Encore deux "scans" !!
Il est onze heures et C. m'attend mais il faut finir. Le blog http://tziganes2.blogspot.com a atteint en trois jours 336 visites, un record après grevedelafaim2.blogspot.com !
Super, ça signifie que les gens sont choqués par leur expulsion et ça remonte le moral même pour eux j'espère. Du coup, j'ai fait une petite recherche sur le sanskrit... la langue des roms encore parlée -de moins en moins-, l'hindi dont il est issu étant le langage vernaculaire de base -la troisième la plus parlée dans le monde associée à l'ourdou- que les érudits ont mis en forme pour donner le sanskrit dit "langue parfaite", un cas exceptionnel.
Super, ça signifie que les gens sont choqués par leur expulsion et ça remonte le moral même pour eux j'espère. Du coup, j'ai fait une petite recherche sur le sanskrit... la langue des roms encore parlée -de moins en moins-, l'hindi dont il est issu étant le langage vernaculaire de base -la troisième la plus parlée dans le monde associée à l'ourdou- que les érudits ont mis en forme pour donner le sanskrit dit "langue parfaite", un cas exceptionnel.
Imaginons qu'on se retrouve en face de gens qui parleraient encore -en partie- le grec classique ou le latin, de véritables "fossiles" linguistiques vivants,
phénomène unique ou quasiment [le sanskrit, même en Inde, n'est plus
parlé que par de rares familles brahmanes et cette langue des textes
sacrés qu'étudient les paléographes ne l'a jamais vraiment été par le
peuple.] Une aubaine littéraire pareille, que fait-on avec ? Et bien, on les vire !
Dimanche 29 août
Relâche ! Ca devient comme un boulot. Je m'arrête le dimanche, d'autant que le village est totalement désert. Un village mort.
Lundi 30 août
Lundi 30 août
Temps
plus froid, ouf... Relâche encore mais les tracts sont prêts ainsi que
de nouvelles affiches. Demain RV avec le copain. Robin est arrivé ce
soir. Le bonheur, pour l'instant. Mal aux dents, terriblement, il paraît
que c'est psycho somatique. Les blogs "montent" en visite : normal en
septembre, les vacances sont finies. Ca monte encore sans arrêt pendant
tout l'hiver.
Mardi 31 Août
Jour
de marché. Peu intéressant, comme d'habitude. Mais deux ... disons
membres dont l'un important ! de l'ancienne équipe -par qui mon affaire
est survenue au départ-... s'intéressent à mes déboires... et
l'un m'a même demandé de singner (je laisse la coquille) la pétition...
que j'avais oubliée. De plus en plus marrant, si ça continue, c'est
bientôt le maire qui va la signer lui-même. J'ai retrouvé mon affiche
volée... saccagée à coup de couteau. Rattrapable, ça fait même genre.
Mercredi 1 septembre
Un
message élogieux au sujet du blog sur les roms disant que "je suis
belle mais un peu "estabosida"... je ne sais pas ce que ça veut dire
mais bon... Demain, c'est l'audience de Jo. Il faut y être
impérativement. Il déprime un peu, juste devant la ligne d'arrivée. Le
syndrome de la solitude du coureur de fond, toujours. Sa maladresse est
totale : il n'a, m'a-il dit, pas
"tout" listé à la juge de ce qu'il subit et a subi de la part de la SFA
(société d'asphaltes)..."pour ne pas avoir l'air du gars qui jérémiade
de trop"... il se réserve de le dire "si besoin est, mais plus tard" !!!!
Il n'a pas compris qu'il n'aura pas forcément un autre coup dans son
chargeur et qu'il ne faut surtout pas cacher... ce qui justement ne peut
qu'apporter de l'eau à son moulin ! LES PAUVRES ONT PEUR DES RICHES ET
LES VICTIMES DE LEURS BOURREAUX. On en revient toujours là : les ELLES SE TAISENT PAR HONTE DE CE QU'ELLES ONT SUBI.
Qu'il s'agisse d'un terrain saccagé, d'une maison effondrée ou d'une
agression. Je râle: comment a-t-il ainsi pu "cacher" ses dols ? il n'est
peut-être pas trop tard, il faudrait l'écrire et l'apporter tout à
l'heure au tribunal !!! C'est pour demain ! Aider ceux qui s'aident si
peu, mission difficile.
Jeudi 2 septembre
Je demande en sortant les consultations juridiques on me dit que ça sera ce lundi -une fois ou deux par mois- mais qu'il faut arriver vers 7 heures voire avant ! et attendre dehors en file parce qu'il y aura surement un monde fou -c'est la rentrée- et qu'ils ne peuvent prendre que 18 personnes. Au delà, on s'en retourne même si on a fait 50 kilomètres à l'aube [dans le meilleur des cas, en voiture, et dans le pire, en mob, train-bus ou auto-stop] et si on a attendu debout dans le froid deux heures devant le tribunal : rendez-vous... dans 15 jours.
Audience
au tribunal pour Jo. Arrivée à 8 heures 40, en avance pour une fois.
Personne... puis les gens arrivent en masse... le brouhaha, les avocats
en toge, des quidams inquiets, côté avocats, ça bavarde, rigole... puis
une dame en vêtement noir, pas tout à fait une toge, elle n'a pas
d'hermine au bout de l'écharpe ? gentille, passe, cherche quelque
chose... On la salue partout dans la salle... enfin, une toute jeune
ouvre la porte comme au théâtre, je la distingue mal, tous se lèvent...
mais non, elle fait asseoir, elle aussi cherche quelque chose... puis ça
y est, un gros dossier est posé, à nouveau un "debout-assis" et...
elle ouvre la pile, appelle, des avocats arrivent, chuchotent, on
n'entend rien, bla bla bla... ils s'en retournent, parfois disent deux
mots à quelqu'un dans la salle... et sortent ou se réinstallent pendant
que la présidente appelle encore... si bien qu'au bout d'un moment de ce
ballet mal chorégraphié, il est très difficile d'entendre et même de
voir quoique ce soit si on n'est pas aux deux premiers rangs et
encore... Et le fait est que MC n'a pas entendu le nom de Jo... mais les
deux autres avocats de la partie adverse, si... et les voilà qui
discutent sur l'estrade avec la présidente, puis MC survient... trois
mots et go, fini : expertise assez rapide, il s'en est bien tiré, MC
aussi. La SFA qui lui a saccagé son terrain et son mur, à présent, se
retourne contre la société sous traitante qui a benné ses déchets
(quoi?) dans le puits... tels "deux mis en cause" qui chacun rejettent
la faute sur l'autre... C'est plutôt marrant au fond.
Je demande en sortant les consultations juridiques on me dit que ça sera ce lundi -une fois ou deux par mois- mais qu'il faut arriver vers 7 heures voire avant ! et attendre dehors en file parce qu'il y aura surement un monde fou -c'est la rentrée- et qu'ils ne peuvent prendre que 18 personnes. Au delà, on s'en retourne même si on a fait 50 kilomètres à l'aube [dans le meilleur des cas, en voiture, et dans le pire, en mob, train-bus ou auto-stop] et si on a attendu debout dans le froid deux heures devant le tribunal : rendez-vous... dans 15 jours.
Une
image de la société assez éprouvante que reflètent ces procès où
parfois s'étalent la misère à la fois matérielle et intellectuelle et
morale -la méchanceté et l'âpreté au profit, si minime soit-il-. On
voit de braves gens pas très au point comme Jo -ou moi dans une certaine
mesure-... harassés par des filous, eux mêmes pas très au point... ou
au contraire retors... et d'autres au contraire qui se battent pour un
vélo... Et entre tous, on ne sait parfois pour qui voter.
Il arrive même qu'on ait une envie de rire irrépressible, telle la fois où un type était très attendu ["non paiement de pension alimentaire pour ses enfants", le sale gus, quoi, un flag qui allait, comme la présidente nous en avait prévenus, retarder toutes les autres affaires prévues puisqu'il venait juste d'être "serré", la tuile, quoi.. ]... et on vit arriver un pauvre type qui avait l'air d'un ado, menotté, rasant les murs s'il l'avait pu... A la barre, d'une voix à peine audible, il avait reconnu les faits et s'en était excusé, il était au chômage et avait en charge une autre famille etc... Et c'est là que son avocat avait plaidé: "mon client est très pudique, il ne vous dit pas tout... il s'est mis en ménage avec une femme qui a déjà trois enfants dont il s'occupe parfaitement... mais ils ont été expulsés de leur logement et vivent en mobil home... or depuis peu, ils en ont eu un ensemble... et ... ils vont en avoir un autre dans quelques mois..." C'est là que la toute jeune présidente, les yeux écarquillés, avait coupé, en regardant le gars accablé : ô, Monsieur !!! Vous n'êtes pas raisonnable !" et que j'avais dû sortir pour ne pas éclater de rire en public. J'ai encore entendu l'avocat dire "si vous le mettez en détention, ce sont quatre enfants qui vont se retrouver à la DDASS et bientôt un cinquième!" Un fou rire comme jamais, je suis partie perplexe : la juge nous avait dit : "ça peut être rapide ou durer une heure et en ce cas toutes les autres affaires seront reportées, désolée"... Là, elle avait eu un geste fataliste vers nous qui signifiait certainement "allez-y, vous voyez bien que ça se complique"... Certes, à côté de ce drame injugeable, qu'étaient mes petites histoires de caution de 500 francs restituée -pour une fois, j'avais le reçu- qu'un locataire drogué me re réclamait, escomptant sur mon bordélisme notoire pour que je n'en aie plus la preuve.
Le pauvre "flag" était un "bon" père si l'on veut.. dépassé par les événements (!) au chômage, mais avec cinq petits, et dans une caravane... ne pouvant plus faire face à ses propres -premiers- enfants etc... Le "salaud" attendu se révélait être une victime lui aussi et son ex femme employée à la sécu semblait finalement aussi navrée que lui.
Il y a des aficionados ! Ils ne décollent pas. Un spectacle gratuit. Voyeurisme ?
Il arrive même qu'on ait une envie de rire irrépressible, telle la fois où un type était très attendu ["non paiement de pension alimentaire pour ses enfants", le sale gus, quoi, un flag qui allait, comme la présidente nous en avait prévenus, retarder toutes les autres affaires prévues puisqu'il venait juste d'être "serré", la tuile, quoi.. ]... et on vit arriver un pauvre type qui avait l'air d'un ado, menotté, rasant les murs s'il l'avait pu... A la barre, d'une voix à peine audible, il avait reconnu les faits et s'en était excusé, il était au chômage et avait en charge une autre famille etc... Et c'est là que son avocat avait plaidé: "mon client est très pudique, il ne vous dit pas tout... il s'est mis en ménage avec une femme qui a déjà trois enfants dont il s'occupe parfaitement... mais ils ont été expulsés de leur logement et vivent en mobil home... or depuis peu, ils en ont eu un ensemble... et ... ils vont en avoir un autre dans quelques mois..." C'est là que la toute jeune présidente, les yeux écarquillés, avait coupé, en regardant le gars accablé : ô, Monsieur !!! Vous n'êtes pas raisonnable !" et que j'avais dû sortir pour ne pas éclater de rire en public. J'ai encore entendu l'avocat dire "si vous le mettez en détention, ce sont quatre enfants qui vont se retrouver à la DDASS et bientôt un cinquième!" Un fou rire comme jamais, je suis partie perplexe : la juge nous avait dit : "ça peut être rapide ou durer une heure et en ce cas toutes les autres affaires seront reportées, désolée"... Là, elle avait eu un geste fataliste vers nous qui signifiait certainement "allez-y, vous voyez bien que ça se complique"... Certes, à côté de ce drame injugeable, qu'étaient mes petites histoires de caution de 500 francs restituée -pour une fois, j'avais le reçu- qu'un locataire drogué me re réclamait, escomptant sur mon bordélisme notoire pour que je n'en aie plus la preuve.
Le pauvre "flag" était un "bon" père si l'on veut.. dépassé par les événements (!) au chômage, mais avec cinq petits, et dans une caravane... ne pouvant plus faire face à ses propres -premiers- enfants etc... Le "salaud" attendu se révélait être une victime lui aussi et son ex femme employée à la sécu semblait finalement aussi navrée que lui.
Il y a des aficionados ! Ils ne décollent pas. Un spectacle gratuit. Voyeurisme ?
Vendredi 3 septembre
Une amie passe, triste. 4000 euros valent-ils de perdre une amitié ? non. Mais l'honneur, si. Désolée.
Samedi 4 septembre
Réveil
matinal par Djamaï... qui veut savoir l'adresse de Sarko pour envoyer
la lettre que je lui ai faite avant hier ! Ensommeillée, je lui dis
"Palais de l'Elysée" mais il veut savoir s'il n'y a pas un nom de rue,
on ne sait jamais, ça peut se perdre... (!)
Dimanche 5 septembre
Minuit,
chez Momo. Crevée par les travaux et pourtant je n'ai pas fait grand
chose, c'est C. et Robin qui se sont cogné tout. Les évacuations ont
été laissées telles que par nos joyeux lurons de maçons, "king" et
consorts, c'est à dire bouchées irrattrapables... et c'est nous qui
avons dû les refaire -repercer-. On en a raté encore une ! Tout a été à
nouveau inondé dans la galerie, plus que jamais ce coup ci car on avait
bien vidé des seaux et des seaux dans l'évier. Je n'ai fait que
nettoyer... grosse tâche tout de même. La peinture -refaite! - a
cloqué, il va falloir tout reprendre au plafond.
Des
jeunes, des footballeurs, légèrement éméchés me parlent du chemin et de
ma facture d'eau. L'un d'entre eux est spécialisé en espace verts,
sympa... En gros, ils sont tous d'accord mais un peu désabusés. Ils
déplorent la passivité des "gens" -encore les "gens"- et pensent -à
tort- que c'est seulement parce que je suis auteur que ça va s'arranger
-et encore-. L'un d'eux connait bien P. -le maire- et pense qu'il est
écolo passionné du pays etc... et au fond d'accord avec nous au sujet du
chemin -entre autre-. Soit. Mais les actes ? "Je dis-je dis-et je fais
pas".
Il
faut leur montrer que ce n'est pas "moi" qui aie agi seule... ou que
même si au départ, ça s'est un peu passé comme ça, cela me dépasse et
les concerne eux... finalement bien plus que moi. Etrange : j'ai
l'impression d'être une gamine utopiste et qu'ils sont eux des adultes
désabusés, inversion assez régulière des didascalies.
Le scoop: l'un d'entre eux est gitan et... ENFIN parle le sinti ! Génial. La maison est presque réparée.
Ils
sont de plus en plus éméchés, je rentre, Bernard et Marie viennent
demain et il faut encore nettoyer... et s'occuper des chiens.
Lundi 6 septembre
Un
peu de spleen. Robin part tout à l'heure. Il est bien peu resté cette
fois. Expos, Paris, Deauville... sa vie est à présent bien tracée, comme
la mienne ici (!) et je n'ai pas plus place dans la sienne que lui à
Saint Ambroix. Un peu plus tout de même car ici ce n'est vraiment pas
marrant. Mais ça me laissera plus de temps et les mains plus libres.
Dommage, tout allait si bien. Le temps perdu ne se rattrape jamais,
contrairement au cliché.
Impossible de joindre l'expert; décidément, sa messagerie est saturée, ses mails ne disent rien etc... Serait-il en dépression ? En faillite ? Il est sympa d'habitude : il doit y avoir quelque raison grave. Je ne suis peut-être pas la seule à avoir des hauts et des bas ! Et être ingénieur des mines ne protège pas de ces aléas, pas plus qu'agrégée de philo. Je vais re essayer. Presque pas dormi. Pas fatiguée pourtant.
Une heure du mat, le Ranquet : crevée à présent, mais... Robin me parle d'un article de Midi Libre -en fait, c'est une interview de la fille vietnamienne de Chirac- sur les roms particulièrement odieux, il faut voir ça.
Je l'ai rajouté sur le blog "http://tziganes2.blogspot.com" avec un "droit" de réponse -je dirais plutôt un "devoir" de réponse- assez virulent. J'espère qu'ils le feront passer. Ca m'a pris une heure. J'ai si sommeil que je crains de m'endormir en voiture en retournant à Saint Ambroix. Demain, lever matinal, TGV oblige.
Prévision d'un nouveau déluge. La manif a fini au troquet sous la terrasse de la Rotonde ! Retour d'Alès périlleux, des flaques énormes... et une andouille de parisienne qui me précédait de s'arrêter au milieu, vers les Rosiers ! que faire, avancer ou non ? C'est ainsi qu'on noie le moteur. J'ai pu passer -la voiture est haute- mais pas celui qui me suivait. A Saint-Ambroix, ça s'était calmé. Le soir, ça a repris. A présent, plus grand chose sauf des éclairs de ça de là. J'observe que le Ranquet bénéficie d'une sorte de micro climat, bien protégé... à force de faire des allers retours, c'est incontestable, la pluie y est moins drue et il fait plus chaud -mais ça je le savais depuis toujours-. Les montagnes ? Le flan abrité ? Dormi comme une souche à 5 heures après les blogs, pendant une heure, exceptionnel, la réaction au stress sans doute. C'est Fred depuis Paris qui m'a réveillée, inquiet. Les chiens, ou plus exactement Tess, ont eu un peu peur. Les chats ne bougent pas du canapé.
Il paraît que c'est pour cette nuit, je doute, mais il est vrai que ça arrive brutalement: il n'y a pas deux inondations identiques, j'en ai déjà connues deux. En 58, il ne pleuvait même pas lorsqu'on est sortis de la maison de fonction dans l'école, à Camont... et j'avais de l'eau jusqu'à la taille -mais j'avais dix ans seulement-... de l'eau marron clair... et, stupeur, chaude ! A Anduze par contre, en 2002, il délugeait littéralement. On verra. On ne peut rien faire de toutes manières. Je vais débrancher les téléphones et dormir, dormir, dormir enfin... Ca va mieux. Demain, ça reprend, après ces curieuses "vacances"... sportives. Les canalisations sont réparées. Il reste les peintures à refaire.
Un blog strictement utilitaire, a minima, assez pénible à faire parce qu'il faut perser (je laisse la coquille, c'est "peser" en fait) ses mots -relativement- pour ne pas l'enfoncer encore plus dans le gouffre où elle se débat, comme vingt autres personnes en attente d'exécution. Flatter aussi celui qui détient sa vie entre ses mains, éviter de le braquer. [Exemple: la journaliste qui a fait passer une photo que l'on pourrait croire d'elle, sans voile -ce n'est pas le cas- risque de lui coûter encore 100 coups de fouet pour "indécence".]
Notamment je ne peux raconter l'histoire telle qu'elle s'est réellement passée, encore plus effroyable et burlesque que ce que l'on devine entre les lignes -personne ne le peut-. Elle est in extenso sur mon livre "Femmes d'Iran" et c'est intentionnellement que je n'en fais pas mention sur le blog : ça ne l'aiderait pas, je le crains, en ce moment du moins.
Impossible de joindre l'expert; décidément, sa messagerie est saturée, ses mails ne disent rien etc... Serait-il en dépression ? En faillite ? Il est sympa d'habitude : il doit y avoir quelque raison grave. Je ne suis peut-être pas la seule à avoir des hauts et des bas ! Et être ingénieur des mines ne protège pas de ces aléas, pas plus qu'agrégée de philo. Je vais re essayer. Presque pas dormi. Pas fatiguée pourtant.
Contretemps
: Bernard et Marie sont passés mais ils ne comptaient pas rester,
contrairement à ce que je pensais, et Robin et moi avons dû filer à Alès
pour le train... en vain : malgré les grèves, il y aura demain le TGV
prévu donc inutile pour lui de sauter dans celui-là.. si bien qu'on est
retournés ensemble et lorsqu'on est arrivés, ils étaient quasiment
prêts à partir, juste ennuyés de ne savoir où poser les clefs. On les a
vus à peine vus 5 minutes, zutant. Un détail : si la SNCF comme
autrefois nous répondait au téléphone, on aurait économisé 40 kilomètres
dont trois de bouchons à l'entrée d'Alès... où la limitation, à
laquelle je me tiens par principe, est à TRENTE km/h!!! moins que la
vitesse de course normale de Vôtan en demi élan ! Bof, si ça sauve des
vies... C'est trop marrant de voir les gus furax, coït interrompu en BM
rutilante 16 chevaux sous le capot queue à queue quasiment au pas sur 3
kilomètres, doublés par des joggers hilares !
On
va voir si le système de récup d'eau fonctionne : de la pluie est
annoncée, quasiment un déluge. Et en ce moment, il pleut en effet, juste
un peu... ET LA CUVE EST DEJA REMPLIE !! Le maçon dit le "king" jurant
ses grand dieux et diables que ça ne pourrait pas marcher [forcément,
c'est pas lui qui l'avait réalisée!] avait fini par me faire douter. Et
cependant le bricolage astucieux de C. a parfaitement réparé la
boulette, les Brahic, on n'est pas trop empotés, qu'on se le dise.
Moralité: "souvent, King varie -ou se trompe- et bien fol est qui s'y
fie"... Reste que je l'ai conçue ridiculement faible, 300 litres, il en
faudrait une autre au moins. 600 litres, combien de temps tient-on avec,
douche, lavage, et cuisine -avec un filtre évidemment- ? Pas longtemps
d'après Mr Bnj. -Mais ils ont cinq enfants.- Il faut économiser. Douche
après savonnage, lavage rapide du linge, vaisselle sommaire -le soleil
désinfecte et supplée aux lessives- etc... N'empêche, qu'on se le dise,
ça marche... à condition de prévoir une gouttière assez profonde et de
l'installer juste où il faut : tout un art, qui tient compte de
la pente de la toiture et de son exposition -du vent- etc... Là, ça
colle : pas une goutte de perdue, sauf en bout et c'est volontaire -car
on va mettre une autre cuve de ce côté-là-.
Une heure du mat, le Ranquet : crevée à présent, mais... Robin me parle d'un article de Midi Libre -en fait, c'est une interview de la fille vietnamienne de Chirac- sur les roms particulièrement odieux, il faut voir ça.
Je l'ai rajouté sur le blog "http://tziganes2.blogspot.com" avec un "droit" de réponse -je dirais plutôt un "devoir" de réponse- assez virulent. J'espère qu'ils le feront passer. Ca m'a pris une heure. J'ai si sommeil que je crains de m'endormir en voiture en retournant à Saint Ambroix. Demain, lever matinal, TGV oblige.
Trop fatiguée pour même être triste. Un avantage.
Mardi 7 septembre
J'ai
repris les déclarations de la fille de Chirac contre les roms... en les
modifiant un peu! Repos aujourd'hui, à part trois nouveaux blogs!
http://voyageamartigues.blogspot.com
http://zonetemporale.blogspot.com
http://lesexedecassandre.blogspot.com
http://zonetemporale.blogspot.com
http://lesexedecassandre.blogspot.com
Voici l'article revisité
"Les roms
vietnamiens n'ont pas leur place dans l'avenir de la France, ils ne
sont pas intégrables. Dans le 91... je vois ce qui se passe... tous les
matins, dans leurs gourbis, les hommes obligent leurs femmes, leurs
enfants et leurs petit-enfants à faire la cuisine pour des bouis bouis
infects et attendent qu'ils rentrent le soir. Est-ce que c'est la
France, ça? La dignité ? Est-ce qu'on doit fermer les yeux ? Ils vivent
comme des rats.. Moi je soutiens fermement Sarkozy sur cette
question.... Et aussi sur la déchéance de la nationalité... Une personne
d'origine étrangère qui tire sur un policier doit perdre sa nationalité
immédiatement, c'est pareil pour la polygamie, en République, ça
n'existe pas. Je ne veux pas qu'on mette les enfants au premier plan...
en Italie on brûle leurs maisons et personne ne dit rien. Arrêtons de
salir notre pays. Moi, mes icônes, ce sont sœur Emmanuelle, mère Thérésa
et l'abbé Pierre et je dis aux catholiques touchés par les roms vietnamiens ''allez sur le terrain et faites la charité''.
Notez que ces propos ont autrefois réellement été tenus au sujet des asiatiques du 13 ème.
Notez que ces propos ont autrefois réellement été tenus au sujet des asiatiques du 13 ème.
Prévision d'un nouveau déluge. La manif a fini au troquet sous la terrasse de la Rotonde ! Retour d'Alès périlleux, des flaques énormes... et une andouille de parisienne qui me précédait de s'arrêter au milieu, vers les Rosiers ! que faire, avancer ou non ? C'est ainsi qu'on noie le moteur. J'ai pu passer -la voiture est haute- mais pas celui qui me suivait. A Saint-Ambroix, ça s'était calmé. Le soir, ça a repris. A présent, plus grand chose sauf des éclairs de ça de là. J'observe que le Ranquet bénéficie d'une sorte de micro climat, bien protégé... à force de faire des allers retours, c'est incontestable, la pluie y est moins drue et il fait plus chaud -mais ça je le savais depuis toujours-. Les montagnes ? Le flan abrité ? Dormi comme une souche à 5 heures après les blogs, pendant une heure, exceptionnel, la réaction au stress sans doute. C'est Fred depuis Paris qui m'a réveillée, inquiet. Les chiens, ou plus exactement Tess, ont eu un peu peur. Les chats ne bougent pas du canapé.
Il paraît que c'est pour cette nuit, je doute, mais il est vrai que ça arrive brutalement: il n'y a pas deux inondations identiques, j'en ai déjà connues deux. En 58, il ne pleuvait même pas lorsqu'on est sortis de la maison de fonction dans l'école, à Camont... et j'avais de l'eau jusqu'à la taille -mais j'avais dix ans seulement-... de l'eau marron clair... et, stupeur, chaude ! A Anduze par contre, en 2002, il délugeait littéralement. On verra. On ne peut rien faire de toutes manières. Je vais débrancher les téléphones et dormir, dormir, dormir enfin... Ca va mieux. Demain, ça reprend, après ces curieuses "vacances"... sportives. Les canalisations sont réparées. Il reste les peintures à refaire.
Mercredi 8 septembre
Rien
fait... repos. Sauf un blog, une urgence, en somme, le ramadan finit
vendredi et les exécutions commencent en Iran. Compte à rebours...
http://sakineh2.blogspot.com
http://sakineh2.blogspot.com
Un blog strictement utilitaire, a minima, assez pénible à faire parce qu'il faut perser (je laisse la coquille, c'est "peser" en fait) ses mots -relativement- pour ne pas l'enfoncer encore plus dans le gouffre où elle se débat, comme vingt autres personnes en attente d'exécution. Flatter aussi celui qui détient sa vie entre ses mains, éviter de le braquer. [Exemple: la journaliste qui a fait passer une photo que l'on pourrait croire d'elle, sans voile -ce n'est pas le cas- risque de lui coûter encore 100 coups de fouet pour "indécence".]
Notamment je ne peux raconter l'histoire telle qu'elle s'est réellement passée, encore plus effroyable et burlesque que ce que l'on devine entre les lignes -personne ne le peut-. Elle est in extenso sur mon livre "Femmes d'Iran" et c'est intentionnellement que je n'en fais pas mention sur le blog : ça ne l'aiderait pas, je le crains, en ce moment du moins.
Jeudi 9 septembre
11
heures. 11 visites seulement sur le blog de Sakineh, un peu déçue...
quoiqu'il n'a finalement que 5 heures d'existence, ça peut flamber dans
la journée. Il faut seulement craindre que les gens, lassés, ne croient
comme Gérard que c'est gagné et ne décrochent, il y a tant à faire... Et
c'est là qu'elle risque d'être exécutée, certes pas lapidée -après avoir promis devant tous les médias que ça ne se pratiquait plus et ne se pratiquerait plus jamais, il
leur sera difficile de retourner en arrière- mais pendue... [en
principe à une grue]... ce qui, même moins spectaculaire, n'est pas
forcément mieux : le levage à l'iranienne génère une mort lente,
contrairement à la projection à l'anglaise par une trappe qui s'ouvre,
brisant net les cervicales du condamné. Ce que l'on "voit", même horrible, est parfois moindre que ce que l'on ne voit pas: le sang gicle, la scène où tous, hystériques, participent, est une horreur insoutenable [ça évoque vaguement les corridas], le/a lapidé/e hurle... tandis qu'un pendu, devant une foule tétanisée hissé à 20 mètres ne le peut pas.
Je retourne rue D... et à la mairie. Les "vacances" sont finies. C'est presque une détente à côté.
Un
"détail" rigolo... enfin si l'on veut: Romain, de l'AVI (association
d'aide aux victimes familiales), un jeune homme courageux qui, après
avoir été violé dans son enfance, abîmé dans tout son être, tente
d'aider ceux qui sont dans des cas analogues... m'envoie un mail assez
sec -le cas de Sakineh ne l'intéresse pas-.
Mal ciblé donc. C'est le premier que je lui fais cependant, quand lui
m'en inondait autrefois -de forts intéressants du reste-. CQFD : les
victimes sont parfois assez peu "solidaires", c'est le moins que l'on
puisse dire... comme la vietnamienne taclant les roms qui "n'ont pas
leur place en France". Elle, si, bien sûr.
De
même Romain, violé, que personne n'a aidé autrefois, deux ou trois
tentatives de suicide par la suite... qui s'enferme, non pas dans "son"
cas car il l'a tout de même étendu aux autres, mais uniquement aux
autres semblables, et si possible des mecs [ça je l'avais déjà remarqué sur son site et avec ses mails]... et ne fait pas le lien entre ses bourreaux et ceux de Sakineh !
Je
serais curieuse de connaître ses motivations. "L'Iran, c'est loin?"
Non, je ne crois pas : même très peu instruit -comme le montrent ses messages-
il est loin d'être idiot. Alors ? "Moi seul ai le droit d'aider les
autres et à bas la concurrence déloyale?" [J'écris facilement et cela
peut susciter des rancunes, exemple ce vieil instit fana de son blog,
branché hélas surtout club, copains, famille, village.. qui se délecte à
chercher mes fautes... et a jubilé jusqu'à l'extase lorsqu'il a déniché
"gourd" à la place de "gourg", me traitant aussitôt avec une joie non
dissimulée de "gourde", OK. Il voulait m'a-t-il dit ensuite, car je ne
me suis nullement fâchée -c'est un vieux monsieur- devenir écrivain mais
les circonstances etc...]
Non,
je ne crois pas, Romain n'est ni envieux ni mesquin. Mais peu sûr de
lui : peut-être, hyper susceptible, a-t-il été blessé d'être inclus dans
une liste alors que lui me faisait en principe des courriels perso? Un
peu gamin : il m'avait -pour une fois en mail groupé-
envoyé la vidéo d'une prestation télévisée assez maigre -puisqu'il ne
prononçait pas deux phrases à la suite- visiblement mal à l'aise devant
un interlocuteur bien mieux armé que lui.. me demandant ce que j'en
pensais, j'avais applaudi comme il convenait en lui recommandant
seulement d'éviter de se laisser interrompre quitte à hausser la voix et
en ce cas, ne jamais regarder son " interrupteur"
... -pour éviter le phénomène bien connu d'hypnose- mais la caméra ou
le public, ignorant le trublion qui s'agitait juste en face de lui pour
le déstabiliser. Il m'avait à l'époque remerciée de mes conseils. Oui,
que les victimes sont peu solidaires entre elles parfois et comme c'est
dommage ! Mais c'est la quadrature du cercle : si elles l'étaient,
elles ne seraient plus victimes.
Les surprises du net
Le
net est parfois source de malentendus bouffons : si j'avais "rencontré"
virtuellement le vieil instit -rencontre improbable car je ne suis pas
de son bled et les randonnées troisième âge avec pique nique-sauciflard,
passons.. - c'est en raison d'une erreur de nom. J'avais été invitée à
Decazeville pour "Femmes d'Iran" par un homonyme et j'y avait été reçue
avec tapis rouge : conférence, succès, la "Dépêche du midi" etc... En
plus, payée... et, au meilleur hôtel, malgré mon chien -c'était à
prendre ou à laisser-, il m'avait réservé une chambre avec wifi et une
petite cour-jardin privative, gentille attention. Un excellent souvenir,
il m'avait lue, comprise, questionnée intelligemment pendant la
conférence etc...
Bref,
j'avais donc envoyé peu après un message à celui que je croyais être
"JD"... qui m'avait aussitôt répondu sur un ton curieux - condescendant-
.. ne collant pas, pas du tout au personnage. Leur adresse net est
quasi identique à un tiret près.
Méfiance
donc lorsqu'on s'appelle Jacques Dupont... et évitez de faire dans
l'originalité lorsque vous choisissez votre adresse mail, par exemple de
mettre un undercore ou même un tiret ou un point entre vos noms.. ou de
faire dans le "code", genre le nom de... votre moto, comme Jo !! les
listes les ignoreront automatiquement et vous exigerez un pénible effort
de mémoire à vos correspondants pour vous retrouver, surtout lorsqu'ils
ont 300 contacts voire plus... ou bien vous les obligerez à tâtonner
comme je l'ai fait hier pour Sakineh [étant donné l'urgence, il fallait
ratisser le plus large possible] : deux heures de boulot pas marrant.
Si mon ami n'avait pas mis un tiret entre J et D, je n'aurais pas
atterri sur l'autre... et ensuite, quand j'ai compris, j'ai mis un
moment à le retrouver, j'ai dû carrément aller sur le site de la mairie de Decazeville où il est adjoint à la culture ou quelque chose comme ça.
Bon, mais finalement "ça" s'était arrangé avec l'autre (bien qu'il m'ait traitée de gourde). Erangement, je ne puis même écrire son nom, pas par discrétion... mais parce que c'est aussi celui d'un adjoint de l'ex mairie de St Ambroix ! -par chance celui-là n'est pas branché net... - un
nom décidément très porté: un, très sympa -presqu'un aficionado-; un,
"moyen"; et un autre... passons. Attention à ne pas envoyer des
courriels à qui on ne veut pas, dans certains cas, ça peut être gênant..
et vérifiez bien tous vos "Jacques Dupond" ou "Pierre Dupuis" avant de
cliquer.
Un scénario de film : imaginons que j'aie envoyé mes mails au "JD" de St Ambroix -s'il était connecté et, ce qui est très probable
avec une adresse à peu près semblable à celle de mon ami- et que
celui-ci -mais ça suppose une intelligence retorse qu'il n'a pas:
retors, oui, futé, non- ait laissé s'établir la confusion... bref, ça
pourrait être un scénar marrant... et un peu ennuyeux.
Ca
m'était arrivé une autre fois, par ma faute ce coup-ci : j'avais
inversé deux adresses qui m'avaient été données par deux "Jean" au cours
d'une signature (!), le premier, un beau mec qui me draguait un peu, et
le second, passons... très différent. Je/nous n'avions détecté la
méprise qu'au bout de six (!) courriels -il s'agit d'un écrivain de
talent mais avec un caractère épouvantable-. Quelque chose ne "collait"
pas avec le "Jean" à qui je croyais "parler" : le ton, la manière d'être
un peu brute, presque déplaisante, le sentimentalisme nationaliste
sirupeux ["vive les Cévennes et à bas les métèques"] l'engagement
idéologique fanatique... Bizarre, combien pouvait-il être différent
littérairement ! Ce n'était pas possible à ce point : j'ai finalement
surfé sur son site, et découvert... un petit gus au visage chafouin dont
je ne me souvenais même plus... Ce n'était pas lui ! Il
avait dû être aussi gêné de mon ton que moi du sien. Cyrano de Bergerac
à l'envers, j'en ai fait une nouvelle que l'on peut lire dans shwoong,
en imaginant une suite.
Epilogue
cocasse : lorsque j'ai voulu -naïvement- le prier de m'excuser, lui
indiquant que je croyais parler à "Jean G.", il s'est carrément fâché :
comment, n'était-il pas digne que je lui adressasse des messages, ne
valait-il pas Jean G. etc... En ce cas, il me priait de ne plus avoir
contact avec lui, jamais : d'ailleurs je n'étais même pas "cévenole"
-une métèque- et c'était par pure courtoisie qu'il avait daigné me
répondre, lui, qui, depuis "dix générations" etc... Un amant jaloux, en
somme... "Métèque"! Je lui avais répondu -ce fut mon dernier courriel-
que la consanguinité ne donnait pas de fameux résultats au bout de dix
générations. Un écrivain peu connu mais remarquable... sauf qu'il dit
toujours -un peu- la même chose : la beauté de la nature le matin, à
l'aube, le soleil qui se lève sur les montagnes bleues, les animaux qui
bruissent etc... le genre de littérature qu'on aime bien à Paris, qui
vous fait pleurer. Mais ici, il suffit d'ouvrir la porte.